Perles du Caucase : Arménie et Géorgie

Arménie et Géorgie (perles du Caucase)

Un voyage de quinze jours effectué en août 2017, mêlant les randonnées et les visites culturelles. Ce voyage au rythme particulièrement rapide nous vus parcourir (très rapidement) des anciennes républiques soviétiques : l’Arménie tout d’abord, puis la Géorgie. D’où le sentiment, avec le recul, d’avoir survolé plus que visité ces deux pays, et d’avoir in fine retenu peu de choses de ce voyage.

L’Arménie et la Géorgie sont en effet deux cultures radicalement différentes, malgré l’existence d’un certain nombre de points communs que je pourrai sommairement énumérer ici : deux très petits pays, situé dans le même massif du Caucase, tous deux de religion chrétienne et de culture européenne, tout en étant entourés de plusieurs voisins musulmans, deux langues utilisant leur propre alphabet, tout aussi inintelligible l’un que l’autre pour le néophyte et n’ayant strictement rien à voir l’un avec l’autre. Deux pays également rapprochés par l’histoire récente, la période soviétique qui laisse vraiment peu de nostalgiques, suivie de l’Indépendance et les relations toujours compliquées avec Moscou.

Mais le parallèle s’arrête là. Je vais maintenant décrire successivement ce voyage et ces deux pays dans l’ordre de leur visite, sans davantage chercher à les comparer. Avec en ce qui me concerne, je ne le cacherai pas, une sensible préférence pour l’Arménie.

Arménie

Le vol pour Everan (Երևան), la capitale de l’Arménie, faisait escale à Kiev en Ukraine. Mais je devrai surtout en retenir sont très inconfortable horaire de départ (5h30) qui m’a valu de me rendre à Roissy en pleine nuit. La plupart de mes compagnons de voyage avaient préféré un autre horaire. J’ai en outre eu la mauvaise surprise de découvrir que j’étais en surréservation. Épisode qui s’est heureusement terminé par un surclassement (d’où un petit déjeuner complet et gratuit à bord de l’avion alors que les autres passagers devaient payer leur sandwich). À Kiev les choses n’ont pas été faciles non plus, tant pour récupérer la carte d’embarquement que pour embarquer, un vol pour Houghada (en Égypte) ayant au dernier moment été jugé plus prioritaire et ayant pris la place du nôtre. Finalement nous partirons avec retard. Dans l’avion, énormément de franco-arméniens qui sont donc venus par le même chemin que moi.

Le second vol à l’instar du premier durait 3 h environ. Le temps, très couvert à Kiev, a continué à l’être jusqu’à ce que nous atteignions les rives de la mer Noire. Avant de laisser place au perpétuel beau temps qui devrait presque ne jamais nous quitter de tout le voyage. L’avion n’a pas survolé la Turquie mais la Géorgie : la frontière arméno-turque est en fermée depuis la guerre du Haut-Karabagh, fermeture qui s’applique également au trafic aérien. Une fois au-dessus de l’Arménie et avant d’atterrir à Erevan, j’ai pu apercevoir, sur ma gauche, une centrale nucléaire. Il s’agissait de la centrale de Metsamor (Մեծամորի), de type soviétique et fournit 40 % de l’électricité du pays (alimentant au passage le métro d’Erevan). Les eurocrates essaient depuis des années de la faire fermer, ce à quoi se refuse pour l’instant le gouvernement arménien faute de solution alternative.

Je n’ai pas contre pas réussi à apercevoir le mont Ararat à mon arrivée, que la brume rendait invisible malgré sa proximité (60 km) avec la ville. Conformément à mes attentes (et également à ce que j’étais venu chercher ici), j’ai trouvé à Erevan une température caniculaire et une atmosphère très sèche, similaire à ce que l’on peut connaître en Grèce en été. Après les formalités rapides (pas de visa) j’ai été accueilli par un chauffeur ne parlant pas français. Nous n’étions que deux à arriver par cette avion, les autres devant atterrir dans la nuit. Mon compagnon de voyage était un Belge vivant en Roumanie, et devant effectuer avec nous uniquement la partie arménienne du voyage.

Avant le dîner pour lequel nous nous étions fixé rendez-vous, je suis parti me balader à partir de l’hôtel et en direction de la place centrale d’Erevan (la place de la République, Երևան). L’architecture de la ville, sous forte influence soviétique, ne m’a pas subjugué (malgré les tentatives de notre guide le lendemain matin de nous en faire percevoir les (supposés) attraits). La population est de type européen avec des femmes en robes estivales élégantes, pas de « diversité » ni de musulmanes voilées. La France d’il y a trente ans, une nouvelle conception des vacances… En chemin, j’ai aussi fait un détour jusqu’à l’église de Saint-Grégoire-l’Illuminateur (Սուրբ Գրիգոր Լուսաւորիչ Եկեղեցի). Cette église juchée en haut d’une colline accessible par un escalier monumental est une construction très récente (1997). C’est la plus grande église arménienne. Les photos sont malheureusement interdites à l’intérieur.

Erevan (Երևան), église de Saint-Grégoire-l’Illuminateur (Սուրբ Գրիգոր Լուսաւորիչ Եկեղեցի), le 29 juillet 2017

Pour information, l’église apostolique arménienne est une église autocéphale qui n’a participé qu’aux trois premiers conciles. Son chef est appelé le Catholicos et rédige à Etchmiadzin (Էջմիածին) près d’Erevan. Elle dispose d’une chapelle au Saint-Sépulcre à Jérusalem.

Quant à la place de la République que j’ai brièvement évoquée, elle n’est pas dépourvue d’attraits. Les bâtiments qui l’entourent sont construits en tuf volcanique (à l’instar de la plupart des vieilles maisons d’Erevan remontant à la période tsariste, au XIXe siècle). Cette place, où se trouve le principal musée de la ville (que nous visiterons le lendemain) ainsi que quelques lieux de pouvoir et un hôtel de luxe, est régulièrement le théâtre d’évènements politiques qui secouent l’Arménie.

Erevan (Երևան), place de la République, le 29 juillet 2017Erevan (Երևան), place de la République, le 29 juillet 2017

Je m’étais levé aux aurores et espérais passer une bonne nuit à l’hôtel d’Erevan. Mais mon compagnon de chambre, arrivant à 3h du matin, n’a rien trouvé de mieux que de me faire appeler par la réception pour que je lui ouvre. J’étais vert. J’avais pourtant laissé la porte entrouverte (et enfilé des boules quiès et mis un masque pour ne pas être réveillé : raté !). De quoi commencer le voyage de bonne humeur.

Le groupe s’est constitué au petit matin : nous étions huit. Nous avons aussi fait la connaissance avec notre guide pour l’Arménie, se faisant appeler Georges, un homme d’une trentaine d’années fort cultivé et parlant bien le français. Le voyage commençait par la visite d’Erevan : il n’était en effet pas prévu d’y repasser à la fin. Disons-le tout de suite, Erevan n’est pas une ville qui m’a laissé enthousiaste : les vicissitudes de l’histoire, en particulier soviétique, ainsi que les tremblements de terre, sont passées par là. Il reste néanmoins de façon éparse des bâtiments anciens bâtis en tuf volcanique.

Pendant le court trajet en véhicule précédant la visite proprement dite, Georges a commencé par nous montrer, perché au sommet d’une colline, le monument appelé « Mère Arménie » (Մայր Հայաստան) qui fut érigé en 1967 en remplacement d’une statue de Staline (qu’elle a dépassé en hauteur de 5 mètres). Je n’ai malheureusement pas (véritablement) réussi à photographier cette statue (ci-dessous, une photo Wikipédia, puis une photo que j’ai tenté de prendre un peu plus tard depuis une rue d’Erevan).

Mère Arménie (source : Wikipédia)Erevan (Երևան), statue de la Mère Arménie (Մայր Հայաստան), le 30 juillet 2017

La première chose que nous avons visitée à Erevan s’appelle la «  Cascade » (Կասկադ). C’est un « monument » de béton d’époque soviétique, construit dans les années 1970, constitué de jardins en terrasse et d’un large escalier. Au sommet de la Cascade trône un monument célébrant l’Arménie soviétique. À l’intérieur de la cascade, une succession de galeries d’« art » (d’art moderne, donc). D’autres «  œuvres » d’art moderne sont exposées sur les terrasses du monument, ainsi que dans le jardin situé devant. Certaines de façon permanente, d’autres dans le cadre d’expositions temporaires.

Erevan (Երևան), la Cascade (Կասկադ), le 30 juillet 2017

Parmi ces créations qui ont enthousiasmé mes compagnons de voyage, cette élucubration du « sculpteur » colombien Botero. Que vient faire ce Colombien en Arménie, il n’y a apparemment que moi pour me poser la question. Je dois confesser que je n’avais jamais entendu parler de Botero avant ce voyage, mais j’ai pu combler cet inqualifiable manque lors de mon séjour en Colombie six mois plus tard. J’ai ainsi pu constater combien ce producteur d’étrons jouit de l’inqualifiable privilège de souiller les plus belles villes du monde de ses collections de laiderons dénudés, le tout dans l’enthousiasme unanime de la bobocratie cosmopolite (à défaut du mien). J’ai notamment en mémoire la très belle église Saint-Domingue de Carthagène des Indes, littéralement souillée par un Botero placé devant et que mes compagnons déculturés photographiaient pourtant à la queue leu leu tels des Japonais devant la Joconde.

Erevan (Երևան), œuvre de Botero, le 30 juillet 2017

On objectera que la cascade d’Erevan n’est pas le centre de Carthagène et qu’il n’y avait ici pas grand chose à gâcher. Mais n’empêche.

Continuons avec l’art moderne avec un extrait choisi des objets exposés dans la Cascade. Avec entre autres débilités, ce feu rouge dont la valeur paraît-il vient du fait que ses trois lampes sont allumées en même temps. Ou ces ridicules bijoux en toc tournant autour de leur mât (je vous épargne la vidéo). Autrefois les artistes talentueux ne pouvaient réussir sans relations. C’est un fait. Sauf que dorénavant les relations sont tout et le talent évanescent, et tout le monde trouve cela normal.

Erevan (Երևան), l’intérieur de la Cascade (Կասկադ), le 30 juillet 2017Erevan (Երևան), l’intérieur de la Cascade (Կասկադ). Bijoux en toc, le 30 juillet 2017
Erevan (Երևան), l’intérieur de la Cascade (Կասկադ). Ce qui a de la valeur c’est que les trois feux soient allumés ! (30 juillet 2017)Erevan (Երևան), la Cascade (Կասկադ). Bijoux en toc qui tournent autour de leur mât, le 30 juillet 2017

La visite de la Cascade offre toutefois un (unique) intérêt : la vue sur Erevan qu’offre sa terrasse. La voici, la photo pourra confirmer le fait qu’Erevan n’est pas une bien belle ville. Il manque quelque chose sur la photo : la vue sur le mont Ararat qui normalement se dresse en plein milieu. Pourtant, un visiteur attentif aura remarqué un presque imperceptible nuage dans le ciel, au milieu du cliché. En fait ce nuage n’en est pas un, il s’agit bien de la calotte glaciaire du volcan ! La brume de la saison estivale nous aura malheureusement empêchés de véritablement apercevoir le mont Ararat, y compris lorsque nous nous trouverons au plus près, au monastère de Khor Virap.

Erevan (Երևան), vue depuis la Cascade (Կասկադ), le 30 juillet 2017

(En seconde position, une version outrageusement retouchée de la même image, sur laquelle on peut deviner le profil complet du volcan, avec même sur la gauche le petit Ararat).

À côté de la cascade, un musée (que nous n’avons pas visité) est consacré au chanteur franco-arménien Charles Aznavour. Encore en vie à l’époque de mon voyage (il est décédé le 1er octobre 2018), Charles Aznavour était une véritable icône dans le pays. Il venait à Erevan chaque année et avait fait baptiser sa petite-fille au monastère de Tatev, dans le sud du pays (nous visiterons ce monastère quelques jours plus tard).

Nous nous sommes ensuite dirigés à pied vers le centre d’Erevan. Ci-dessous la place de France, où trône une statue de Rodin offerte par Sarkozy.

Erevan (Երևան), sculpture de Rodin sur la place de France, le 30 juillet 2017

Ensuite, la place de la Liberté, haut lieu de contestation anti-soviétique au moment de l’Indépendance. S’y dresse l’Opéra avec en devant, une statie d’Aram Khatchatourian (Արամ Խաչատրյան) (1903-1978), qui est LE compositeur classique arménien. Il a composé un tube, la Danse du sabre (Սուսերով Պար) extraite de l’opéra Gayaneh. Je me suis empressé de l’écouter sur Youtube à mon retour.

Erevan (Երևան), devant l’Opéra, le 30 juillet 2017

Je vous aurais bien mis un lien en streaming vers la fameuse Danse du sabre, mais la Stas… pardon, le CSA risque de me tomber dessus !

Le Lac des Cygnes d’Erevan (ainsi nommé, bien sûr, en référence à l’œuvre de Tchaïkovski), qui se trouve derrière l’Opéra, prend la forme du lac Sevan, l’unique lac important du territoire arménien et jouant le rôle de mer intérieure (nous en longerons les rives quelques jours plus tard). L’hiver, ce lac urbain est gelé et sert de patinoire.

Erevan (Երևան), le « lac des Cygnes » devant l’Opéra, le 30 juillet 2017

Voici maintenant quelques immeubles anciens du centre d’Erevan. Ils datent en général de la période tsariste (XIXe siècle), et certains d’entre eux sont particulièrement délabrés. Un loi interdit dorénavant de détruire entièrement des bâtiments anciens, toute rénovation devant conserver leur façade (comme cela se faisait pas mal à une certaine époque à Paris, notamment sous l’ère Chirac/Tibéri, cela me semble un peu passé de mode mais je me fais peut-être des illusions).

Erevan (Երևան), immeubles en tuf, le 30 juillet 2017

Nous avons ensuite (re)gagné la place de la République, évitant la rue Abovian (les Champs-Élysées) d’Erevan pour d’autres rues plus typiques.

Erevan (Երևան), place de la République, le 30 juillet 2017

C’est sur la place de la République que nous attendait le gros morceau de la visite d’Erevan : le musée historique (les photos étant interdites à l’intérieur, j’ai essayer de trouver des photos sur Internet). La visite, très dense, a duré 2h, assurée par une guide francophone spécialisée, plus âgée que Georges. Elle a commencé par un aperçu géographique de la région où se trouve l’Arménie. Caractérisée notamment par la présence de trois grands lacs, dans l’ordre décroissant par la taille ceux de Van, d’Ourmia et Sevan, tous emblématiques de l’Arménie historique mais dont seul le troisième se trouve toujours en Arménie (les autres étant aujourd’hui respectivement en Turquie et en Iran). Région également caractérisée par trois grands volcans, l’Ararat (5165 m), le Sipan (4058 m) (?) et enfin le mont Aragats (4095 m), point culminant de l’Arménie actuelle.

