Sultanat d’Oman | ||
OmanDernier voyage que j’ai effectué dans un pays de religion musulmane, le Sultanat d’Oman n’était pour moi qu’une destination de second choix. Mon idée initiale était de rester fidèle à mon habitude de me rendre dans le Sahara un hiver sur deux (et à laquelle j’avais souscrit quatorze années durant). Malheureusement, la stupide et criminelle guerre menée à partir de 2010 par Sarkozy et son acolyte BHL contre le dictateur Khadafi qu’il avait pourtant reçu avec tous les honneurs deux ans plus tôt (et lequel, tout mégalomane qu’il fût, avait l’immense mérite d’assurer à son pays paix et prospérité), devait bientôt plonger dans un chaos innommable et pour une durée indéterminée, l’ensemble des pays de la région. J’avais néanmoins cru, à la toute fin de 2011, pouvoir encore effectuer un dernier voyage dans une zone saharienne reculée, alors encore à l’écart des zones d’exaction d’AQMI et autres Boko haram, un secteur non encore déconseillé par le ministère des Affaires Étrangères et où Terres d’Aventure proposait un voyage très cher mais plein de promesses : il s’agissait du massif de l’Ennedi au Tchad, avec la fabuleuse guelta d’Archeï et ses crocodiles, ses arches monumentales, et une longue randonnée dans un secteur encore peu visité des touristes. Malheureusement, mon employeur, lequel a tous les droits et auquel je suis tenu de déclarer mes destinations de vacances, a décrété a contrario du quai d’Orsay que pour lui la zone n’était pas suffisamment sûre et qu’il n’était pas opportun que je m’y rende. J’ai dû annuler, quelques jours seulement après m’être inscrit, y perdant au passage quelques six cents euros. C’est donc par défaut que j’ai finalement opté pour le sultanat d’Oman, destination qui pouvait par certains côtés me rappeler le Sahara perdu, et accessoirement, l’un des derniers pays arabes où les touristes peuvent encore se rendre sans trop de risques. Le sultanat d’Oman, à l’instar des autres pays de la péninsule arabique, vit depuis le début des années 1970 d’une importante rente pétrolière. Cela a coïncidé avec l’accession au pouvoir du sultan actuel, Qabus ibn Said. Jusqu’à cette époque, les Omanais, très pauvres, vivaient de l’agriculture, de la pêche ou du nomadisme. Le jeune sultan décréta donc que les difficultés pour ses sujets étaient révolues et allaient laisser place au bon temps et à l’oisiveté. À charge de l’État d’assurer à tous les natifs du pays le confort matériel (allant même, dans certains cas, jusqu’à leur construire gratuitement des maisons) tandis que l’économie tournerait grâce au labeur d’une main d’œuvre immigrée, essentiellement indienne, baloutche (pakistanaise) ou d’Afrique de l’est (mais également, pour certaines professions, des Européens). Lesquels immigrés viennent travailler à Oman pour une durée déterminée et sans la possibilité de faire venir leur famille, évitant ainsi, bien qu’ils soient en passe d’être majoritaires, tout risque de grand remplacement (ce en quoi et pour ce qui nous concerne, malheureusement, il est trop tard pour prendre de la graine). Cette politique, qui a valu comme on s’en doute une immense popularité au sultan et une très grande stabilité politique dans le pays, a toutefois son revers : la fin programmée de la rente pétrolière et l’incapacité désormais des Omanais de souche d’effectuer tout travail productif. Déjà, en prévision de l’après pétrole, le pouvoir demande aux jeunes natifs de travailler tout en obligeant les sociétés étrangères à les embaucher (pour l’instant en pure perte pour elles). Pour terminer cette brève présentation du sultanat d’Oman, quelques points géographiques et historiques. Les omanais sont musulmans dans leur quasi-totalité, mais pas sunnites. Ils relèvent de l’ibadisme, qui est une branche dissidente de l’Islam (ce n’est pas non plus le chiisme à l’iranienne). De cette particularité religieuse vient peut-être la relative tolérance qui règne dans le pays, par rapport à ses voisins. Une autre particularité du sultanat d’Oman vient de sa géographie et de son histoire. Les côtes du pays donnent sur l’océan Indien dont les eux