Voyage au Guatémala

Terres mayas, volcans et Caraïbes

2020 aura été pour tout le monde l’année du « rester chez soi ». Pour tout le monde, mais pas pour moi puisque j’ai réussi à traverser les mers pour l’un de mes plus beaux voyages de ces dernières années. Il est vrai que pendant ce voyage, j’étais (comme tout le monde bien sûr) à des années-lumières de m’imaginer quelle serait ma vie à peine quelques semaines plus tard. Certes, on parlait déjà du « coronavirus », de ces Chinois qu’on avait enfermés chez eux dans une mégapole au nom imprononçable. Mais c’était la Chine, presque une autre planète, et surtout un pays communiste, régime totalitaire s’il en est où des choses s’y déroulaient qui bien évidemment seraient inimaginables en démocratie. Quel naïf j’étais. Il est vrai, également, que ce n’était pas la première fois qu’une maladie nouvelle défrayait la chronique et offrait à notre presse de caniveau (pléonasme) un excellent prétexte pour distribuer de l’angoisse à qui en redemandait. J’ai connu par le passé Ebola (toujours circonscrit à des jungles épaisses au fond de pays africains sous-développés) ; le SRAS, qui nous avait fait un peu plus peur mais qui avait fait long feu (c’était déjà un virus chinois, on voyait plein de gens avec des masques dans les aéroports, mais cela ne m’avait pas empêché de me déplacer en Asie en pleine épidémie) ; la grippe aviaire, qui n’a jamais concerné que quelques paysans indonésiens vivant dans leur poulailler ; et enfin la grippe A qui avait été une franche rigolade (à part pour nos finances publiques), excepté apparemment pour les Algériens qui s’évertuaient à renvoyer dans leur pays d’origine les touristes infidèles qui seraient vecteurs de la «  grippe porcine ». Aussi le coronavirus, je le regardais d’assez loin, quand bien même des pays ça et là commençaient à fermer leurs aéroports et que je craignais jusqu’au jour du départ que mon voyage puisse être annulé. Mais une fois sur place, tout était oublié, nous avons par exemple passé des heures à touche touche avec les locaux dans le marché surchargé de Chichicastenango. Je me souviens même de m’être bruyamment esclaffé en découvrant que la marque de bière locale s’appelait Corona. Quinze jours après mon retour, Choupinet nous assignait à résidence tandis que les touristes français toujours présents au Guatémala, se retrouvaient tels des pestiférés enfermés dans leur chambre d’hôtel avec interdiction de communiquer avec l’extérieur.

Le Guatémala est un petit pays d’Amérique centrale, assez instable, ayant connu une histoire récente mouvementée, mais exceptionnel d’un point de vue touristique tant il offre des attraits variés. On y trouve tout d’abord des volcans, par centaines, dont plusieurs très actifs (voire dangereux), mais qui sont à l’origine de paysages à couper le souffle. Paysages de lacs et de montagnes en contraste total avec la jungle occupant l’autre moitié du pays. On n’oubliera pas non plus le contact avec les Indiens des plateaux dont le mode de vie a su rester très authentique. Mais le Guatémala comprend également une très importante dimension culturelle avec pour commencer de très nombreux restes de la colonisation espagnole, dont la ville d’Antigua constitue sans conteste le haut lieu. Restes qui ne sauraient bien évidemment éclipser la pléthore de vestiges de la civilisation maya, n’ayant rien à envier à ceux du Yucatán voisin et dont le joyau se trouve à Tikal, fantastique cité aux mille pyramides érigées au cœur de la jungle. Enfin le Guatémala possède une composante balnéaire, toutefois circonscrite à la (petite) côte caraïbe, tandis que la côte pacifique demeure inhospitalière.

Le voyage pour gagner le Guatémala est fort long. Ayant par principe refusé une escale aux États-Unis (ce qui m’a coûté un supplément de 300 €), j’ai voyagé sur la compagnie espagnole Iberia, pourtant depuis plusieurs années réputée pour son inconfort et pour sa pingrerie. Escale donc à Madrid, dont j’avais déjà noté en 2012 les sur-dimensions de l’aéroport. Le vol pour Guatémala (direct à l’aller, mais avec une escale supplémentaire au retour, au Salvador) dure presque 12 heures. J’ai peu dormi à l’aller car voyageant de jour. Parti d’Orly à 7h30 du matin, je suis à arrivé à destination à 17h locales, dont 7h de décalage. Notre jeune guide portait un nom bien de chez nous, Rémi Roquet. De père français et de mère guatémaltèque, il maîtrisait toutefois assez mal notre langue qu’il avait apprise sur le tard. Se lançant à peine dans la profession de guide, je me demande bien comment il aura traversé la crise sanitaire, encore bien plus difficile que chez nous dans ces pays tirant une grande part de leurs revenus du tourisme.

Accompagnant la moitié du groupe (les autres passant par chez l’oncle Sam et ne devant arriver que dans la nuit), notre guide nous a conduits dans notre premier hôtel qui ne se trouvait pas à Guatémala-ville (la capitale), mais à Antigua à 1h de route. Nous avons ce soir là échappé aux embouteillages à la sortie de Guatémala, pourtant chroniques dans cette agglomération d’un million d’habitants dépourvue de métro. Par chance en effet, nous étions dimanche soir et la plupart des véhicules, en cette fin de week-end, roulaient en sens inverse, rentrant de province pour retourner au travail. La route pour Antigua est assez pentue, équipée de bacs à gravier pour le freinage d’urgence des poids-lourds. En arrivant à destination, malgré l’obscurité, nous avons pu deviner la silhouette des trois grands volcans dominant la ville : le volcan de Agua (éteint, ainsi nommé à cause du lac de cratère qu’il possédait jadis ; ce dernier s’est vidé en 1541, causant la destruction de la ville qui a été reconstruite un peu plus loin). C’est lui que l’on voit en arrière-plan de la plupart des photos de la ville (alt. 3760 m). Un peu plus éloigné d’Antigua, le volcan de Fuego, toujours actif (avec de petites explosions toutes les 10 minutes environ), et qui a connu une éruption meurtrière (avec nuées ardentes) en 2018 (alt. 3763 m). Et enfin l’Acatenango, dont la dernière éruption remonte à 1972 (alt. 3976 m). La ville est quant à elle située à 1500 m d’altitude.

Antigua et le volcan de Agua, depuis le Cerro de la Cruz, le 10 février 2020

Antigua était jusqu’en 1773 la capitale du Guatémala (à l’époque une colonie espagnole), mais était fréquemment touchée par des séismes. Après le tremblement de terre destructeur qui se produisit à cette date, les Espagnols déplacèrent la capitale vers un nouvel emplacement (l’actuelle ville de Guatémala). Antigua fut néanmoins reconstruite et ne subit pas de nouvelle destruction par la suite. C’est aujourd’hui une sorte de ville musée, très touristique.

Notre guide nous a distribué nos chambres, mais étant le seul célibataire du groupe, je me suis retrouvé seul dans la mienne, bien que n’ayant pas payé de supplément : une situation assez fréquente dans mes voyages les plus récents. Étant donné mon état d’épuisement après un si long voyage, j’ai décliné le dîner et me suis couché au plus vite (mais je m’en suis mordu les doigts le lendemain matin eu égard à consistance du petit déjeuner). Circonstance pour moi assez habituelle quand je voyage vers l’ouest (car contrairement à la majorité des gens, c’est dans ce sens que j’ai le plus de mal à m’acclimater), je me suis réveillé au beau milieu de la nuit, une à deux heures du matin, avec impossibilité totale de me rendormir. Je me suis alors souvenu que notre guide nous avait conseillé en cas d’insomnie, de monter sur le toit de l’hôtel pour y observer l’activité du volcan de Fuego, qui tous les quarts d’heure environ projetait un panache de fumée accompagnée de pierres incandescentes. J’ai essayé à deux reprises au cours de la nuit, mais n’ai rien pu observer de tel, d’autant que le ciel semblait assez couvert. Par contre un peu plus tard, alors que j’étais retourné dans ma chambre, j’ai pu entendre très distinctement les grondements du volcan qui perçaient le silence de la nuit. Impression étrange.

Au matin, après ce petit déjeuner sur lequel je ne reviendrai pas, départ à pied dans les rues d’Antigua à laquelle nous allions intégralement consacrer la première journée. Une ville hors du temps, assez peu animée, sorte de Pompéï des temps modernes dans laquelle des maisons basses aux murs colorés, côtoient des vestiges du XVIIIe siècle qui ont été laissés en l’état. Une situation très bien résumée par l’ancienne cathédrale de la ville (visitée plus tard dans la journée), dont une petite partie seulement à été reconstruite et consacrée au culte, le reste demeurant à l’air libre et uniquement parcouru des touristes. Ci-dessous, les premières photos que j’ai prises en sortant de l’hôtel.

Almeda Santa Rosa, le 10 février 2020Almeda Santa Rosa, le 10 février 2020

Église El Carmen, le 10 février 2020Près du Cerro de la Cruz. Au fond le volcan de Fuego, le 10 février 2020
Au fond le volcan de Agua, le 10 février 2020« Chicken bus » à Antigua, le 10 février 2020

(Ci-dessus un de ces chicken bus que l’on rencontre fréquemment au Guatémala, ce sont des anciens bus scolaires américains recyclés ici pour le transport des passagers).

Nous avons pour commencer la journée gagné un belvédère d’où nous pouvions dominer l’ensemble de la ville : c’est le panorama que j’ai présenté plus haut. Pour la première fois de la journée, nous avons pu assister depuis ce lieu à une petite explosion du volcan de Fuego. Le rougeoiement des pierres n’est toutefois pas perceptible en pleine journée.

Antigua et le volcan de Fuego, depuis le Cerro de la Cruz, le 10 février 2020Éruption du volcan de Fuego, le 10 février 2020

Nous avons ensuite visité deux anciens couvents en ruine. Tout d’abord le couvent des Capucins. Il date des années 1730.

Antigua : couvent des Capucins, le 10 février 2020 (vue sur le Volcan de Agua)

Ensuite, plus original mais finalement moins intéressant, la casa Santo Domingo, dont les ruines ont été reconverties en hôtel de luxe tout en restant d’accès libre aux touristes de passage.