Nous avons eu droit ensuite à un aperçu de l’histoire de l’Arménie, pays qui lors de son apogée, au cours du règne de Tigrade II, s’étendait jusqu’à la Méditerranée, incluant une bonne partie de l’actuelle Syrie. L’Arménie connut une brève domination romaine au début du 1er millénaire, sous le règne de Néron. Pratiquant historiquement le culte de Mithra, le pays fut le premier christianisé, au 3e siècle après J.-C. (conversion du roi Tiridate IV par Grégoire l’Illuminateur). Vers l’an Mil, des Arméniens se sont établis sur les rives de la Méditerranée, en Cilicie (sur l’actuel territoire turc autour de la ville d’Adana) où exista pendant quelques siècles le royaume arménien de Cilicie. On peut aussi évoquer l’invasion de l’Arménie par les Mongols (13e s.) puis par les hordes de Tamerlan (14e s.).

La période moderne se caractérisa par la domination ottomane (16e s.), puis russe à partir de 1813 en ce qui concerne l’Arménie orientale. On évoquera bien évidemment le génocide arménien de 1915, perpétré par les Ottomans dans l’Arménie occidentale et au cours duquel périrent plusieurs centaines de milliers de personnes. À ce propos et selon notre guide Georges, la plupart des Arméniens sont aujourd’hui convaincus que la véritable finalité de ce génocide était la création d’une grande Turquie allant d’İstanbul à l’Asie centrale en passant par l’Azerbaïdjan actuel, et auquel le seul obstacle était constitué par la présence de l’Arménie qu’il convenait donc d’éliminer.

Peu après cet épisode tragique, l’Arménie orientale connut une très brève période d’indépendance (1918-1921) avant d’être de nouveau envahie par les troupes soviétiques. Et ce, jusqu’à l’indépendance en 1991. Il est à noter que c’est l’URSS qui a fait cadeau aux Turcs du mont Ararat, au grand dam des Arméniens pour qui cette montagne est sacrée.

De nombreux objets sont présents dans ce musée, dont notre guide nous a fait une description plus ou moins détaillée mais dont j’ai peu retenu de chose, l’interdiction de prendre des clichés étant en cela assez pénalisante. L’un des plus emblématiques est la « plus vieille sandale de l’humanité » (5500 ans), découverte en 2008 dans la grotte d’Areni-1 près d’Eghegnazor, que nous aurons la possibilité de visiter quelques jours plus tard.

La plus vieille sandale de l'humanité (source : Wikipedia)

J’ai par ailleurs retenu la maquette du site archéologique d’Ani (Անի), l’ancienne capitale arménienne (autour de l’an mil), cité depuis bien longtemps abandonnée et qui se trouve actuellement en Turquie (tout proche de la frontière arménienne). Le site contient actuellement les ruines de plusieurs églises, dont une cathédrale. Notre guide Georges avait pu la visiter, s’étant rendu en Turquie en passant par la Géorgie puisque la frontière turco-arménienne est fermée.

Ani (photo : wikimapia)

Sortant du musée climatisé, nous avons pleinement ressenti la chaleur à cette heure maximale ! Pourtant, Erevan est à 1000 m d’altitude environ. Nous sommes allés déjeuner dans un très bon restaurant (le meilleur que nous trouverons en Arménie) où l’on nous a servi, entre autres, un plat à base d’écrevisses (le guide nous fait deviner de quoi il s’agissait, ce à quoi nous ne sommes pas parvenus).

Après le déjeuner nous attendait une dernière petite visite avant de quitter Erevan : celle de l’atelier d’un sculpteur de khatchkar (խաչքար, pierre à croix ; on prononce quelque chose comme « ratchkar » ). Emblématiques de l’art religieux arménien, les khatchkars sont des pierres de tuf rectangulaires, d’environ deux mètres de haut pour un de large, sculptés d’un coté avec un motif comportant une croix. Il n’existe pas deux khatchkars identiques dans toutes l’Arménie, seule est autorisée la reproduction de khatchkars détruits. Les khatchkars sont dressés (face sculptée vers l’ouest) et sont utilisés soit comme pierres tombales (pour les notables ou les personnes ayant les moyens de s’en payer un), soit hors des cimetières pour commémorer un évènement particulier. Beaucoup des khatchkars que l’on trouve en Arménie sont anciens, mais l’art est perpétué de nos jours. L’atelier que nous avons visité donnait directement sur une rue dont beaucoup de maisons sont en ruines. Le sculpteur a un peu travaillé un peu devant nous, d’autres khatchkars prêts à être livrés étaient posés sur la benne d’un pick-up garé à côté.

Erevan (Երևան), sculpteur de khatchkar (խաչքար), le 30 juillet 2017Erevan (Երևան), khatchkars prêts à être livrés, le 30 juillet 2017
Erevan (Երևան), sculpteur de khatchkar (խաչքար), le 30 juillet 2017

Quittant (définitivement, donc) la ville d’Erevan, moins embouteillée qu’on aurait plus le craindre, nous sommes partis en direction des montagnes à l’est la ville pour visiter un monastère, celui de Géghard (Գեղարդ). Ce monastère en partie troglodyte, aussi appelé Sainte-Lance de Geghard et classé à l’Unesco, date du XIIIe siècle. Situé dans la haute vallée de la rivière Azat (Ազատ), dans une zone montagneuse remarquable, ce monastère est très fréquenté le week-end par les habitants d’Erevan, qui y viennent tant pour des dévotions que pour pique-niquer ou se baigner dans la rivière (nous ne serons donc pas seuls, étant donné que c’est dimanche).

Monastère de Géghard (Գեղարդ), le 30 juillet 2017Entre Erevan (Երևան) et le monastère de Géghard (Գեղարդ), le 30 juillet 2017

La photo ci-dessus est la seule que j’ai pu prendre du monastère ensoleillé. Car ensuite, les explications de Georges à propos de ce monument ont été tellement fournies que le soleil était depuis longtemps passé derrière la falaise quand nous sommes ressortis. Après une présentation générale de l’église autocéphale arménienne, Georges a enchaîné sur l’architecture générale des édifices religieux arméniens. À l’entrée de l’église une salle spécifique, le gavit (Կավիտ), sorte de narthex où pouvaient entrer les non baptisés pour écouter la messe. À l’intérieur des églises il n’y a pas de chaises. L’autel est surélevé et seul le prêtre a le droit d’accéder au fond de l’église. Un rideau (dont la présence indique si l’église est toujours en usage) est fermé pendant une partie des cérémonies ainsi que pendant tout le carême.

Monastère de Géghard (Գեղարդ), le 30 juillet 2017Monastère de Géghard (Գեղարդ), le 30 juillet 2017Monastère de Géghard (Գեղարդ), le 30 juillet 2017
Monastère de Géghard (Գեղարդ), le 30 juillet 2017Monastère de Géghard (Գեղարդ), le 30 juillet 2017

Le monastère de Géghard affirme avoir détenu des reliques, un morceau de l’arche de Noé ainsi que la Sainte-Lance. C’est aussi dans ce lieu qu’aurait été conçue l’écriture arménienne au Ve siècle. L’édifice a été plusieurs fois endommagé au cours de son histoire, notamment par Gengis Khan puis Tamerlan, ainsi que par plusieurs tremblements de terre. Originalité du lieu, certaines salles sont directement creusées dans la roche. On trouve à l’intérieur d’une de ces salles, une source sacrée, autour de laquelle se pressent les fidèles.

Monastère de Géghard (Գեղարդ), le 30 juillet 2017

Il était tard quand nous avons achevé cette visite, au point que la visite du temple païen de Garni, normalement prévue dans la foulée, a été repoussée au lendemain. Nous nous sommes tout de suite rendus dans notre gîte, la grande maison d’une famille arménienne dont plusieurs personnes (y compris la fillette de douze ans) parlaient le français. Avant le dîner, nous avons assisté à la préparation par les femmes de la maison du « lavash (լավաշ) », le pain plat oriental que l’on trouve sur toutes les tables arméniennes. La cuisson, par application sur les parois d’un four circulaire en terre au fond duquel sont disposées des braises, nécessite à n’en pas douter un tour de main (tant pour ne pas se brûler que pour éviter que la galette ne se décolle !).

Gîte de Garni (Գառնի), préparation du lavash (լավաշ), le 30 juillet 2017Gîte de Garni (Գառնի), préparation du lavash (լավաշ), le 30 juillet 2017
Gîte de Garni (Գառնի), préparation du lavash (լավաշ), le 30 juillet 2017

Néanmoins, on se lasse assez vite du lavash quand on en a à chaque repas (sans compter les sandwichs des pique-niques), et le pain géorgien nous a finalement semblé bien meilleur.

La seconde journée du voyage a débuté par une (petite) randonnée dans les gorges de la rivière Azat, remarquable par la présence d’une grande quantité d’orgues basaltiques.

Orgues basaltiques dans la vallée de la rivière Azat (Ազատ), le 31 juillet 2017

Dans la vallée, des installations de pisciculture (qui nous avaient valu le poisson au dîner hier soir) ; et aussi, une propriété appartement à la compagnie française Véolia que nous avons traversée sans aucune gêne.

Orgues basaltiques dans la vallée de la rivière Azat (Ազատ), le 31 juillet 2017Orgues basaltiques dans la vallée de la rivière Azat (Ազատ), le 31 juillet 2017

La randonnée s’est terminée au temple païen de Garni, dominant fièrement la vallée depuis le promontoire sur lequel il est juché et vers lequel il a fallu remonter. Ce promontoire constitue d’ailleurs une forteresse naturelle, accessible uniquement par un côté qui a été fortifié par des remparts.

La vallée de la rivière Azat (Ազատ), le 31 juillet 2017Le temple de Garni (Գառնի) vu de la vallée de la rivière Azat (Ազատ), le 31 juillet 2017

Le temple de Garni est un temple hellénistique dédié au culte de Mithra. C’est le seul temple païen conservé en Arménie (les autres ayant été rasés au début du christianisme) ; fortement endommagé par un tremblement de terre au XVIIIe siècle, il fut (outrageusement) restauré à l’époque soviétique. (Notons que les Soviétiques ont non seulement négligé de restaurer l’église voisine, mais ils en ont sciemment fait disparaître les pierres en prétendant aux villageois qu’elles avaient été volées).

Temple païen de Garni (Գառնի), dédié au culte de Mithra, le 31 juillet 2017

Notre guide nous a fourni des explications détaillées sur le culte de Mithra, une religion monothéiste qui s’était répandue dans tout l’empire romain et qui a failli supplanter le christianisme. Selon notre guide c’était en fait le soleil qui était adoré à travers le dieu Mithra. Parmi les symboles du mithraïsme, on trouve le terrassement du taureau par le dieu Mithra ; et la présence de trois animaux considérés comme maléfiques, le chien, le scorpion et le serpent.

Temple païen de Garni (Գառնի), dédié au culte de Mithra, le 31 juillet 2017

Il y avait beaucoup de monde sur ce site, comme mes photos ne l’indiquent pas (je me fixe toujours le défi en pareil cas de photographier les monuments sans personne).

Mithraeum de Garni (Գառնի), le 31 juillet 2017

Nous avons ensuite repris la route en direction du monastère de Khor Virap, ce qui nous a amenés à repasser par la banlieue (sud-est) d’Erevan. On remarque beaucoup d’usines abandonnées dans ce secteur, qui furent fermées à la fin de l’ère soviétique. À l’époque de l’URSS, ces usines produisaient pour l’Union soviétique tout entière. Le guide nous raconte le drame des ces bataillons d’ingénieurs, formés à l’école polytechnique d’Erevan et qui se trouvèrent sans emploi du jour au lendemain. Beaucoup travaillent aujourd’hui comme chauffeurs de taxi (les rares ingénieurs dont on pouvait avoir encore besoin étant tenus de maîtriser l’anglais et l’informatique). Un drame dont je crains toujours qu’il nous pende nez aussi en France, une fois que la bulle de la dette publique aura éclaté ou alors que la chienlit venant des banlieues aura définitivement submergé le pays.

Emblématique de l’Arménie, le monastère de Khor Virap (Խոր Վիրապ) est situé à quelques kilomètres seulement de la frontière turque. Il est en outre dominé par la majestueuse silhouette du mont Ararat. Silhouette qui se trouve aujourd’hui à peine visible, masquée par une forte brume de chaleur, et dont j’ai tout de même essayé de prendre quelques photos en m’aidant du filtre polarisant.

Monastère de Khor Virap (Խոր Վիրապ) (à gauche le mont Ararat (Մասիս)), le 31 juillet 2017

Comme je l’ai expliqué plus haut, le mont Ararat, montagne sacrée des Arméniens (la région d’Arménie où nous nous trouvons s’appelle d’ailleurs l’Ararat), a été livré aux Turcs par les Bolcheviques au moment du traité de Kars en 1921 (notons que les rares Arméniens restés en Arménie occidentale, à l’instar de ceux de la région pontique ou de Cilicie, ont été obligés d’adopter la langue turque et de se convertir à l’islam). La frontière est dorénavant marquée par le fleuve Araxe (Երասխ), laquelle prend sa source en Turquie et se jette dans la mer Caspienne (en Azerbaïdjan, dans un delta commun avec la Koura ou Mt’kvari (მტკვარი), le grand fleuve géorgien). On rappelle que cette frontière est fermée depuis la guerre du Haut-Karabagh. Du monastère, il est possible d’apercevoir quelques villages turcs (en fait, kurdes) avec leurs minarets. Le mont Ararat (Մասիս, en turc Ağrı Dağı, altitude 5165 m) est un stratovolcan recouvert de glaciers et de neiges éternelles, bien que la taille de cette calotte diminue d’année en année. Le volcan quoique endormi a connu une petite éruption en 1840. Au sud de l’Ararat on peut aussi apercevoir un cône secondaire, appelé Petit Ararat (Փոքր Արարատ, 3925 m).

Monastère de Khor Virap (Խոր Վիրապ), le 31 juillet 2017

L’histoire du monastère de Khor Virap nous ramène au IVe siècle avec Grégoire l’Illuminateur (Գրիգոր Ա Լուսաւորիչ). Au début conseiller influent du roi païen Tiridate IV d’Arménie, il se convertit au christianisme ce qui lui valut la perte de confiance du roi, lequel le jeta aux oubliettes où il resta 13 ans. Le roi ayant par la suite martyrisé et tué deux vierges chrétiennes venues de Rome (Gayané et Hripsimé), il tomba soudain malade. Nul médecin ne parvenait à le guérir. Il apparut alors que Grégoire était la seule personne en mesure de guérir le roi. Tiré de sa fosse, celui-ci exécuta le miracle, ce qui entraîna la conversion du roi Tiridate et à sa suite de toute l’Arménie, premier pays chrétien de l’histoire. Grégoire devint le premier Catholicos de l’église d’Arménie.

Monastère de Khor Virap (Խոր Վիրապ), le 31 juillet 2017Monastère de Khor Virap (Խոր Վիրապ), le 31 juillet 2017

La visite du monastère inclut l’église (dotée d’un gavit ainsi que d’une coupole à tambour octogonal), mais aussi celle de la fosse où fut enfermé Grégoire : il faut descendre par une échelle un peu vertigineuse. Plusieurs moines vivent encore de nos jours dans ce monastère.