sont très poissonneuses (contrairement à celles du golfe Persique). A contrario de la plupart des peuples arabo-musulmans qui tournent le dos à la mer, les Omanais ont depuis longtemps développé la pêche en mer et savaient construire des navires résistant aux tempêtes. Leur marins s’aventurèrent le long de la côte orientale du continent africain où ils établirent des comptoirs, dont le plus célèbre est Zanzibar. De ces comptoirs naquit un florissant commerce d’esclaves, en quête essentiellement de jeunes femmes destinées à peupler les harems de tout le monde arabe. Quant aux hommes capturés, après une opération dont seule une fraction survivait, ils devenaient eunuques dans les mêmes harems. C’est un aspect essentiel de la civilisation arabe que d’aucuns voudraient occulter et que de nombreux événements récents remettent pourtant crûment en lumière… bref. Pour en revenir au sultanat d’Oman, cet histoire explique, de nos jours, les liens privilégiés qu’entretient encore aujourd’hui le pays avec l’Afrique de l’est et en particulier la Tanzanie, le swahilli étant l’une des langues les plus parlées à Oman de nos jours. Nous avons gagné le sultanat d’Oman par la compagnie Gulf’air, compagnie originaire du Bahreïn où nous avons donc fait escale (un vol direct existait mais coûtait deux fois plus cher). Le Bahreïn, micro-état du golfe dirigé d’une main de fer par une monarchie sunnite, en proie régulièrement à des soulèvements de la part de sa majorité chiite sans que nos médias de propagande n’en pipent mot, il faut dire que cela n’irait pas dans le sens de leur soumission atlantiste aveugle. Bahreïn est une île reliée au continent (l’Arabie saoudite) par un pont que nous avons pu apercevoir d’avion, le pont du roi Fahd. Ensuite, arrivés en pleine nuit à l’aéroport de Mascate, la capitale d’Oman (l’aéroport est ultra-moderne et les formalités sont rapides), nous avons pu faire connaissance avec notre guide français. Éric B. Guide dont je n’ai jamais pu me faire à la dégaine soixante-huitarde même si je ne remets pas en cause sa compétence. Ce voyage, d’une dizaine de jours seulement, allait s’organiser en deux parties. D’abord, quelque jours de randonnée dans les montagnes à l’est de Mascate ; puis, direction le désert côtier du sud-est du pays où nous nous déplacerions essentiellement en 4×4. Notons que ce voyage ignorait totalement deux facettes du pays : d’abord le secteur du détroit d’Ormuz au nord, doté de hautes falaises très prisées des grimpeurs ; et d’autre part, la région du Dhofar au sud, connue pour sa végétation tropicale car elle reçoit la mousson, mais aussi politiquement la plus instable car frontalière avec le Yémen (on m’avait de toutes façons interdit cette région). Nous avons entamé le séjour par une visite partielle de la capitale Mascate (le reste étant prévu pour la fin). Mascate, à l’origine un petit port de pêche sur la côte nord du pays, s’est énormément étendue sous le règne du sultan actuel, mais uniquement vers l’ouest, le sud et l’est étant constitués de montagnes peu exploitables. Il en résulte que le cœur historique de la ville et notamment le palais du sultan, se trouve maintenant excentré par rapport au centre économique. Nous avons parcouru le marché et le port de pêche (avant de déjeuner au restaurant). Les poissons (tropicaux) que ramènent les bateaux sont très diversifiés. Pendant que nous étions sur un ponton pour assister au débarquement du poisson, nous avons pu apercevoir un bref instant une tortue marine qui nageait dans les eaux du port. Mais nous n’avons pas été assez prompts pour la photographier. Nous avons ensuite quitté la ville en direction de la vallée du Wadi Shaab, à 1h de route à l’est de Mascate près de la ville de Tiwi. Le pays est équipé d’autoroutes dernier cri (en dépit du relief accidenté) sur lesquelles circulent très peu de véhicules. Notre chauffeur roulait allègrement à 150, sans risque semble-t-il de tomber sur un quelconque radar automatique. Le cañon du Wadi Shaab est un haut lieu touristique du sultanat d’Oman. On le parcourt à pied sur quelques kilomètres avant d’arriver à de