Antigua : Casa Santo Domingo, le 10 février 2020Antigua : Casa Santo Domingo (ancien couvent transformé en hôtel), le 10 février 2020
Antigua : Casa Santo Domingo (ancien couvent transformé en hôtel), le 10 février 2020Antigua : perroquets dans la Casa Santo Domingo, le 10 février 2020

Je constate que j’ai noté extrêmement peu de détails de ces visites. Je ne saurais dire s’il faut mettre en cause l’indigence des explications du guide ou ma faible réceptivité à celles-ci, après une nuit très perturbée. Peut-être bien les deux. Quant à en retrouver des souvenirs précis plus de trois ans après…

Ce-dessous, un panneau de bois à caractère religieux qui était installé en plein air, sous un hangar et face à une rangée de chaises. L’endroit semblait servir de lieu de culte, j’imagine à titre provisoire pendant la restauration d’une véritable église, mais là non plus je n’ai noté aucune explication.

Antigua : Casa Santo Domingo (église en plein air), le 10 février 2020

Nous avons ensuite été déjeuner dans un boui-boui typique qui ne m’a pas subjugué. J’ai opté (par défaut…) pour le menu végétarien.

Antigua : nourriture traditionnelle guatémaltèque, le 10 février 2020

Ci-dessous l’arche Santa Catalina (Sainte-Catherine), emblématique d’Antigua. Elle est souvent photographiée avec le volcan de Agua dans l’alignement, malheureusement le soleil n’était pas dans le bon sens quand nous sommes passés (et il n’y a pas eu de seconde chance). J’ai ajouté une photo issue de Wikipedia (prise une quinzaine de jours à peine après mon voyage, et qui est l’œuvre d’un photographe profesionnel).

Antigua : arco Santa Catalina (Sainte-Catherine), le 10 février 2020 (en arrière-plan le volcan de Agua)
Antigua : arco Santa Catalina, le 10 février 2020

L’église la Merced (la Miséricorde) que nous avons visitée ensuite, magnifique édifice baroque datant de 1688 selon mes notes (date tirée du Petit Futé), 1767 d’après Wikipedia (ce qui n’est pas tout à fait la même chose…). Il existe d’après Wikipedia une magnifique fontaine attenante à l’église, mais nous ne l’avons pas vue.

Antigua : église La Merced, le 10 février 2020Antigua : église La Merced, le 10 février 2020

Nous avons ensuite gagné la Plaza Mayor, la place centrale d’Antigua.

Antigua : Plaza Mayor, le 10 février 2020

C’est sur cette place que se trouve l’(ancienne) cathédrale San José (Saint-Joseph), qui vue de la place paraît fonctionnelle. Mais cette cathédrale, édifiée en 1543, a été détruite par le grand séisme de 1773. Seule une petite partie a été restaurée et est consacrée, le reste étant dépourvu de toit. Une colonne (dans la partie en ruines) s’est en outre effondrée en 1976.

Antigua : ancienne cathédrale San Jose (Saint-Joseph), le 10 février 2020Antigua : ancienne cathédrale San Jose (Saint-Joseph), le 10 février 2020

À côté de la cathédrale existait au XVIIIe siècle un somptueux palais épiscopal, un chef d’œuvre d’architecture mauresque. Mais cet édifice n’a duré que quelques décennies, entièrement rasé par le tremblement de terre.

En soirée, est survenue à l’un de mes compagnons de voyage (Pierre) une mésaventure dont j’ai souvent craint qu’elle ne m’arrive également, en particulier au début de voyage. Resté seul en ville pour prendre des photos, il s’est trouvé incapable de retrouver l’hôtel dont il n’avait pas retenu le nom. Il est vrai qu’on pas forcément la présence d’esprit en partant (surtout après une journée ou une nuit dans l’avion), d’emporter la carte de l’hôtel et/ou de bien repérer les lieux avoisinants. Sa femme qui voyageait avec lui et qui elle était rentrée, était très inquiète. Nous l’avons finalement retrouvé juste avant le dîner, au milieu de la Plaza Mayor où il nous attendait.

Nous avons le lendemain matin quitté définitivement Antigua, d’abord pour nous rendre sur le volcan Pacaya, un volcan actif effusif situé à une vingtaine de kilomètres au sud de la capitale Guatémala. La sortie d’Antigua a été un peu laborieuse en raison de la circulation (le car a dû tourner en rond pendant que le guide était sorti acheter des fruits). Nous avons ensuite traversé Ciutad Vieja, l’emplacement de la première implantation d’Antigua, détruite au XVIe siècle par un lahar provenant du volcan de Agua. Nous sommes ensuite passés en contrebas du volcan de Fuego, à l’emplacement même où une nuée ardente avait dévalé la pente en 2018, tuant une centaine de personnes. La trace laissée par la coulée pyroclastique dans la végétation est toujours très bien visible, depuis le sommet du volcan jusqu’à l’endroit même où j’ai pris la seconde photo (malheureusement, à travers la vitre du bus) et encore plusieurs kilomètres en contrebas.

Arrêt au pied du volcan de Fuego, le 11 février 2020Trajectoire de la coulée pyroclastique descendue en 2018 du volcan de Fuego, le 11 février 2020

Nous sommes ensuite descendus sur la plaine côtière (bordant l’océan Pacifique), à une altitude d’environ 500 m (mais nous n’atteindrons pas ce littoral, le plus important du Guatémala mais peu touristique car l’eau y est assez froide). Avant de prendre la direction de la capitale par une route à 4 voies, payante car construite sur fonds privés.

Nous avons démarré notre randonnée du village de San Francisco de Sales situé dans le parc naturel du volcan Pacaya. Nous avons ensuite monté environ 1h30 afin de gagner la coulée de lave de la dernière éruption (juin 2019).

Randonnée sur les flancs du volcan Pacaya, le 11 février 2020Fleur rouge sur le volcan Pacaya, le 11 février 2020

(Je n’ai pas noté le nom de la fleur et je n’ai pas le dernier truc à la mode, à savoir l’appli pour smartphone qui permet de reconnaître les plantes…)

La coulée de l’éruption est stabilisée, il est possible de se rendre dessus bien qu’à certains endroits les roches soient encore tièdes. Le volcan est par ailleurs encore actif (il n’est pas question d’approcher du cratère), par moments il gronde et on peut apercevoir voler quelques pierres, mais pour les voir rougeoyer il faudrait venir de nuit. Je suis quand même resté sur ma faim au niveau volcanologique au cours de ce voyage (je devais être le seul du groupe à m’intéresser un tant soit peu aux volcans), et j’ai à plusieurs reprises regretté de ne pas avoir choisi de voyagiste plus spécialisé (que ce soit ici, au lac Atitlan et surtout au Santiaguito). Il est vrai aussi que ma seule expérience avec Aventure et volcans n’avait pas été très concluante, d’autant que le Guatémala est une destination généraliste et que visiter Tikal avec l’agence que je viens de citer n’est sans doute pas non plus ce qu’il y a de mieux.

Le sommet du volcan Pacaya, encore actif, le 11 février 2020Coulée de lave récente sur le volcan Pacaya, le 11 février 2020
Coulée de lave cordée sur le volcan Pacaya, le 11 février 2020Sur le volcan Pacaya, le 11 février 2020

Après un pique-nique sur la coulée de lave, nous sommes rapidement retournés au bus car un long transfert nous attendait, puisque nous devions gagner le lac Atitlán dans la soirée. Notre chauffeur pensait passer par Guatémala-ville ce qui constitue l’itinéraire le plus court mais la 4 voies était embouteillée quasiment dès la sortie du parc ; il a donc dû faire demi-tour, pour reprendre intégralement, en sens inverse l’itinéraire, du matin jusqu’aux abords immédiats d’Antigua.

Nous avons ensuite emprunté la fameuse route panaméricaine, censée relier l’Alaska à la terre de Feu (bien que cet axe soit interrompu entre le Panama et la Colombie et de nouveau en Patagonie ; un détail que semblait ignorer notre guide). Dans la région où nous nous trouvions, cette route serpente sur les crêtes, entaillant aussi par endroits des collines avec des tranchées de plusieurs dizaines de mètres de profondeur. La roche est en effet du tuf volcanique, très facile à travailler. D’après ce que j’entendrai par la suite, il y a eu dans des temps géologiques un cataclysme volcanique qui a couvert toute la région de pierres ponces.

Nous avons effectué une longue halte dans un relais routier, au café j’ai préféré opter pour un chocolat, pour ensuite regretter mon choix car il n’était pas très bon. Le Guatémala est pourtant le berceau du chocolat. Comme l’a expliqué par la suite notre guide, les Mayas ne préparaient pas le chocolat avec du lait ; ils appelaient d’ailleurs la boisson cacao. Mais la première fois qu’ils en servirent aux Espagnols ils lancèrent comme avertissement chocola ce qui dans la langue maya de l’époque signifiait : « attention c’est chaud ». Le nom est resté.

Nous avons terminé la route de nuit, ce qui est paraît-il interdit au Guatémala pour les bus de tourisme mais se produira par trois fois dans le voyage… Avant la fin du trajet nous avons quitté les crêtes pour descendre vers Panajachel, sur les rives du lac Atitlán. La traversée de la bourgade de Sololá (chef lieu du district) s’est avérée assez longue, des travaux dignes de la mère Hidalgo ont obligé le bus à emprunter des ruelles étroites et encombrées. Nous sommes finalement arrivés assez tard (20h) à l’hôtel. Le lieu est très touristique, nous avons dîné dans un restaurant situé non loin de là, dont le menu (du poisson, et avec un dessert) n’avait rien de local mais qui me convenait très bien.

Ci-dessous, une première photo du lac que je suis allé prendre à l’aube (six heures et demie du matin) sur les conseils du guide, mais la brume rendait la vue décevante.

Le lac Atitlán vu depuis Panajachel, le 12 février 2020

Nous avons donc entamé un séjour de deux nuits sur les rives du lac Atitlán, incluant une nuit un peu rustique chez l’habitant à San Juan. Nous avons laissé à Panajachel la plus grosse partie de nos bagages, avant d’embarquer pour la traversée du lac. La barque motorisée dans laquelle nous avons pris place (la lancha), qui nous était réservée, était partiellement couverte (nous protégeant du soleil mais non de la pluie), et qui se déplaçait à 40 km/h environ.

Le lac Atitlán vu depuis Panajachel, le 12 février 2020

La première traversée n’a duré que 30 minutes environ. Nous avons débarqué pour randonner sur la rive d’en face, en contrebas de Santa Cruz la Laguna. Cette zone est également assez touristique. Il y des routes sur les rives de ce lac mais pas d’axes importants ; la plupart des véhicules sont des tuk-tuks (tricycles motorisés), à la mode asiatique.

