Volcans du bout du monde

Vanuatu : volcans du bout du monde

Bien qu’ayant effectué quelque vingt-six voyages en seize ans, j’ai trouvé en cet été 2011 l’une de mes destinations les plus originales : le Vanuatu et ses volcans. Le Vanuatu est un pays que peu de gens savent situer : le nom n’est certes pas totalement inconnu, on devine que c’est du côté du Pacifique et on pense tout de suite aux cocotiers, aux plages de sable fin, aux vahinés et à d’autre clichés du même genre. Je ne savais d’ailleurs moi-même pas trop où était le Vanuatu quand j’ai commencé à envisager cette destination, découverte sur l’une des dernières pages du catalogue de l’agence Aventure et Volcans. J’ai consulté le planisphère qui se trouve toujours dans ma chambre chez mes parents, celui que j’avais reçu en cadeau quand j’étais à l’école primaire et sur lequel figurent les noms surranés de Haute-Volta, Zaïre ou territoire français des Afars et des Issas. Mais sur cette belle carte tout en couleurs, point de Vanuatu. Et j’ai mis un peu de temps à comprendre qu’il s’agissait en fait des Nouvelles-Hébrides, à l’époque condominium franco-britannique et qui a pris son indépendance en 1980.

Le Vanuatu est donc un archipel du Pacifique qui se situe au nord-est de la Nouvelle-Calédonie, dans l’hémisphère austral et dans la zone tropicale. Les îles (81 sont habitées) sont réparties grosso-modo en forme de Y, l’île d’Éfaté qui abrite la capitale Port-Vila constituant la jonction des branches du Y. Le Vanuatu est peu peuplé (230 000 hab. en tout), essentiellement par des habitants de souche mélanésienne, les cousins des Canaques de Nouvelle-Calédonie. Les habitants parlent le bichelamar (ou bislama), langue créole en grande partie basée sur l’anglais. C’est des langues officielles du pays, aux côtés de l’anglais et du français (lequel reste parlé dans les îles autrefois administrées par la France, comme Tanna ou Ambrym, ainsi que par les immigrés canaques de Nouvelle-Calédonie qui sont assez nombreux à Port-Vila). La religion dominante est le protestantisme, sous une forme très puritaine. La monnaie s’appelle le Vatu, le coût de la vie étant assez élevé en raison du statut de paradis fiscal de l’archipel.

Le Vanuatu est situé sur la ceinture du feu du Pacifique. On y trouve plusieurs dizaines de volcans dont certains en activité permanente, telle le Yasur (volcan de type strombolien) sur l’île de Tanna ou le Marum et le Bembow sur l’île d’Ambrym où l’on peut observer des lacs de lave, phénomène particulièrement exceptionnel. Ces volcans justifient pleinement un voyage dans une contrée aussi lointaine.

Je n’étais jamais parti jusqu’alors avec l’agence Aventure et Volcans, même si j’en avais déjà entendu parler en des termes d’ailleurs pas toujours très flatteurs. Et quoique des visiteurs de mon site m’aient reproché de casser le rêve en racontant des détails d’intendance, je ne pourrai pas ici passer sous silence le fait que cette réputation n’est malheureusement pas vraiment usurpée. Et cela à commencé dès le départ à Roissy, où l’agence nous avait convoqué devant le comptoir Qantas. Mais de comptoir Qantas, point : renseignements pris, il n’existait plus depuis deux ans, les vols pour l’Australie étant dorénavant effectués en partage de code avec Air France. Pour ce qui est du vol ensuite, rien à dire : point de détour par İstanbul ou par Dubaï ni de vol sur des compagnies exotiques, mais des vols réguliers sur de grandes compagnies (itinéraire à l’aller par Hong Kong, et Brisbane en Australie puis Port-Vila, respectivement par Air France, Qantas et Air Vanuatu ; au retour, nous emprunterons British Airways avec des escales à Sidney, Singapour et Londres).

Le vol entre Brisbane et Port-Vila (avec escale dans l’île de Santo au nord du Vanuatu) était rempli de touristes australiens, partant au Vanuatu non pas pour les volcans mais pour faire de la plongée. Les Australiens ont tendance à considérer le Vanuatu comme leur arrière-cour, et ne sont pas toujours très bien perçus sur place. Il y a heureusement aussi au Vanuatu des touristes francophones venant de la toute proche Nouvelle-Calédonie, histoire de rééquilibrer un peu les choses. Voici quelques photos prises par le hublot de l’avion, lors du survol de Santo puis d’Éfaté. On est tout de suite dans l’ambiance.

Survol de l’île d’Éfaté pendant le vol Brisbane - Luganville - Port-Villa, le 9 août 2011

Une fois passées les rapides formalités d’accueil (les policiers de l’air vanuatais sont débonnaires, et en plus ils parlent français !) nous voici à l’accueil arrivée de l’aéroport. Mais là, pas de guide : juste un chauffeur qui nous amène à notre hôtel sans nous raconter grand chose. Et les informations n’arriveront qu’au compte-gouttes durant la soirée, distillées par la responsable d’une agence locale. Nous apprendrons que notre guide, qui aurait dû venir le matin de Nouvelle-Calédonie, n’est pas parti (pourquoi : nous ne le saurons que plus tard). On nous a fait croire, sur le moment, qu’il avait simplement raté son avion et qu’il allait nous rejoindre d’ici quelques jours. Le départ pour l’île de Tanna le lendemain était bien confirmé, mais il se ferait sans lui.

En fait de guide, nous ne le verrions jamais car il était tombé gravement malade le jour du départ. Mais ce n’est que bien après notre retour que nous saurons le fin mot de l’histoire (et c’est bien là le nœud du problème). C’est une participante de notre groupe qui nous a finalement informés en appelant à maintes reprises Aventures et Volcans en France sur son ordiphone, avec le coût que l’on peut imaginer. Pour ce qui est du voyage, il s’est déroulé cahin caha ; en attendant l’hypothétique retour du titulaire, divers guides provisoires nous ont été attribués, dont ce n’était en général pas le métier d’encadrer des touristes et dont beaucoup ne connaissaient non plus strictement rien aux volcans, ce qui est quand même un comble pour un voyagiste spécialiste des volcans. Sans compter les négociations à répétition pour bénéficier effectivement de toutes les prestations prévues…

Bref. Changeons-nous les idées avec quelques photos de la capitale du Vanuatu, Port-Vila. Ce n’est pas une très grande ville (40 000 hab. environ, 20 % de la population totale du pays), ni une très belle ville. Néanmoins la nature tropicale y reste omniprésente, malgré la présence de la ville et du port.

Le port de Port-Vila, le 10 août 2011Cocotier à Port-Vila le 10 août 2011

Cet hôtel qui fait face à la ville nous a bien fait rêver, mais ce n’était pas là que nous étions descendus

Un lieu haut en couleurs à Port-Vila : son marché couvert. On y vend pléthore de fruits exotiques que j’aurais bien du mal à nommer ! (en dehors des bananes).

Le marché couvert de Port-Vila, le 10 août 2011

En nous rendant à l’aéroport en début d’après-midi, nous avons eu la surprise d’y trouver un fringuant jeune homme qui allait jouer le rôle de guide pendant notre séjour à Tanna. Il s’agissait d’un Français, consultant de son métier, et dont j’ai pu par la suite retrouver le nom sur Internet : Antoine Viart. Un personnage de caractère prétentieux et arrogant que j’ai assez peu apprécié, dont le métier en temps normal est d’expliquer aux gouvernements la façon dont ils doivent gouverner (et on nous parle de démocratie !) ; donc à ce moment au Vanuatu, il avait précédemment travaillé au Cameroun. Il avait accepté ce travail de quelques jours sans doute pour dépanner quelque relation, mais c’était visiblement sa première expérience dans le domaine du tourisme. Assez peu au fait des petits caprices (certes parfois particuliers) de la clientèle que nous constituions, on a senti à plusieurs reprises son incompréhension et son agacement. En outre il ne connaissait rien aux volcans, ce qui le facilitait guère la relation avec notre groupe sur ce voyage très thématique. La situation a à plusieurs reprises manqué de tourner au vinaigre, et je ne pense pas que lui non plus ait gardé un très bon souvenir de ces quelques jours passés ensemble.

L’île de Tanna est située au sud de l’archipel du Vanuatu, à une 1h30 de vol environ de Port-Vila. L’île, l’une des plus touristiques du pays, est desservie par des avions de taille plus importante que les autres îles (Ambrym, Gaua) que nous visiterons par la suite. Ce qui nous dispense de la cérémonie de pesée avant de monter dans l’avion. (Notons qu’il n’y a pas le moindre contrôle de sécurité sur les vols intérieurs vanuatais, on pourrait embarquer une arme sans problème !).

Arrivée à l’aéroport de Tanna, le 10 août 2011

La piste de Tanna, qui donc est équipée pour recevoir les gros porteurs, fut construite il a une dizaine d’années par les Français, à une époque où notre pays investissait encore beaucoup au Vanuatu. Une politique qui a brusquement cessé à l’avènement de Sarkozy, la rupture signifiant chez ce dernier le renoncement à toute ambition de grande puissance sans que les médias n’en pipent le moindre mot (et ne comptons pas sur Normal Ier pour inverser la vapeur). En dépit d’une longue histoire, l’influence française au Vanuatu (comme sans doute en nombre d’endroits) est dorénavant marginale.

Nous avions un assez long trajet en véhicule à effectuer sur l’île de Tanna (tout en piste, d’abord de bonne qualité mais se dégradant très fortement après le volcan pour arriver au gîte), que nous avons intégralement effectué dans la benne d’un pick-up. Ici, un arrêt à un marché local.