grandes vasques bleu turquoise où l’on peut se baigner. La randonnée débute non loin de la côte, sous le pont de l’autoroute, par une traversée en barque : le passage est en effet recouvert par la mer à marée haute. Au retour, nous pourrons passer à pied sec. Ici, quelques photos de la progression dans les gorges où l’on trouve par endroit des falaj, canaux d’irrigation en courbe de niveau (bétonnés). À un moment, notre guide nous a fait grimper sur les falaises pour admirer la vallée de plus haut. Le passage était plutôt aérien (et pas vraiment indispensable). Rien de tel qu’un bon bain après cela pour se remettre de ses émotions. Parmi les autres touristes présents ce jour là dans la gorge, j’ai repéré deux jeunes « Françaises » d’un nouveau genre. Bien que communiquant entre elles dans notre langue et sans le moindre accent, elles arboraient le même déguisement islamiste que la plupart des femmes du pays. Arrivées à la vasque, elles s’y sont baignées, tout habillées cela va de soi. Mes compagnons de voyage n’ont pas semblé les avoir remarquées. Comme à l’accoutumée chez Terdav, la nuit suivante allait être passée à la dure, sous tente (sur une plage non loin du village de Fins). J’ai préféré dormir à côté de la tente, non sans m’être préalablement enquis auprès du guide que cela ne présentait pas de danger. Pas trop de bestioles en effet à cette saison, mais les nuits à Oman présentent une différence notable avec les nuits sahariennes : l’humidité. Non pas la pluie, mais la condensation due à la proximité de la mer. (Même bien à l’intérieur des terres les campements sont humides). Il faut par exemple retourner son matelas au moment de se coucher. Mais cela n’est finalement pas trop gênant, et je récidiverai cette expérience (cette fois-ci sans monter de tente et en m’éloignant du campement) toutes les nuits suivantes à l’exception des deux nuits passées en altitude. Le lendemain, nous avons effectué une randonnée dans le cañon de Tiwi, parallèle à celui de Wadi Shaab. Cette vallée renferme plusieurs villages (accessibles par une route asphaltée) ; le voyage étant classé « facile », nous nous sommes contentés de nous rendre en véhicule au plus élevé d’entre eux (Saymah, 250 m) et de redescendre la vallée à pied. Ce faisant nous avons sans doute manqué la partie la plus spectaculaire des gorges. La vallée de Tiwi est en partie occupée par une palmeraie sous laquelle sont pratiquées des cultures d’essences tropicales. Ces cultures sont irriguées par un système de falaj, canaux d’irrigation en béton (notre randonnée nous verra pour l’essentiel progresser sur les rebords de ces falaj, ce qui est par endroits un peu vertigineux). Rappelons que les travaux agricoles ne sont plus assurés par les villageois, lesquels n’ont plus rien à faire, depuis le début des années 70, que de buller en bénéficiant de la rente pétrolière. C’est la main d’œuvre immigrée (indienne, pakistanaise, tanzanienne) qui s’en charge. Dans l’une des localités traversées (Sooee, à moins que ce ne soit Al Aqor) un villageois nous a offert le café. En Arabie et contrairement au Maghreb, ce n’est pas le thé à la menthe qu’on offre en signe d’hospitalité, mais le café (qu’il serait inconvenant de refuser). Le café est parfumé à la cardamome ce qui lui donne un goût particulier, très amer (on aime ou on n’aime pas). Les jolies vasques d’eau pure que forme l’oued en fond de vallée, sont très propices à la baignade. La fin de la randonnée, effectuée non plus le long des falaj mais sur la route, était un peu fastidieuse. Nous avons croisé plusieurs véhicules transportant des écoliers de retour dans leur village (il y a un ramassage chaque jour). Sorte de cliché que fais rarement (en général les enfants dans ce genre de pays sont une telle plaie qu’on a guère envie de les photographier). Cela étant, des fillettes non voilées dans un pays arabe, de nos jours ce n’est pas si courant. Après la randonnée, nous avons repris le véhicule pour un assez long trajet (plutôt pénible en raison de la sono à fond dans le véhicule, et ce n’était pas de la musique folklorique locale ! Du boum boum