Monastère de Khor Virap (Խոր Վիրապ), le 31 juillet 2017Monastère de Khor Virap (Խոր Վիրապ). La fosse où fut enfermé Saint-Grégoire l’Illuminateur, le 31 juillet 2017Monastère de Khor Virap (Խոր Վիրապ). La fosse où fut enfermé Saint-Grégoire l’Illuminateur, le 31 juillet 2017

Khatchkar sur le site de Khor Virap (Խոր Վիրապ), le 31 juillet 2017Le mont Ararat (Մասիս) vu de Khor Virap (Խոր Վիրապ), le 31 juillet 2017Monastère de Khor Virap (Խոր Վիրապ), le 31 juillet 2017

Après la visite, nous avons repris la route vers le sud, laquelle longe pendant encore quelques kilomètres la vallée du fleuve Araxe et la frontière turque. Mais la route oblique rapidement vers l’est en direction des montagnes, du fait de la présence du Nakhitchevan, exclave azérie coincée entre l’Arménie et l’Iran (mais isolée du reste de l’Azerbaïdjan). Autrefois peuplée d’Arméniens, cette zone fut concédée par Staline aux Azéris de sorte qu’il n’y vit plus un seul Arménien de nos jours. La frontière entre l’Arménie et le Nakhitchevan est fermée, et la voie ferrée (qui emprunte la vallée de l’Araxe et qui permettait de communiquer avec l’Iran) et de ce fait inutilisable. Lors de la guerre du Haut-Karabagh en 1993, les agences de presse occidentales racontaient que le Nakhitchevan était resté en dehors du conflit. En réalité, des tireurs d’élite azéris, postés sur les collines du Nakhitchevan, tiraient sur les véhicules circulant sur la route (celle que nous empruntons aujourd’hui), laquelle route constitue la principale voie de communication depuis Erevan avec le sud de l’Arménie et avec l’Iran. D’où la construction par l’Arménie d’un talus protecteur toujours visible, ainsi que de guérites aujourd’hui abandonnées.

Il est prévu aujourd’hui une seconde randonnée dans les montagnes arides, dans le secteur du village d’Areni (Արենի) et en direction du monastère de Noravank (Նորավանք). Une randonnée in fine assez brève, mais il est possible que notre guide l’ait écourtée en raison de notre retard sur le programme. Notons que là aussi, nous sommes en vue du Nakhitchevan dont les barbelés sont visibles sur certaines crêtes. Le sentier que nous suivons constituait la principale voie d’accès au monastère avant que les Soviétiques ne construisent une route au fond du cañon (gorge de la rivière Amaghou, Ամաղու). L’endroit est très sec, on nous dit de prendre garde aux serpents (parfois très venimeux) mais nous n’en verrons pas.

Randonnée en direction du monastère de Noravank (Նորավանք), le 31 juillet 2017Randonnée en direction du monastère de Noravank (Նորավանք), le 31 juillet 2017

L’aiguille naturelle que j’ai photographiée à droite se dresse à une trentaine de mètres en contrebas du sentier. La tradition pour les pèlerins était de tenter de l’atteindre avec des petits cailloux en faisant un vœu. Nos deux guides (Georges et le guide local) s’y sont exercés sans y parvenir. Ci-dessous, le monastère tel que nous avons pu l’apercevoir à la fin de la randonnée.

Randonnée en direction du monastère de Noravank (Նորավանք), le 31 juillet 2017Près du monastère de Noravank (Նորավանք), le 31 juillet 2017

Le monastère de Novarank est constitué de deux églises datant des XIIIe et XIVe siècles. La plus remarquable des deux est l’église secondaire, Sainte-Mère-de-Dieu (Sourp Astvatsatsin) dont l’architecture à deux niveaux est très originale. Le niveau supérieur s’atteint par un escalier fort étroit dépourvu de barrière de protection : il y avait paraît-il une ou deux chutes par an avant que ne soit installée une rampe. Je concède que je n’ai pas eu le courage d’escalader cet escalier, ce qu’a fait une petite moitié du groupe. La salle inférieure est en fait le caveau funéraire d’un notable des environs. Cette église est aussi orientée différemment, oblique par rapport à la direction usuelle en Arménie qui est l’est.

Monastère de Noravank (Նորավանք), église Sainte-Mère-de-Dieu (Sourp Astvatsatsin), le 31 juillet 2017Monastère de Noravank (Նորավանք), église Sainte-Mère-de-Dieu (Sourp Astvatsatsin), le 31 juillet 2017Monastère de Noravank (Նորավանք), église Sainte-Mère-de-Dieu (Sourp Astvatsatsin), le 31 juillet 2017

L’église principale du site, Saint-Jean-le-Précurseur (Sourp Karapet), est quant-à-elle dotée d’un gavit. On notera aussi la présence de tombes à l’intérieur, disposées de telle sorte qu’il est impossible de ne pas les piétiner.

Monastère de Noravank (Նորավանք), église Saint-Jean-le-Précurseur (Sourp Karapet), le 31 juillet 2017Monastère de Noravank (Նորավանք), église Saint-Jean-le-Précurseur (Sourp Karapet), le 31 juillet 2017

Cette journée particulièrement chargée n’était pas encore achevée : il nous restait encore à visiter la grotte d’Areni-1, celle où fut trouvée la fameuse sandale préhistorique. Cette grotte naturelle creusée dans le calcaire est asséchée depuis plusieurs siècles ce qui explique la bonne conservation des objets préhistoriques. Les fouilles, commencées il y a une dizaine d’années, sont toujours en cours (d’autres grottes ont par ailleurs été repérées dans la vallée qui seront fouillées ultérieurement). On accède à la grotte après une courte ascension, et il y a plusieurs salles à l’intérieur.

Grotte d’Areni-1, le 31 juillet 2017Grotte d’Areni-1, le 31 juillet 2017

Grotte d’Areni-1, le 31 juillet 2017

La sandale a été découverte à l’entrée de la grotte. Dans les salles intérieures, on a surtout trouvé des restes de vinification qui remontent à 6000 ans : ce serait là l’origine de la fabrication du vin (à rapporter aux feuilles de vigne qu’aurait trouvées Noé en descendant du mont Ararat).

Nous avons ensuite gagné notre chambre d’hôtes à Eghegnazor (Եղեգնաձոր), où nos hôtes avaient organisé une dégustation de vin à laquelle je n’ai pas assisté. Le ciel s’est couvert pendant la soirée, et à la fin du repas, a éclaté un orage accompagné d’une très forte averse de grêle. Fort heureusement, le temps sera rétabli le lendemain matin.

Nous avons effectué le lendemain une assez longue et belle randonnée jusqu’à l’église isolée de Spitakavor (Սպիտակավոր) ; une randonnée en boucle avec une montée par les vallées et une descente par les crêtes.

Randonnée vers l’église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017

On arrive assez rapidement à une gorge avec, sur plusieurs centaines de mètres, un sentier taillé dans la paroi. Un rumeur circule comme quoi une riche famille arménienne aurait enterré un trésor dans le secteur, mais personne n’a jamais rien trouvé.

Randonnée vers l’église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017Randonnée vers l’église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017

Nous passons par une petite bergerie isolée habitée par un couple âgé, après quoi la montée s’accentue (il y a 600 m de dénivelé pour arriver jusqu’à l’église).

Randonnée vers l’église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017Randonnée vers l’église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017Randonnée vers l’église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017

Puis nous approchons progressivement de l’église.

L’église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017L’église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017

L’église de Spitakavor date du XIVe s. Une partie de son toit à disparu à la suite d’un séisme, et l’édifice a été restauré à l’époque soviétique.

Église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017

Une particularité remarquable du site est la présence de la tombe de Garéguine Njdeh (Գարեգին Նժդեհ) (1886-1955), opposant arménien au régime soviétique. Njdeh avait fondé en 1921 une république sécessionniste, l’Arménie montagnarde (Հայերեն Հանրապետություն լեռնային) (capitale : Goris). Cette république dura quelque mois à peine avant d’être écrasée par l’Armée Rouge. Njdeh vécut ensuite en exil mais finit par être arrêté par le KGB pour finir sa vie au goulag. Le rapatriement de son corps par des patriotes arméniens se fit dans des conditions rocambolesques (en soudoyant le gardien du goulag). Le catholicos de l’église d’Arménie (lequel ne brillait sans doute pas par son courage…) refusa pendant plusieurs années d’inhumer le corps près d’une église, craignant la réaction des autorités soviétiques. Une inhumation secrète dans ce lieu isolé eut finalement lieu en 1983.

Église de Spitakavor (Սպիտակավոր). Tombe de Garéguine Njdeh (Գարեգին Նժդեհ) (1886-1955), opposant arménien au régime soviétique qui avait fondé en 1921 la république de l’Arménie montagnarde (Հայերեն Հանրապետություն լեռնային), le 1ᵉʳ août 2017L’église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017Église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017

Quelques photos de l’itinéraire de retour par les crêtes, lequel aurait été plus facile sans le décollage inopiné de ma chaussure (j’avais déjà eu un problème similaire il y a quelques années, au cours d’une randonnée dans l’Allier). Heureusement, j’avais aujourd’hui emporté des sandales en prévision d’un hypothétique torrent, lesquelles me seront très utiles pour terminer la randonnée. Pour ce qui est des autres balades du voyage (y compris dans le Grand Caucase), des tennis feront finalement l’affaire.

Retour de l’église de Spitakavor (Սպիտակավոր), le 1ᵉʳ août 2017

Nous avons terminé très tard cette balade, bien plus tard que l’horaire prévu. Mais il nous restait encore une longue route à faire jusqu’à Goris dans le sud de l’Arménie, entrecoupée d’une visite ! Dans tout ce voyage nous aurons couru après le temps, probablement en raison du rythme de marche du groupe. Pendant le transfert, nous avons tout d’abord franchi le col de Sissian (Սիսիան), 2346 m. Le col est marqué d’un monument de style soviétique ; il y a aussi une source aux propriétés paraît-il bénéfiques (soit-dit en passant, une source qui jaillit sur un col cela ne paraît pas très naturel). De nombreux camions iraniens font halte à cet endroit : les échanges entre l’Iran et l’Arménie sont assez importants, rappelons qu’il s’agit de l’une des deux seules frontières de l’Arménie qui soit ouverte.

Près du col de Sissian (Սիսիան), le 1ᵉʳ août 2017Près du col de Sissian (Սիսիան), le 1ᵉʳ août 2017
Monument soviétique au col de Sissian (Սիսիան), le 1ᵉʳ août 2017Région du Syunik (Սյունիք), le 1ᵉʳ août 2017

Le col de Sissian donne accès au Syunik (Սյունիք), la région sud de l’Arménie, frontalière de l’Iran mais aussi du Haut-Karabagh. Le climat du Syunik est plus tempéré et le paysage plus verdoyant que le reste de l’Arménie (ces collines me faisaient un peu penser à la Mongolie). Notre guide a évoqué ce qu’étaient pendant la période soviétique et dans cette région, les kolkhoses et les sovkhoses ; mais j’ai trouvé ses explications un peu confuses.

Nous avons effectué une assez longue halte au site mégalithique de Karahundj (Քարահունջ), aussi appelé Zorats Karer (Զորաց Քարեր). Il s’agit d’un ensemble de pierres dressées alignées, s’organisant autour d’un massif qui rappelle un peu les tumulus bretons avec un dolmen au centre. Néanmoins, il ne semble pas qu’ils s’agisse d’un ensemble funéraire.

Site mégalithique de Karahundj (Քարահունջ), le 1ᵉʳ août 2017. Aussi appelé Zorats Karer (Զորաց Քարեր)Site mégalithique de Karahundj (Քարահունջ), le 1ᵉʳ août 2017

Le fait que certaines pierres soient percées (et que l’alignement des trous ait une inclinaison proche de la latitude du lieu) a un temps orienté les chercheurs vers une piste astronomique. Ce serait à partir de l’alignement de ces trous et la conjonction avec celui de certains astres qu’on ait pu dater le site, entre 6000 et 8000 ans. La boutique touristique de Karahundj vend un ouvrage rédigé en russe étayant cette théorie, Georges qui n’était guère scientifique a dit l’avoir lu mais n’avoir rien compris. Il semblerait du reste que ces théories datant de l’ère soviétique, soient maintenant remises en cause.

Site mégalithique de Karahundj (Քարահունջ), le 1ᵉʳ août 2017. Aussi appelé Zorats Karer (Զորաց Քարեր)Site mégalithique de Karahundj (Քարահունջ), le 1ᵉʳ août 2017. Aussi appelé Zorats Karer (Զորաց Քարեր) (ce n’est pas un tumulus, nous ne sommes pas en Bretagne !)
Site mégalithique de Karahundj (Քարահունջ), le 1ᵉʳ août 2017. Aussi appelé Zorats Karer (Զորաց Քարեր) (ce n’est pas un tumulus, nous ne sommes pas en Bretagne !)

C’est finalement à Goris (Գորիս) que nous avons passé la nuit dans un « hôtel de charme ». Aux confins du Haut-Karabagh, Goris est située dans un site naturel remarquable d’origine volcanique, parsemé de cheminées de fées où sont percées des cavités troglodytes, donnant au lieu le surnom de « Cappadoce arménienne ». Il est regrettable malheureusement, que la visite de la Cappadoce arménienne n’ait pas été au programme de notre voyage. Nous nous sommes donc ce soir d’une vue d’ensemble de la ville (l’heure était très tardive et la lumière très basse, j’ai donc fait ce que j’ai pu).

Goris (Գորիս), la « Cappadoce arménienne », le 1ᵉʳ août 2017

Nous avons (presque) exclusivement consacré la journée suivante au plus célèbre monastère d’Arménie et à ses environs : le monastère de Tatev (Տաթեվ, prononcer Tatief) ; monastère dont la silhouette était d’ailleurs peinte à l’arrière de notre minibus. Nous avons donc procédé à la visite de l’édifice mais aussi à une longue descente pédestre dans le très spectaculaire cañon de la rivière Vorotan (Որոտան) au-dessus duquel est bâti le monastère. Le monastère est normalement accessible par une route en terre, mais il semble bien que notre véhicule qui n’était pas 4×4, n’était pas en mesure de l’emprunter. Aussi notre guide a-t-il réussi à nous convaincre d’utiliser à l’aller et moyennant un supplément, le tout nouveau téléphérique qui permet de gagner en quelques minutes le monastère depuis la rive opposée du cañon. Ce téléphérique, d’une longueur de 5,7 km, est présenté comme le plus long du monde. Il a été mis en service en 2010 et est de conception helvétique.

Téléphérique du monastère de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017. D’une longueur de 5,7 km et de conception helvétique, il est présenté comme le plus long du monde

Nous avons attendu la benne quelque temps ce qui ne nous a pas mis en avance. La vue sur la vallée depuis le téléphérique est néanmoins très spectaculaire (on aperçoit notamment une tour de guet placée sur un promontoire, puis l’ermitage de Tatev construit au fond du cañon et enfin le site naturel du pont du Diable). Évidemment, la prise de vue à travers les vitres n’est pas idéale. La benne passe à 260 m au-dessus du fond du cañon.

Une fois arrivés, et avant d’entamer la visite, notre guide nous a proposé de marcher quelque temps sur la route en terre afin d’admirer la vue sur le monastère. Une idée pas mauvaise sur le fond mais qui nous a de nouveau coûté un temps non négligeable. D’autant que la vue était gâchée par un élément regrettable : la restauration en cours de l’église de Sainte-Marie (bâtie sur les fortifications), toute bâchée en blanc ce qui jurait avec les autres monuments. (C’est pourquoi à l’exception d’une seule, mes photos coupent toutes l’église Sainte-Marie.