Arrêt à un marché local (Tanna), le 10 août 2011

Nous avons bien tôt pu apercevoir, depuis la route, le volcan Yasur et les fumées qu’il dégage. Puis, nous avons traversé, au pied du volcan, une plaine de centres (nous nous y baladerons à pied à la fin de notre séjour à Tanna). Tout ça a donné envie au groupe (et ils en ont convaincu le guide) d’aller voir le volcan le soir même. J’avoue que je trouvais cette idée un peu baroque, nous avions trois nuits à passer sur l’île, et je me demandais ce que nous allions bien pouvoir faire une fois le volcan visité. Mais bon, il a bien fallu suivre le mouvement.

Le volcan Yasur est un volcan de type strombolien : en activité permanente, il s’y produit toutes les quelques minutes une explosion avec projection de pierres chaudes. Le phénomène est beaucoup plus spectaculaire ici qu’au Stromboli… aux dires de mes compagnons de voyage. Car j’étais de tout le groupe et en dépit de mes nombreux voyages passés, le seul à n’être jamais monté au cratère du Stromboli.

L’accès au volcan est réglementé : il y a un droit d’entrée (assez cher) pour les touristes étrangers (compris dans le prix de notre voyage, mais une seule fois). Et accessoirement, il y a pour raisons de sécurité des restrictions d’accès en fonction de l’activité du volcan. Il y a trois niveaux d’activité, allant de 1 (activité normale), 2 (accès restreint) à 3 (accès interdit). Quelques semaines avant notre voyage le Yasur était en niveau 3, il était maintenant redescendu à 2. On devait (en théorie) juste se contenter de jeter un œil sur l’activité, depuis un point précis du bord du cratère, plus sécurisé, puis redescendre. Mais au Vanuatu les autorités sont assez laxistes en matière de sécurité, il n’y a pas de flic pour surveiller ce qu’on fait. C’est l’une des raisons pour laquelle le Vanuatu est si prisé des touristes volcanologues ; en bien d’autres endroits (que ce soit en Italie au Stromboli, ou pire aux États-Unis à Hawaï), les restrictions sont telles qu’il n’est plus possible de voir grand chose. Cela étant, il y a régulièrement des victimes au Yasur.

Nous nous sommes garés au pied du cône : une centaine de mètres à peine d’ascension pédestre nous séparaient du bord du cratère (et nous n’étions pas seuls !). Et déjà nous pouvions avoir un aperçu de l’activité du volcan, puisque les pierres rougeoyantes projetées par le Yasur montaient bien plus haut que les bords du cratère. Et c’est là que j’ai eu la révélation que la vision en vrai d’un volcan rouge en activité, ne ressemble en rien à aux cartes postales ni aux (souvent magnifiques) photos que l’on peut trouver dans les ouvrages de volcanologie (et je ne parle pas des photos de ce site). La raison est que les projections volcaniques, rougeoyantes du fait de leur température, ne sont pas suffisamment lumineuses pour être quelque peu spectaculaires en plein jour. Le jour, oserais-je dire, tous les volcans sont gris ! C’est pour cela que l’on visite le Yasur ou le Stromboli à la tombée de la nuit. Mais là, les photos doivent être prises au pied, avec un temps de pose assez long. De ce fait, les photos montrent au lieu de points rougeoyants, des traînées paraboliques continues, d’une esthétique magnifique mais sans rapport avec la réalité. C’est peut-être une tautologie que j’écris là, mais ça a été pour moi une véritable découverte.

Nous nous sommes ensuite dirigés vers le volcan, pour une visite qui, de mon point de vue, s’est avérée un fiasco complet. Et ce, en grande partie par la faute de cet éminente incompétence qui nous faisait office de guide. Lorsque nous sommes arrivés au bord du cratère, c’était vraiment très impressionnant. Les explosions étaient très fréquentes, faisaient un vacarme assourdissant, et les projections étaient envoyées très au-dessus de l’endroit où nous nous trouvions. En principe, elles ne retombaient pas sur nous, du fait de la présence d’un petit plateau à l’intérieur du cratère, qui en protège à cet endroit la lèvre des retombées. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’accès en ce point et lui seul, est autorisé quand l’activité est au niveau 2.

Après quelques minutes passées à contempler le phénomène, mais aussi à s’assurer que le danger n’était pas excessif (les casques que nous avions revêtus n’auraient été d’aucune utilité si nous avions reçu une projection incandescente), j’ai commencé à me préoccuper de faire des photos. J’avais pour ce faire apporté un pied photographique que je possède depuis plusieurs années mais que je n’emporte jamais en trek en raison de son poids. Je ne l’avais donc jamais utilisé en dehors de quelques essais chez moi, au moment de son achat (je pensais le réessayer à l’hôtel avant d’aller au volcan, mais je n’imaginais pas que nous irions ce soir là). Il m’a bien fallu cinq minutes pour le déballer, le poser à peu près à l’horizontale, essayer d’en resserrer les vis. Et alors là, mais vrai, ce fichu « guide » de clamer : on y va ! Nous étions à peine restés dix minutes ! Mais lui le Yasur il l’avait déjà vu, et puis visiblement les volcans ça l’emm… Et ce n’était pas pour des raisons de sécurité qu’il nous a fait décamper. Pire, c’était pour gagner un endroit beaucoup plus dangereux. En effet, contrairement au Stromboli, le Yasur ne possède pas une mais trois bouches éruptives. Seulement, une seule d’entre elles est visible depuis le point « sécurisé » où nous nous trouvions. Mes compagnons qui avaient tous vu le Stromboli se sont facilement laissés convaincre de repartir pour aller voir les fameuses bouches. Et ce, même si tous, loin s’en faut, n’avaient pas non plus disposé du temps qu’ils auraient souhaité pour photographier le volcan. Quant à moi, je n’ai eu qu’à replier mon attirail, prendre à la va-vite une ou deux photos qui s’avèreront complètement ratées, et à courir derrière le groupe qui est déjà loin.

Et là ça été vraiment le pompon. Nous nous somme vite retrouvés sur une sur une crête éventée et escarpée. Avec en plus le vacarme des explosions et le risque des projections, pas du tout anecdotiques. Tous mes compagnons qui avaient plusieurs fois voyagé avec Aventure et volcans, avaient déjà été informés sur la conduite à tenir en pareil cas : en cas de forte explosion, il faut s’arrêter, suivre des yeux la trajectoire des cailloux pour essayer de deviner leur point d’impact et le cas échéant prendre la fuite ! Inutile de dire que si cela s’était produit ça aurait été pour moi la roulette russe. De cette équipée effectuée au pas de charge, dans l’obscurité, le vacarme, le vent, l’appréhension du vide (je ne suis jamais très à l’aise avec ça) et le danger objectif, j’ai conservé un très mauvais souvenir. Les trois bouches, c’est à peine si je les ai vues et je n’ai pas pu en prendre la moindre photo.

Finalement, après être passés sur le sommet du Yasur puis avoir effectué la moitié du tour du cratère (le tour complet était inenvisageable car situé sous le vent) nous avons terminé la visite par une descente directe, en courant, sur le flanc du volcan recouverts de cendres (un peu comme on peut le faire sur les dunes dans le désert, auquel cas ça peut parfois être rigolo…). Les véhicules nous attendaient en contrebas, à une endroit différent de celui dont nous étions partis (c’est pourquoi j’avais été contraint de suivre le groupe). C’est à peine si nous avons passé en tout une demi-heure sur le Yasur.

J’étais vraiment très en colère contre le guide après cette équipée. Heureusement, même s’ils avaient moins de griefs que moi, tous mes compagnons n’étaient pas non plus satisfaits. Nous avons pu finalement (non sans peine car le guide n’en voyait pas l’intérêt, et non sans devoir recracher au bassinet car ce n’était pas prévu dans le déroulement du voyage) négocier une deuxième montée au Yasur le soir suivant.

 

Nous avons passé la nuit dans un gîte assez rustique près du lieu-dit Port Résolution (il s’agit d’une baie circulaire, sans doute un ancien cratère volcanique, l’endroit précis où le capitaine Cook aborda l’île en 1774), gîte que nous avons gagné à la nuit noire par une piste assez éprouvante. Pas mal d’araignées dans les chambres, mais ça ne me gêne pas plus que ça. Le lendemain matin, baignade. Nous avons traversé à pied un village indigène qui (selon les sources) se nomme tantôt Ireupuow tantôt Yakuveran. Avec quelques centaines de mètres avant l’entrée du village, en pleine jungle, ces deux totems un tantinet menaçants. Heureusement que nous ne sommes plus à l’époque du capitaine Cook !

Totems d’origine inconnue près de Port-Résolution, le 11 août 2011

Voici maintenant le village mélanésien que nous avons traversé (dont les constructions sont restées assez traditionnelles, malgré la pression touristique).

Yakuveran/Ireupuow, le 11 août 2011

Voici maintenant quelques photos de la belle plage tropicale où nous nous sommes baignés et qui semble porter le nom de Yatana (en tout cas d’après Google). La plage est protégée par une barrière de corail repérable à la présence de déferlantes. Quand on est comme moi un médiocre nageur, il est recommandé de rester en-deçà de la barrière. Du coup ça a plus été une trempette qu’un véritable bain. L’eau était d’ailleurs moins chaude qu’on aurait pu l’espérer. Quelques petits poissons multicolores venaient nager autour de nous, mais c’était assez limité. (Les quelques personnes du groupe qui ont nagé jusqu’à la barrière en ont vu davantage ; mais le retour à contre-courant était assez difficile et j’étais content de m’être abstenu).

La plage de Yatana, le 11 août 2011

Après le bain, une petite balade sur la plage.

Balade sur la plage de Yatana, le 11 août 2011

Nous sommes rentrés au gîte pour déjeuner : nous nous étions entendus pour retourner au volcan dès le début de l’après midi, afin d’une part d’y monter par un autre itinéraire, puis de le photographier de jour et au crépuscule. Mais là, les choses ne se sont pas exactement déroulées comme nous l’aurions souhaité. Car l’après-midi, nous l’avons passée au gîte à attendre un véhicule. Il paraît que le transport est un problème récurrent à Tanna. Ce n’est qu’en milieu d’après-midi que nous verrons arriver un unique véhicule, dans lequel nous devrons nous entasser à 13 (et donc bien évidemment dans la benne). Nous retournons ensuite au volcan, mais le trajet sur la mauvaise piste est long ; en outre il y aura une longue pause à l’entrée du parc, le temps que nous comptions nos billets en vatus pour nous acquitter du règlement. Résultat, nous avons atteint le volcan pratiquement à la même heure que la veille.