américain des années 1980 que mes deux compagnes de route semblaient particulièrement apprécier ; moi, beaucoup moins). À vol d’oiseau la distance était pourtant très courte : nous n’avons fait que monter sur le plateau surplombant la vallée (plateau du Hajar oriental), à une altitude de 1500 m environ. Nous avons campé dans ce paysage pour le moins désolé, et il ne faisait pas chaud ! C’est la seule nuit du voyage où la toile de tente était vraiment indispensable. C’est dans cette ambiance que nous avons randonné les trente-six heures suivantes. Une randonnée « ânière » (nos bagages allégés transportés par des ânes) ce qui est une très mauvaise idée étant donné le raffut qu’ils ont fait pendant la nuit. Brusquement, alors que tout le monde est couché, l’un d’eux se met à braire, bientôt imité par les autres à tour de rôle et ça dure une demi-heure. Par chance je n’avais pas omis d’emporter mes boules quiès. Allégé également, le repas du soir, où en lieu et place de la potée de légumes habituelle chez Terdav (sans doute adaptée aux goûts de la clientèle bobo mais pas aux miens) nous avons eu droit à un plat de pâtes confectionné par notre guide. Franchement je préfère, j’en ai repris. Pour ce qui est de la randonnée elle-même, il s’agissait (en tout cas le premier jour) d’un paysage assez monotone, avec peu de dénivelé, et peu de visibilité en raison du ciel brumeux. Parfois une vague curiosité pour nous distraire, reste de tombe pré-islamique par ci, entrée d’un gouffre par là. Après l’« ascension » d’un vague sommet de 2000 m (sous toutes réserves, il pourrait s’agir du djébel Bani Jabir ; il n’y a en effet pas de carte détaillée de la région et le guide ne nous a donné aucune information de toponymie), l’après-midi a tout de même présenté un peu plus de variété à l’approche d’une zone de cañons. Après une nuit donc assez agitée, la randonnée se poursuivait par une longue descente jusqu’à la vallée du Wadi Bani Khalid. Une progression hors sentier, parfois à même les dalles de calcaire. Pendant cette descente j’ai surtout photographié nos ânes. La marche se terminait au village de Muqal, dans la vallée donc du Wadi Bani Khalid, à un endroit où l’oued a creusé un vaste réseau de gorges, et où l’on trouve également un lac et plusieurs vasques où l’on peut se baigner (ce qui ne se refuse pas après deux jours de randonnée). Un endroit que le guide nous avait depuis plusieurs jours vanté comme un véritable petit paradis, mais qu’in fine je n’ai pas goûté tant que ça. Il faut dire qu’après quarante-huit heures passées sur les plateaux sans rencontrer âme qui vive, nous y avons trouvé énormément de monde : pratiquement pas de touristes occidentaux, mais des locaux et des résidents. Il s’avère que nous étions un jeudi, et qu’à Oman comme dans les pays islamistes les plus rigoristes, le jour de fermeture hebdomadaire est le vendredi tandis que le jour chômé (le jour pour faire ses courses, notre samedi à nous), le jeudi. Tous ces gens là étaient donc là en week-end. Il y avait pas mal de familles sur les berges du lac, et aussi beaucoup de monde dans l’eau, mais là… que des mecs (à l’exception de quelques rares baigneuses occidentales). Toutes les femmes locales sans exception se contentaient, en dépit de la chaleur accablante, de regarder depuis les berges, dûment voilées et enveloppées d’un burnous de la tête au pied. Il n’y avait pas que des musulmans, également plusieurs familles hindoues, là les femmes n’étaient pas voilées mais elles ne se baignaient pas davantage. Donc tel était le « paradis » que nous avait vanté le guide, un paradis sans femme (il semble que ça ne le dérangeait pas). Restait le paysage, c’est vrai que les vasques et les gorges sont magnifiques. C’est à Muqal que nous avons retrouvé nos véhicules. Notre chauffeur, d’origine tanzanienne, fut bientôt surnommé « Anelka » par l’une de ses passagères, en raison de sa ressemblance avec un célèbre joueur de football. Je n’avais en ce qui me concerne jamais entendu parler d’Anelka (c’est bien connu que le foot est devenu un sport de filles… et de de bobos !). L’intéressé, bien