Randonnée sur les rives du lac Atitlán, le 12 février 2020

Il est à noter que pendant toute cette randonnée ainsi que celle du lendemain, nous avons été accompagnés en permanence par deux policiers armés. Il semble que la sécurité soit assez précaire sur les rives du lac Atitlán, ce dont on n’a pas forcément conscience tellement les touristes sont nombreux.

Nous avons entamé la randonnée sitôt débarqués. D’abord le long du lac, sur des sentiers mais parfois aussi sur des pontons de bois, lesquels pouvaient par endroits paraître inutiles ; le niveau du lac semble fluctuer d’une saison à l’autre, ce qui explique ces installations.

Randonnée sur les rives du lac Atitlán, le 12 février 2020

Le lac Atitlán, qui occupe une ancienne caldeira, ne se déverse pas dans la mer (c’est un lac endoréique, pour reprendre un terme pompeux que je viens de lire dans Wikipedia). Le lac est bordé au sud par trois grands volcans endormis (que nous n’approcherons pas, respectivement nommés San Pedro (3020 m), Tolimán (3158 m) et Atitlán (3537 m)). Un groupe de Suisses romans qui participaient à un voyage à thème volcanologique effectuait la randonnée en même temps que nous (nous retrouverions d’ailleurs ce groupe quelques jours plus tard au Santiaguito). Nos pauses se situaient fréquemment à proximité, ce qui me permettait de profiter des explications de leur guide, que je trouvais passionnantes (surtout en comparaison de ce que pouvait bien raconter Rémi sur le sujet). C’est notamment à cette occasion que j’ai entendu parler des cataclysmes géologiques qui ont façonné la région. Un Aventure et volcans haut de gamme en quelque sorte, j’imagine également avec des prix suisses (il s’agit très probablement de l’agence Geol ; mais leur voyage au Guatémala ne semble plus programmé en 2023).

Randonnée sur les rives du lac Atitlán, le 12 février 2020 (Vue sur le volcan San Pedro)

Nous avons ensuite quitté les rives du lac et monté un peu jusqu’à un sentier en balcon. Ce qui nous a permis de profiter des paysages d’un peu plus haut.

Randonnée sur les rives du lac Atitlán, le 12 février 2020

Nous sommes passés par le village de Jaibalito, avant de poursuivre par un second sentier en balcon, deux fois plus long que le précédent, jusqu’au village de Tzununa. Nous avons eu quelque aperçu des difficiles conditions de vie des habitants des rives du lac, en particulier lorsque sont passées deux paysannes portant d’énormes fagots de bois (je les ai photographiées en douce). Du bois qu’elles allaient chercher dans la montagne à des kilomètres, et qu’elles portaient en utilisant une courroie frontale, à la manière népalaise.

Randonnée sur les rives du lac Atitlán, le 12 février 2020Randonnée sur les rives du lac Atitlán, le 12 février 2020

Nous avons repris la lancha à Tzununa pour gagner San Juan où nous devions déjeuner au restaurant, malgré une heure déjà fort avancée. San Juan, est un village très touristique, dont la rue principale, très en pente, est bordée de boutiques de souvenirs. On se croirait dans une station balnéaire. Le restaurant se trouvait à l’arrière du village, nous étions contents d’y arriver. Pour ce qui est du menu, typiquement guatémaltèque (je n’en ai pas noté davantage), il a fallu faire avec.

Navigation sur le lac Atitlán, le 12 février 2020

A suivi un après-midi assez creux du genre qui n’est pas ce que je préfère dans les voyages Allibert. Nous avons d’abord traversé à pied le village, assez étendu (une photo de l’église éponyme que je retrouverai le lendemain matin à l’aube…)

Du coton, le 12 février 2020Église de San Juan, le 12 février 2020

Au programme tout d’abord, la visite d’une coopérative de café (moins intéressante que ce que j’ai pu voir dans le genre à Java et en Bolivie). Il y a beaucoup de plantations de café sur les rives du lac Atitlán, nous aurons d’ailleurs l’occasion d’en traverser le lendemain pendant la randonnée. Comme assez systématiquement dans ce genre de visite, il ne faut pas compter sur la dégustation (nous n’avons eu droit qu’à un americano assez infâme). En effet, c’est une constante dans les grands pays exportateurs de café, on ne trouve sur place que du second choix car la totalité de la production de qualité est exportée. Il paraît d’ailleurs que les pays émergents commencent à renâcler de voir le marché du café accaparé par les pays occidentaux (une d’information que j’ai dû lire sur les médias russes, maintenant censurés en France).

Du café, le 12 février 2020Coopérative de café, le 12 février 2020
Coopérative de café, le 12 février 2020

Mais l’après-midi n’était pas terminée puisqu’il nous fallait encore visiter une coopérative (féminine) de tissage. Nous avons pu tout savoir sur les procédés de filage du coton, de coloration des fils et de tissage. Bien sûr le but est de susciter des achats de la part des touristes, comme d’habitude c’est principalement la gent féminine qui s’y adonne pendant nous autres tournons en rond à la recherche d’un siège.

Coopérative de tissage, le 12 février 2020Coopérative de tissage, le 12 février 2020

La nuit à San Juan devait être passée chez l’habitant : sans doute un grand moment du voyage, effectivement assez inoubliable mais sans doute pas non plus des plus faciles. Car contrairement à ce qui se produit la plupart du temps, où l’ensemble du groupe est rassemblé dans une sorte de dortoir avec finalement assez peu de contacts avec les locaux, nous allions ici être séparés pour être répartis dans un grand nombre de foyers. Nos logeurs nous attendaient dans une agence du centre du bourg, et la discussion s’est d’emblée avérée fort houleuse car ils étaient trop nombreux (loger un touriste constituant pour eux un complément de revenus conséquent). En fait, Allibert ne souhaitait pas que l’un d’entre nous se retrouve seul dans un foyer (ce qui n’était quand même pas plus mal… d’autant que je ne parle pas un mot d’espagnol). Finalement et à ma grande surprise, j’ai partagé le logement avec deux femmes du groupe, Joëlle et Ghislaine (la maison étant suffisamment grande pour fournir des chambres individuelles). Notre logeur était un paysan qui travaillait dans une plantation de café. Il vivait dans le village avec son épouse et sa fille d’une dizaine d’années. Leur maison n’était pas terminée, l’étage (auquel nous ne monterons pas) étant en chantier. Mais c’est à l’étage qu’eux passeront la nuit, nous ayant manifestement laissé leurs chambres. Nous avons dîné en compagnie de l’épouse et de la petite fille (le mari étant encore au travail à cette heure). La maîtresse de maison avait prévu du poulet, elle en a donné une cuisse à chacun de ses trois hôtes, avant de partager la dernière avec sa fille en lui laissant la plus grosse part. Il était visible que la gamine n’en mangeait pas tous les jours. Avant de nous coucher, mes deux compagnes ont eu envie de faire un tour dans le village, ce qui a semblé déplaire à nos hôtes ; il semble que la sécurité n’était pas trop assurée le soir à San Juan, et que les logeurs avaient reçu des consignes. Ils ont tout de même accepté qu’elles sortent et je les ai accompagnées. Il n’y avait du reste pas grand chose d’ouvert dans le village à cette heure et nous sommes rentrés au bout d’une demi heure, pour nous coucher finalement assez tôt.

Logement chez l’habitant, le 12 février 2020

Le lendemain était prévue une randonnée assez physique, mais mes deux compagnes, peu sportives, avaient opté pour la grasse matinée. N’étant sans doute pas encore tout à fait acclimaté à l’heure guatémaltèque, je me suis levé dès 6h, presque en même temps que nos hôtes, et j’ai déjeuné assez rapidement. Le rendez-vous avec le groupe était fixé à 7h devant l’église, mais étant prêt bien avant, j’ai pensé faire un tour dans le village et j’ai voulu prendre congé de nos hôtes. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que le logeur, suivant sans doute les consignes qu’il avait reçues, ne voudrait pas me laisser sortir seul dans le village. Il m’a donc accompagné et nous avons attendu presque une demi heure, ensemble, sur le parvis de l’église. Il a bien essayé de me parler en espagnol mais ma conversation était limitée. J’ai quand même compris quelques bribes sur son travail dans les plantations de café.

La randonnée en question était l’ascension d’un pic assez escarpé (photo) offrant une magnifique vue (quoique malheureusement, à contrejour) sur le lac Atitlán. J’ai eu du mal à déterminer le nom du pic en question, qui selon les sources s’appelle le Cerro Cristalino ou La Nariz del Indio (le nez de l’Indien). Altitude 2251 m, 700 m de montée depuis San Juan par un sentier assez raide, à travers les plantations de café, puis la forêt, et enfin sur la crête. Sentier par contre très bien aménagé et sécurisé, ce qui atténue la sensation de vertige. Par chance aussi, le temps était très sec et le sentier n’était pas glissant, ce qui était loin d’être gagné d’avance en zone tropicale. Cette randonnée était la plus longue et la plus difficile de ce voyage.

Départ en randonnée vers un sommet pointu, le 13 février 2020

C’est vrai que vu d’en bas le pic est impressionnant. Je demandais bien, au départ, par où pouvait bien se faufiler le sentier. Examinant de nouveau la montagne après en être redescendu, je me le demandais toujours ! Nous avons effectué cette ascension en aller-retour : la redescente par l’autre versant, moins raide et qui était inscrite au programme, ne se fait paraît-il plus pour raison de sécurité (et je ne pense pas qu’il s’agisse ici de sécurité en montagne). Les deux policiers armés nous ont également accompagnés pour cette ascension.

La première partie de la montée, la plus facile, nous permet d’atteindre un promontoire plat où est installé une sorte de calvaire et des balcons en bois pouvant accueillir une foule importante : des cérémonies religieuses sont manifestement organisées périodiquement à cet endroit. Ce promontoire offre déjà une belle vue sur le lac et les volcans en arrière-plan même si le tout est à contre-jour.

Le lac Atitlán vu depuis un calvaire au-dessus de San Juan, le 13 février 2020

La montée continue, de plus en plus raide, d’abord au milieu des plans de café, puis dans la forêt. Les plantations de café, installées sur un versant déjà assez abrupt, sont semble-t-il celles où travaillait mon logeur, les conditions de travail semblent y être épouvantables. J’y repense depuis au boulot, à chaque fois que je consomme une capsule Nespresso estampillée « Guatémala ». Je n’ai pas pris de photo pendant la montée (il est vrai qu’il était préférable de rester concentré). Cela étant, j’avais fini par prendre le rythme, au point d’avoir été surpris d’arriver au sommet, le pensant encore cent mètres plus haut.