Arrivée sur le volcan Yasur, le 11 août 2011

J’ai quand même pu cette fois-ci profiter un peu plus de la visite. D’abord, parce j’avais pu m’entraîner à monter mon pied d’appareil photo. Et d’autre part, parce que j’ai d’emblée refusé d’aller au-delà du point sécurisé, et j’ai exigé de reprendre le véhicule à l’endroit où nous avions été déposé. J’ai donc pu tout à mon aise prendre les photos que je voulais.

Le crépuscule est sans doute le meilleur moment pour photographier le Yasur : il y fait suffisamment sombre pour apercevoir le rougeoiement des pierres, mais pas trop de telle sorte qu’on peut ne pas trop allonger le temps de pause, et les photos ressemblent donc davantage à la réalité.

Activité strombolienne sur le volcan Yasur, le 11 août 2011

Encore quelques photos prises avant la nuit noire.

Activité strombolienne sur le volcan Yasur, le 11 août 2011Activité strombolienne sur le volcan Yasur, le 11 août 2011

Un petit essai de vidéo :

Je suis le seul à être resté au point sécurisé, mes compagnons étant remontés sur le sommet du volcan. Or il semble que l’activité était ce soir là un peu plus importante que la veille. À un moment est survenue une explosion un peu plus forte, et plusieurs projectiles se sont dirigés vers le point où était situé le groupe. J’ai observé une demi-douzaine de frontales qui quittaient les lieux en quatrième vitesse ; il s’agissait toutefois d’autres touristes. Les pierres sont finalement tombées à quelques mètres en contrebas du sommet, et il n’y a plus eu d’incident de ce type dans la soirée.

Activité strombolienne sur le volcan Yasur, le 11 août 2011

Je ne suis pas totalement satisfait de mes photos du volcan Yasur. Notamment, du fait du vent et parce que je n’avais pas suffisamment serré les vis de mon pied, les trajectoires volcaniques paraissent toutes tremblotantes (ou pour utiliser un jargon scientifique de bas étage, modulées sinusoïdalement). Et de cela, je n’ai pu m’apercevoir qu’une fois rentré à Paris, lorsque j’ai visualisé les photos sur ordinateur (sur l’écran LCD de l’appareil, on ne voyait rien !). De toutes façons, il n’y a pas eu de troisième fois.

Activité strombolienne sur le volcan Yasur, le 11 août 2011

L’un des participants du voyage (Jean Margelisch) prenait des photos de qualité professionnelle (en utilisant il faut le dire, du matériel d’un autre prix que le mien). Je vous invite donc à aller voir sur son bloc-notes les photos qu’il a prises du Yasur, elles sont vraiment magnifiques. On pourra notamment distinguer les fameuses bouches volcaniques qui sont invisibles sur mes clichés.

Il nous restait, après cette visite mémorable, deux jours à passer sur l’île de Tanna. Deux jours qu’il allait bien falloir occuper, sachant qu’il n’était pas question de retourner une troisième fois au volcan (même si, je pense, certains participants en auraient eu envie…). Après discussion (certains auraient préféré aller faire de la plongée dans la baie des requins), nous avons opté pour une randonnée à l’intérieur de l’île, en direction d’une cascade. Une randonnée assez longue (4 heures), effectuée en forêt sur un sentier bien tracé (avec traversée de cours d’eau nécessitant d’enlever ses chaussures), et qui nous a permis de traverser deux villages traditionnels (Loanengo et Yanuak).

Traversée du village de Loanengo, en chemin vers la cascade, le 12 août 2011

Le second de ces deux villages, notamment, nous a beaucoup plu car, isolé de la route, il est plus typique. Les habitants nous ont accueilli très chaleureusement et fait goûter aux noix de coco.

Traversée du village de Yanuak, en chemin vers la cascade  le 12 août 2011

Et voici ladite cascade, que je n’ai pas trouvée si extraordinaire que cela. Il était possible de se baigner au pied. Jean nous a prodigué ses conseils pour la photographier, mais je ne dois pas être un très bon élève…

Cascade dans l’île de Tanna, le 12 août 2011Derrière la cascade, le 12 août 2011

Nous sommes rentrés à notre gîte de Port-Résolution au moment du coucher de soleil. La lumière était magnifique, ce qui a permis de prendre les photos parmi les plus belles de ce voyage.

La baie de Port-Résolution photographiée en profitant d’une belle lumière, le 12 août 2011

Une fois la nuit tombée nous sommes retournés au village de Yakuveran pour la « cérémonie » du kava. Le kava est une plante locale que certains disent hallucinogène et que l’on sert en boisson au cours d’un rituel qui a lieu en début de soirée. La préparation varie selon l’île, et à Tanna ce n’est pas de la manière la plus ragoûtante puisqu’elle est mâchée par des adolescents. Autre particularité de Tanna, très politiquement incorrecte et à laquelle il n’est pas possible de déroger, même pour les touristes, les femmes ne sont pas admises, non seulement à goûter au kava mais même à assister à la cérémonie. Je ne dirai pas que l’expérience m’ait subjugué, en tout cas voici deux photos de la chose.

Cérémonie du kava à Tanna, le 12 août 2011Kava préalablement mâché par des adolescents, le 11 août 2011

Pour le dernier jour que nous devions passer sur l’île de Tanna (le vol de retour vers Éfaté étant programmé en fin d’après-midi), nous avons pu (à grand peine !) négocier une petite balade sur la plaine désertique située au pied du volcan Yasur. Une balade qui ne coûtait rien à priori (puisque la piste menant à l’aéroport traversait cette zone) mais qui nécessitait juste de mobiliser un véhicule plus tôt. Et ça à Tanna c’est très compliqué. Nous avons finalement eu un véhicule à temps, sur lequel nous nous sommes entassés après quelques tergiversations.

La baie de Port-Résolution au petit matin, le 13 août 2011

La plaine de cendres est un endroit assez étonnant : une zone de paysage lunaire au cœur d’une île à la végétation luxuriante. La désolation de l’endroit est bien évidemment due à l’acidité du sol et aux projections volcaniques qui tombent sur le secteur en période de haute activité. Mais pas seulement. Car il y a quelques années se trouvait ici un lac (il semble qu’il s’appelait le lac Siwi) qui s’est brutalement vidangé en avril 2000. C’est sur le fond de cet ancien lac que l’on marche maintenant.

La plaine de cendres au pied du Yasur (ex lax Siwi), le 13 août 2011

Nous n’avons pas véritablement fait de randonnée sur la cendre. Nous nous sommes juste un peu éparpillés pendant une demi-heure. La rivière qui traverse la plaine à creusé un petit cañon, lequel offre matière à quelques photos intéressantes.

Le Yasur vu du petit cañon dans la plaine de cendres (ex. lac Siwi), le 13 août 2011

Encore quelques photos. Les grondements du volcan sont perceptibles depuis cet endroit, et l’on aperçoit même, de temps en temps, un panache de cendres qui s’échappe du cratère.

Le Yasur et son arête, depuis un cañon dans la plaine du Siwi, le 13 août 2011Tronc calciné dans la plaine du Siwi, le 13 août 2011

L’un des participants du voyage (car ce n’est pas Antoine qui nous aurait prodigué ce genre d’explication) nous a fait remarquer que la cendre de plaine du Siwi était parsemée de cheveux de Pelé (de l’obsidienne étirée en filaments très fins sous l’action du vent). Les cheveux de Pelé (du nom d’une déesse hawaïenne), très durs et très cassants, sont catastrophiques pour les cultures qu’ils rendent impropres à la consommation.

Cheveux de Pelé dans la pleine du Siwi, le 13 août 2011

Voici les dernières photos que j’ai prises dans l’île de Tanna, pendant le pique-nique puis depuis l’avion de retour en survolant l’île.

Survol de l’île de Tanna pendant le vol du retour, le 13 août 2011

De retour à Port-Vila, nous sommes descendus dans un hôtel d’un peu meilleur standing que le premier jour, mais où nous attendait une corvée un peu pénible quoique attendue : le tri de nos bagages. Car les îles que nous allions maintenant visiter (d’abord Ambrym puis Gaua) ne sont pas desservies par des avions à réaction, mais par de petits appareils à hélice (en l’occurrence des Harbin Y-12 de fabrication chinoise), les seuls aptes à se poser sur des pistes en herbe. Petit problème, le poids des bagages est limité à 15 kg par personne ! Le hic, c’est que c’était justement dans les jours qui allaient venir que nous allions avoir besoin du maximum d’affaires, notamment pour les bivouacs (dans nos propres tentes), sans compter l’empaquetage pour les porteurs vanuatais. Pour faciliter cette opération, je m’étais procuré sur Internet un peson à bagages, lequel se sera avéré fort utile, à moi comme à l’ensemble du groupe. Et finalement, lors des formalités d’embarquement, et même si chaque passager est pesé avec ses bagages (sur une balance à la précision douteuse), ils ne sont pas si stricts que ça vis à vis des kilos en trop. Sans compter que les Vanuatuais transportent des choses inimaginables dans les avions.

L’appareil transporte une quinzaine de personnes seulement, avec un équipage réduit au pilote et au copilote. Pas de PNC ni de « prestations » à bord ! Par contre on a tout loisir de prendre des photos par les hublots. Autre détail, l’avion n’est pas pressurisé, il vole à l’altitude de 2700 mètres environ (mesurés au GPS). Nous avons survolé l’île d’Éfaté puis l’océan, la couverture nuageuse devenant de plus en plus importante au fur et à mesure que nous nous approchions d’Ambrym.