que non francophone, a rapidement compris et les autres chauffeurs se fichaient de lui. Changeant radicalement d’atmosphère, nous avons, en à peine une demi-heure de route, quitté les montagnes (où nous devions du reste retourner le lendemain) pour nous rendre dans le désert de dunes (erg des Wahibas). C’est ça le sultanat d’Oman, une variété incomparable de paysages dans un mouchoir de poche ! (ça c’était pour la réclame touristique). Bref, nos 4×4 ont quitté la route asphaltée et commencé à s’enfoncer dans le sable. Mais les chauffeurs n’étaient visiblement pas préparés à la traversée d’un erg (au Sahara en pareil cas, on commence par dégonfler les pneus ce qui prend un quart d’heure !) et ça s’est vite terminé par un bel ensablement. Après une séance de poussage assez ludique mais fort peu efficace (je partageais le véhicule avec deux filles), le guide a décidé d’arrêté les frais et de camper à l’endroit même. Sans doute qu’il n’était pas prévu d’aller beaucoup plus loin. J’ai dormi (cette nuit là comme les suivantes) sans tente, mais mes compagnons de voyage ne m’ont pas imité. Après le montage du camp, nous avons fait une petite balade dans les dunes des alentours. On notera que ce désert est loin d’être absolu, il y a beaucoup de végétation sur ces dunes. Les montagnes du Hajar, encore assez proches, étaient bien visibles du haut des plus grandes dunes. Après cette nuit ensablée, nous sommes retournés dans les monts Hajar pour ce qui constituait la touche d’originalité de ce voyage : la « marche aquatique » dans les gorges du Wadi Bani Khalid. Ce n’était pas véritablement du canyoning (il n’y avait au programme ni rappel, ni toboggan, ni saut dans l’eau, ni progression dans le courant, encore moins de plongée) ; néanmoins il était nécessaire de nager dans quatre ou cinq vasques d’eau calme, dont la plus longue mesurait cent vingt mètres : je n’avais jamais autant nagé depuis ma peu glorieuse épreuve de natation au concours de l’X ! (j’appréhendais un peu mais finalement je n’étais pas le plus mal à l’aise du groupe). Les combinaisons étaient nécessaires bien que l’eau ne soit pas très froide, l’agence nous les prêtait et le guide nous les avait fait essayer la veille au soir. Il y avait aussi des bidons flottants servant à transporter, outre la nourriture, des affaires personnelles comme les appareils photos. J’ai néanmoins dû laisser au camp mon réflex et emporter un second appareil, plus petit, que j’avais en stock. Cela se ressent sur la qualité des photos. Avant d’atteindre la première « piscine » il a fallu marcher une bonne heure au fond des gorges, ce qui était assez malaisé car le terrain était plutôt chaotique ; il n’y avait pas de sentier et nous étions en outre chaussés de sandales. Voici la première vasque : ni la plus longue ni la plus difficile, il y avait des rochers auxquels se tenir pour se reposer en cours de traversée. Après cette première difficulté, les gorges étaient plus ouvertes et plus facilement praticables, les vasques pouvant être contournées. Des troncs de palmier, perchés haut sur les rochers, donnaient cependant une idée de ce que pouvait être l’ampleur des crues. J’ai bien aimé ce curieux passage dans le creux du rocher. C’est juste après ce passage que se trouvait le « grand bassin » de 120 m. Il était en outre très profond et les parois de la gorges y tombaient à pic, empêchant de s’y agripper pour souffler un peu. C’est juste après cet effort que nous avons pique-niqué, à l’ombre des parois des gorges (ombre suffisamment persistante pour nous permettre ensuite de faire une sieste). Nous sommes tous restés en maillot de bain pour le déjeuner, nous estimant sans doute à l’abri des regards des villageois. Les victuailles ont été tirées des bidons flottants. L’après-midi était moins intéressante. Presque plus de nage (plutôt de la marche dans l’eau), et pour finir, une progression sur les falaj avant d’arriver au village de Sayq. Une ultime photo des monts Hajar prise après avoir retrouvé les véhicules. L’image de droite montre un arbre du village de Sayq, le guide nous a fait un topo d’un bon quart