En redescendant du Cerro Cristalino, le 13 février 2020 ; San Pedro (au centre), et San Juan à droite

La vue au sommet porte à 360° même si le côté du lac était toujours à contre-jour. L’autre versant est comme je l’ai dit est moins raide. Le sommet est bien aménagé, et il est visible que des cérémonies religieuses à caractère maya y sont régulièrement organisées.

La descente a duré presque aussi longtemps que la montée : il fallait faire très attention, en particulier dans la première partie. Nous sommes arrivés à la mi-journée à San Juan, pour un déjeuner dans un restaurant offrant une vue sur le lac (une fois n’est pas coutume, un menu occidental, ce dont je ne me suis pas plaint).

San Juan La Laguna. Rue principale en pente, le 13 février 2020San Juan La Laguna, le 13 février 2020

Retour ensuite à Panajachel en bateau, sans escale. Ces espèces de HLM sur la rive du lac m’avaient échappé à l’aller, il s’agit paraît-il d’appartements de luxe. Les pots-de-vin ont dû être conséquents.

Lac Atitlán, à bord de la Lancha, le 13 février 2020Opération urbanistique contestable sur les rives du lac Atitlán, le 13 février 2020

Il restait trois heures de route à effectuer que nous allions (une fois de plus) terminer à la tombée de la nuit. Nous avons commencé par remonter sur la panaméricaine, sur les crêtes de l’Altiplano, par le même itinéraire que l’avant-veille, subissant donc comme l’autre jour les embouteillages à la traversée de Sololá. Puis nous avons roulé en direction du nord-ouest (vers la frontière mexicaine). Notre destination était Quetzaltenango, la deuxième ville du Guatémala. Le nom de la ville est bien évidemment en rapport avec le quetzal, l’oiseau emblématique du pays (dont il orne le drapeau et à la monnaie duquel il a également donné son nom). Il est très difficile de voir un quetzal car ce petit oiseau ne survit pas en captivité ; sa longue queue (pour le mâle) est à l’origine de la légende du serpent à plumes.

Nous avons fait deux courtes haltes peu avant la fin de ce trajet. La première à San Andrés Xecul où se trouve une église très originale (San Andrés) : laissée inachevée au départ des Espagnols, sa façade fut terminée par les Mayas qui lui aposèrent des couleurs vives très caractéristiques et à l’opposé du style espagnol (dommage que les photos ne rendent guère sous la lumière crépusculaire). Cette église symbolise le syncrétisme religieux en vigueur au Guatémala. Nous avons photographié l’église quasiment depuis le bus, ce dernier s’étant faufilé dans les ruelles de la bourgade pour nous y conduire.

Église de San Andrés Xecul (Saint-André), le 13 février 2020Église de San Andrés Xecul (Saint-André), le 13 février 2020

Le deuxième arrêt nous conduit également vers une église, mais de style radicalement opposé. Elle se trouve dans la ville de Salcajá (banlieue de Quetzaltenango), il s’agit de la plus vieille église d’Amérique centrale (église des Conquistadors) : San Jacinto (Saint-Hyacinthe) datant de 1524.

Église San Jacinto (Saint-Hyacinthe), dite église des Conquistadors, le 13 février 2020. La plus vieille église d’Amérique centrale (1524), également appelée la Ermita Concepción. Elle est située à Salcajá dans la banlieue de QuetzaltenangoÉglise San Jacinto (Saint-Hyacinthe), dite église des Conquistadors, le 13 février 2020. La plus vieille église d’Amérique centrale (1524), également appelée la Ermita Concepción. Elle est située à Salcajá dans la banlieue de Quetzaltenango

Nous sommes arrivés de nuit à Quetzaltenango, nous n’avons pas eu le loisir de visiter la ville. Nous avons eu quartier le libre pour dîner le soir, le groupe s’est scindé en deux (entre ceux qui souhaitaient ou non manger local), je me suis finalement trouvé devant une pizza que je n’ai pas pu terminer.

Visite nocturne de Quetzaltenango, le 13 février 2020Visite nocturne de Quetzaltenango, le 13 février 2020
Visite nocturne de Quetzaltenango, le 13 février 2020

La journée suivante est celle d’un raté mémorable, d’un genre qu’on a rarement l’occasion de subir en voyage organisé : nous sommes passés à côté d’une des principales attractions de ce voyage, les explosions du volcan Santiaguito. La faute en incombe en grande partie au guide, qui a modifié le programme afin de céder aux exigences de quelques personnes du groupe qui s’exprimaient plus fort que les autres.

Nous avons toutefois commencé la journée comme prévu, nous levant à 4h du matin et quittant la chambre d’hôtel sans prendre de petit déjeuner. Non sans quelques cafouillages sur la route, nous avons entamé une marche nocturne sur le flanc du volcan Santa Maria (alt. 3772 m) avec pour objectif d’aller admirer l’activité volcanique du massif. Le Santa Maria est un stratovolcan conique qui était éteint depuis l’époque des Conquistadors, mais qui s’est réveillé brusquement en 1902 au cours d’une éruption explosive de type plinien. Néanmoins, l’activité ne s’est pas produite au sommet du volcan mais sur son flanc sud-ouest. Le nouveau volcan ainsi apparu s’appelle le Santiaguito. Depuis cette époque l’activité n’a pas disparu, des explosions se produisant régulièrement (toutes les demi heures en moyenne) sur le dôme de lave du Santiaguito (cette activité s’accompagne aussi de lahars, des coulées de boues très destructrices, consécutives aux dépôts de cendre et se produisant essentiellement à la saison des pluies).

Montée à la frontale en direction du volcan Santiaguito, le 14 février 2020

Nous avons démarré la randonnée à 5h30, à la frontale, accompagnés d’une policière armée. Il y avait à peine 350 m à monter, mais nous avons été ralentis par une participante qui peinait. Ensuite, il restait une heure de marche à plat avant d’arriver en vue du dôme de lave, distant de 2 km.

Dôme de lave du volcan Santiaguito, le 14 février 2020Dôme de lave du volcan Santiaguito, le 14 février 2020

Nous n’étions pas seuls sur les lieux, il y avait ce groupe de Suisses que nous avions déjà croisé l’avant-veille au lac Atitlán (et que j’ai supposé être de l’agence Geol). Leur guide leur a prodigué force explications très techniques mais fort intéressantes dont j’ai pu profiter, histoire de ne pas être tout à fait venu pour rien. Nous nous sommes assis pour attendre la prochaine explosion : une toute les demi-heures en moyenne. Il faisait assez froid mais nous avions été prévenus. J’ai sorti les gore-tex, bonnet et gants, la seule fois du voyage où je les ai utilisés. Nous avons aussi consommé le petit casse-croûte que nous avions apporté en guise de petit déjeuner.

Dôme de lave du volcan Santiaguito, le 14 février 2020

Mais nous avons attendu en vain, sans que la moindre explosion ne se produisît. Plusieurs personnes du groupe, peu intéressées par les volcans, se sont alors impatientées et ont finalement convaincu le guide de quitter les lieux au bout de trois quarts d’heure. Ce dernier leur avait en effet fait miroiter la possible visite de sources chaudes dans la région, pourtant hors programme. Des sources dans lesquelles nous retrouverons une dernière fois les Suisses, qui se vanteront, tout goguenards (et photos à l’appui), d’avoir pu admirer deux magnifiques explosions, dix minutes à peine après que nous eûmes quitté les lieux. Des fois on en est à regretter le temps de François Ier. Ci-dessous une photo glanée sur Internet (ce n’est pas un cadeau des Suisses, ce n’est pas leur genre…), que j’ai subrepticement jointe à ma collection lorsque j’ai envoyé mes photos à mon groupe à l’issue du voyage (je n’ai eu aucun commentaire).

Explosion du Santiaguito (provenance : Internet)

L’épisode du Santiaguito m’a quand même gâché une partie du voyage. J’ai réfléchi à refaire des voyages volcanologiques pour laver cette déception… mais le Covid a vite rendu caducs ces projets. Enfin pas tout à fait, puis 5 mois après, et encore en pleine épidémie, c’est vers des volcans que j’ai dirigé mes premiers pas, me rendant dans les îles Éoliennes et en Sicile pour y revoir les trois volcans actifs de la région.

En tout cas pour ce qui est du Guatémala, c’en était terminé pour les volcans. Ci-dessous, la cathédrale de Quetzaltenango, photographiée depuis le bus après cette piteuse équipée.

La cathédrale de Quetzaltenango photographiée depuis le bus, le 14 février 2020

Nous nous sommes ensuite rendus voir le marché de San Francisco El Alto ; même si ce dernier était au programme, le guide avait la veille proposé, en vain, de le substituer par les sources chaudes (et c’est l’insistance du groupe pour faire les deux qui nous a coûté le volcan). Il s’agit d’un marché indigène très pittoresque et assez peu touristique ; cela étant, il ne fait que s’ajouter dans le programme à ceux de Todos Santos Chuchumatán et Chichicastenango (sans compter un petit marché supplémentaire que nous avons visité le lendemain). Je me lasse assez vite des marchés, d’autant que mes photos sont souvent décevantes car j’évite de photographier les gens de trop près.

Marché de San Francisco El Alto, le 14 février 2020

Après donc un nouveau long détour pour aller voir les sources (dans lesquelles je n’ai pas eu le cœur de me baigner), et un déjeuner dans un restaurant plus que médiocre, nous avons terminé la journée par un long transfert, une fois de plus terminé de nuit. Notre prochaine étape était Huehuetenango, nous y avons longé dans un hôtel de la périphérie, sans charme mais qui avait le mérite d’être calme.

Une grande marche était prévue le lendemain, la dernière du séjour. 1000 mètres de dénivelé, mais… uniquement en descente. Donc a priori, incomparablement plus facile que le nez de l’Indien sur le lac Atitlán. Seule petite difficulté, l’altitude, bien plus élevée puisque la randonnée devait débuter à 3400 m. Le point culminant du voyage (je n’ai d’ailleurs plus dépassé cette altitude depuis).

Avant de démarrer la randonnée, halte dans un marché couvert dans le bourg de Chiantla situé non loin de Huehuetenango. Nous en avons quand même dégusté des marchés dans ce voyage. On note la présence d’une mezzanine, bien pratique pour les photos en douce.