Cockpit d’un appareil Harbin Y-12 d’Air Vanuatu (photo prise le 24 août 2011)

L’arrivée à Ambrym sur l’aéroport de Craig Cove est assez impressionnante. La piste est située en bordure de côte, et on a jusqu’au dernier moment la sensation que l’appareil va se fracasser sur les récifs en basalte. L’atterrissage dans l’herbe est aussi cahoteux que l’on peut bien l’imaginer. Et là, on a vraiment le sentiment d’être au milieu de nulle part. En guise d’aérogare, une bâtisse unique ouverte au quatre vents, et une manche à air. De tour de contrôle, point. Il n’y avait là qu’une vingtaine de personnes (les passagers du prochain vol, et puis notre guide local venu nous chercher avec deux 4×4).

Notre avion redécolle de Craig Cove (14 août 2011)

L’île d’Ambrym est l’une des plus isolées et des plus sauvages du Vanuatu, paradoxalement peu touristique en dépit de ses extraordinaires phénomènes volcaniques. L’île a grosso-modo la forme d’un triangle dont tout le centre est occupé par une une immense caldeira, vaste plateau volcanique dépourvu de végétation avec une altitude moyenne de 800 m environ. Les volcans actifs Bembow et Marum, tous deux dotés de lacs de lave, sont situés dans la caldeira. Toute cette zone volcanique est entièrement inhabitée, les rares habitants (7500 env.) se concentrant près des côtes, dans des villages perdus dans les profondeurs d’une forêt tropicale épaisse. Ces villages sont dépourvus d’eau courante, et assez isolés puisque aucune piste del 4×4 ne fait le tour de l’île. En fait, il n’y a guère de liens entre le sud-ouest et l’est de l’île, chacune des deux parties possédant son propre aéroport (Craig Cove au sud-ouest par lequel nous sommes arrivés, et Ulei à l’est d’où nous redécollerons). Il semble également que les deux parties parlent des langues vernaculaires différentes (même si le bislama est compris de tous). Elles ont en outre été colonisées séparément (le sud-ouest par les Français, l’est par les Anglais) ce qui est perceptible pour nous touristes, seuls les guides du sud-ouest étant capables de s’exprimer en français.

Sur la piste entre Craig Cove et Lalinda, le 14 août 2011

Nous avons commencé notre séjour par une heure de trajet dans la benne d’un pick-up. Un trajet donc assez inconfortable dans la forêt profonde, au terme duquel nous avons rejoint le village de Lalinda (ou plutôt une ferme des alentours) dans lequel nous allions passer la nuit. Nous avons monté nos tentes (pour ce voyage je m’étais procuré une tente monoplace d’1 kg !). A suivi un repas à base de laplap, sorte de mixture à base de banane légume, de citrouille et d’autres fruits exotiques. C’est le plat national du Vanuatu mais on s’en lasse assez vite.

Ensuite il a fallu occuper l’après-midi, le guide local n’ayant guère d’idée pour nous distraire. Au programme, achat de bouteilles d’eau dans un village voisin (la supérette a ouvert rien que pour nous, bien que ce fût dimanche !). Sur notre passage, la présence d’une curiosité qui a suscité de laborieuses explications : une roussette, chauve-souris géante et comestible que les habitants du cru chassent au lance-pierre (malheureusement nous n’avons pas eu droit à une démonstration).

Nous nous sommes également baladés sur la côte et avons trempé les pieds dans l’eau. Laquelle était sensiblement plus chaude qu’à Tanna mais guère propice à la baignade.

La côte près de Lalinda (Ambrym), le 14 août 2011

Après le coucher du soleil nous avons pu assister à nouveau, dans le bourg de Lalinda, à la cérémonie du kava. Sauf que tout comme à Tanna ladite cérémonie a été organisée exprès pour nous et nous n’avons pas vu les locaux en prendre. Par contre, contrairement à Tanna, le kava n’est pas mâché donc on hésite moins à en boire. En outre il n’y a pas de problème pour que les femmes touristes participent à la cérémonie. La séance a duré assez longtemps car certains participants on voulu en reprendre suffisamment (jusqu’à sept ou huit fois) pour ressentir un vague effet…

Ensuite nous sommes retournés au campement où nous avons pu observer quelque chose qui n’a pas eu cesse de m’étonner : le coucher des poules dans les arbres. Les villageois ne construisent pas de poulailler (j’imagine qu’il n’y a guère de renard dans l’île) et les poules perchent directement sur les branches (le coq donne l’exemple en se couchant le premier et les poules le suivent). Le seul problème quand on couche à côté, c’est que l’animal se réveille à 3 h du matin !

Coucher des poules dans les arbres à Lalinda, le 15 août 2011Coucher des poules dans les arbres à Lalinda, le 14 août 2011

Nous avons entamé le lendemain matin la montée vers la caldeira d’Ambrym. D’abord, une heure de 4×4 (que mes compagnons de route auraient préféré parcourir à pied : quelle drôle d’idée ! Heureusement les locaux les en ont dissuadés) jusqu’au lit d’un torrent à sec. Puis, une montée assez éprouvante d’environ 3 heures dans une jungle de palmiers et de fougères arborescentes : en fait, en suivant d’abord un cañon de plus en plus étroit avant de devoir quitter celui-ci, par un petit sentier un peu glissant.

Progression dans le lit d’un torrent à sec, le 15 août 2011Progression dans le lit d’un torrent à sec, le 15 août 2011

La montée à la caldeira avec notre barda a nécessité des porteurs. Et pour cela, contrairement à ce qui s’est passé dans tous mes autres voyages sans exception, l’organisation n’avait pas pris la peine de fournir aux locaux des sacs de portage. C’est nous qui devions nous débrouiller pour acheter quelque chose d’adapté. Je n’y me suis pas très bien pris, car mon bagage faisait partie des deux sacs les moins « populaires » (à savoir, choisis en dernier par les porteurs).

Progression dans une forêt de palmiers, le 15 août 2011Progression dans une forêt de fougères arborescentes, le 15 août 2011

La végétation se raréfie brusquement peu avant d’arriver sur la crête, vers 700 m d’altitude. Apparaissent alors des dunes de cendres. C’est dans ce décor que se situe le camp où nous passerons les prochaines nuits (même s’il est un peu plus loin).

Arrivée dans les dunes de cendre de la caldeira d’Ambrym, le 15 août 2011En approchant de la caldeira d’Ambrym, le 15 août 2011

Quant à la caldeira proprement dite, c’est une zone presque exclusivement minérale. Car les pluies acides consécutives à l’activité soutenue des volcans ne favorisent guère la fertilité du sol.

Paysage lunaire dans la caldeira d’Ambrym, le 15 août 2011

Il faut dire que la météo ne contribuait guère à rendre les lieux accueillants !

Au camp nous attendait un jeune volcanologue français (Sylvain Todman) qui avait accepté de nous servir de guide pendant… une demi-journée. Il faut dire qu’il était visiblement débordé par son activité professionnelle. Une activité, de toute évidence, infiniment plus utile et profitable aux populations locales que celle de son congénère de Tanna… Par ailleurs, lui s’est très bien adapté à sa fonction de guide improvisé, et cette trop brève rencontre aura été pour nous, et de loin, la plus intéressante de ce voyage au Vanuatu.

Le camp où nous avons monté nos tentes était également utilisé par les volcanologues ; c’est un endroit situé en bordure de caldeira, dans la végétation, à l’abri du vent et des projections volcaniques (mais, malheureusement, à deux heures de marche des volcans). Il y a quelques installations, une table de bois abritée de la pluie (mais assez sale) et un endroit pour faire du feu. Par contre, pas de source ; en outre comme nous l’a expliqué Sylvain, l’eau de pluie qui est récupérée ici est impropre à la consommation en raison de son acidité. Les porteurs doivent aller chercher de l’eau plus loin (je ne sais pas trop à quelle distance), d’une source dont la roche basaltique filtre l’acidité « à la manière de l’eau de Volvic ».

Le camp de la caldeira (avec en arrière-plan la fumée du Marum), le 17 août 2011

Je ne garde quand même pas un très bon souvenir de ce camp, où nous avons passé pas mal de temps dans nos tentes à attendre que la pluie cesse. Sans compter que dans ma tente 1 place, il n’y a pas d’autre position possible que couché… Et quand venait l’heure des repas (les fameux lyophilisés que j’avais dû payer les yeux de la tête au Vieux Campeur), nous nous serrions les uns contre les autres autour de la table, attendant de longues minutes que l’eau chauffée au feu de bois veuille bien bouillir.

Donc, Sylvain nous a accompagnés pendant l’après-midi jusqu’au cratère du Marum… où nous n’avons rien vu du fait de la météo exécrable. Nous avons néanmoins profité de ses explications… pour peu que nous arrivions à les entendre, car il parlait tout en marchant à vive allure (et contre le vent).

Voici tout d’abord ce que j’ai pu retenir concernant les volcans de l’île (qui, donc, auront été les seules explications scientifiques sérieuses que nous aurons pu glaner dans ce voyage pourtant estampillé « spécial volcans »). L’île d’Ambrym est un système volcanique complexe puisqu’elle correspond à un volcanisme de point chaud, alors que le Vanuatu tout entier est situé sur une zone de subduction. Ce point chaud dans une subduction est quelque chose d’assez unique. Au Vanuatu se trouve la rencontre entre la plaque pacifique et la plaque austro-indienne, mais ce n’est pas toujours la plaque océanique qui rentre sous la plaque continentale, c’est parfois le contraire, ce qui constitue là aussi une originalité géologique. Comme on le sait Ambrym comprend deux volcans, le Marum et le Benbow, possédant tous deux des lacs de lave. Il semble que les deux lacs de lave soient alimentés par le même chambre magmatique, car leur niveaux sont corrélés : quand le Marum est haut le Benbow est bas et réciproquement. À ce moment c’était le niveau du Marum qui était le plus haut, c’était donc lui qu’il fallait aller observer en priorité, le Bembow étant plus difficile à observer, en tout cas de jour.