d’heure : il paraît que cet arbre est unique à Oman. Mais j’ai complètement oublié pourquoi ! Nous avons à nouveau campé dans les dunes des Wahibas ; mais comme il était prévu le lendemain de traverser le désert, les chauffeurs cette fois n’ont pas omis de dégonfler les pneus ! Ce qui n’a pas empêché l’arrivée d’être un tantinet laborieuse… Voici la ville d’Al Mintarib photographiée à l’aube depuis les dunes (comme quoi nous n’étions pas vraiment dans le désert). Nous avons passé toute la matinée suivante dans les 4×4, afin de traverser le désert des Wahibas pour rejoindre la côte. Cette traversée s’est effectuée sur une piste, mais une piste très bien aménagée (avec même des panneaux de signalisation !). Les dunes, présentes surtout au début, sont organisées en cordons que la voie peut aisément contourner. Lorsqu’il n’y a pas de dunes il y a pas mal de végétation. Bref, j’étais loin de retrouver l’ambiance saharienne et ce désert m’a un peu déçu. Nous nous sommes arrêtés plusieurs fois au cours de ce trajet : d’abord dans un parc à touristes (avec camp aménagé et attractions, incluant tour en chameau, zoo à gazelles et même descente de dunes en surf !). Puis plus loin, un élevage de chameaux de courses. (Il n’y a plus un seul nomade à Oman, mais les chameaux sont encore utilisés pour les courses et pour la boucherie). Ensuite nous avons atteint la côte dans un secteur sauvage où nous allions randonner, puis camper. Contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre après ce désert de sable, la côte est à cet endroit rocheuse : le sable grésifié par le sel forme une falaise d’une dizaine de mètres de hauteur. Nous avons marché quelque temps le long des falaises, puis sommes descendus sur la plage. Au programme, pique-nique profitant de la rare ombre disponible, et bain. Ensuite, randonnée au pied des falaises, jusqu’à ce que la marée montante nous force à remonter et à retourner au camp par les dunes. Sur la falaise avant le pique-nique (la lumière intense écrase les contrastes, je n’utilisais pas de filtre polarisant à l’époque). Puis, randonnée sur la plage, assez sale (pas mal de déchets ramenés par la mer, visibles sur certaines des photos). Cette course contre la marée me rappelait mes randonnées dominicales en Bretagne, mais quand j’ai dit ça au guide ça l’a vexé ! Et enfin la fin de la randonnée dans les dunes, sous une bien plus belle lumière. Au cours de cette nuit que j’ai passée à la belle étoile, j’ai été un peu gêné par l’humidité (trouvant mon matelas trempé au retour du dîner, heureusement la face contre terre était restée sèche). Mais à ma grande surprise, mes compagnons qui dormaient sous tente ont eu le même problème car ils n’avaient pas monté le double toit. Pas mal de route encore le lendemain, longeant la côte en direction du sud. Quelques visites qui m’ont moyennement convaincu. D’abord une ville nouvelle (An Najdah) construite par le gouvernement pour loger les Bédouins pêcheurs. Les maisons leur ont été offertes, ils peuvent les transmettre à leurs enfants mais pas les vendre. L’endroit semble assez mal entretenu. Une petite visite des marais salants (non loin de l’embarcadère pour l’île de Masirah) : Arrêt dans la ville de Hijj : au programme, achat de poisson, garage (et quel garage !) pour regonfler les pneus, puis restaurant. Le port de Filim situé au fond de la baie de Bar el Hikman. On y trouve une petite mangrove, et des colonies de flamants roses. Non loin de là, un petit massif de silex qui nous a offert l’occasion d’une très brève randonnée (et de quelques photos, malheureusement en pleine lumière). Le silex est une roche sédimentaire. Ce paysage ressemble un peu au désert Blanc (honnêtement, en moins bien). L’originalité du désert omanais, le secteur qui justifiait ce voyage, nous l’avons atteint en fin de journée seulement. Il s’agit des dunes de sable blanc, parfois appelée dunes de sucre (souvent énoncé en anglais, mais je n’en vois pas l’intérêt). Ce sable est d’origine corallienne, et je n’avais effectivement jamais rien vu de tel dans d’autres déserts. Nous y avons effectué une journée et