Halte au marché couvert de Chiantla près de Huehuetenango, le 15 février 2020

Nous avons ensuite pris de l’altitude… en voiture ! Halte au mirador de Juan Dieguez Olaverri, une sorte de mémorial (alt. 3066 m), nommé en l’honneur d’un poète guatémaltèque du XIXe siècle, originaire des environs. Dégustation d’un chocolat dans un établissement qui domine la plaine.

Mirador de Juan Dieguez Olaverri (3066 m). Vue vers Huehuetenango, le 15 février 2020Mirador de Juan Dieguez Olaverri (3066 m), le 15 février 2020

Démarrage de la randonnée après quelques kilomètres parcourus en véhicule sur l’altiplano : route rectiligne, paysage monotone propice à l’assoupissement. J’ai noté la présence de nombreux agaves. Le sol n’est pas volcanique, nous sommes maintenant situés loin de la faille. Début de la randonnée au lieu-dit la Ventosa (ou col des Vents), en fait peu éventé ce jour là.

Début de randonnée au col des Vents (La Ventosa), le 15 février 2020

Quelques photos de la randonnée que j’ai trouvée assez banale, comme toute cette journée d’ailleurs. Elle consistait à descendre une vallée en pente douce en direction d’une ville, Todos Sandos Chuchumatán, que nous allions ensuite visiter.

Randonnée vers Todos Santos Chuchumatán, le 15 février 2020 (cyprès)

Aux dires de notre guide, la route en terre a été récemment construite, remplaçant les sentiers qui parcouraient précédemment la vallée et diminuant de ce fait l’attrait de cette balade. On note la présence de quelques champs très en pente.

Randonnée vers Todos Santos Chuchumatán, le 15 février 2020 (culture à même la pente)

Ensuite on approche de Todos Santos Chuchumatán. On trouve une alternance de maisons traditionnelles (ci-dessous à droite) et de maisons en béton, financées par les émigrés (nombreux sont les Guatémaltèques travaillant aux États-Unis). J’ai trouvé ces dernières hideuses et sans intérêt, a contrario de mes compagnons de voyage qui s’extasiaient devant leur côté kitsch. Elles étaient souvent inachevées, armatures du béton dépassant du dernier étage, à l’instar de ce que l’on pouvait trouver en Grèce dans mon enfance (les deux photos ci-dessous n’illustrent pas ces maisons que je n’ai pas voulu photographier).

Randonnée vers Todos Santos Chuchumatán, le 15 février 2020Arrivée à Todos Santos Chuchumatán. Séchage de maïs, le 15 février 2020

Nous avons retrouvé le véhicule avant d’atteindre Todos Santos, nous épargnant 2 km de route. Cette ville possède une particularité : le fait que la plupart des habitants de la ville (de la communauté maya Mam) aient d’un commun accord décidé de conserver une tenue traditionnelle, à la place du cosmopolite blue jean. Les hommes portent un pantalon rayé et violacé (tous du même modèle), les femmes des jupes très colorées.

Todos Santos Chuchumatán, le 15 février 2020

La question quand que l’on peut quand même se poser, c’est si cette règle n’a pas été édictée dans le seul but d’attirer les touristes (d’autant qu’en dehors de la tenue de ses passants le village présente peu d’intérêt). Je serais curieux de savoir si ces tenues ont été maintenues pendant la période covidique.

Todos Santos Chuchumatán, le 15 février 2020Todos Santos Chuchumatán. Hommes en pantalon traditionnel, le 15 février 2020

De retour à Huehuetenango par la même vallée puis par la même route, nous avons de nouveau fait halte au mirador Olaverri. Mais le temps s’était soudainement dégradé, tournant même au léger crachin. D’où cet étonnant cliché pris du mirador et qui ressemblait à une vue d’avion. Cette agravation météo, la seule du voyage, n’aura (à ma grande suprise) aucune suite, le beau temps revenant dès le lendemain matin.

Ciel couvert au mirador de Juan Dieguez Olaverri, le 15 février 2020

La journée suivante a été consacrée au très touristique marché dominical de Chichicastenango. Nous avons rejoint cette ville par 2h de route à travers l’altiplano, passant très au large de la chaîne de volcans qu’il était toutefois possible de distinguer à l’horizon.

Le marché commence à 5 h du matin, il est paraît-il conseillé de s’y rendre à l’aube mais ce n’était pas le choix de notre agence. Il rassemble à la fois des étals utilisés par les locaux (indiens), et de boutiques de souvenirs pour touristes.

Marché de Chichicastenango, le 16 février 2020Marché de Chichicastenango, le 16 février 2020Marché couvert de Chichicastenango, le 16 février 2020

Et dire qu’à peine un mois après, nous étions assignés à résidence avec injonction d’éviter tout contact ! Cela étant, je crois qu’une fois partis les touristes, ils ont aussi pas mal dégusté au Guatémala.

Marché couvert de Chichicastenango, le 16 février 2020

Avant de nous « lâcher » dans le marché, le guide nous a fixé un point de repère (le restaurant où nous déjeunerions ensuite, situé en plein centre du bourg et dominant le marché). Il nous a aussi, dans un premier temps, accompagnés pour nous prodiguer des explications. Par exemple sur ces fresques naïves évoquant la terrible guerre civile qu’a connue le pays dans les années 1970 et 1980, et qui fit 200 000 morts.

Fresque naïve évoquant la ville de Chichicastenango, et la guerre civile des années 1980, le 16 février 2020Fresque naïve évoquant la ville de Chichicastenango, la danse du volador et la guerre civile des années 1980, le 16 février 2020

(J’étais adolescent à cette époque, je me rappelle que les médias parlaient souvent du Nicaragua et du Salvador — conflits auxquels je ne comprenais absolument rien. Mais pour ce qui est du Guatémala, je n’en ai absolument aucun souvenir).

Toujours concernant ces fresques, on reconnaît à droite la danse traditionnelle du volador, de laquelle j’avais pu voir une démonstration au Mexique en 2016.

Notre guide nous a également fourni des explications sur le syncrétisme religieux (mélange de catholicisme et de rites mayas) propre aux populations indigènes guatémaltèques. Syncrétisme dont l’un des hauts lieux est l’église Santo Tomás de Chichicastenango (cette église daterait du XVIe s.). Chaque dimanche, à peine terminée la messe dominicale et le curé sorti, sont organisés sur le parvis des rites mayas au cours desquels des chamans brûlent de l’encens. Il faut dire que l’église, située sur un monticule qui domine le marché, occupe l’emplacement d’un ancien temple maya.

Église de Chichicastenango, le 16 février 2020Devant l’église de Chichicastenango, le 16 février 2020L’église de Chichicastenango, le 16 février 2020

Les photos à l’intérieur de l’église sont interdites (mais on en trouve sur Wikipedia…). On pouvait y voir des personnes faisant pénitence à genoux, un rite purement catholique d’après notre guide (et qui m’a rappelé le sanctuaire de Guadalupe près de Mexico).

Notre guide nous a également organisé un détour par le cimetière, dont les tombes sont très colorées, comme partout au Guatémala. On y trouve même quelques pyramides.

Le cimetière coloré de Chichicastenango, le 16 février 2020Cimetière de Chichicastenango, le 16 février 2020

Retour ensuite à Guatémala-ville où s’achevait la première partie du voyage. Nous avons retrouvé la route panaméricaine, nous rapprochant pour la dernière fois de la chaîne volcanique ; le volcan Fuego nous a même salués d’un petit crachat, piètre consolation s’il en est du ratage du Santiaguito.

Retour vers Guatémala, passage devant le volcan de Fuego, le 16 février 2020

De longs embouteillages nous attendaient pour entrer en ville (fin de week-end à Guatémala), mais nous avions été prévenus. Ces derniers ont débuté avant même d’atteindre les abords d’Antigua. Guatémala-ville (j’aurais l’occasion d’en reparler) est une ville présentant l’un des plus forts taux d’insécurité au monde. La ville est divisée en 22 zones, numérotées de 1 à 25 avec des lacunes, selon une logique rappelant un peu celle des arrondissements parisiens (la zone 1 étant le centre historique, autour de la cathédrale). Notre hôtel était situé dans la zone 10, celle des ambassades occidentales, la seule qui soit suffisamment sécurisée pour que les touristes puissent s’y promener sans crainte. Nous avions quartier libre ce soir là, mais nous nous sommes tous retrouvés dans le même restaurant, quasiment le seul ouvert en ce dimanche soir.

La deuxième partie du voyage était consacrées aux plaines tropicales, aux sites archéologiques mayas ainsi qu’à la côte Caraïbe. Nous avons tout d’abord quitté Guatémala à une heure très matinale (5 heures) afin d’éviter les embouteillages. Après deux heures de trajet sur une route à 4 voies qui n’arrêtait pas de descendre, nous avons fait halte pour un petit déjeuner frugal dans un relais autoroutier. Nous venions à ce moment de rejoindre la vallée du rio Motagua, l’un des plus importants fleuves du Guatémala, descendant de Chichicastenango en direction de la mer des Caraïbes.

Notre première destination était le site archéologique de Copán, qui ne se trouve pas au Guatémala mais dans un pays voisin, le Honduras. Pour l’atteindre, nous avons quitté la vallée du Motagua pour une zone de collines, franchissant même un petit col. Ce trajet a donné lieu à un grand moment, du jamais vu dans mes voyages touristiques : un cours magistral de mathématiques, suivi de travaux dirigés ! Je blague à peine. En fait, le guide nous a expliqué le principe de la numérotation maya. Il s’agit d’un système de numérotation en base 20, doté d’un zéro. Il existe trois symboles, la graine (𝋠) pour 0, le point (𝋡) pour 1 et le tiret (𝋥) pour 5. Les chiffres sont créés en juxtaposant ces symboles, avec au maximum 4 points et 3 tirets. Par exemple pour 12 : 𝋬 . Ceci permet d’aller jusqu’à 19. A partir de 20, il faut juxtaposer deux blocs l’un au-dessus de l’autre, le premier pour les vingtaines et le second pour les unités. Ainsi 26 s’écrit de cette façon :

𝋡
𝋦

En effet, 26 = 20 + 6 = 𝋡×20 + 𝋦

L’exercice consistait à écrire (en toute confidentialité) notre âge en numérotation maya sur un bout de papier ensuite communiqué au guide. Un exercice absolument insurmontable pour nombre de personnes du groupe, dont une dame née un peu après la guerre et qui a ainsi préféré me révéler discrètement son âge pour que je fasse l’exercice à sa place.