Monastère de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017

Bâti sur un promontoire qui constitue une défense naturelle, le monastère est fortifié sur le quatrième côté. On trouve sur ces fortifications des meurtrières et des mâchicoulis (bien que remise en cause en Occident, la théorie des jets d’huile bouillante a toujours cours ici car l’huile était très abondante : cf plus bas le pressoir). Le monastère date du 14e siècle, il a aussi abrité en ses murs une université, attirant et faisant vivre à son apogée des centaines de personnes. Il fut (naturellement) déserté à soviétique.

Monastère de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017. Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul

Le monastère a souffert d’un grave tremblement de terre en 1931. En particulier, le clocher qui surmontait l’entrée de l’église principale (l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul) s’est écroulé, de même que le dôme de cette église. La restauration entreprise par les Soviétiques s’est éternisée (elle n’est donc pas terminée), et le clocher n’a jamais été reconstruit.

Quelques moines se sont réinstallés dans ce monastère depuis quelques années, après autorisation des autorités ecclésiastiques. Ces moines sont très stricts quant à la tenue des visiteurs, les femmes doivent revêtir une toile (disponible à l’entrée) par-dessus leur pantalon en guise de jupe, et un foulard sur leur tête. Les hommes venant en bermuda sont aussi sommés de rectifier leur tenue, pour un résultat frisant parfois le ridicule…

Monastère de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017. Intérieur de l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul

À côté de l’église principale, on trouve une église plus petite (Saint-Grégoire). Autre élément remarquable du monastère, la tour Gavazan (colonne pendulaire), haute de 8 mètres ; le déplacement de son sommet en cas de mouvement tellurique, facilement détectable, constituait un utile avertisseur, tant de l’imminence d’un séisme que de celle d’une attaque, puisque la plupart des envahisseurs arrivaient à cheval.

Monastère de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017. Le mouvement de cette colonne avertissait de l’imminence d’un danger

Nous avons également (et longuement) visité les monuments annexes : logements des moines, garde-manger, réfectoire (comme dans les monastères en Occident des psaumes étaient lus à haute voix pendant les repas), les écuries. Pour terminer, à l’extérieur des fortifications, l’ancienne meule et le pressoir à huile.

Près du monastère de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017Monastère de Tatev (Տաթեվ). Le cañon vu du monastère, le 2 août 2017
Près du monastère de Tatev (Տաթեվ). Meule comme dans Samson et Dalila, le 2 août 2017

Bien que mue par des animaux, cette meule me fait penser au début de l’acte 3 de l’opéra Samson et Dalila.

La visite avait duré plus longtemps que prévu : pourtant la journée était loin d’être terminée. Avant d’entamer la randonnée, nous avons déjeuné (notre pique-nique) dans un établissement de restauration situé non loin du monastère. La marche ensuite (accompagnée comme d’habitude par un guide local en plus de Georges) consistait à descendre au fond du cañon de Vorotan par un sentier en lacet. Particularité de cet itinéraire, il est situé sous les câbles du téléphérique. Si le passage de la benne est silencieux, les petites roues soutenant le câble tracteur produisent un très léger grésillement dont on a un temps l’impression qu’ils proviennent d’une hypothétique nuée d’insectes. Nous avons rencontré plusieurs personnes au cours de cette descente, notamment des touristes tchèques.

Randonnée sous le monastère de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017Randonnée près du monastère de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017. En direction de l’ermitage

Au fond de la vallée se trouve un ermitage du XVIIIe siècle, qui lui aussi est de nouveau occupé depuis quelques années par un moine qui y vit seul (Il monte chaque semaine au monastère pour assister à la messe, et retourne voir sa famille deux fois par ans). Les bâtiments de l’ermitage, qui incluent une église aujourd’hui désaffectée, étaient à l’époque habités par plusieurs dizaines de moines (l’ermitage n’en est donc pas vraiment un). Fait remarquable, chaque cellule de moine était équipée d’une cheminée, il faut dire que les hivers sont rudes en Arménie.

Ermitage de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017Ermitage de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017
Ermitage de Tatev (Տաթեվ), le 2 août 2017

Nous avons terminé la randonnée, d’abord en longeant le fond du cañon pour traverser (facilement) la rivière, puis en remontant jusqu’à la route.

Pont du Diable, le 2 août 2017

La balade s’achevait au site naturel du pont du Diable, une passage où la rivière est souterraine sur une centaine de mètres, et ce bien que la roche soit de nature volcanique et non karstique. L’endroit est très fréquenté (surtout par des Arméniens). Nous sommes allés voir cela de plus près, il y avait des sources chaudes où des gens se baignaient mais ça ne faisait pas trop envie. Il était également possible de descendre jusqu’au torrent, en particulier pour se baigner, mais au prix d’acrobaties qui ne sont plus de mon âge ni de celui des autres participants.

Deux ultimes photos du site prises depuis le minibus. Avec en particulier la tour de guet que nous avions aperçue plus tôt depuis le téléphérique.

Cette tourelle avertissait (le monastère) de l’imminence d’un danger (2 août 2017)

Pourtant, une longue étape restait encore à parcourir. en minibus, alors que la journée était déjà très avancée. De fait, nous devions refaire dans l’autre sens l’intégralité de l’étape de la veille, puis poursuivre au-delà d’Eghegnazor où nous avions dormi l’avant-veille. Nous avons par ailleurs trouvé la conduite de notre chauffeur un peu rapide, voire dangereuse (nonobstant la présence de vaches sur la route). Nous sommes arrivés à notre hébergement à la nuit tombée. Ce dernier se trouvait à Hermon (Հերմոն) dans une sorte de village de vacances dont la conception me paraissait fort soviétique même si notre guide Georges a affirmé le contraire. L’établissement proposait un certain nombre d’équipements de loisirs (piscine, terrains de sport, dancing) dont nous n’aurions nullement le temps de profiter. Le tout pour des chambres exiguës et fort mal conçues, et un réfectoire rappelant davantage une (mauvaise) cantine d’entreprise qu’un lieu gastronomique. Petit plus un peu original tout de même, l’a possibilité offerte d’observer la lune à travers une lunette astronomique ; mais il n’y avait que moi dans le groupe que le sujet intéressait un tantinet.

Encore une journée très chargée le lendemain, mais nous avons perdu une heure d’entrée de jeu, grâce aux talents du chauffeur qui a oublié le pique-nique et ne s’en est aperçu qu’au bout d’une demi-heure de route. Nous avons fait demi-tour, ce qui nous a in fine coûté l’ascension du volcan éteint Armaghan car les nuages avaient monté entre temps.

Nous avons effectué une première halte au caravansérail de Sélim (Օրբելյանների Քարվանսարա), situé sur la route du col éponyme. Ce caravansérail arménien date du XIVe s. Il était situé sur l’une des routes de la soie. Son architecture ne ressemble pas aux caravansérails turcs que j’ai pu visiter en Turquie et en Ouzbékistan : le bâtiment est linéaire, il n’y a pas de cour. L’intérieur est fort sombre, il y a une suite de stalles pour les chevaux et des pièces de vie. Au fond, deux salles obscures étaient paraît-il le lieu d’activité des filles de joie.

Caravansérail de Sélim, le 3 août 2017

Un marchand de souvenirs ambulant se tenait près du caravansérail, mais son véhicule m’a davantage intéressé que son étalage : une Jigouli (Жигули) (Fiat) soviétique datant des années 1970.

La Jigouli (Жигули) modèle 1972 n’est pas à vendre, le 3 août 2017

Nous avons ensuite franchi le col et sommes rapidement arrivés dans les parages du volcan Armaghan (Արմաղան լեռ) (2829 m). Cette région reculée d’Arménie est habitée par une minorité, récemment sous les feux de l’actualité en raison des exactions qu’elle a subies en Syrie et en Irak : les yézidis. Les yézidis, qui vivent en marge de plusieurs pays du Moyen-Orient (Arménie, Géorgie, Turquie, Irak, Iran), pratiquent une religion qui ne relève ni du christianisme, ni de l’islam. Cette religion monothéiste serait une survivance du mithraïsme auquel se seraient mêlés des apports d’autres religions. La transmission de la culture yézidie est essentiellement orale, et leur société est organisée en castes. Et pour paraphraser la formule de Georges qui nous a fait beaucoup rire, le mariage entre castes voire hors de la communauté yézidie est « strictement découragé ».

Nous avons mis beaucoup de temps avant de démarrer l’ascension du volcan, notamment parce que nous avons dû faire un détour par les rives du lac Sevan (Martuni, Մարտունի) pour prendre le guide local chargé de nous accompagner. Ce délai a permis aux nuages d’orage de monter, ce qui n’avait pourtant pas l’air d’inquiéter outre mesure nos organisateurs, tant que durait l’assez longue marche d’approche jusqu’au volcan.

Le volcan Armaghan (Արմաղան լեռ) dont l’ascension eût payé..., le 3 août 2017

Les choses ont véritablement commencé à se préciser quand nous avons attaqué l’ascension. Nous avons pourtant continuer à monter jusqu’à environ 150 m sous le sommet, avant que nos guides commencent à se poser des questions. En fait le guide local souhaitait continuer (quitte à aller s’abriter dans la chapelle construite au sommet) tandis que Georges préférait faire demi-tour. Après une première halte dans un précaire abri métallique (lequel n’assurait pas la moindre protection contre la foudre !), nous avons amorcé la descente, face à la pente. J’étais assez déçu de n’avoir pu mener à bien cette ascension.

Troupeaux sur les flancs du volcan Armaghan (Արմաղան լեռ), le 3 août 2017

C’est dans un endroit très étonnant que nous nous sommes finalement abrités : un tunnel de lave formant une petite caverne, qui avait paraît-il servi à l’organisation de réunions anti-bolcheviques. Nous y avons attendu la fin de la pluie une petite demi-heure, en profitant pour pique-niquer malgré l’inconfort et l’exiguïté du lieu.

Abri dans un tunnel de lave du volcan Armaghan (Արմաղան լեռ), le 3 août 2017

Nous sommes repartis à la fin de la pluie, le temps était de nouveau complètement dégagé quand nous avons regagné les véhicules ! De quoi être véritablement écœuré.

On y retourne ?, le 3 août 2017

La suite de notre itinéraire en véhicule au cours duquel nous avons longé les rives du lac Sevan. Pour rappel le lac Sevan l’unique réserve d’eau douce de l’Arménie, jouant le rôle de mer intérieur dans ce pays dépourvu de débouché maritime. Il est situé à l’altitude de 1900 m, c’est d’après Georges le second lac d’altitude du monde après le Titicaca. Mais le niveau de son eau a beaucoup baissé à l’ère soviétique car le cours de son émissaire, le Hrazdan (Հրազդան), a été utilisée pour la production hydroélectrique. Actuellement la baisse semble jugulée et le niveau est même un peu remonté, grâce au redémarrage de la centrale nucléaire de Metsamor.

Rives du lac Sevan (Սևանա լիճ), le 3 août 2017

La visite suivante était consacré au vaste cimetière de Noradouz (Նորատուսի գերեզմանատուն). Il s’agit du plus vaste cimetière de khatchkars d’Arménie et maintenant du monde. La plupart de ces khatchkars sont historiques, les plus anciens remontant au IXe siècle (mais on trouve aussi quelques tombes très récentes). Notre guide nous expliqué en détail les décorations de certaines stèles parmi les plus anciennes. Ces pierres sont toujours orientées vers l’est. Le mort a les pieds au niveau du khatchkar de telle sorte qu’il regardera vers l’est lors de sa résurrection, d’où doit revenir le Christ. Sur les khatchkars on voit toujours une croix, parfois Jésus, mais jamais le Christ sur la croix (une telle représentation n’existe nulle part en Arménie, excepté sur des icônes offertes par d’autres églises). Noradouz a été plusieurs fois saccagé, notamment par les Mongols puis par Tamerlan. On peut voir des Mongols sur certaines sculptures. Certaines stèles laissent aussi deviner la profession de la personne qui est enterrée.

Cimetière de Noradouz (Նորատուսի գերեզմանատուն), le 3 août 2017

Il existait il y a encore peu de temps un cimetière de khatchkars encore plus vaste et intéressant que celui-ci : le site de Djoulfa qui était situé sur le territoire du Nakhitchevan, non loin de la frontière iranienne. Ce site a été entièrement rasé par les Azéris en 2003 (sans que nos indignocrates islamophiles de service n’en pipent le moindre mot). La vidéo de cette exaction (pas encore censurée à ma connaissance) peut être consultée sur youtube : https ://www.youtube.com/watch?v=_gdIDEgDKK4.

Encore quelques photos des rives du lac. Nous y avons même fait une brève halte où certains (je devrais plutôt écrire certaines) se sont trempés les pieds. Nous étions à proximité de la ville de Sevan. Le monastère de Sevanavank (Սևանավանք), bâti sur une presqu’île du lac qui était autrefois une île, n’était pas au programme de notre voyage.

Sur les rives du lac Sevan (Սևանա լիճ), le 3 août 2017

Quittant les rives du lac, nous avons emprunté un tunnel de 2,5 km de long (le tunnel de Dilidjan) nous a fait changer de région pour celle de Tavush (Տավուշ). Changement de région, mais aussi changement radical de paysage, puisque nous avons trouvé là un univers boisé, à mille lieues du cliché habituel de l’Arménie. Le Tavush est parfois surnommé la Suisse arménienne, c’est l’endroit préféré de la plupart des Arméniens mais pas nécessairement des touristes (un genre de paysage pour nous un peu trop familier, on pourrait se croire dans le Jura ou dans les Ardennes).

Après une nuit chez l’habitant à Dilidjan, nous avons effectué le lendemain matin une randonnée sylvestre dans le parc national du même nom. Je n’ai pas été subjugué par cette balade (exception faite de l’arrivée en vue du monastère), d’autant que la route pour s’y rendre était tellement mauvaise que c’est tout juste si notre bus a pu passer, nonobstant les conséquences dont je parlerai plus tard. La balade, démarrant d’un petit lac (le lac Parz, Պարզ լիճ) près duquel est installé une accrobranche, s’élevait doucement en forêt jusqu’à franchir un col. Cette fois-ci, je n’ai pas pu couper aux haltes botaniques. Seul élément à retenir (à mon avis) dans ce registre, la présence de berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum), une plante à feuille large dont le contact est susceptible de brûler au second degré. On trouvait aussi des champignons vénéneux.

Randonnée dans le parc de Dilidjan (Դիլիջան), le 4 août 2017

Après le col, le paysage s’est éclairci. Nous sommes descendus sur l’autre versant par des routes en terre, laissant apercevoir le monastère de Gochavank dont la visite était ensuite programmée.

Monastère de Gochavank (Գոշավանք), le 4 août 2017Monastère de Gochavank (Գոշավանք), le 4 août 2017

(Ci-dessus à droite, et bâti un peu en hauteur par rapport au monastère — ce dernier également visible sur la photo — l’ermitage où termina ses jours Mkhitar Goch (1120-1213) (Մխիթար Գոշ), le fondateur du monastère. Goch était également un fabuliste qui a rédigé un livre des Lois et un livre de fables à la manière d’Ésope.)