Sylvain nous a également parlé de son activité, visiblement fort passionnante (un véritable boulot d’ingénieur, contrairement au mien… comme me l’a l’air de rien fait récemment remarquer une de mes collègues de bureau mais c’est une autre histoire). Comme l’on s’en doute les volcans d’Ambrym constituent une menace sérieuse pour les habitants de l’île, des éruptions avec effusion hors de la caldeira s’y produisant périodiquement. La surveillance de l’activité est donc indispensable, mais les moyens de l’observatoire volcanologique de Port-Vila restent rudimentaires. Actuellement les principaux volcans actifs de l’archipel sont équipés de stations de surveillance, mais la plupart de ces stations ne transmettent pas les données en temps réel ; c’est-à-dire que périodiquement, un technicien doit monter jusqu’à la station pour relever les données. Donc Sylvain était en train d’installer à Ambrym un dispositif de transmission des données, ce qui semblait assez compliqué vu la nature du terrain. Il était tout fier d’avoir pu, la veille de notre arrivée, installer une antenne relais sur un monticule qui domine la caldeira, monticule recouvert d’une forêt particulièrement dense et où il lui semblait bien qu’aucun être humain n’eût jamais mis les pieds avant lui.

Avant de nous emmener voir le Marum, Sylvain a fait un détour par la station de surveillance (située au centre de la caldeira) et en a profité pour nous la montrer. La station est constituée de plusieurs appareils de mesure (sismographe, mesure d’infrasons, mesure GPS pour contrôler les déplacements du terrain). Et puis, une petite cahutte en parpaings abritant des dispositifs électroniques (alimentés par panneaux solaires, il faut croire qu’il y a parfois du soleil ici !) et même un petit ordinateur portable. La station est placée sur une ancienne coulée de lave (ce qui a pour effet d’amplifier les vibrations sismiques).

Instruments de mesure volcanologique dans la caldeira d’Ambrym, le 15 août 2011L’intérieur de la « cabane volcanologique » (15 août 2011)

Toujours au pas de charge, Sylvain nous a ensuite conduits jusqu’au volcan Marum. Le temps était complètement bouché, mais cela n’empêchait pas notre guide d’affirmer que nous pourrions (peut-être) apercevoir le cratère. Je ne sais pas cela tenait de la méthode Coué ou bien de l’enfumage. Cela étant, cette escapade n’aura pas été inintéressante, ne serait-ce que pour l’ambiance.

Nous avons commencé par progresser le long d’une rivière à sec, au fond de la caldeira. En face de nous émergeait de la brume un cône volcanique qui n’est ni le Bembow, ni le Marum. Nous ne pouvions que croire Sylvain sur parole. Nous avons longé ce cours sur plusieurs kilomètres (la mobilité du sol rendait parfois la progression inconfortable), jusqu’à ce que nous rencontrions une coulée de lave assez récente, sur laquelle aucune végétation n’avait encore pris. Cette coulée date de 1988, elle a été aperçue d’avion mais personne n’a pu venir jusqu’ici suffisamment rapidement pour la voir couler.

Ceci n’est ni le Bembow ni le Marum (15 août 2011)

Un sentier était ensuite tracé qui passait par de petits monticules pour éviter de progresser directement sur la coulée, ce qui est assez malaisé. Comme nous l’a expliqué notre guide, il s’agit d’une coulée de AA, terme hawaïen désignant les coulées trop coupantes pour y marcher pieds nus (a contrario des coulées de types pa hoe hoe).

Encore quelques kilomètres et nous étions, enfin, à proximité du Marum. Avant que les gaz se fassent sentir, nous avons enfilé nos masques à gaz. (Mon casque est penché car la lanière est trop courte : on m’a toujours dit que j’avais une grosse tête !).

Paré pour le volcan (15 août 2011)

C’était la première fois que j’enfilais la tenue NBC depuis mes peu glorieux entraînements militaires au camp du Ruchard. J’en avais gardé quelques réflexes pas vraiment adaptés à la situation présente, ce qui m’a nécessité quelque temps d’adaptation (j’ai donc, ce premier jour, effectué toute la montée avec le masque ce qui était totalement superflu !). Ici pas de gouttelettes de gaz mortel, et donc pas besoin de porter l’« ANP » en permanence. Il suffisait juste de le garder à portée de main et de ne l’utiliser que lorsqu’on commençait à sentir le gaz. Le gaz en question, le dioxyde de soufre (SO2), est surtout irritant (et toxique à haute concentration).

D’ailleurs, les jours suivants alors que nous reviendrons sans Sylvain mais avec des accompagnateurs locaux, ces derniers seront dépourvus de masque (utilisant un simple foulard pour se protéger les voies respiratoires). Les blancs protégés et les noirs immunisés, la caricature coloniale, quoi ! Devant notre étonnement ils prétendront en posséder un mais l’avoir oublié à la maison…

Le Marum possède trois cratères, tous trois affublés de noms locaux assez difficiles à retenir : si j’ai bien noté, successivement le Niri Membelsu Taten, le Niri Membelsu et enfin le Marum Membelsu. Soit respectivement le petit-fils, le fils et le père, il y a une légende mythologique locale que je n’ai pas enregistrée. Le Niri Membelsu Taten est le plus accessible car il s’ouvre directement à l’altitude de la caldeira. Nous irons le voir le surlendemain quand le temps sera dégagé. Les deux autres cratères, situés à environ 1000 mètres d’altitude donc plus haut que la caldeira, possèdent chacun un lac de lave, mais seul celui du Marum Membelsu est observable depuis le bord.

Deux cents mètres environ d’ascension sont donc nécessaires pour gagner le cratère. La montée n’est pas trop difficile mais nous l’avons effectuée en plein nuage, tantôt de pluie tantôt de vapeur volcanique. Nous avons également reçu au cours de la montée, une pluie de cendres tièdes émises par le Niri Membelsu. C’est paraît-il désagréable qu’elles s’accumulent dans les cheveux et c’est pour cette raison que nous portons des casques. Ces cendres ont la particularité de faire entendre un petit crépitement quand on les approche de l’oreille.

Nous nous sommes arrêtés sur la lèvre du cratère. À nos pieds, un trou béant dont le brouillard nous empêchait totalement d’apprécier l’immensité (en fait, ce cratère mesure plusieurs kilomètres de diamètre, comme nous nous en rendrons compte le surlendemain). Mais compagnons de voyage ont passé le quart d’heure qui a suivi en équilibre sur cette falaise, l’œil rivé vers le fond, tentant d’apercevoir quelque chose de spectaculaire, ou à défaut une très vague lueur rougeâtre. En ce qui me concerne, eu égard mon appréhension pour le vide (et il faut bien le dire du peu d’intérêt de l’observation ce jour là), j’ai préféré me réfugier à quelques mètres en arrière, dans cette sorte de rigole naturelle qui présentait en outre l’avantage de nous abriter du vent (à défaut de la pluie et du gaz). J’en ai pris cette photo, comme une évocation des poilus de la Grande Guerre.

Tels des poilus attendant de partir à l’assaut (15 août 2011)Sylvain penché sur le cratère du Marum, le 11 août 2011

Nous pensions rester à cet endroit jusqu’au coucher du soleil. Mais brusquement, un panache de gaz émis par le volcan et poussé par le vent à réduit la visibilité à un mètre à peine ! Sylvain a déclaré qu’il était trop dangereux de rester là et nous a enjoints de déguerpir au plus vite. Nous serons plus téméraires les jours suivants quand aucune autorité ne sera là pour le remplacer ! Je ne sais pas si c’était vraiment devenu plus dangereux, mais ce qui est sûr en tout cas, c’est qu’il n’y avait rien à regretter ce soir là.

Nous sommes ensuite rentrés, à la frontale et sous la pluie, avec en outre la consigne de rester groupés afin de ne pas nous perdre dans le brouillard. (Ce qui n’était pas évident vu le rythme de la marche). Il a fallu préparer le repas et attendre longuement l’ébullition de l’eau, avant de pouvoir se coucher.

La journée suivante a été l’une des plus décevantes et des plus inutiles de tous mes voyages. Sylvain, qui devait nous quitter en début de matinée, nous avais promis de se lever à 4h du matin de et nous accompagner une nouvelle fois au Marum s’il faisait beau. Mais il n’en a rien été. Après un petit déjeuner morose, nous nous sommes finalement mis en route accompagnés de nos seuls guides locaux. C’était encore plus bouché que la veille, et nous avons failli faire demi-tour au niveau de la coulée de lave. Mais il y avait quelques fanatiques dans le groupe qui ont exigé de monter. Nous avons donc réitéré l’ascension et j’ai repris ma place dans la tranchée. Pendant que les guetteurs, au bord du trou, ne quittaient pas une minute leur position en équilibre instable (rien que de les regarder j’en avais la frousse), qu’ils n’entendaient pas quitter avant le coucher du soleil. Il paraît tout de même qu’ils auraient aperçu quelques vagues rougeoiements. Finalement, nos accompagnateurs vanuhatais, peu enclins de prendre des décisions mais qui n’étaient pas très motivés de rester six heures sous la pluie sans ne rien voir (et n’oublions pas qu’eux respiraient les gaz à plein nez !), ont déclaré que nous resterions jusqu’à 14h. C’est donc seulement trois heures que nous avons passées dans cette tranchée, c’était toujours ça de gagné. Ensuite nous sommes rentrés piteusement, pour préparer un dîner et finir la journée couchés dans nos tentes.