Une dernière anecdote sur la numérotation maya : bien sûr elle est totalement tombée en désuétude, mais elle est toute de même représentée (dans un but touristique !) sur les billets de banque en quetzal, la monnaie guatémaltèque. Ci-dessous les billets de 100 et de 50 quetzals :

Billets de banque guatémaltèques (100 et 50 quetzals) avec la numérotation maya correspondante, le 17 février 2020

Nous sommes ensuite entrés au Honduras dans lequel nous allions passer moins de vingt-quatre heures. Passage de frontière facile, nous avons attendu dans le bus que le guide aille faire tamponner tous nos passeports. Le Honduras (capitale Tegucigalpa) est un pays de taille comparable au Guatémala, mais « à l’envers », dans le sens où la côte Caraïbe y est importante tandis que la côte Pacifique y est restreinte. Comme pour le Guatémala, les bandes bleues sur le drapeau symbolisent les deux mers. En dehors du site de Copán, fréquemment visité à partir du Guatémala, c’est un pays peu touristique et même déconseillé aux voyageurs en raison de son fort taux de criminalité.

La ville moderne de Copán Ruinas (non dénuée d’un certain charme) ainsi que le site archéologique sont distants de quelques kilomètres à peine de la frontière. Nous avons parcouru la ville à pied pour nous rendre au restaurant, avant d’attaquer la visite du site.

Copán Ruinas, le 17 février 2020Copán Ruinas, le 17 février 2020

Commençons par cette maquette du site, établie par une archéologue russe il y a plusieurs décennies (avant la majorité des fouilles). Il semble qu’elle ne s’était pas trop trompée.

Maquette située à l’entrée du site archéologique de Copán, le 17 février 2020

On enchaîne avec le musée, qui contient une réplique échelle 1 du temple Rosalila (découvert sous le temple 16), ainsi que quelques bas-reliefs remplacés sur site par des copies.

Musée du site archéologique de Copán, le 17 février 2020Musée du site archéologique de Copán. Reconstitution grandeur nature du temple de Rosalila, le 17 février 2020

Nous avons aussi eu droit à des explications sur les 17 rois qui ont régné sur Copán, entre le Ve et le VIIIe siècle. Le plus célèbre d’entre eux se faisait appeler « Dix-huit Lapin ».

Musée du site archéologique de Copán, le 17 février 2020Musée du site archéologique de Copán, le 17 février 2020

Direction ensuite le site où l’on remarque la présence de perroquets à moitié sauvages.

Site archéologique de Copán, le 17 février 2020

Nous avons ensuite parcouru les différentes parties du site (places, pyramides…).

Site archéologique de Copán, le 17 février 2020

Nous avons quelques explications aussi sur les jeux de balle (grosse balle en caoutchouc) on ne sait pas si c’était le gagnant ou le perdant qui était mis à mort. Les différentes cités de la région se faisaient souvent la guerre.

Site archéologique de Copán, le 17 février 2020

On ne sait pas l’origine du déclin de la ville (et de la civilisation maya) après le VIIIe siècle. L’explication « climatique » avancée par le guide paraît bien trop influencée par les lubies du moment. En tout cas, les Espagnols ne sont pas responsables.

Site archéologique de Copán, le 17 février 2020. Stèle M et escalier hiéroglyphique

Le dispositif de drainage des eaux de la place est toujours opérationnel.

Le site comprend également un magnifique escalier avec des inscriptions (dont les pierres n’ont pas toutes été replacées dans le bon ordre). Il existe par ailleurs à Copán un réseau de souterrains, dont la visite est très onéreuse et n’était pas comprise dans notre programme.

Site archéologique de Copán. Stèle M, le 17 février 2020Site archéologique de Copán. Escalier hiéroglyphique, le 17 février 2020
Site archéologique de Copán, le 17 février 2020Site archéologique de Copán. Reconstitution, le 17 février 2020

(Je passerai sur les explications botaniques, également prodiguées par le guide et que j’ai écoutées d’une manière encore plus distraite que les explications archéologiques. Il a notamment question de l’«  arbre à fromage », que je n’ai pas photographié, mais dont j’ai de nouveau entendu parler, plus récemment, à Angkor. Sauf que je ne suis pas sûr qu’il s’agisse bien du même arbre).

Nous avons définitivement quitté le Honduras le lendemain matin, franchissant la frontière par la même route qu’à l’aller, que nous avons encore suivie jusqu’à Éstanzuela et la vallée du rio Motagua. Nous avons ensuite poursuivi la descente de cette vallée, occupée par une vaste bananeraie. Bananeraie qui est exploitée par une compagnie américaine, Chiquita (ex. United Fruit Company), paraît-il de très mauvaise réputation (à l’origine de l’expression « république bananière », qui s’appliquait d’ailleurs au Guatémala). Les régimes de bananes sont enveloppés dans des sacs plastiques pour croître plus vite, puis sont cueillis verts de façon à mûrir au moment de la livraison.

Le site archéologique de Quiriguá, que nous avons visité dans la matinée, se trouve en plein milieu de la bananeraie de Chiquita. Mais quelques hectares autour des stèles, autrefois plantés de bananes, ont maintenant été rendus à la forêt tropicale. Le site est également localisé en bordure du rio Motagua. Quiriguá est connu pour ses immenses stèles, les plus grandes du monde maya (la plus grande mesure 11 mètres de hauteur). Quiriguá a grandi au cours de la période classique maya, à partir du Ve siècle. C’était au départ une ville vassale de Copán, dont elle a cherché à s’épanciper au VIIIe siècle. Une guerre s’en est suivie entre Copán et Quiriguá qui a abouti à la capture et à la mort du roi de Copán, Dix-huit Lapin.

Site archéologique de Quiriguá, le 18 février 2020

Sur les stèles, des inscriptions, en particulier astronomiques (mais je n’ai pas tout retenu). Le calendrier était basé sur une succession de cycles.

Site archéologique de Quiriguá, le 18 février 2020. Stèle ESite archéologique de Quiriguá, le 18 février 2020

Nous avons visité Quiriguá à l’heure de midi, sous une chaleur moite, assez insoutenable pour certains (nous avons eu ordre de ne pas effectuer la visite en sandales en raison des fourmis). Nous avions également déjà faim, nous n’étions pourtant pas près de déjeuner puisque après la visite nous avons encore roulé jusqu’à 15h. Nous avons finalement fait halte dans une sorte de relais routier près de la ville de Morales. Avant la dernière étape, plus courte, jusqu’à San Felipe de Lara, près de la ville de Rio Dulce et sur les rives du lac Izabal (le plus grand lac du Guatémala), lequel communique avec la mer des Caraïbes par l’éponyme rio Dulce (la rivière douce), une voie navigable.

Arrivée à Rio Dulce, le 18 février 2020Arrivée à Rio Dulce, le 18 février 2020

À San Felipe se trouve un fort espagnol du XVIIe siècle (qui servait à la fois de poste de douane et de prison pour incarcérer les nombreux pirates attaquant les navires espagnols). Situé dans une sorte de parc urbain avec des cocotiers, et sur une presqu’île s’avançant dans le lac, l’endroit est assez photogénique.

Le fort San Felipe, le 19 février 2020

La vue depuis le fort :

Le fort San Felipe, le 19 février 2020Le fort San Felipe, le 19 février 2020

Notre guide nous a laissé le temps de visiter le fort dans ses moindres recoins (le genre de chose qu’on aimait faire étant gamin…)

Le fort San Felipe, le 19 février 2020Depuis le fort San Felipe, le 19 février 2020

Encore deux dernières photos du fort, prises cette fois-ci depuis le lac, au début de la longue traversée qui devait suivre.

Le fort San Felipe, le 19 février 2020 (depuis la lancha)

Le programme de la journée, c’était une matinée entière de navigation jusqu’à la localité de Livingston située en bord de mer, au débouché du rio Dulce. Une navigation effectuée — comme sur le lac Atitlán — en lancha (une sorte de grande barque dotée d’un moteur rapide et couverte pour protéger les touristes du soleil). Il y a 1h30 de navigation, sans compter les arrêts que nous avons effectués en cours de route.

Après le passage sous le pont près de la ville de Rio Dulce, on arrive à second lac, plus petit que le lac Izabal : El Golfete. Les rives d’El Golfete (ainsi des petites îles inhabitées qui se trouvent au milieu) sont recouvertes de mangrove. Parmi ces îles inhabitées, l’île aux Oiseaux, ainsi nommée en raison des volatiles qui y nichent.

Mangrove sur le Rio Dulce, le 19 février 2020Île aux oiseaux, le 19 février 2020

Nous sommes ensuite passés par les lagunetas de la Flores, sorte d’excroissance du lac El Golfete, aux eaux très calmes où poussent les nénuphars. On y trouve des bungalows sur pilotis où séjournent des touristes. Une ambiance lacustre et tropicale assez particulière, que j’ai un petit peu retrouvée en 2023 au lac Tonlé Sap au Cambodge.

Lagunetas de la Flores (nénuphars), le 19 février 2020

En sortant du lac d’El Golfete, le rio Dulce emprunte un impressionnant défilé entre deux hautes falaises de calcaire. L’endroit est très sauvage, et dépourvu d’habitations, même si la quiétude des lieux est perturbée par le passage des nombreuses lanchas. Les pélicans qui nagent dans la rivière s’envolent au dernier moment à l’approche d’une embarcation.

Le rio Dulce (falaises calcaires), le 19 février 2020Le rio Dulce (falaises calcaires), le 19 février 2020

Ensuite la rivière s’élargit et l’ambiance devient marine : nous approchons de Livingston.

Arrivée à Livingston, le 19 février 2020

Livingston à plusieurs titres une localité à part au Guatémala : déjà par son nom de consonance anglo-saxonne, qui fait tâche dans la région en dépit de la proximité du Belize anglophone ; ensuite par le fait que la ville, située sur la rive gauche du rio Dulce à son embouchure, n’est pas reliée au réseau routier guatémaltèque : on n’y accède que par bateau, soit depuis Rio Dulce comme nous l’avons fait, soit depuis Puerto Barrios, le principal port du Guatémala sur la côte Caraïbe. Enfin, par sa communauté métissée afro-indigène, les Garifunas, qui sont des descendants d’esclaves d’origine africaine échoués sur l’île Saint-Vincent. Ce sont les seuls Noirs que l’on peut trouver au Guatémala. On notera aussi que Livingston (à l’instar de Puerto Barrios), ne donne pas sur la pleine mer, mais dans une grande baie, la baie d’Amatique, qui la protège des déferlantes. C’est la raison pour laquelle le tourisme balnéaire a pu se développer dans la région.