Endommagé par un séisme, le monastère de Gochavank est actuellement en restauration ; ce qui a valu l’installation de coupoles en verre, au grand dam des habitants du village, auxquels on a fait croire que cette installation était provisoire. (Soit dit en passant, je donne ma main à couper que Macron médite le même genre de méfait pour Notre-Dame).

Monastère de Gochavank (Գոշավանք), le 4 août 2017

L’église principale du monastère s’appelle Sourp Astvatsatsin (« Sainte-Mère-de-Dieu »), elle est dotée d’un gavit.

Monastère de Gochavank (Գոշավանք), le 4 août 2017Monastère de Gochavank (Գոշավանք), le 4 août 2017Monastère de Gochavank (Գոշավանք). Joli khatchkar (խաչքար) à côté du monastère, le 4 août 2017

Une partie de l’édifice a réutilisé a réutilisé un mur cyclopéen qui datait de l’âge de fer (?), construit en blocs jointifs sans mortier à la manière des murailles de Mycènes.

Monastère de Gochavank (Գոշավանք). Mur cyclopéen de l’âge de fer, le 4 août 2017Monastère de Gochavank (Գոշավանք), le 4 août 2017

C’est après le déjeuner suivant la visite de ce monastère, que notre groupe s’est scindé. L’un d’entre nous, Henri, ne partait pas en Géorgie. Il a donc terminé sa visite de l’Arménie avec un chauffeur et un guide pour lui tout seul. Je pense qu’en rentrant à Erevan il a visité Etchmiadzin (Էջմիածին), le siège de l’église apostolique arménienne, site classé à l’Unesco ; nous pas. C’est très certainement un manque, la rançon de la Géorgie sans doute. Peut-être que je n’ai pas fait le bon choix de visiter ces deux pays en un seul voyage.

Quant à nous, nous sommes tout d’abord retournés à Dilidjan pour en visiter le vieux quartier. Visite semble-t-il prévue la veille mais (pour ne rien changer) notre retard sur le planning nous en avait empêchés. Il s’agit en fait d’un quartier reconstitué et aménagé en boutiques de souvenirs. C’est joli, un peu bobo, touristique, mais peu authentique à mon avis.

Vieux quartier rénové dans la ville de Dilidjan (Դիլիջան), le 4 août 2017

J’avoue que cette fausse colonnade gréco-romaine m’intrigue…

Nous avons ensuite pris la route de Gyumri (Գյումրի) la seconde ville d’Arménie. En chemin, le guide nous a évoqué la minorité des Moloques qui vit dans la région. Les Moloques sont une communauté religieuse apparue en Russie sous le règne d’Ivan le terrible, adeptes d’une lecture littérale de la Bible et en rupture avec l’église orthodoxe. Persécutés sous Catherine II, ils furent obligés de s’exiler, pour partie en Arménie. À l’instar des Mennonites que j’ai pu voir au Mexique, les Moloques refusent tout ce qui se réfère à la modernité : il va donc sans dire que leur survie sous le régime communiste ne se fit pas sans heurts. Les Moloques parlent russe, sont de type slave (blonds aux yeux bleus) et se marient entre eux ; mais contrairement aux yézidis leur société n’est pas divisée en castes. Notre guide a aussi évoqué les Vieux-Croyants, encore plus rigoristes que les Moloques (ils sont évoqués dans l’opéra de Moussorgski la Khovantchina), mais qui ne sont pas implantés en Arménie.

Un orage a soudainement éclaté alors que notre minibus était en train de franchir le col séparant la vallée de Dilidjan de celle de Vanadzor. Mais un malheur n’arrivant jamais seul, voici qu’un pneu du véhicule a soudainement éclaté : c’est que le véhicule n’était pas vraiment conçu pour la route montagnarde du matin. Le chauffeur devait changer la roue, dans ce genre de circonstance se trouve toujours d’habitude dans les groupes, quelque altruiste ostentatoire qui se précipite pour proposer son aide. Mais là bizarrement, personne n’avait envie d’être mouillé ! Et le chauffeur n’a même pas osé nous demander de sortir du véhicule. Aidé du seul guide, il est sorti sous l’averse, a installé le cric et s’est couché sous le minibus… avec tous les passagers à l’intérieur ! En vingt ans de voyages c’était la première fois que je voyais ça. Tout juste nous a-t-on demandé de rester à nos places et de ne pas trop bouger. Le chauffeur, un homme assez corpulent et semble-t-il peu sportif, a paru éreinté par cette épreuve. Quant à la solution intermédiaire qui eût consisté à sortir et à changer la roue, mais seulement après la fin de l’orage (un quart d’heure à peine !), personne n’y avait semble-t-il songé.

Nous avons ensuite continué jusqu’à la ville de Vanadzor (Վանաձոր), où deux roues du véhicule seront finalement changées lors d’une halte au garage. Nos avons profité de cette halte pour photographier les immeubles soviétisants des alentours, où les habitants avaient installé un système de cordes à linge dignes de la vieille ville de Naples. Vanadzor est la troisième ville d’Arménie (100 000 hab), c’était autrefois une ville très industrielle mais beaucoup des usines (chimiques) soviétiques sont maintenant abandonnées.

Halte à Vanadzor (Վանաձոր) (ancienne ville industrielle) pour réparer les pneus, le 4 août 2017Halte à Vanadzor (Վանաձոր). Il faut breveter le système ! (4 août 2017)
Halte à Vanadzor (Վանաձոր). Les Arméniens n’ont rien à envier aux Napolitains ! (4 août 2017)Halte à Vanadzor (Վանաձոր). Immeubles d’époque soviétique, le 4 août 2017

Il va sans dire que, malgré le caractère peu reluisant de ces cours d’immeubles, nul sentiment d’insécurité n’en émanait. Nous n’étions pas dans les banlieues françaises ! Il n’y a bien que nos politicards pour faire semblant de croire que tout n’est qu’une question d’architecture.

Nous avons finalement gagné Gyumri qui est la seconde ville du pays (150 000 hab). Nous nous sommes installés dans un hôtel de conception soviétique, pour en repartir presque immédiatement afin de visiter la ville : une fois de plus nous n’étions pas en avance. Visite qui a du reste été plus qu’escamotée car une majorité des participants a préféré faire halte dans un café. Le centre-ville de Gyumri n’est pas très authentique, la ville ayant beaucoup souffert d’un tremblement de terre survenu en 1988 de sorte que la majorité des bâtiments sont modernes. Mais d’après le guide, ce sont les bâtiments soviétiques qui se sont écroulés tandis que ceux d’époques antérieures ont été préservés. Georges a évoqué sa mère, née en Arménie occidentale mais qui a vécu dans cette ville. Elle travaillait comme rédactrice du journal interne d’une usine d’ampoules électriques, journal que personne ne lisait tellement il était inintéressant ; ayant été voir sa mère à l’usine, il avait été effaré de voir à quel point les employées bullaient. L’usine et a fortiori son journal ont disparu à la fin de l’URSS, un tel système ne pouvant évidemment pas perdurer, c’était en tout cas l’avis de notre guide. Mais les similitudes ce que nous connaissons de nos jours en occident sont à mon avis suffisamment criantes pour provoquer un questionnement.

Ci-dessous les rares photos que j’ai pu prendre de Gyumri ce soir là. Nous avons parcouru la rue piétonnière, sommes entrés (sans demander l’avis du tenancier) dans un coiffeur à l’ancienne. Ensuite nous avons été voir la grande place de la ville (place de la Liberté), pour terminer par une église (Sourp-Asdvatzadzin), d’obédience arménienne mais influencée par l’orthodoxie russe.

Visite vespérale (et écourtée) de Gyumri (Գյումրի) la seconde ville d’Arménie, le 4 août 2017Place centrale de Gyumri (Գյումրի), le 4 août 2017
Coiffeur hors d’âge à Gyumri (Գյումրի), le 4 août 2017Église arméno-orthodoxe à Gyumri (Գյումրի), le 4 août 2017

Nous avions encore un peu de temps à consacrer à Gyumri le lendemain matin, avant de partir pour la Géorgie. Nous avons commencé la matinée par ce qui est devenu un grand classique des voyages Allibert : la visite de la gare quasi désaffectée dans la ville. Il n’y a bien que les écolos bobos européens pour considérer le chemin de fer comme un mode de transport d’avenir. Partout ailleurs quand on voyage, on trouve ces installations désuètes et hors du temps, ces voies transformées en pâturages et ces convois désespérément introuvables. En ce qui concerne l’Arménie, le train qui fonctionnait (assez) bien à l’époque soviétique, a connu un coup d’arrêt avec la guerre du Haut-Karabagh (la voie qui traverse le Nakhitchevan ne permettant plus de gagner l’Iran). Il passerait encore ici à Gyumri, un ou deux trains par jour, reliant Erevan et la Géorgie. L’histoire ne dit pas en combien de temps.

Gare de Gyumri (Գյումրի), le 5 août 2017La gare (soviétique) de Gyumri (Գյումրի), le 5 août 2017

Quoique de conception soviétique, ce bâtiment n’est pas dénué d’intérêt architectural, utilisant le tuf rose à la manière des édifices arméniens traditionnels.

Autre incontournable des voyages Allibert (ou français en général) quand on a un peu de temps, le marché. Je n’ai pas grand chose à en dire.

Marché de Gyumri (Գյումրի), le 5 août 2017

Nous avons finalement rejoint la frontière géorgienne en traversant le plateau de Shirak (Շիրակ). C’est un plateau à 2000 m d’altitude environ, peu boisé : on retrouve les paysages de l’Arménie traditionnelle. Je n’en ai pas noté davantage. Le guide a traversé avec nous la frontière afin de nous mettre entre les mains de la guide géorgienne et lui transmettre quelques informations. J’ai trouvé le douanier géorgien bien plus suspicieux que l’arménien, en particulier quant il feuilleté chaque page de nos passeports à la recherche d’une éventuelle trace de passage en Ossétie du sud ou en Abkhazie.

Géorgie

Nous avons été accueillis à la frontière par notre très jeune guide géorgienne, qui se faisait appeler Nathalie (de son vrai nom Natuka Bidzinashvili). Nathalie était très sympathique et dévouée, mais son français était quelque peu perfectible. Il en était de même de son enthousiasme vis à vis des attraits de son pays, elle ne nous cachait guère son intention d’émigrer le plus rapidement possible en France.

Deux premières photos de la campagne géorgienne (nous avions changé de bus à la frontière et le géorgien était bien plus propice à la prise de vues en roulant).

Cigogne avant Ninotsminda (ნინოწმინდა Նինոցմինդա). Epremovka ou Gorelovka (on est bien plus avancé...), le 5 août 2017Scène champêtre avant Ninotsminda (ნინოწმინდა Նինոցմինդա). Le bus géorgien se prêtait moins à la prise de vues en roulant..., le 5 août 2017

Nous avons tout d’abord roulé vers le nord-ouest, dans un paysage plus accidenté que du côté arménien. Après une courte halte dans la ville de Ninotsminda (ნინოწმინდა Նինոցմինդա), une ville géorgienne dont la population est majoritairement arménienne, nous sommes passé par Akhalkalari (ახალქალაქი Ախալքալաք), également peuplée d’Arméniens. Nous avons ensuite quitté le plateau volcanique (de Djavakhétie) pour nous enfoncer dans un long cañon, celui de la rivière Paravani (ფარავანი). (Toute cette énumération de noms à coucher dehors afin de faire comprendre pourquoi j’ai tant de peine à retenir le moindre nom de lieu dans ce pays)

Nous avons ensuite atteint la forteresse de Khertvisi (ხერთვისის ციხე), qu’à défaut de visiter nous avons pu photographier à l’occasion d’une halte. Pour effectuer ces prises de vue, nous avons traversé le fleuve Mtkvari (მტკვარი), juste en amont de son confluent avec la Paravani, par un pont suspendu de type himalayen. Ce genre de pont semble assez fréquent en Géorgie mais c’est le seul que nous emprunterons. La chaleur se faisait bien sentir, nous étions pourtant à 1500 m environ.

Forteresse de Khertvisi (ხერთვისის ციხე), le 5 août 2017Forteresse de Khertvisi (ხერთვისის ციხე), le 5 août 2017

La forteresse date du 14e siècle, mais le site était déjà fortifié au 2e siècle avant J.-C.

C’est la vallée du fleuve Mtkvari que nous remontons sur quelques kilomètres pour gagner le spectaculaire site troglodyte de Vardzia (ვარძია), situé aussi très près de la frontière turque. Au passage, nous avons pu apercevoir une autre forteresse, celle de Tmogvi, თმოგვი, perchée sur les hauteurs et qui semblait inaccessible.

La ville troglodyte de Vardzia (ვარძია), le 5 août 2017

Avant de visiter le site de Vardzia qui constitue l’un des hauts lieux du tourisme en Géorgie, nous avons fait halte pour déjeuner dans un restaurant « biologique » (rien que ça je n’aime pas) qui s’est révélé être une véritable usine à touristes. Et qui a révélé un état de fait que nous n’avions pas à l’esprit : alors que l’Arménie est restée un pays authentique et assez peu touristique, la Géorgie mise à fond sur cette ressource et les visiteurs y sont très nombreux. Même si, aux dires de certains, cela ne fait que commencer.

La ville troglodyte de Vardzia (ვარძია), le 5 août 2017Montée vers la ville troglodyte de Vardzia (ვარძია), le 5 août 2017

Vardzia est une ville troglodyte du XIIe siècle, à l’origine entièrement souterraine (un peu à la manière de Kaymaklı en Cappadoce), creusée dans une falaise dominant la vallée semi-désertique du Mtkvari. La ville était au début totalement invisible depuis le bas ce qui la rendait inaccessible aux assaillants éventuels, et ce jusqu’au séisme de 1283 qui vit s’écrouler une partie de la falaise. Le nom de Vardzia vient du géorgien « je suis là mon oncle » et se réfère à une anecdote impliquant la jeune Thamar, perdue en forêt au cours d’une partie de chasse. Thamar (1160-1213) était une reine dont le règne correspond à l’âge d’or de la Géorgie.

On accède à Vardzia par une ascension facile de 150 m environ. Puis on progresse de salle en salle, parfois par des tunnels, on bien par des passages surplombant le vide mais totalement sécurisés (parfois au détriment de l’esthétique).

La ville troglodyte de Vardzia (ვარძია), le 5 août 2017

Au centre de Vardzia, l’église de l’Assomption dont les murs sont recouverts de fresques. La religion géorgienne est l’orthodoxie (contrairement à l’Arménie où l’église est autocéphale).

Vardzia (ვარძია), église de l’Assomption, le 5 août 2017

D’autres photo prises dans les galeries au cours de la visite (Natuka avait dû prendre par la main notre compagnon malvoyant, une scène sans doute touchante mais qui a considérablement allongé notre visite, au détriment de la suite du programme).