Trois journées étaient prévues dans la caldeira (en théorie, une pour le Marum, une pour le Bembow et une journée de sécurité). Nous étions donc peu optimistes pour la troisième. La pluie est d’ailleurs tombée toute la nuit et plusieurs de mes compagnons semblaient avoir opté pour l’option grasse mat. Pourtant, quand je me suis levé, même si le ciel était toujours gris, quelque chose semblait différent. La différence, c’est que les panaches volcaniques se détachaient maintenant nettement devant la couverture nuageuse aujourd’hui beaucoup plus haute, et que les cônes étaient visibles pourvu qu’on monte de quelques mètres au-dessus de notre camp. Pas le grand beau temps, mais une amélioration tout de même inespérée !

Le Marum vu depuis le camp, le 17 août 2011

Nous nous sommes donc mis en route très rapidement, sans même prendre de petit déjeuner. Voici quelques photos prises au cours de la marche d’approche à travers la caldeira, où la lumière donnait au paysage un relief nouveau.

Le Bembow vu depuis la caldeira, le 17 août 2011

Voici maintenant les abords immédiats du volcan, toujours aussi inhospitaliers (le sol est ici jonché de restes de bombes volcaniques). Toutefois, la visibilité ce jour là nous permettait de distinguer les fumées du volcan ; nous avons donc pu n’enfiler les masques à gaz que beaucoup plus loin dans la progression.

Bombes volcaniques au pied du Marum, le 17 août 2011

Nous avons réitéré le détour du premier jour jusqu’au « petit-fils », le cratère de Niri Membelsu Taten. Un crochet que j’ai dû négocier auprès de mes compagnons de voyages (très pressés d’aller voir le lac de lave), et que je n’ai pas regretté car la vue est très spectaculaire. J’ai d’ailleurs affiché cette photo dans mon bureau.

Le cratère du Niri Membelsu Taten, le 17 août 2011

Enfin, avant d’arriver au clou du spectacle, quelques photos prises au cours de la petite ascension. Sur cette photo, le Niri Membelsu (que nous irons voir de plus près par la suite), sur l’autre en contrebas le Niri Membelsu Taten.

Le cratère du Niri Membelsu photographié pendant la montée au Marum, le 17 août 2011

L’arrivée sur le site était assez impressionnante, car nous avons pu tout à coup nous rendre compte que la tranchée dans laquelle nous avions passé tant d’heures sans rien voir, étant en fait un plissement sur la lèvre d’un trou béant. Plusieurs de mes compagnons, montés plus vite que moi, étaient déjà en position, le regard rivé sur le fond. Je les ai rapidement rejoints, forçant mon appréhension du vide.

Le lac était bien là, quoique plus petit que je ne l’avais imaginé, et aussi assez lointain tellement le trou paraissait profond.

Le lac de lave du Marum, le 17 août 2011

Quelques photos un peu plus « zoomées ». Pour pouvoir apercevoir la quasi-totalité de la circonférence du lac, j’ai dû m’approcher au plus près du bord : toute honte bue, je me suis pour ce faire appuyé sur l’épaule de l’un de nos accompagnateurs. J’ai aussi, pour toutes ces photos, utilisé un appareil compact (et non le réflex à visée oculaire avec lequel je prenais d’habitude mes clichés). Comme cela j’ai pu tendre le bras et utiliser l’écran LCD pour cadrer.

Le lac de lave du Marum, le 17 août 2011

En retournant au boulot à l’issue de ce voyage, j’ai appris que l’un de mes collègues (que je connais par ailleurs depuis 15 ans) avait lui aussi voyagé au Vanuatu, quelques années auparavant. Mais que du Marum il n’avait vu que la plaine sablonneuse, le lac de lave lui restant désespérément bouché. Il a regardé mes photos avec intérêt !

Le lac de lave du Marum, le 17 août 2011

Nous n’avons pas vu le lac depuis un autre endroit que celui-ci (l’un de nos accompagnateurs s’est baladé autour du cratère à la recherche d’un point de vue alternatif, mais sans succès).

Enfin, pour en terminer avec ce spectacle exceptionnel, un petit film que j’en ai réalisé avec mon appareil compact. On distingue bien la turbulence de la surface du lac, provoquée par le dégazage permanent.

Nous sommes restés à peine une heure sur le cratère du Marum Membelsu : le brouillard ensuite recommençait à monter ! Nous avons tout de même pu faire ensuite un détour par le Niri Membelsu situé en contrebas. Lui aussi est doté d’un lac de lave, mais il n’est pas possible de l’apercevoir. Son bouillonnement est pas contre parfaitement audible.

Au bord du cratère du Niri Membelsu, le 17 août 2011

Pour ce qui est de la fin de la journée, je confesse que je suis un peu loupé. Une partie de mes compagnons ont souhaité aller voir le Bembow dans la foulée. L’entreprise était certes ambitieuse, car d’une part cela représentait plusieurs heures de marche supplémentaires (il est vrai, largement surestimées par nos accompagnateurs qui avaient la flemme d’y aller, mais cela nous ne le savions pas) ; d’autre part, le temps se gâtait un petit peu. Et surtout, il n’ait pas possible d’aller voir le lac de lave, car ceci aurait nécessité de désescalader une falaise avec des cordes fixes que nous n’avions pas apportées (normalement le Bembow était au programme de ce voyage, mais il n’était pas prévu de le faire le même jour que le Marum ; enfin peut-être qui si nous avions eu un véritable guide les choses se seraient passées autrement).

Toujours est-il que la moitié du groupe est partie au Bembow, mais pas moi. Là aussi, je vous convie à aller voir le site de Jean Margelisch pour quelques photos de cette expédition. (Pour ma part, voici encore quelques photos de la coulée de 1988 prises en début d’après-midi).

La coulée de 1988 photographiée en début d’après-midi, le 17 août 2011

Notre séjour dans la caldeira d’Ambrym s’est terminé le lendemain matin. Des porteurs étaient déjà montés la veille au soir depuis le village d’Endu dans la partie « anglaise » de l’île. Tandis que, au matin, nous avons fait nos adieux à nos guides qui nous avaient accompagnés sur les volcans, et qui retournaient dans leur village de Lalinda. Assez incroyable quand même, ce changement d’équipe. Comme si les habitants de chaque portion de l’île n’avaient pas le droit de se rendre dans la partie « adverse ».

Le temps était à nouveau très couvert ce matin là : nous n’aurions eu aucune chance de voir le lac de lave ce jour là. C’est donc sans regret que nous avons quitté la zone volcanique active. Nous avons pour commencer, et pendant des kilomètres, suivi le lit d’une rivière asséchée, quasiment à l’horizontale. C’est en fait la rivière qui draine l’eau de la caldeira. Tout en restant à l’intérieur la caldeira, nous avons assez rapidement quitté la zone minérale pour la forêt tropicale.

La partie occidentale et septentrionale de la caldeira d’Ambrym, recouverte de forêt tropicale (18 août 2011)

Ensuite dans un deuxième temps, le sentier a brusquement quitté la rivière pour franchir une petite crête. La mer était alors visible et toute proche. On pouvait également apercevoir, à travers les arbres, un stratovolcan situé dans une île voisine, Lopevi. C’est là aussi un volcan très actif et dangereux (l’île n’est d’ailleurs plus habitée depuis les années 1960).

Le volcan de Lopevi vu depuis Ambrym, le 18 août 2011Sentier en forêt descendant vers Endu, le 18 août 2011

J’étais parti devant sur le sentier jusqu’à me retrouver complètement isolé du groupe. Je suis assez vite arrivé sur la côte, une plage de sable noir avec des gros rouleaux qui paraissait assez dangereuse. Mais certains de mes compagnons se sont quand même arrêtés pour se baigner (et sont même revenus le lendemain au même endroit !). Quant à moi, et sur l’indication de porteurs que j’avais croisés, j’ai continué jusqu’au village, à encore une demi-heure de marche.

La côte en direction d’Endu Pahakol, le 18 août 2011

Nous avons passé trois nuits et deux jours dans le village d’Endu Pahakol, un endroit possédant un atout incontestable, l’accueil de ses habitants, particulièrement chaleureux. Ces derniers donnent vraiment beaucoup d’eux-mêmes pour accueillir les visiteurs (il est vrai assez rares car l’endroit est très isolé). Cela étant et à titre tout à fait personnel, le contact avec les populations n’étant pas ce que je recherche en priorité dans mes voyages (forcément très limité par la barrière de la langue, le fossé culturel et la brièveté des échanges), je n’aurais donc pas été contre le fait d’abréger un peu ce séjour.

Accueil chaleureux à Endu PahakolChambre d'hôte comme alternative aux tentes, Endu Pahakol (18 août 2011)

Quand je suis arrivé au village, donc avant le reste du groupe, j’ai trouvé à l’entrée du bourg et avant les premières maisons (donc encore en pleine forêt) cette table toute décorée de fleurs et présentant un assortiment de fruits. Je ne savais pas trop que faire, mais c’était bien pour nous qu’elle avait été préparée. Ensuite et après que mes compagnons m’eurent rejoint, on nous a invités à monter nos tentes, mais ceux qui le souhaitaient pouvaient aussi louer un lodge. Le lodge en question, construit en lattes de palmier à l’instar de la quasi totalité des maisons du village, était par contre la seule construction à posséder un étage.

Ensuite nous avons gagné pour le dîner un réfectoire, également construit en lattes de palmier. Endu Pahakol n’est pas raccordé au réseau électrique, mais le groupe électrogène du village a été spécialement mis en route, afin que nous ne dînions pas dans le noir. Avant le dîner a eu lieu un petit cérémonial, on nous a mis des écharpes de fleurs autour du cou, puis on nous a demandés de nous lever pour une petite prière. En ce qui me concerne j’ai fait semblant. Pendant tout le dîner, deux notables du village se tenaient dans la salle, debout, nous regardant faire mais sans participer. Quant au menu, il s’agissait du traditionnel laplap, le plat national vanuatais. J’avoue que j’ai eu quelque difficultés avec la nourriture exotique. Je ne sais pas si j’ai vexé mes hôtes, mais ce qui est certain, c’est que la quantité de nourriture présente sur la table excédait très largement nos besoins. Mais des habitants du village (surtout des femmes et des enfants, et qui seraient encore plus nombreux les jours suivants), visiblement habitués à la façon dont cela se passait, s’étaient pendant nos agapes amassés autour du bâtiment, attendant que nous ayons fini pour terminer les restes.