Avant que nous ne débarquions, notre lancha a effectué un petit tour à vitesse réduite, histoire d’observer les colonies de pélicans installées sur des épaves du port, rendant ces dernières, paradoxalement, assez photogéniques.

Arrivée à Livingston, le 19 février 2020

Ensuite déjeuner dans un restaurant sur pilotis (dans lequel nous avons attendu le plat très longtemps). Il y avait aussi deux malades dans le groupe, apparemment sans rapport de cause à effet.

Quartier libre l’après-midi pour visiter la ville. Je m’y suis baladé seul (et m’y suis un peu embêté). Un signe qui ne trompe pas, trois ans après je ne me rappelle plus très bien ce que j’y ai vu. La ville est très touristique, il y a beaucoup de boutiques de souvenirs, de touristes, et de… policiers pour les protéger. Cette fresque que l’on peut voir en débarquant semble emblématique de la ville, j’imagine qu’elle est entretenue par le syndicat d’initiative.

Livingston, le 19 février 2020

Quelques curiosités de la ville qui ont dû nous être recommandées par le guide, comme le séchage de poissons ou le lavoir. Ouais, bof…

Livingston, le 19 février 2020Livingston, le 19 février 2020
Livingston, le 19 février 2020

J’ai cherché à faire des photos de paysages marins, mais j’ai été un peu déçu, j’ai trouvé que la côte n’était pas très bien mise en valeur.

Livingston, le 19 février 2020

La journée suivante a commencé par une matinée à la plage : un genre d’activité dont on sent bien que c’est pas le truc de l’agence Allibert, qui a l’air de se sentir obligée de l’incorporer dans ses circuits pour répondre à des réclamations. Pour ce voyage au Guatémala encore, cela n’a pas été trop raté (en dehors de l’horaire un peu bizarre) ; en tout cas par comparaison avec ma dernière expérience en la matière, l’« île aux lapins » près de Kep au Cambodge. La plage où nous nous sommes rendus n’est pas située à Livingston mais plus à l’ouest, à 45 minutes de navigation. J’imagine qu’il y avait une raison à cela (pollution ? surexploitation touristique ?), qui ne nous a pas été explicitée. Le lieu, Playa Blanca, est du reste fort aménagé (et d’accès payant, inclus dans le prix du voyage), ce n’est pas loin s’en faut la plage sauvage en pleine nature. Il y avait quelques bungalows où logeaient quelques touristes, notamment un couple d’âge disparate qui n’était sans doute pas charmé de nous voir débarquer dès l’aurore.

Playa Blanca, le 20 février 2020Playa Blanca, le 20 février 2020

Enfin ne nous plaignons pas, le bain était plutôt agréable, sans trop de vagues. Et puis je ne m’en doutais guère, mais ce n’était pas demain la veille que j’aurais de nouveau l’occasion de me baigner sous les cocotiers.

Retour ensuite en bateau jusqu’à Rio Dulce : deux heures de navigation sans pause, d’abord en mer (plus agitée qu’à l’aller), ensuite en remontant le Rio Dulce. Deux photos prises à l’arrivée, au moment du passage sous le pont routier. Comme la veille à Livingston (mais dans de bien meilleures conditions), nous avons déjeuné dans un restaurant sur pilotis.

Retour à Rio Dulce, passage sous le pont routier, le 20 février 2020Retour à Rio Dulce, restaurant sous le pont routier, le 20 février 2020

La journée était loin d’être terminée puisque nous attendaient encore quatre heures de route jusqu’au grand site archéologique de Tikal, dont la visite était prévue le lendemain. Un transfert avec un nouveau chauffeur, lequel conduisait plus vite et moins prudemment que celui auquel nous étions habitués, il manquera d’ailleurs d’écraser quelques animaux domestiques. La route vers Tikal passe à un moment précis, très près (quelques centaines de mètres) de la frontière du Bélize. On y rencontre des paysages karstiques avec des dolines et de petits monticules. La campagne est cultivée, il n’y a plus de forêt tropicale. Après être passés aux alentours de Florès (en évitant la ville), nous avons longé quelques instants le lac Petén Itzá (censé renfermer des crocodiles), troisième lac du pays après le lac Izabal et le lac Atitlán. Nous y avons fait une courte halte, mais le soir tombait et les photos ne rendent pas.

Le lac Petén Itzá au crépuscule, le 20 février 2020

La fin du trajet a été effectuée de nuit. Nous avons pénétré dans le parc national de Tikal (au cœur duquel se situe le site archéologique), parc à l’intérieur duquel la route est de facture très récente car financée par l’Unesco, équipée des catadioptres dernier cri assurant une parfaite signalisation. Un sacré contraste avec les autres routes du Guatémala. À l’intérieur du parc, les cultures font place à la forêt tropicale. Forêt qui rappelons-le n’est pas primaire puisque la région était entièrement déboisée à l’époque maya.

Nous avons logé dans un hôtel de Tikal, un privilège car les places y sont limitées. Mais y sommes arrivés tout juste pour l’heure du dîner. A 21 h, extension partielle des feux, le restaurant est éclairé à la bougie, mais il reste de l’électricité dans les chambres (sur batterie) qu’on est tenu d’économiser (et donc, de débrancher les chargeurs d’appareils photo et autres). Le wifi est également indisponible.

J’aborde maintenant la visite du site maya de Tikal, le plus grand site archéologique du Guatémala. Les explications nous ont été prodiguées en espagnol par une guide locale que notre guide Rémi devait traduire. J’avoue qu’il n’en est pas resté grand chose, aussi la description de cette visite sera assez succincte. Pendant la présentation générale du site, elle nous a par exemple parlé de l’influence de Teotihuacán sur Tikal, j’ai probablement retenu ça parce que j’étais allé au Mexique quatre ans auparavant, sans savoir si c’est vraiment fondamental. Autre point qui a suscité mon attention, l’existence de la région de plusieurs sites archéologiques de taille comparable à Tikal, enfouis sous la jungle et jusqu’il y a peu totalement inconnus. Ces sites ont été identifiés depuis le ciel par un dispositif utilisant un lidar, ce qui permet d’envisager leur fouille prochaine. Un lidar, en gros, c’est une sorte de radar utilisant un laser, le genre de chose dont on entend davantage parler dans des réunions techniques à la DGA qu’au cours de voyages touristiques…

Pour paraphraser Wikipedia, l’extinction de Tikal a débuté au IXe siècle après J-C, pour une raison sujette à controverse. L’apogée du site correspond à la période maya classique, autour du Ve siècle. Tikal n’avait toutefois pas été complètement oublié des habitants de la région.

Les ruines de Tikal comprennent de nombreux temples et pyramides éparpillés dans la forêt. La plupart de ces édifices sont regroupés autour de l’acropole centrale, mais d’autres sont plus épars, sur une distance de l’ordre de deux à trois kilomètres. C’est par ces derniers que nous avons entamé notre visite (laquelle s’effectue intégralement à pied). Cette marche dans la forêt a donné lieu à quelques arrêts botanique, comme ci-dessous pour « l’arbre du gringo ».

L’« arbre du gringo » à Tikal, le 21 février 2020

Nous avons commencé la visite par le « groupe Q » qui se trouve au nord-est du site. Dans cette partie de Tikal, moins visitée par les touristes, il est encore possible d’escalader une pyramide par les (raides) gradins d’époque maya. La taille de cette dernière reste toutefois assez modeste.

Tikal : pyramide du groupe Q, le 21 février 2020Tikal : du haut de la pyramide du groupe Q, le 21 février 2020
Tikal : pyramide du groupe Q, le 21 février 2020Tikal : groupe Q, le 21 février 2020

Nouvelle traversée de forêt en direction du temple IV. On rencontre en passant des vestiges (pyramides) non fouillés, recouverts de terre et d’arbres (ci-dessous photo de gauche). C’est ce genre de monticule que le lidar est capable de repérer à grande distance. Quant à l’animal à droite, il s’agit probablement d’un singe-araignée.

Tikal : pyramide non fouillée, le 21 février 2020Tikal, le 21 février 2020

Le temple IV est la pyramide la plus élevée de Tikal (65 m de haut). On peut y monter par un escalier de bois (les gradins étant presque effacés), sans toutefois aller jusqu’en haut. On se trouve au niveau de la canopée (pour reprendre la novlangue si chère aux écolos), mais la vue sur le site se révèle assez décevante.

Tikal : temple IV, le 21 février 2020Tikal : le temple IV, le plus élevé de Tikal (65 m), le 21 février 2020Tikal : en haut du temple IV, le 21 février 2020

Ensuite une partie de Tikal surnommée le « Monde perdu » (ce sont bien évidemment les yankees qui sont à l’origine de cette dénomination qui fait référence à un élement de leur « culture »). La grande pyramide qui s’y trouve, haute de 30 m, est également accessible par des escaliers de bois. Elle forme avec trois petites édifices à l’est un ensemble qui aurait eu une signification astronomique (indiquant la position du soleil aux solstices et aux l’équinoxes).

La vue d’en haut, l’une des plus belles de Tikal, permet d’apercevoir le temple IV précédemment visité, ainsi qu’une structure secondaire plus proche faisant également partie du « Monde perdu ».

Tikal : depuis la grande pyramide du Monde Perdu, le 21 février 2020

Voisine du « Monde perdu », l’Acropole sud, également appelée place des Sept temples. L’un des temples rappelle un peu le site de Palenque au Mexique. On trouve à cet endroit un jeu de balle (que je n’ai pas photographié). Quant à la pierre ronde, il s’agit d’un autel si l’on en croit l’écriteau en espagnol, mais je n’ai pas plus de détail.

Tikal : vers l’Acropole sud, le 21 février 2020Tikal : l’Acropole sud (ou place des Sept temples), le 21 février 2020
Tikal : vers l’Acropole sud, le 21 février 2020

Assez spectaculaire, voici le temple V de Tikal, le second du site par sa hauteur (59 m). Il n’est pas possible de le gravir. Ce temple date de la période classique tardive, 700 ap. J.-C. Il s’agirait du lieu de sépulture d’un roi inconnu.

Tikal : le temple V (le second par la hauteur, 59 m), le 21 février 2020
Tikal : le temple V (le second par la hauteur, 59 m), le 21 février 2020

Nous avons effectué une photo de groupe devant ce temple, dont je n’ai jamais vu la couleur. Il est dorénavant de plus en plus fréquent que je ne reçoive pas ou très peu de photos de mes compagnons au retour de voyage, surtout depuis que la plupart des bobos ne jurent plus que par Whats’app, une application sur laquelle je refuse catégoriquement de m’inscrire (le pire qui puisse exister en terme de violation de la vie privée).