demie de randonnées, entrecoupées de trajets en véhicules. Là on était vraiment dans le désert ! Mais la randonnée a été brève. Le camp était tout près de la côte (là aussi, un secteur désert). Nous sommes allés nous baigner, mais il a fallu utiliser un véhicule (en nous entassant dans un unique 4×4, nous devions être une dizaine !). Après le bain je me suis baladé sur les rochers alentour, il y avait des crabes assez agressifs. Encore des photos des dunes, au coucher du soleil : Nous avons débuté la journée suivante par une randonnée démarrant dans les dunes blanches pour gagner ensuite la côte. Notre guide nous a expliqué que cette randonnée ne serait bientôt plus possible car de riches émirs avaient acheté des pans entiers du littoral. Après un bain matinal (en sandales pour pallier la présence possible de raies venimeuses) nous avons poursuivi notre randonnée sur la plage. À cet endroit vit une étonnante colonie de petits crabes jaunes, les crabes fantômes. Ces crabes asymétriques creusent des terriers dans le sable (avec cônes de déjection) et se déplacent sur la plage à une vitesse extraordinaire (15 km/h paraît-il). Nous avons observé une autre espèce de crabes, ces crabes colorés qui vivent exclusivement dans l’eau. Celui-ci s’est laissé piégé en pinçant la sandale de l’un de mes congénères. Une fois déposé sur le sable, il était presque incapable de se déplacer ! Nous avons ensuite gagné à pied le port de Khaluf. Intérêt de l’endroit : ces bateaux de pêche très typiques ancrés à quelques encablures du rivage. On fera abstraction autant que faire se peut de l’état de saleté de la plage, de pire en pire au fur et à mesure qu’on s’approche du bourg. Après un déjeuner dans un boui-boui du lieu, notre guide nous a emmenés dans un endroit pour le moins spécial. Il s’agissait (paraît-il) de l’ancienne résidence privée d’un ministre, abandonnée pour une raison qui m’a échappée. Le bâtiment est ouvert à tous les vents, mais tous le mobilier à l’intérieur est resté en place (réflexion entendue dans le groupe : on voit bien qu’il n’y a pas de gitans par ici !). À côté de la maison, un souterrain permet d’accéder à une petite crique complètement invisible depuis l’extérieur. J’imagine qu’il devait s’y passer des choses pas tout à fait conformes au puritanisme islamiste ! Le soir était notre dernier camp, dans un magnifique cadre de dunes immaculées à proximité de la mer. Au programme, balade libre dans les dunes et installation de nos bivouacs (éloigné des autres en ce qui me concerne), puis contemplation du coucher de soleil. Nous avons exploré à pied ces dunes de sucre pour une dernière balade matinale (7h du matin, tout le monde n’a pas suivi !) avant de quitter la région. Le voyage de retour a ensuite débuté, effectué sur des routes entièrement asphaltées. Leur excellent état nous permettait de progresser à vive allure. Le pays (déjà pas très grand) a ainsi pu être traversé en quelques heures. Le paysage (désert de pierre) ne présentait aucun intérêt. Seul arrêt touristique effectué le long de ce parcours, la visite du village fortifié de Manah, malheureusement en cours de restauration. Une halte assez décevante car la présence de ce chantier (semblant du reste tombé en léthargie) rendait impossible l’accès au quartier ancien, nous laissant la seule possibilité d’en faire le tour. Nous avons ensuite gagné Nizwa, l’une des villes les plus importantes du sultanat, située au pieds des montagnes. Elle était autrefois dirigée par un imam qui contestait à l’émir de Mascate son influence, d’où des guéguerres incessantes. L’ancien palais de l’imam (le fort de Nizwa), outrageusement restauré, peut se visiter, le principal intérêt en étant la vue qu’il offre sur la ville. La visite s’est prolongée par l’inévitable séance de souk avec achats de souvenirs fortement suggéré. Un passage obligé dans chaque voyage (un bon moyen pour le guide d’avoir la paix pendant une heure ou deux) dont nous devions encore déguster à plusieurs reprises le lendemain. Pour la seconde et dernière fois du voyage, nous avons passé la nuit à l’hôtel. Hôtel d’assez bonne facture