Vardzia (ვარძია), le 5 août 2017Vardzia (ვარძია), le 5 août 2017

Vardzia (ვარძია), le « passage secret », le 5 août 2017Vardzia (ვარძია), le « passage secret », le 5 août 2017Vardzia (ვარძია). La pharmacie, le 5 août 2017

Vardzia (ვარძია), le 5 août 2017Vardzia (ვარძია), le 5 août 2017Vardzia (ვარძია), le 5 août 2017

Nous avons ensuite repris le car jusqu’à la ville d’Akhaltsikhé (ახალციხე) où nous devions passer la nuit. Malgré l’heure assez tardive (et la lumière déjà crépusculaire), une autre visite était au programme, celle de la citadelle de la ville (château de Rabati, რაბათის ციხე). Un édifice initialement construit au 9e siècle, et successivement conquis par les Ottomans et les Géorgiens, d’où des éléments architecturaux disparates. Sa récente restauration, que l’on peu qualifier d’outrageuse, donne la part belle aux éléments mahométans, en particulier la mosquée dorée au centre. Il faut dire que c’est Saakachvili qui a restauré le monument, on peut penser que la dhimmitude était aussi une marque de fabrique de ce politicard géorgien coqueluche des bobos occidentaux (et dont je reparlerai à maintes reprises…). On ne pouvait pas non plus ne pas remarquer combien les visiteuses voilées étaient nombreuses sur ce site.

Akhaltsikhé (ახალციხე), le château de Rabati (რაბათის ციხე), le 5 août 2017Akhaltsikhé (ახალციხე), le château de Rabati (რაბათის ციხე), le 5 août 2017

La vue sur la ville était le principal intérêt de cette visite. Parmi les curiosités que l’on pouvait apercevoir, des anciens bains turcs, ainsi qu’un vaste cimetière juif. Les juifs, nombreux ici jusqu’à la fin de l’URSS, ont ensuite presque tous émigré en Israël ; il faut croire que le paradis du progressisme façon Saakachvili n’a pas suffi pour les convaincre de rester.

Nous avons le lendemain continué notre route en direction du Grand Caucase où nous devions randonner trois jours. Continuant à suivre la vallée du fleuve Mtkvari, principal cours d’eau du pays, nous avons rapidement atteint la ville de Gori (გორი). Gori est une ville de 600 000 habitants qui fut sous le feu de l’actualité en août 2008, lors de la guerre sud-ossète. La ville fut effet bombardée puis occupée l’armée russe ; occupation qui comme on le sait ne dura pas, puisque grâce à l’intervention de notre cher président d’alors M. Sarkozy, les belligérants acceptèrent de cesser les hostilités. Je me trouvais en Bolivie à ce moment là et je me rappelle encore la réaction de mon gauchiste de compagnon de chambre, lequel allumant la télé dans l’hôtel de la Paz au retour de trois semaines de trek pendant lesquelles nous avions été coupés du monde, avait soudainement vu apparaître l’image de ce dirigeant honni.

Mais revenons à Gori car la ville peut se targuer d’un motif de fierté autrement plus légitime que cette malheureuse affaire ossète. C’est en effet ici que naquit en 1878 l’homme politique géorgien le plus célèbre et le plus influent de tous les temps, de son vrai nom Iossif Vissarionovitch Djougachvili (იოსებ ბესარიონის ძე ჯუღაშვილი) : je veux bien évidemment parler de Joseph Staline. Il faut quand même savoir que cet immonde tyran, peut-être la pire ordure que la terre ait jamais porté, est toujours considéré comme un héros par une bonne partie de la population de la ville. Mieux, le musée Staline qui avait été aménagé à l’époque soviétique (après la mort du dictateur) autour de sa maison natale, est pour l’heure resté intact. C’est dans ce musée que nous avons effectué une courte halte.

Gori (გორი), le 6 août 2017

La visite commence par une maison de brique : la maison natale de Staline. Elle était à l’époque partagée par plusieurs familles, et faisait partie d’un quartier aujourd’hui rasé. La maison est conservée sous un vaste hangar protégé de la faucille et du marteau.

Gori (გორი), le 6 août 2017Gori (გორი), le 6 août 2017

Quelques autres photos prises dans le musée (nous n’avons pas été voir les étages du bâtiment principal). Je n’ai pas non plus osé acheter ces tasses à l’effigie du dictateur, elles auraient pourtant fait sensation le matin au boulot… À côté du musée, le wagon dans lequel Staline se déplaçait à travers l’URSS, puisque ce dignitaire communiste paranoïaque évitait de prendre l’avion.

Gori (გორი). Toujours le sieur Djougachvili, le 6 août 2017Gori (გორი). Staline qui n’a jamais pris l’avion, parcourait l’URSS dans ce wagon, le 6 août 2017Gori (გორი). Tout un musée entièrement dédié au Petit père des peuples ! (6 août 2017)

Gori (გორი). Il y a vraiment des gens qui achètent ça, le 6 août 2017Gori (გორი). Intérieur du wagon de Staline (Allibert ne l’a pas inscrit à son programme), le 6 août 2017

Un court trajet séparait Gori du site que nous avons visité ensuite, haut-lieu du tourisme géorgien au nom parfaitement impossible à retenir : Ouplistsikhé (უფლისციხე). Ouplistsikhé est une cité troglodyte remontant à la haute Antiquité et dans laquelle on trouve plusieurs vestiges pré-chrétiens, notamment un théâtre (même s’il est permis d’être déçu par ce dernier qui est dépourvu des gradins en hémicycle des théâtres grecs). Le site, moins spectaculaire que celui de Vardzia, domine la vallée du Mtkvari non loin d’une vaste usine désaffectée. Il s’agissait historiquement d’une étape sur la route de la Soie. La ville resta habitée jusqu’au Moyen-Âge, avant de subir les attaques des Mongols et de Tamerlan.

Ouplistsikhé (უფლისციხე), vue sur la rivière Mtkvari (მტკვარი), le 6 août 2017Ouplistsikhé (უფლისციხე), salle dite de la reine Thamar (თამარი ou თამარ მეფე), le 6 août 2017

On trouve à Ouplistsikhé cette salle troglodyte remaquable (au plafond de type grec), la salle dite de la reine Thamar même s’il n’est pas prouvé que cette dernière ait mis les pieds ici.

L’église d’Ouplistouli qui domine le site, date du 9e siècle et n’est pas troglodyte. Ses fresques ont été effacées à l’époque soviétique.

Ouplistsikhé (უფლისციხე), église d’Ouplistouli, le 6 août 2017Ouplistsikhé (უფლისციხე), église d’Ouplistouli, le 6 août 2017Ouplistsikhé (უფლისციხე), église d’Ouplistouli, le 6 août 2017

Comme à Vardzia, on sort du site par un passage souterrain qui servait de poterne.

Ouplistsikhé (უფლისციხე), poterne, le 6 août 2017Ouplistsikhé (უფლისციხე), notre jeune guide Nathalie, le 6 août 2017

Nous avons ensuite repris notre route en direction du massif du Grand Caucase. Quittant bientôt l’unique autoroute de Géorgie (celle menant à Tbilissi, limitée à 110 km et où des panneaux indiquent la distance jusqu’à Téhéran, 1300 km environ), nous avons obliqué pour la route dite militaire qui permet de traverser le massif pour rejoindre la Russie ; son édification remonte à l’époque tsariste. La route militaire est aujourd’hui le seul axe qui permette aujourd’hui de circuler entre la Géorgie et la Russie. La frontière, fermée lors du conflit de 2008, n’a rouvert qu’après le départ de Saakachvili (et les Géorgiens ont besoin d’un visa pour se rendre en Russie). L’itinéraire longe sans y pénétrer la frontière de la province rebelle d’Ossétie du sud.

La route militaire traverse des paysages remarquables, à commencer par le lac de barrage de Jinvali (ჟინვალის წყალსაცავი), édifié sur la rivière Aragvi (არაგვი).

Le lac de  Jinvali (ჟინვალის წყალსაცავი), photographié depuis la route militaire, le 6 août 2017Les rives du lac de Jinvali (ჟინვალის წყალსაცავი), le 6 août 2017

Au-dessus de ce lac se trouve le magnifique monastère d’Ananouri (ანანური), au programme de notre voyage. Ici aussi, nous n’avons pas échappé à la foule des touristes assez dense, femmes voilées comprises.

Le monastère d’Ananouri (ანანური) au-dessus du lac de Jinvali (ჟინვალის წყალსაცავი), le 6 août 2017Le monastère d’Ananouri (ანანური) au-dessus du lac de Jinvali (ჟინვალის წყალსაცავი), le 6 août 2017

Le monastère d’Ananouri date du XVIe siècle. L’église Sainte-Mère-de-Dieu est ornée de fresques, bien qu’elles aient été partiellement effacées (murs blanchis) à l’époque soviétique.

Monastère d’Ananouri (ანანური), le 6 août 2017Monastère d’Ananouri (ანანური), le 6 août 2017Intérieur du monastère d’Ananouri (ანანური), le 6 août 2017

Intérieur du monastère d’Ananouri (ანანური), le 6 août 2017Intérieur du monastère d’Ananouri (ანანური), le 6 août 2017Intérieur du monastère d’Ananouri (ანანური), le 6 août 2017

Intérieur du monastère d’Ananouri (ანანური). Saint-Georges (les orthodoxes aiment bien Saint-Georges...), le 6 août 2017Monastère d’Ananouri (ანანური). Inscription dans l’ancien alphabet géorgien, le 6 août 2017

Nous avons repris la route après la visite. Le paysage devenant de plus en plus alpin mais (à mon grand regret et exception faite du mont Kazbek que nous approcherons le lendemain), sans glaciers ni neiges éternelles. On traverse aussi une station de ski, Goudaouri (გუდაური), où nous passerons d’ailleurs la nuit dans quelques jours. J’ai essayé de prendre quelques photos depuis le minibus (en adaptant le réglage de mon appareil) ; pour ce qui est d’effacer les fils électriques avec Photoshop, c’est contraire à mes principes.

Route vers le Grand Caucase, le 6 août 2017

La route atteint son point culminant (2379 m) au col de Jvari (ჯვრის უღელტეხილი), également appelé col de la Croix. Ce col marque la ligne de partage des eaux du massif, mais non la frontière : la vallée du Terek (თერგი) dans laquelle nous nous rendons maintenant fait toujours partie de la Géorgie, bien que ses eaux se déversent dans le bassin nord de la Caspienne. Géographiquement (même si c’est une affaire de convention), le col de Jvari marque la séparation entre l’Europe et l’Asie. La Géorgie est à l’instar de la Russie, du Kazakhstan et de la Turquie, à cheval sur les deux continents et nous pénétrons maintenant dans le tout petit bout européen du pays. Petit bout qui ne manquera pas j’en suis sûr de servir un jour de justificatif à l’engloutissement de la Géorgie par l’ogre technocratique bruxellois, comme d’habitude sans qu’aucun peuple ne soit consulté au préalable.

Le col de la Croix n’est pas très spectaculaire, ce n’est pas loin s’en faut le plus bel endroit de la route (mais c’est là que nous nous sommes arrêtés). On y trouve un monument assez récent, rédigé en géorgien et en allemand, commémorant les exactions que firent subir les Soviétiques aux prisonniers de guerre allemands. Même s’il n’est pas politiquement correct de le souligner, les quelque deux millions de prisonniers de guerre français des Allemands (au nombre desquels mon grand-père paternel), dont la plupart rentrèrent sains et saufs, ont été dans leur quasi-totalité, beaucoup mieux traités.

Dernière halte de la journée, quelques kilomètres à peine après le col : cette source (qualifiée par notre guide d’acide) faisant d’un pan de montagne un petit Pamukkale. Une simple curiosité. Étonamment ces rochers mouillés ne sont pas du tout glissants.

Source acide près du col de la Croix. Je n’ai pas bien compris les explications de Nathalie, le 6 août 2017Source acide près du col de la Croix. Ça ne glisse pas du tout ! (6 août 2017)

Nous avons passé les deux nuits suivantes dans la station de montagne de Stephantsminda (სტეფანწმინდა) (alt. 1740m), plus connue sous le nom de Kazbegui (ყაზბეგი). Le nom de Kazbegui (employé à l’époque soviétique) est celui d’un poète géorgien du XIXe siècle originaire de la ville, Alexandre Kazbegui (1848-1893). Une anecdote raconte qu’il croisé Alexandre Dumas au cœur des montagnes et lui aurait parlé en français. Le poète a également donné son nom à la montagne qui domine la ville, le mont Kazbek (5047 m) (ყაზბეგი). Couvert de glaciers et de neiges éternelles, le mont Kazbek est le second sommet de la Géorgie. Il s’agit en réalité d’un volcan assoupi, son ascension n’est paraît-il pas très difficile mais ce n’était pas à l’ordre du jour (et du reste ce genre d’équipée n’est sans doute plus de mon âge). Le sommet du mont Kazbek est bien visible depuis la station, je pouvais même l’apercevoir depuis la fenêtre de notre hôtel ! Voici les photos que j’en ai prises au petit matin.

Le mont Kazbek (ყაზბეგი) (5047 m) et l’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტი), le 7 août 2017. Photo prise au petit matin depuis la fenêtre de ma chambre d’hôtel

Était prévue ce jour là une balade en direction du camp de base du Kazbek (plus précisément le col Arsha, 2940 m, lequel offre une vue sur le glacier). Une magnifique balade, très certainement l’une des plus belles de tout le massif du Caucase. Mais revers de la médaille, nous n’étions pas seuls loin s’en faut. La plupart des randonneurs démarrent leur progression depuis l’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტის სამების ეკლესია) à 2170 m : c’est l’église qu’on aperçoit sur la butte à gauche, sur la photo précédente, et qu’ils rejoignent en 4×4 par une piste très poussiéreuse. Mais ce n’était le choix d’Allibert, qui pour une raison qui m’a échappé, je ne sais si c’est par idéologie ou simplement pour faire des économies, nous a fait démarrer directement de l’hôtel. Et le problème n’était pas tant les 1200 m à gravir (cela se fait) que les conditions de progression dans la première partie. Car il n’existe semble-t-il pour gagner l’église, aucun sentier en dehors de la piste carrossable. Il est certes possible de couper certains lacets, mais la pente est assez raide (encore plus à la descente quand on est fatigué). Du coup, c’est pas la piste que nous avons effectué l’essentiel de la progression, endurant le passage d’un véhicule en moyenne toutes les deux minutes.

Quelques photos pour commencer du tout début de la balade. Une fois sortis de la zone urbaine, nous avons quand même d’abord eu droit à quelques prairies bucoliques et peu fréquentées, aux alentours du village de Gergéti (გერგეტი).

Montée vers l’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტი) (გერგეტის სამების ეკლესია), le 7 août 2017

Ensuite pendant la montée (mais j’ai évité de photographier la route, afin de préserver mon appareil).

Montée vers l’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტი), le 7 août 2017Montée vers l’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტი) (გერგეტის სამების ეკლესია), le 7 août 2017

Lorsque nous sommes arrivés au parking en contrebas de l’église, nous y avons trouvé une foule dantesque. Beaucoup de gens ne viennent ici sans monter plus haut, ou à la rigueur uniquement pour visiter l’église. Nous avons fait halte, sans rejoindre l’église dont nous avions réservé la visite pour le retour. La balade continue par un assez long replat (toujours d’ailleurs le long de la piste poussiéreuse laquelle rejoint l’église en traversant ce plateau). Puis, la montée reprend, mais beaucoup moins raide que dans la première partie.

Vaches au milieu de la piste, le 7 août 2017

L’église photographiée vers l’arrière :

Quittant l’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტი), le 7 août 2017

Une dernière photo du Kazbek avant d’entamer véritablement la montée.