Proche de l’Acropole central, cet édifice (au pied duquel nous avons pique-niqué, ce qui est heureusement autorisé à Tikal) est surnommé le Palais royal (encore qu’on ne trouve pas de trace de cette nomenclature dans Wikipedia). On y trouve des voûtes mayas caractéristiques ainsi que des linteaux de bois dont certains sont d’époque.

Tikal : sorte de palais royal près de l’Acropole centrale, le 21 février 2020Tikal : palais royal, le 21 février 2020
Tikal : voutes mayas dans le palais royal, le 21 février 2020Tikal : palais royal, le 21 février 2020

L’acropole centrale est la partie la plus spectaculaire et bien évidemment la plus visitée de Tikal.

Tikal : l’Acropole centrale et le temple II, le 21 février 2020

L’acropole centrale est dominée par le monument emblématique de Tikal, le temple I (aussi connu sur le nom du temple du Grand jaguar ou temple du cacao), datant du VIIIe siècle. Dressé sur un socle pyramidal à neuf degrés et couronné d’une crête faitière, ce temple s’élève à 47 mètres de hauteur. Bien évidemment, l’ascension de la pyramide est interdite.

Tikal : le temple I vu depuis le temple II, le 21 février 2020Tikal : temple I, le 21 février 2020

Une vue panoramique de l’acropole centrale, en tachant de fermer les yeux sur cette horrible bâche archéologique (ou comment gâcher une vue magnifique).

Tikal : panoramique de l’acropole centrale (vue depuis le temple II), le 21 février 2020

Il est possible de gravir partiellement le temple II qui fait face au temple I (hauteur : 38 m), grâce à un escalier de bois (mes parents venus sur les lieux en 2002 avaient pu y monter directement).

Tikal : temple II, le 21 février 2020Tikal : le temple I vu depuis l’Acropole nord, le 21 février 2020

Le guide nous a laissé quelques temps pour nous balader sur le site, à la fin de la visite. Je me suis ainsi rendu sur l’acropole nord où l’on trouve quelques stèles comme celle-ci :

Tikal : stèle près de l’Acropole centrale, le 21 février 2020

Encore quelques photos du temple I, on ne s’en lasse pas :

Tikal : temple I, le 21 février 2020

Et puis pour terminer, ces photos… renversantes d’un singe-araignée, prise à la fin de la visite. Il y a en effet pas mal de faune à Tikal, des singes-araignées, des singes-hurleurs ainsi que des coatis, sortes de petits ratons-laveurs (nous en avions aperçu un le matin en sortant de l’hôtel, sans avoir le temps de dégainer assez vite).

Tikal : singe-araignée, le 21 février 2020

Après la visite de Tikal, nous sommes rentrés à Guatémala-ville en avion. Un vol intérieur d’à peine 30 minutes qui nous épargnait une bonne journée de bus (peut-être davantage), par un itinéraire de surcroît déjà emprunté à l’aller. L’avion décollait à 18h de Flores, une jolie petite ville donnant sur lac Petén Itzá. Les bagages devaient être déposés 2h avant le décollage, mais nous avions ensuite le temps pour une visite rapide de la ville.

Florès et le lac Petén Itzá, le 21 février 2020

Flores se targue d’être la dernière ville du pays à avoir été conquise par les Espagnols. Son centre historique, doté de jolies maisons colorées, est bâti sur une île du lac Petén Itzá. L’île est relié par un pont côté sud, tandis que l’accès depuis la rive nord, pourtant plus proche, nécessite une traversée assurée par une noria de lanchas et de petits transbordeurs. La lumière, crépusculaire au moment de notre visite, était idéale pour les photos.

Une rue de Florès, le 21 février 2020

Nous avons passé une ultime journée au Guatémala, en compagnie de notre guide. Journée intégralement consacrée à la visite de Guatémala-ville (et pour l’essentiel à des musées), et dont a été privée la moitié du groupe qui avait opté pour un vol par les États-Unis, les contraignants à partir beaucoup plus tôt.

Nous avons commencé par le musée d’archéologie et d’ethnologie. Ce musée renferme beaucoup d’objets et d’informations, principalement relatifs à la civilisation maya.

Guatémala, entrée du musée d’archéologie et d’éthnologie, le 22 février 2020Guatémala, photo nocturne présentée dans le musée d’archéologie et d’éthnologie, le 22 février 2020

Guatémala, maquette de Tikal, musée d’archéologie et d’éthnologie, le 22 février 2020Guatémala, musée d’archéologie et d’éthnologie, le 22 février 2020

Guatémala, musée d’archéologie et d’éthnologie, le 22 février 2020Guatémala, musée d’archéologie et d’éthnologie, le 22 février 2020

On trouve dans ce musée une reproduction partielle du codex de Dresde qui a servi à déchiffrer l’écriture maya. On rappelle que les codices (pour employer le pluriel latin), manuscrits de la période maya classique, étaient systématiquement détruits par les Espagnols lorsqu’ils tombaient en leur possession. Seuls quatre d’entre eux (en tout cas pour ceux actuellement connus) ont pu échapper à la furie des conquistadors, ils sont nommés d’après l’endroit où ils sont actuellement conservés ; il s’agit des codices de Dresde, de Madrid, de Paris et de Mexico. Le codex de Dresde, le plus important des quatre, a de surcroît été endommagé (mais non détruit) par les bombardements perpétrés par la perfide Albion en 1945.

Guatémala, copie du codex de Dresde, musée d’archéologie et d’éthnologie, le 22 février 2020

Deux autres musées ont suivi cette visite, tous deux localisés dans l’enceinte de l’Université : il s’agit en effet d’anciennes collections privées, léguées à l’Université. D’abord le musée Popol Vuh, lequel contient en majorité des objets précolombiens mais aussi quelques objets hispaniques.

Guatémala, musée Popol Vuh, le 22 février 2020Guatémala, musée Popol Vuh, le 22 février 2020
Guatémala, musée Popol Vuh, le 22 février 2020Guatémala, musée Popol Vuh, le 22 février 2020

Ensuite, le musée Ixchel, exposant des tenues traditionnelles (actuelles) des populations mayas, et dont je n’ai pas pris de photo. Nous avons passé la plus grande partie du temps dans une salle de projection vidéo, dont le film, principalement consacré à des techniques d’artisanat, a eu pour effet de m’assoupir.

Il nous restait un peu de temps avant le déjeuner puis l’(interminable) retour. Le guide ne sachant pas trop quoi nous faire faire, il nous a demandé si nous avions des desiderata. J’ai alors émis la suggestion de parcourir en bus le centre historique, une proposition qu’il a acceptée, à mon grand étonnement d’ailleurs. J’ai déjà touché quelques mots de l’insécurité record à Guatémala-ville (même si Paris est sur la même pente), les risques d’agressions et d’enlèvements prohibant toute excursion en dehors de la zone 10, le quartier sécurisé où se trouvent les ambassades occidentales et la plupart des hôtels (ainsi que les musées que nous venions de visiter). La zone 1, le centre historique, peut à l’extrême rigueur être parcourue en bus, en évitant absolument d’en descendre. Visiter la cathédrale par exemple n’est pas possible.

Les dernières photos du voyage ont été prises au cours de cette ultime excursion, et donc pour la très grande majorité d’entre eux depuis le véhicule. L’arche située dans le centre, rappelant celle d’Antigua, est la poste centrale de Guatémala (milieu du XXe siècle).

Guatémala, visite de la ville en bus, le 22 février 2020
Guatémala, visite de la ville en bus, le 22 février 2020Guatémala, visite de la ville en bus. La poste centrale dont l’arche est inspirée de celle d’Antigua, le 22 février 2020Guatémala, visite de la ville en bus. La poste centrale dont l’arche est inspirée de celle d’Antigua, le 22 février 2020

Voici maintenant la place de la Constitution, le cœur historique et politique de la ville, symbolisé par un gigantesque drapeau guatémaltèque, à l’instar de celui que l’on peut trouver à Mexico (bien qu’ici on ne parle pas de Zocalo). C’est sur cette place également que se trouve la cathédrale Saint-Jacques, bâtie entre 1782 et 1815 (contemporaine, j’imagine, de la décision de transférer la cathédrale suite à la destruction d’Antigua en 1773). Relâchant un tout petit peu la contrainte qui nous avait été fixée, notre guide nous a autorisé à descendre du bus, à condition de ne pas s’éloigner de plus de quelques mètres. D’où ces quelques photos prises sans reflet de vitre (outre la cathédrale et le drapeau, l’une de mes photos montre le palais national de la culture).

Guatémala, place de la Constitution, le 22 février 2020. Cathédrale de GuatémalaGuatémala, place de la Constitution, le 22 février 2020. Cathédrale de Guatémala

Une dernière photo prise pendant le trajet du retour. Elle montre les arrêts couverts du système de bus de Guatémala-ville, un peu analogue à ceux de Bogotá. Le pays n’a manifestement pas les moyens de construire un métro qui pourtant s’imposerait.

Guatémala, place de la Constitution, le 22 février 2020

Une fois n’est pas coutume, je toucherai encore quelques mots du voyage de retour. Retour qui comprenait une escale supplémentaire au Salvador, la compagnie Iberia desservant les deux pays selon un schéma triangulaire. Une escale au cours de laquelle il a fallu descendre d’avion pour une fouille pourtant symbolique, un épisode qui n’était pas sans me rappeler l’escale à Bychkek sur la route d’Oulan Bator. On laisse ses bagages à main dans l’avion, mais il faut prendre garde à ne pas oublier sa carte d’embarquement, sinon on reste au Salvador. Au cours de l’escale dans ce pays dont je ne connais rien, j’ai été surpris par les portraits omniprésents du président (Nayib Bukele ?), photographié en compagnie de son épouse à la manière d’une tête couronnée. Le Salvador est paraît-il le paradis des surfeurs (pas mal de réclame pour cette activité).

Le vol transatlantique pour Madrid a duré un peu moins de temps que prévu. L’attente à l’aéroport de Madrid s’en est trouvée rallongée, d’autant que l’ultime vol pour Paris avait du retard. C’est au cours de cette attente et dans ce dernier avion que j’ai vu apparaître les premiers masques chirurgicaux, tout en étant soulagé que mon voisin immédiat n’en portât point. Un avant-goût de l’exécrable période qui allait suivre.