mais dont la piscine, à notre arrivée, était occupée par une smala musulmane dont les femmes se baignaient tout habillées. Cela ne laissait guère envie d’aller se rafraîchir ensuite. Le dernier jour du voyage prévoyait la visite d’un village situé dans les montagnes de l’Hajar occidental, Misfat al Ibriyin. Mais mes compagnons de voyage ont préféré lui substituer celle de la mosquée du sultan Qabus à Mascate. La mosquée n’étant ouverte que le matin, il nous a fallu parcourir en quatrième vitesse les quelque deux cent cinquante kilomètres nous séparant de la capitale omanaise. Pour cela pas de problème eu égard à l’excellente qualité du réseau routier. Notons que notre itinéraire empruntait la trouée séparant les deux massifs de l’Hajar, occidental et oriental. Pour ce qui est de la mosquée, et bien, j’ai moyennement aimé. Car il s’agit d’un édifice très récent (2001) à l’instar de ces ouvrages bétonnés ostentatoires que les monarchies du golfe ont fait construire aux quatre coins du monde musulman (en attendant l’Europe j’imagine), telle la mosquée Hassan II à Casablanca ou la mosquée Fayçal à Islamabad. Seule particularité de la mosquée de Mascate par rapport à ses consœurs, le fait qu’elle soit de rite ibadite et non sunnite. Pour le reste, c’est le même étalage écœurant de richesses, la même recherche effrénée de records inutiles (le plus grand tapis, le plus grand lustre), la même suspicion à l’égard des visiteurs non musulmans (mes compagnes de voyage obligées de se recouvrir la tête d’un tchador à la propreté douteuse), de même que la même absence de mémoire, d’histoire, le même caractère artificiel ; bref, l’absence de véritable attrait touristique. Car si la vieille ville de Mascate regorge d’anciennes mosquées dont une partie est très certainement digne d’intérêt, il ne saurait être question de les montrer aux visiteurs ! Leur visite est formellement interdite aux infidèles, qu’on n’hésitera pas par contre à conduire par cars entiers vers cette bâtisse. Notons que notre guide ne nous a pas accompagnés dans cette mosquée, je crois bien me souvenir que l’idée n’était pas de lui. Ce en quoi je ne lui donne pas tort. Après la mosquée, et pour terminer la matinée, le guide nous a proposé une visite un peu étrange : celle d’un hôtel de grand luxe, l’hôtel Chedi. Un peu comme pour l’hôtel Amanjiwo à Borobudur, apparemment certains guides aiment bien faire ça. Mais là, il n’a pas été question d’y consommer autre chose qu’un café qui était déjà hors de prix. Le guide nous a fait faire (discrètement) le tour du parc et de ses innombrables piscines. Nous avons aussi pu discuter avec un cuisinier français qui travaillait là, expatrié depuis plusieurs années déjà au sultanat où son savoir-faire était reconnu et rémunéré en conséquence. Une discussion intéressante et inquiétante, bonne prise de conscience de la triste évolution de la France dans la mondialisation actuelle, notre pays y perdant ses meilleurs talents tout en étant submergé par une invasion migratoire sans limite. Après un déjeuner au restaurant (j’ai noté que c’était très bon mais j’ai oublié), direction la vieille ville de Mascate. En commençant par le musée (intéressant, surtout la collection de photos anciennes), puis balade dans le quartier. Ensuite dans le même secteur, halte devant le palais du sultan qui est construit en bord de mer. Comme je l’ai déjà expliqué plus haut, ce quartier historique se trouve maintenant presque complètement isolé du reste de la ville, du fait de la topographie des environs et de la croissance de l’agglomération dans une seule direction (l’ouest). Je n’ai personnellement pas trouvé ce monument des plus esthétiques. Enfin pour terminer la journée avant de reprendre l’avion pour un vol de nuit, l’incontournable balade dans les souks, dans un secteur non dépourvu d’un certain intérêt architectural. On notera cette porte assez typique barrant aux touristes l’accès à l’une des rues (notre guide nous avait préalablement mis en garde, l’inscription n’étant rédigée qu’en arabe), ce qui, une fois de plus, ne laisse pas de susciter un certain malaise. |