En direction du mont Kazbek (ყაზბეგი), le 7 août 2017

La montée se fait tout d’abord sur une ancienne moraine puis par paliers dans un vallon. Elle n’est jamais très raide, mais (pour qui n’observe pas bien le terrain) on a l’impression de n’être jamais arrivé car il y a toujours une butte derrière. Le mont Kazbek, qui était visible depuis l’église, ne l’est plus ensuite jusqu’au col. Le sentier est très fréquenté, on voit beaucoup de gens très chargés qui effectuent l’ascension du sommet. On trouve parmi eux un certain nombre de francophones.

En direction du col d’Arsha, le 7 août 2017

Arrivée au col, lequel m’a un peu déçu. Le glacier notamment, plus petit que ce à quoi je m’attendais. Il est par ailleurs manifeste qu’il a ces dernières années beaucoup reculé (bla bla bla réchauffement climatique…). Le paysage s’en trouve un peu trop caillouteux à mon goût. On notera la couleur rougêatre de la roche, l’origine volcanique du massif est à présent évidente, ce qui n’était pas le cas avant d’arriver jusqu’ici.

Le mont Kazbek (ყაზბეგი) (5047 m) vu du col d’Arsha (2940 m), le 7 août 2017

Je suis arrivé au col le premier avec le guide local, j’ai ensuite attendu assez longtemps mes compagnons. Il faut dire qu’il y avait quand même des gens un peu poussifs dans ce groupe (ce qui explique en partie nos retards et arrivées nocturnes à répétition). Ci-dessous, un panoramique du paysage. On peut apercevoir sur la rive droite de la vallée glaciaire (donc à gauche sur la photo), un vaste camp de base. Il est prévu de construire prochainement à cet emplacement un refuge.

Le mont Kazbek (ყაზბეგი) (5047 m) vu du col d’Arsha (2940 m), le 7 août 2017

Après le pique-nique qui a duré fort longtemps, nous avons entamé la descente (je ne sais si le programme prévoyait de continuer au-delà du col en direction du camp de base, en tout cas il n’en a pas été question). Je suis une fois encore descendu avant tout le monde pour attendre trois bon quarts d’heure en contrebas, sur la crête de moraine (j’ai préféré éviter les parages populeux de l’église de la Trinité). Ci-dessous, quelques photos de l’église prises au cours de la descente, l’éclairage était devenu plus favorable qu’à l’aller. Le temps s’était d’ailleurs maintenu toute la journée, en dépit de quelques passages nuageux.

L’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტი) (გერგეტის სამების ეკლესია), le 7 août 2017Descente vers l’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტი), le 7 août 2017

La foule avait malheureusement peu diminué lorsque nous avons regagné le parking de l’église. Comme prévu, nous avons procédé à ce moment à la visite de l’édifice, à l’exception de trois d’entre nous qui n’ont même pas eu le courage de remonter cinquante mètres pour l’atteindre (j’ai préféré ne pas retenir leurs noms). C’est vrai qu’en ce qui me concerne, j’ai peu écouté de ce qu’a pu raconter Nathalie au sujet du monument. L’église date du 14e siècle, elle est semble-t-il également désignée sous le nom de Tsminda Sameb, (წმინდა სამება) (mais c’est peut-être la même chose en géorgien). L’horrible bâtiment sur la droite (photo ci-dessus) n’est manifestement pas d’époque, qu’il s’agisse d’un méfait des Soviétiques ne me surprendrait pas.

L’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტი) (გერგეტის სამების ეკლესია), le 7 août 2017L’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტი). Certains ont eu la flemme de visiter, honte à eux ! (7 août 2017)L’église de la Sainte-Trinité de Gergéti (გერგეტი). Il paraît que ça c’est l’architecte, le 7 août 2017

Nous sommes davantage restés groupés pour la pénible descente qu’il restait à effectuer, alternant au gré des humeurs des uns et des autres les raccourcis escarpés et la piste poussiéreuse, tout aussi fréquentée malheureusement que le matin.

Nous avons effectué le lendemain une autre balade dans le massif du Grand Caucase, cette fois-ci dans la vallée de Sno (სნო) qui se trouve à l’est de Stephantsminda. La balade démarrait du village de Djouta (ჯუთა) (alt. 2100 m), lequel se revendique comme deuxième plus haut village d’Europe. (Selon ce classement, le premier serait Ouchgouli (უშგული), autre village géorgien du Caucase situé à l’ouest, au pied du mont Chkhara ; toutefois, le caractère européen déjà discutable pour Djouta, est de mon avis totalement usurpé dans le cas d’Ouchgouli ; rappelons que le village français de Saint-Véran (2042 m) revendique également ce titre). On se rend à Djouta en 4×4 par une piste non asphaltée (et impossible cette fois-ci à Allibert de faire l’économie du 4×4 !). Piste qui n’empêchait par les chauffeurs de rouler fort vite, mais en prenant la précaution de se signer devant chaque église ou chapelle rencontrée ; une façon d’éviter l’accident !

Village de Djouta (ჯუთა) dans la vallée de Sno (სნო), le 8 août 2017 (Le deuxième plus haut d’Europe, qu’ils disent (au fait, on est en Europe ?))

Nous avons pour cette journée eu pour guide local… une fillette de 12 ans (en réalité mandatée par sa grand-mère). La balade du jour, assez facile, consistait à gagner un minuscule lac au pied du mont Chaukhebi (3688 m). La montée n’était que de 400 m dont la plus grosse partie au démarrage. Après cette première montée, nous sommes arrivés à un plateau où se trouvait un chalet ainsi qu’un camp de touristes. C’est là qu’un accident a failli se produire, notre compagnon malvoyant ayant été entraîné par la corde qui attachait entre eux deux chevaux arrivant au galop…

Chalet suisse mais ce n’est pas la Suisse, le 8 août 2017

Après la traversée du torrent pour laquelle il a fallu se déchausser, nous avons continué quasiment à plat jusqu’au lac. Nous avons été rejoint par un groupe d’Israéliens à pied, puis par plusieurs groupes de cavaliers.

Au fond le mont Chaukhebi (3688 m), le 8 août 2017L’option cheval pour nous n’était pas au programme, le 8 août 2017

Une vue du lac lequel ne m’a pas subjugué. Il était possible de s’y baigner, mais personne dans notre groupe ne s’y est risqué (la température était quand même un peu frisquette).

Il y a des courageux mais pas dans notre groupe, le 8 août 2017

Nous sommes ensuite redescendus par le même chemin (je suis parti loin devant le reste du groupe). Lors du trajet du retour en véhicule, nous avons fait une assez longue halte logistique au village de Sno, situé à l’entrée de la vallée. On trouve à Sno une remarquable tour défensive (je n’ai pas noté de quelle époque), mais dont l’accès est interdit. Autres curiosités du lieu, cette statue à l’entrée du village qui semble attendre de pied ferme un hypothétique envahisseur russe ; et ces canalisations à l’air libre distribuant le gaz de ville dans chaque maison (on voit cela très fréquemment en Géorgie ainsi qu’en Arménie, le chauffage dans ces villages se faisant au gaz ; j’imagine que le système doit dater de l’ère soviétique, en tout cas ce n’est pas très esthétique).

Tour de guet du village de Sno (სნო), le 8 août 2017Canalisations de gaz comme on en trouve dans chaque village d’Arménie et de Géorgie, le 8 août 2017Sno (სნო), un village qui ne manque pas de piquant ! (ouais, bof...), le 8 août 2017

Village de Sno (სნო). Le guerrier attend l’envahisseur russe de pied ferme ! (8 août 2017)La tour de Sno (სნო) à contre-jour, le mont Kazbek (ყაზბეგი) derrière, le 8 août 2017

Nous avons ensuite gagné notre hôtel situé dans la station de Goudaouri, après donc avoir de nouveau franchi le col de la Croix. Nous sommes arrivés très tôt à l’hôtel, vers 16 h, c’est la seule fois du voyage où nous avons eu une aussi longue soirée.

Station de ski de Goudaouri (გუდაური), le 8 août 2017

Notre troisième et dernière balade dans le Grand Caucase était une «  exclusivité Allibert », dans un secteur pratiquement déserté des touristes y compris géorgiens : la vallée de Khada. Un endroit très sauvage et finalement assez dépaysant, même s’il ne s’agissait que de «  montagne à vaches ». Nous avons démarré de la station même de Goudaouri (quoique pas directement de notre hôtel), les premières centaines de mètres dans la zone des pistes étaient donc un peu pénibles. Autre circonstance assez inhabituelle dans ce voyage, il s’est mis à pleuvoir ; mais cela n’a guère duré, seules quelques gouttes sont tombées et le beau temps s’est rétabli en une heure à peine.

Station de ski de Goudaouri (გუდაური), le 9 août 2017Balade au-dessus de Goudaouri (გუდაური), le 9 août 2017

Nous avons commencé par une courte montée qui nous a permis de rejoindre une crête herbue. Il y avait bien un sentier, mais à peine marqué. Après avoir atteint un sommet secondaire, le sentier a continué quelque temps en balcon. La suite de la balade était tout en descente (900 m environ).

Entre Goudaouri (გუდაური) et Korogho (ქოროღო), le 9 août 2017

Il y a quand même quelque chose que je n’ai pas du tout aimée dans cette randonnée. Après avoir franchi le col, nous avons aperçu sur l’autre versant un troupeau de moutons, gardé par des gros chiens que nous entendions déjà aboyer. Je confesse avoir une saine horreur des chiens, et j’avais de surcroît lu sur Internet avant mon voyage, que les chiens de berger pouvaient constituer un danger sérieux en Géorgie. Les chiens au départ étaient éloignés, mais cela n’a pas duré et quatre molosses ont bientôt rejoint notre groupe. Je n’étais vraiment pas rassuré, mais il y avait une femme dans le groupe qui aimait beaucoup les chiens et qui les a caressés. De ce fait les clébards ont principalement tourné autour d’elle, je me suis donc efforcé de m’éloigner d’elle le plus possible. Cette situation fort inconfortable pour moi a duré une bonne demi heure (je m’imaginais déjà qu’il soit question de ramener les cleps au point de départ). Finalement, peu ou prou au moment où nous avons changé de versant et cessé d’être en vue du troupeau, les molosses se sont rappelés à leur devoir professionnel et ont fait demi-tour.

La menace guette, le 9 août 2017Clairement dans cette balade, ceux qui aiment les chiens sont favorisés, le 9 août 2017

Nous avons atteint le village de Korogho, qui se caractérise par la présence d’une demi-douzaine de tours défensives, espacées sur les pentes alentour, tant au-dessous qu’au-dessus du village.

Près du village de Korogho (ქოროღო), le 9 août 2017

Nous avons bientôt gagné le fond de la vallée (la vallée de Khada), par endroit encaissée de manière assez spectaculaire. Nous avons pique-niqué près d’une source en apparence ferrugineuse. Avec cette vallée, nous retrouvions la « civilisation » sous la forme d’une route en terre, empruntée par quelques véhicules. Mais il nous restait encore plusieurs kilomètres à parcourir à pied jusqu’au terme de notre balade, le village de Kvesheti (ქვეშეთი). Le guide local qui nous avait accompagnés tout au long de cette excursion en aller simple, est reparti sur un cheval qui l’attendait attaché à cet endroit ; l’histoire ne dit pas comment le cheval avait été amené jusqu’ici…

Source ferrugineuse dans la vallée de Khada, le 9 août 2017Vallée de Khada, le 9 août 2017

Vallée de Khada, le 9 août 2017Vallée de Khada, le 9 août 2017Vallée de Khada, le 9 août 2017

Enchaînant avec cette randonnée, la visite de l’un des lieux les plus emblématiques de Géorgie, situé en plaine au confluent de la rivière Aragvi et du fleuve Mt’kvari : la ville de Mtskheta (მცხეთა), qui était entre les IIIe et Ve siècles la capitale de la Géorgie. Mtskheta renferme une magnifique église, l’une des importantes du pays : la cathédrale de Svétitskhovéli (სვეტიცხოვლის საკათედრო ტაძარი), datant du XIe siècle. La cathédrale est entourée de murailles qui la séparent d’un quartier ancien, bâti en bordure de fleuve et constitué d’un ensemble de ruelles, évidemment très touristiques (mais qui ne m’ont inspiré aucune photo).

Mtskheta (მცხეთა), le 9 août 2017Mtskheta (მცხეთა), le 9 août 2017Mtskheta (მცხეთა), cathédrale de Svétitskhovéli (სვეტიცხოვლის საკათედრო ტაძარი), le 9 août 2017

J’avoue que j’ai peu retenu de ce qu’a pu raconter Natuka à propos de cet édifice. Édifice dont je suis d’ailleurs incapable de citer le nom de mémoire, au même titre que la ville où il est situé. L’église suit un plan en croix grecque avec une coupole traditionnelle. Elle a été plusieurs fois vandalisée au cours de son histoire (invasion mongoles, Tamerlan…). Parmi les rares détails architecturaux que j’ai notés, figure cette sortie de niche anti-sismique : il y en avait une similaire à Gochavank en Arménie

Mtskheta (მცხეთა), la cathédrale de Svétitskhovéli (სვეტიცხოვლის საკათედრო ტაძარი), le 9 août 2017Mtskheta (მცხეთა), cathédrale de Svétitskhovéli (სვეტიცხოვლის საკათედრო ტაძარი), le 9 août 2017Mtskheta (მცხეთა), cathédrale de Svétitskhovéli (სვეტიცხოვლის საკათედრო ტაძარი). Au fait, elle racontait quoi Nathalie ? (9 août 2017)
Mtskheta (მცხეთა), la cathédrale de Svétitskhovéli (სვეტიცხოვლის საკათედრო ტაძარი), le 9 août 2017Mtskheta (მცხეთა), la cathédrale de Svétitskhovéli (სვეტიცხოვლის საკათედრო ტაძარი), le 9 août 2017

C’est surtout l’intérieur de la cathédrale qui est exceptionnel (et une fois n’est pas coutume, les photos sans flash y sont autorisées). On y trouve un grand nombre de fresques, dont un Christ pantocrator (Natuka disait « pantocrate ») entouré des signes du zodiaque ce qui constitue une bizarrerie. Il y a aussi une fresque du Jugement dernier, avec l’Enfer représenté à gauche (le Paradis qui se trouvait logiquement à droite n’a pas été conservé).

Mtskheta (მცხეთა), intérieur de la cathédrale de Svétitskhovéli (სვეტიცხოვლის საკათედრო ტაძარი), le 9 août 2017Mtskheta (მცხეთა), intérieur de la cathédrale de Svétitskhovéli (სვეტიცხოვლის საკათედრო ტაძარი), le 9 août 2017.Mtskheta (მცხეთა), intérieur de la cathédrale de Svétitskhovéli (სვეტიცხოვლის საკათედრო ტაძარი), le 9 août 2017. À gauche l’Enfer, à droite le Paradis mais il est effacé

On trouve également à l’intérieur de l’église, une copie miniature (datant du XIVe siècle) du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Après une demi-heure de quartier libre dans les ruelles à touristes (que je n’ai guère mise à profit), nous sommes repartis pour une dernière visite : le monastère de Djvari (ჯვრის მონასტერი, ჯვარი) qui domine la ville. Monastère tout proche à vol d’oiseau du centre-ville, mais qu’on ne peut atteindre en véhicule qu’en empruntant une interminable succession de bretelles d’autoroute. Résultat, nous n’avons pu le visiter qu’au crépuscule ce qui n’est pas l’idéal pour les photos (la vue sur la ville étant bien évidemment à contre-jour).