Le lendemain, nous avons passé la matinée à parcourir le village, assez étendu. Dans chaque quartier, chaque groupe de maisons, un chef de quartier nous attendait et venait nous serrer la main. Nous avons eu droit à des explications détaillées sur la construction des maisons en lattes de palmiers (toutes les maisons ont conservé une architecture traditionnelle, à l’exception de l’église et de l’école, les deux seuls bâtiments en dur), du séchage de la coprah (la chair de la noix de coco), la scolarisation des enfants (très nombreux dans le village) et l’absence des adolescents, tous partis à Port-Vila mais je n’ai pas bien compris pour y faire quoi.

Maisons du village d’Endu Pahakol, le 19 août 2011

Comme je l’ai dit le village n’a pas l’électricité, mais rassurez-vous, les téléphones portables sont bien arrivés jusqu’ici !

L’après-midi, nous avons fait une petite randonnée en direction d’une cascade, d’abord en longeant la côte, reprenant une partie de l’itinéraire de la veille. Le cône volcanique que l’on aperçoit au fond m’a beaucoup intrigué, mais je n’ai pas pu lui donner un nom (la veille, il était dans les nuages).

Cône volcanique aux abords d’Endu Pahakol, le 17 août 2011

Ensuite nous avons traversé quelque temps la cocoteraie, en prenant garde à ne pas nous arrêter directement sous un arbre ! Nous avons entendu à plusieurs reprises la chute d’une noix de coco, et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est impressionnant ! Mais nos hôtes affirmaient en souriant que la noix de coco tombe toujours à côté du promeneur.

Bientôt notre sentier a rejoint le bord d’un petit cañon, dont nous avons sans trop de peine gagné le fond. Mais bizarrement, nous n’entendions aucun bruit. Nous avons fini par découvrir la cascade totalement à sec, au grand dam de nos organisateurs qui ne semblaient pas au courant. Malgré cela le site était intéressant.

Cascade asséchée près d’Endo Pahakol, le 19 août 2011

Nos accompagnateurs nous ont préparé un pique-nique de fruits exotiques, très joliment préparé.

Pique-nique de fruits exotiques, le 19 août 2011

Puis nous avons eu le droit à une démonstration de dessin sur sable, une tradition artistique locale à Ambrym. Les dessins, sont exécutés très rapidement et d’une seule traite, sans lever le doigt.

Exécution de dessin sur sable, le 19 août 2011

À chaque dessin (il y en a eu deux ou trois, immédiatement effacés après) on nous demandait de deviner ce qu’il représentait… Car contrairement à ce que l’on pourrait penser ces dessins sont figuratifs.

Nous avons fini la randonnée en marchant dans le fond du cañon (la progression était un peu plus difficile) puis les plus motivés se sont baignés dans la mer.

Deuxième jour à Endu. Pour commencer, les villageoises qui nous recevaient nous ont fait une démonstration la confection du laplap. La préparation est assez longue et entièrement naturelle, la nourriture est emballée dans des feuilles de palmier, on y met essentiellement de la banane légume et de la citrouille, puis on fait cuire. C’est ce que nous avons eu pour déjeuner, sans doute que j’aurais dû m’en réjouir…

Démonstration de la confection du laplap, le 20 août 2011Démonstration de la confection du laplap, le 20 août 2011

Plus intéressant, les danses rituelles qu’ont exécutées spécialement pour nous (moyennant le paiement d’un supplément) les hommes et quelques jeunes garçons du village. Car pour cette prestation les villageois on quitté leurs vêtements habituels pour revenir à la tenue qu’ils revêtaient avant l’arrivée des missionnaires : un simple étui pénien, plus quelques décorations sur la tête (et une sorte de jupe végétale pour les plus âgés). Et il faut bien admettre que ces costumes leur paraissent bien mieux adaptés. Évidemment, le principal regret qu’on peut avoir à propos de cette manifestation, c’est que les femmes n’y participent pas. J’imagine que ces dernières devaient vivre seins nus il y a quelques décennies, mais ce serait impensable maintenant avec le puritanisme qui sévit au Vanuatu.

Avant de commencer les danses, nous avons eu le doit à des explications concernant les techniques de chasse et de pêche traditionnelles (en utilisant des pièges de bois sophistiqués, ou même du fil d’araignée). Ces techniques ne sont évidemment plus d’actualité, mais les insulaires tiennent à en perpétuer le souvenir. Des reproductions en miniature des instruments utilisés avaient été confectionnées.

Démonstration de pêche à la toile d’araignée, le 20 août 2011Reconstitution d’une technique de chasse ancestrale, le 20 août 2011

Quelques photos maintenant des danses rituelles :

Danses rituelles à Endu Pahakol, le 20 août 2011Danses rituelles à Endu Pahakol, le 20 août 2011

Une petite vidéo :

Encore quelques photos des tenues traditionnelles :

Habitant d’Endu Pahakol en tenue rituelle, le 20 août 2011

L’après-midi nous avions quartier libre. Certains d’entre nous ont décidé d’aller à pied en direction de l’aéroport, il y avait une bonne dizaine de kilomètres sur une piste en terre mais cela ne les a pas rebutés. Ils ont finalement pu atteindre l’aéroport et apercevoir l’île de Lopevi, plus dégagée que ce que nous verrons le lendemain. Néanmoins, je pense quand même que j’ai bien fait de m’abstenir.

Quant à moi, j’ai suivi mes compagnons qui désiraient aller à la plage, mais à un autre endroit que les jours précédents. Nous nous sommes enfoncés dans la cocoteraie… pour finalement nous retrouver dans un cul de sac. J’avais apporté mon GPS, mais je n’avais pas installé la carte Openstreetmap du Vanuatu, je ne pouvais donc pas dire si la mer était loin (je verrai en fait au retour en regardant le tracé, que nous étions loin de l’avoir atteinte quand nous avons fait demi-tour). Mon appareil aura néanmoins été fort utile, une fois retournés, pour retrouver notre chemin et regagner le village.

Perdus dans la cocoteraie, le 20 août 2011

Dernière animation qui nous a été prodiguée par les habitants d’Endu, la cuisson d’un cochon entier qu’on nous a ensuite servi pour le dîner. La bête a été déposée au milieu de la table sans la moindre découpe, à chacun de se débrouiller ! Pour moi dont les origines paysannes sont pour le moins refoulées, une véritable épreuve. Je n’ai pas mangé beaucoup de viande. Et je pense qu’à tout le groupe, nous n’avons pas dû en consommer un dixième. Heureusement, les villageois, encore plus nombreux que les soirs précédents, attendaient à l’extérieur que nous ayons terminé et la viande n’a pas été perdue pour tout le monde.

Préparation d’un cochon pour le dîner. Endu Pahakol, le 20 août 2011

Notre séjour à Endu était terminé (la séance des pourboires divers a bien duré une bonne heure dans la soirée). Le lendemain nous avons repris l’avion non sans un léger cafouillage : lever à cinq heures pour un décollage prévu à huit ; sauf qu’entre temps l’horaire avait changé (pour 11 h) et le préposé de l’aéroport n’était pas au courant. Enfin bref, nous nous sommes levés pour rien, mais mieux vaut une erreur dans ce sens là.

Donc en attendant, nous avons laissé nos bagages en plan sans trop nous poser de questions (l’aéroport, guère plus équipé que celui de Craig Cove, n’était pas non plus gardé), et avons fait un tour à pied dans le village voisin d’Ulei (guère intéressant, et désert en ce dimanche matin). Puis, sur la plage de Toak d’où nous avions une belle vue sur l’île de Lopevi. La barrière de corail semble être la seule de l’île d’Ambrym.

Petit tour sur la plage de Toak (vue au loin sur Lopevi), le 21 août 2011Petit tour sur la plage de Toak, le 21 août 2011

Nous avons croisé un Australien qui venait d’acheter un terrain en bord de mer et qui fomentait de grand projets hôteliers. Il est à craindre qu’Ambrym perdre rapidement son authenticité ! On parle même de construire une route pour gagner la caldeira.

Il y avait davantage de monde quand nous avons regagné l’aéroport. Après la pesée rituelle, décollage pour Luganville, la seconde ville du pays située sur l’île de Santo. Où nous attendait une chambre d’hôtel bien méritée. Nous avons également pu faire le plein de vatus dans un distributeur du CIC, exactement comme en France ! Il était temps car notre séjour à Endu nous avais littéralement plumés (nous n’avions même plus de quoi payer un taxi). Ensuite, pas grand chose à faire de l’après-midi. L’île de Santo est un haut lieu de la plongée sous-marine, mais nous n’en avions ni le temps, ni l’envie. L’hôtel, tenu par des Australiens peu sympathiques, n’était guère agréable (la plage voisine n’était du reste guère propice à la baignade). Quant au centre-ville, totalement dépourvu d’animation en ce dimanche après-midi, il était littéralement sinistre.

Quand nous nous sommes levés le lendemain matin, il tombait des trombes d’eau. Une véritable pluie tropicale comme je n’en avais encore jamais vu (et pourtant nous étions en saison sèche). Une chance quand même que nous soyons pas sous la tente ce matin là. Cela n’a heureusement duré qu’une heure ou deux.

Pluie diluvienne à Luganville (22 août 2011)Pluie diluvielle à Luganville, le 22 août 2011

Cette averse semblait véritablement exceptionnelle pour la saison. Elle coïncidait semble-t-il avec un séisme de magnitude 7,4 qui s’était produit ce même jour dans l’île d’Éfaté (sans faire de victimes). Je reste quand même sceptique sur le lien entre les deux évènements.

Nous avons ensuite décollé pour l’île de Gaua située dans le nord de l’archipel. Le temps s’est rapidement dégagé, et j’ai peu prendre quelques photos aériennes des nombreuses îles tropicales que nous avons survolées.

Survol de l’île de Gaua, le 22 août 2011

Gaua, la troisième et dernière île de ce voyage, est également dotée d’un volcan actif, le Garet (avec un lac au fond d’une caldeira, le lac Letas). Mais ce volcan, récemment entrée en éruption, n’était pas visitable au moment de notre voyage (c’est du moins ce qu’on nous a raconté). Nous avons donc dû nous contenter de l’admirer de loin, au cours d’une petite balade en barque sur le lac Letas. Nous avons trouvé à Gaua (après l’intermède de Santo où nous étions livrés à nous-mêmes) un nouveau guide, un Vanuatais technicien en volcanologie de son (vrai) métier, s’exprimant très correctement en français, et qui répondait à l’étrange prénom de Janvion. Mais il y avait parmi mes compagnons de voyage quelques amateurs de football (il en faut) auquel ce nom tout de suite à fait tilt. Il paraît que c’était le nom d’un joueur renommé de Saint-Étienne dans les années 1970. Et renommé apparemment dans le monde entier ou tout au moins jusqu’au condominium d’alors, puisque c’est exactement pour cette raison que le père notre de notre Janvion, footballeur professionnel dans l’équipe de Port-Vila, avait baptisé son fils ainsi. Ce qui n’avait, semble-il, guère été efficace pour transmettre sa passion à son fils lequel préférait au sport les études, ce qui lui avait permis de devenir technicien. Janvion était quelqu’un de très consciencieux et sympathique, c’est des trois guides éphémères qui nous ont successivement été attribués dans ce voyage, celui que j’ai de loin préféré.

On ne vient pas seulement à Gaua pour son volcan, mais aussi pour une coutume locale un peu spéciale : la danse aquatique exécutée par un petit groupe de femmes. Ce n’est apparemment nullement une tradition folklorique, mais un spectacle qui a été mis au point il y a quelques années seulement, et dont la renommée a rapidement franchi les mers du fait de son originalité. Revêtues de tenues traditionnelles, ces femmes descendent jusqu’à mi-cuisse dans l’eau de la mangrove (ou parfois dans le lac Letas), puis exécutent des chants et des danses tout en frappant violemment la surface de l’eau. Une prestation un peu étrange, et semble-t-il assez unique.

Danses aquatique des femmes de Gaua, le 22 août 2011Femme de Gaua après les danses, le 22 août 2011

Ne boudons pas notre plaisir : comme l’île de Gaua est assez peu touristique, les danses ont été exécutées spécialement pour notre groupe.

Le lendemain a eu lieu une randonnée à l’intérieur de l’île et en direction du volcan. C’est une excursion que nous avons dû négocier âprement car nos accompagnateurs auraient préféré nous emmener jusqu’à une cascade (ce qui leur aurait de toute évidence demandé beaucoup moins d’effort, mais ils oubliaient que nous étions là essentiellement pour les volcans !). Il est vrai que cette balade (quatre heures de montée environ, au cœur d’une forêt très dense et surtout dans la boue) s’est avérée plutôt éprouvante. Le tout pour ne pas véritablement visiter le volcan, nous content d’admirer un paysage qui n’était certes pas mal mais ne présentait rien non plus d’exceptionnel.

Petit ruiseau dans la forêt (23 août 2011)Nous prendrons l’avion comme ça ! (23 août 2011)

Par chance toutefois, nous n’avons presque pas essuyé d’averse pendant cette journée (même si le soleil était avare de ses apparitions).

Voici maintenant l’arrivée sur le lac Letas. Le lac Letas est la plus grande réserve d’eau douce du Vanuatu (paraît-il même de toutes les îles du Pacifique sud, hors Nouvelle-Zélande sans doute). Il n’y a pas de village sur ses rives, le lieu est désert (il est vrai, sous la menace du volcan). Les villageois qui nous attendaient pour faire un tour en pirogue étaient partis en même même temps que nous (et avaient dû monter bien plus vite).

« Galère et volcan » au Vanuatu (23 août 2011)

Ces pirogues traditionnelles à balancier sont typiques des îles du Pacifique. Elles sont également utilisées sur la mer, c’est même comme cela que les îles auraient été peuplées par les Mélanésiens.

Quelques photos prises pendant la navigation (nous avons juste fait quelques ronds dans l’eau !). Nous en avons profité pour admirer (de loin évidemment) le volcan, lequel était à peine visible pendant la marche dans la forêt.

Navigation en pirogue sur le lac Letas, le 23 août 2011

Le retour a été aussi long mais un peu plus facile que l’aller. Nous avons effectué un détour supplémentaire par la station de surveillance de volcanologique : Janvion devait y effectuer des relevés, et il en a profité pour nous monter l’installation. Ici et contrairement à Ambrym il n’y a pas de surveillance en temps réel, un technicien (Janvion en l’occurrence) doit donc passer périodiquement pour récupérer les enregistrements. La station a été placée sur une ancienne coulée de lave pour des raisons de sensibilité sismique ; mais c’est très étonnant car vu l’épaisseur de la forêt on se demande bien comment la coulée a pu repérée ! D’après Janvion, les cartes géologiques indiquent les emplacements des coulées de lave (ce qui soit dit en passant ne répond pas à la question…).

instruments de surveillance volcanologique (23 août 2011)

Autre curiosité de cette fin de randonnée, plusieurs banians, arbres tropicaux géants ; tellement imposants qu’on passe à l’intérieur du tronc dans de véritables tunnels (et qu’il faut utiliser le flash pour prendre une photo !).

Banian géant (23 août 2011)Tunnel dans un banian, le 23 août 2011

Il y avait quelques toiles d’araignées assez gigantesques derrière notre camp, et je me suis amusé à faire quelques photos. Ces toiles sont si solides qu’il est impossible de les saccager avec un bâton.

Derrière notre camp (23 août 2011)Les sentinelles de l’aéroport (24 août 2011)

Nous avons quitté l’île le lendemain matin. En attendant l’avion, un petit tour derrière l’aéroport nous a permis de constater l’importance du prosélytisme des sectes évangélistes dans cet archipel.

Campagne évangélique des Adventistes du septième jour (24 août 2011)

Quelques photos de l’aéroport (très couleur locale !) et de l’arrivée de l’avion.

Adieu à Gaua (24 août 2011)

Lorsqu’il fait escale l’avion n’arrête qu’un seul de ses deux moteurs (du côté où l’on embarque). En effet si les deux moteurs étaient stoppés et que la batterie était à plat, l’appareil ne pourrait plus redécoller !

Voici quelques photos du vol jusqu’à l’île de Santo (d’où nous devions prendre un avion à réaction pour Port-Vila), avec au passage une escale dans l’île de Mota Lava, plus au nord. J’ai identifié l’île de la photo de gauche comme étant celle de Vanua Lava près de Kwakea, mais cela reste sujet à caution.

Survol de l’île de Vanua Lava (Kwakea), le 24 août 2011Décollage de l’île de Gaua, le 24 août 2011Décollage de l’île de Gaua, le 24 août 2011

Il nous restait ensuite une journée à passer au Vanuatu (dans l’île d’Éfaté) avant de rentrer. Et pour nous dédommager de l’absence de guide et des nombreuses déconvenues que nous avions rencontrées au cours de ce voyage, l’agence nous a offert un tour de l’île en minibus, normalement non prévu dans le programme. Toutefois, même ce « cadeau » nous a été lâché avec un élastique ; car d’une part le minibus n’était pas affrété rien que pour nous, nous le partagions avec d’autres touristes (essentiellement australiens) et nous avons perdu une bonne heure, au début, à faire le tour des hôtels de Port-Vila pour les ramasser. Et surtout, les explications nous étaient prodiguées uniquement en anglais (et pourtant les francophones à Éfaté, cela ne manque pas !).

Le tour de l’île, effectué dans le sens trigonométrique, était ponctué de six arrêts, de plus en plus courts au fur et à mesure de l’avancement de la journée. Premier arrêt (à Temouma), une prestation de danses traditionnelles et des techniques de chasse ancestrales (un peu la même chose qu’à Ambrym, en plus long et plus élaboré, mais beaucoup moins sympathique). La technique de chasse à la toile d’araignée était ici assortie d’une véritable araignée (la gent féminine apprécie toujours…). On aura aussi noté la mention appuyée (et pleinement assumée !) au passé cannibale des populations mélanésiennes. Le spectacle s’est terminé par la marche d’un sorcier sur des braises.

Tour d’Éfaté en minibus : danses rituelles à Teouma (25 août 2011)
Un passé pleinement assumé ! (25 août 2011)

Second arrêt : le « lagon bleu » (en fait l’embouchure d’une rivière). L’endroit le plus photogénique de ce tour de l’île.

Arrêt au « lagon bleu », le 25 août 2011

Une curiosité que nous avons aperçue de loin à Forari (nous ne nous sommes pas arrêtés) : cette usine désaffectée presque totalement recouverte par la forêt tropicale.

Troisième arrêt (Épule) : encore une séance de danses exotiques masculines. On nous fait atteindre l’endroit par des pirogues à balancier (dans lesquelles les gros Australiens ont vraiment du mal à prendre place). Seulement à l’aller, car au retour, le car nous attendait sur place !

Tour d’Éfaté en minibus : danses rituelles à Épule (25 août 2011)

Ensuite nous avons eu le droit à des sources chaudes (aménagées) dans lesquelles on pouvait se tremper les pieds (l’eau était brûlante). Un arrêt paysage avec vue sur les îles voisines de Nguna et Pelé (mais le temps très couvert gâchait ce panorama). Et enfin un dernier arrêt sur une plage dont je n’ai vraiment pas compris l’intérêt.

Avant de reprendre l’avion pour un trajet interminable, nous avons terminé ce séjour par un repas dans un excellent restaurant. Histoire de terminer par une touche d’optimisme ces vacances quand même à moitié gâchées.