Mtskheta (მცხეთა), monastère de Djvari (ჯვრის მონასტერი, ჯვარი). Zone militaire interdite à l’époque soviétique ! (9 août 2017)Mtskheta (მცხეთა), la vieille ville vue du monastère de Djvari (ჯვრის მონასტერი, ჯვარი). Allibert n’a pas organisé la visite à l’heure où le soleil est du bon côté, le 9 août 2017

Il paraît que par temps clair (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui), on peut même apercevoir le mont Kazbek depuis le monastère !

Le monastère de Djvari date du VIe siècle, on devine bien à l’intérieur que les pierres érodées sont très anciennes. Son nom signifie « monastère de la Croix », mais je n’ai pas bien compris s’il avait ou non un temps recelé un morceau de la vraie croix. Le structure de l’église est en tétraconque, avec quatre niches majeures et quatre mineures. La croix est située au centre.

Mtskheta (მცხეთა), monastère de Djvari (ჯვრის მონასტერი, ჯვარი), le 9 août 2017

(On trouve encore ce genre de véhicule en Géorgie : profitons-en tant que la pieuvre bruxelloise n’y a pas écore étendu ses tentacules…)

Nous étions déjà tout près de la capitale géorgienne Tbilissi. La restaurant du dîner était situé en banlieue du côté par lequel nous arrivions, et vu l’heure tardive et malgré le fait que nous avions randonné quelques heures auparavant, Natuka a réussi à nous convaincre d’y aller directement sans passer par l’hôtel, faisant donc une croix sur la douche. Chapeau, car il y a tout de même eu de fortes réticences dans le groupe (quelques jours auparavant à Gyumri dans un contexte similaire, Georges n’avait pas réussi à se montrer aussi persuasif). Bien que situé dans un bâtiment moderne et sans charme, le restaurant servait de la nourriture géorgienne traditionnelle. J’ai pris plusieurs plats en photo, et j’ai même réussi à retrouver leurs noms par la suite. On peut ainsi citer le khatchapouri (ხაჭაპური), galette de pâte à pain avec du fromage à l’intérieur, et le khinkali (ხინკალი), ravioli géorgien avec de la viande et du bouillon à l’intérieur. Natuka nous a fait une démonstration sur la manière de le déguster (faisant d’abord un petit trou par lequel on aspire le bouillon) : façon de procéder qui ne paraît pas des plus élégantes mais c’est sans doute une question de culture.

Le khatchapouri (ხაჭაპური), la pizza géorgienne (j’adore !), le 9 août 2017Le khinkali (ხინკალი), ravioli géorgien avec de la viande et du bouillon à l’intérieur, le 9 août 2017
Nathalie nous fait une démonstration de consommation du khinkali (ხინკალი), le 9 août 2017

Pour la petite histoire, Tbilissi est jumelée avec une ville française : Nantes. Qu’une ville provinciale comme Nantes soit placée sur le même plan que la capitale du pays Tbilissi peut surprendre, ce rapprochement date en fait de l’époque soviétique. Je me souviens qu’à l’époque où j’étais lycéen à Nantes, ce tout nouveau jumelage était loin de faire l’unanimité, un syndicat étudiant de droite distribuait à l’envi des autocollants dénonçant ce jumelage de « Nantes-sur-Loire » avec « Tbilissi-sur-goulag ». Les temps ont changé, je suis peut-être l’un des seuls à me souvenir de ce genre de détail ; j’ignore si les échanges entre les deux villes sont toujours très actifs, en tout cas je n’ai rien trouvé sur place qui fasse référence à Nantes.

La dernière journée complète du voyage s’est à nouveau avérée excessivement chargée, le retard s’accumulant tout le long de la journée ; de fait le programme s’est achevé bien après le crépuscule. Normalement étaient prévus deux points : le matin, la visite d’un très remarquable site archéologique situé à 70 km de Tbilissi (à la frontière avec l’Azerbaïdjan) dans une zone quasi-désertique : David Garedja (დავითგარეჯის სამონასტრო კომპლექსი). L’après-midi serait alors consacré à la capitale proprement dite. Dans les faits, l’après-midi a commencé à 18h. Et pourtant, il y avait assez peu de marche ce jour là, la lenteur avérée de plusieurs personnes du groupe n’était donc pas seule en cause.

Après un petit déjeuner et un départ de l’hôtel un peu poussif, notre bus a pris la direction de l’est. Dépassant l’aéroport, nous avons pénétré dans une région appelée la Kakhétie dont la particularité est de produire un peu de pétrole (quelques puits étaient visibles depuis la route). Au bout d’une cinquantaine de kilomètres, nous avons quitté la route principale pour ce que Natuka nommait de façon pittoresque le demi-désert, en l’occurrence la steppe. Bien que toujours asphalté, cet axe secondaire était en si mauvais état notre bus a progressé extrêmement lentement (nonobstant plusieurs arrêts photos).

Lacs salés dans la steppe de Kakhétie, le 10 août 2017

Le monastère de David Garedja est constitué de deux parties : d’abord un bâti principal (Lavra) édifié au pied d’une colline et facilement accessible ; puis, un certain nombre d’églises troglodytes creusées au sommet de ladite colline, sur son versant le plus raide, situé à moins d’1 km de la frontière azérie (lequel pays revendique d’ailleurs le site). David Garedja fut fondé au VIe siècle par le moine éponyme (St David Garedjeli), l’un des 13 missionnaires assyriens qui évangélisèrent la Géorgie. Il fut agrandi par ses disciples Dodo et Loukiané (on peut trouver les tombeaux de ces trois personnes dans le Lavra). Le monastère prospéra ensuite mais fut endommagé par les Turcs seldjoukides, les Mongols, Tamerlan, et enfin (et surtout) à l’époque soviétique. Quelques moines ont aujourd’hui réinvesti les lieux.

Monastère de David Garedja (დავითგარეჯის სამონასტრო კომპლექსი), le 10 août 2017

Quelques photos de l’extérieur du Lavra. Je n’ai pas noté grand chose des explications de Natuka.

Monastère de David Garedja (დავითგარეჯის სამონასტრო კომპლექსი), le 10 août 2017

Puis quelques photos de l’intérieur. Notre visite s’est trouvée gênée et ralentie par un très important groupe de Polonais dont le guide parlait très fort. Parmi d’autres, l’une des causes de notre retard. (Oui je sais que je ne devrais pas dire de mal des Polonais…)

Monastère de David Garedja (დავითგარეჯის სამონასტრო კომპლექსი), le 10 août 2017. Après le départ des PolonaisMonastère de David Garedja (დავითგარეჯის სამონასტრო კომპლექსი), le 10 août 2017

A cette visite a succédé l’ascension du rocher, 250 m environ de montée, ni très raide ni très difficile certes, mais effectuée en pleine chaleur (35°C). La montée a duré assez longtemps car le site étant très fréquenté, nous nous trouvions souvent coincés derrière des groupes de personnes. En outre, n’écoutant pas les conseils de Natuka, j’étais venu en sandale et en pantalon léger. Mais sandales ont tenu le coup, mais pas mon pantalon qui a craqué dans l’entrejambes… Un peu gênant quand même d’autant que j’ai dû continuer sans rechange, non seulement l’ascension et la visite de ce site, mais celle de Tbilissi effectuée dans la foulée et jusque dans la nuit.

Site de David Garedja (დავითგარეჯის სამონასტრო კომპლექსი), le 10 août 2017Site de David Garedja (დავითგარეჯის სამონასტრო კომპლექსი), le 10 août 2017

Quant aux églises troglodytes, elles sont vraiment remarquables avec leurs fresques (mais je n’ai pas réussi à noter les noms de ces églises).

Site de David Garedja (დავითგარეჯის სამონასტრო კომპლექსი), le 10 août 2017. Églises troglodytesSite de David Garedja (დავითგარეჯის სამონასტრო კომპლექსი), le 10 août 2017. Églises troglodytes

Après la visite était prévu un déjeuner chez l’habitant dans le village voisin d’Udabno (უდაბნო) : en théorie pour midi, mais nous n’y sommes arrivés qu’à 15h ! Et (ça c’est une constante des voyages Allibert et plus généralement je pense des voyagistes français), quand on est en retard ce n’est jamais sur le déjeuner qu’on cherche à gagner du temps. Les agapes ont bien dû durer une heure et demie, c’était certes très bon, très copieux et typiquement géorgien. Le temps ensuite de retourner à Tbilissi, ce n’est qu’à 18h que nous étions à pied d’œuvre. Toute la visite de la capitale géorgienne s’effectuera donc sous une lumière crépusculaire (quand ce n’est pas carrément de nuit), ce qui bien évidemment n’est pas l’idéal pour les photos.

Pour des raisons d’organisation (elle devait je pense aller chercher le soir même un nouveau groupe à l’aéroport), Natuka nous a quittés avant la visite de Tbilissi. Elle a été remplacée par une femme un peu plus âgée (la trentaine), dont je n’ai pas noté le prénom, mais qui s’est avérée beaucoup plus cultivée et s’exprimant bien mieux en français : il est clair que nous avons beaucoup gagné au change. Par contre (selon ses dires) elle aurait été bien incapable de nous accompagner lors de nos randonnées en montagne.

Nous avons démarré la visite de Tbilissi par l’église de Métékhi de la Vierge. Cette église, sans doute pas exceptionnelle architecturalement et dans laquelle nous ne sommes d’ailleurs pas entrés, est par contre bâtie sur un promontoire plein centre-ville, juste au-dessus du cours du fleuve Mt’kvari. Elle offre de ce fait un panorama sur l’ensemble de la ville. Sur l’autre rive se trouve la vieille ville, avec sa cathédrale (Sioni), sa synagogue, son église arménienne (Soup Kévork), sa mosquée située dans le quartier des bains : présentée comme étant la seule mosquée au monde où chiites et sunnites viennent prier ensemble (pour un peu on nous refaisait le coup de la religion d’amour et de tolérance…).

Tbilissi (თბილისი), depui s l’église de Métékhi de la Vierge, le 10 août 2017. Vue sur la forteresse Narikala (ნარიყალა)Tbilissi (თბილისი), depuis l’église de Métékhi de la Vierge, le 10 août 2017. Vue sur la seule mosquée tolérante de l’islam !

Le promontoire de l’église Métékhi permet aussi d’embrasser d’un seul coup d’œil une série de réalisations pompeuses au modernisme outrancier qui sont le fruit de l’ère Saakachvili. Ces réalisations, qui ont bien entendu donné lieu à polémique tellement elles sont proches du centre-ville, ne sont pas sans rappeler les réalisations à Paris (ainsi que les polémiques qui les avaient accompagnées) du peu regretté président Mitterrand, pyramide du Louvre, opéra Bastille et autres. Donc en ce qui concerne Tbilissi on peut citer : la gigantesque cathédrale Saméba, sur les hauteurs, vaste complexe religieux dominant la ville et qui est dorénavant la plus grange église de Géorgie. Le pont de la Paix (მშვიდობის ხიდი), tout en verre, doté d’une illumination nocturne rappelant un trafic ferroviaire. Le télécabine qui permet d’accéder à la forteresse Narikala (ნარიყალა) et qui survole directement la vieille ville (Santini en avait rêvé, Saakachvili l’a fait !). Le palais présidentiel mégalomaniaque que Margvelachvili, le successeur de Saakachvili, a refusé d’occuper. À mentionner également quoique invisible d’ici, la statue de Saint-Georges (patron de la Géorgie) située sur la place de la Liberté. Enfin le meilleur pour la fin, le parc Riké (რიყის პარკი) et son hideux monument en forme de double tube, resté inachevé au départ de l’autocrate, prévu pour être un théâtre et aujourd’hui dépourvu d’utilisation.

Tbilissi (თბილისი), près de l’église de Métékhi de la Vierge, le 10 août 2017

Outre la citadelle, la ville est également dominée par la résidence privée de Bidzina Ivanichvili, milliardaire oligarque ayant fait fortune à la chute de l’URSS, et mécène d’un grand nombre de réalisations en Géorgie, à Tbilissi mais surtout dans sa région natale, l’Iméréthie, dont les habitants percevraient de sa part un salaire. (Ceci explique sans doute cela, c’est à Koutaïssi, capitale de l’Iméréthie, qu’a été transféré en 2013 le parlement géorgien).

Après cette brève vue d’ensemble, nous sommes descendus jusqu’au fleuve Mt’kvari afin de le traverser, de manière à ensuite gagner la vieille ville.

Tbilissi (თბილისი), vieux quartier, le 10 août 2017Tbilissi (თბილისი), église de Métékhi de la Vierge, le 10 août 2017

La rue branchée de Tbilissi s’appelle la rue Chardin, du nom d’un écrivain français (Jean Chardin 1643-1713) qui visita la Géorgie. Nous sommes ensuite passés devant la synagogue (დიდი სინაგოგა), bâtiment de briques de la fin du XIXe s (il reste très peu de Juifs à Tbilissi). Nous sommes ensuite passés devant le séminaire, et la cathédrale Sioni (სიონის საკათედრო ტაძარი) dans laquelle nous ne sommes pas entrés.

Tbilissi (თბილისი), synagogue, le 10 août 2017Tbilissi (თბილისი), ancien caravansérail reconverti en galerie d’art, le 10 août 2017Tbilissi (თბილისი), balcons typiques, le 10 août 2017

Tbilissi (თბილისი), balcons typiques, le 10 août 2017Tbilissi (თბილისი), cathédrale Sioni (სიონის საკათედრო ტაძარი), le 10 août 2017

J’ai déjà évoqué le pont de la Paix vers lequel nous avons en dépit de l’heure effectué un crochet : il faut dire qu’il y avait dans notre groupe quelques bobos bien atteints et comme il se doit fanatiques de ce genre de réalisation.

Tbilissi (თბილისი), le « pont de la Paix (მშვიდობის ხიდი) », emblème des grands travaux de Saakachvili. Mitterrand avait sa pyramide, Saakachvili a sa passerelle, le 10 août 2017Tbilissi (თბილისი), le « pont de la Paix (მშვიდობის ხიდი) », emblème des grands travaux de Saakachvili. Vous verrez l’illumination tout à l’heure, ça jette ! (10 août 2017)

Les bobos aiment beaucoup le verre d’ailleurs, à l’instar de nos dirigeants (je n’irai pas jusqu’à évoquer de nouveau la pyramide du Louvre). D’ailleurs il ne m’étonnerait pas que le petit Néron qui nous tient lieu actuellement de président, profite de l’incendie opportunément survenu à Notre-Dame, pour nous réaliser non pas une Troyade mais une flèche à son goût (et je vous donne en mille qu’elle sera en verre).

De ce parcours express dans la vieille ville de Tbilissi (une partie du groupe prenait l’avion dès le lendemain matin sans donc avoir la possibilité d’y retourner) nous n’aurons finalement pris le temps que pour une unique visite : l’église d’Antchiskhati (ანჩისხატი) qui daterait du 6e siècle.

Tbilissi (თბილისი), église d’Antchiskhati (ანჩისხატი) du 6e siècle, le 10 août 2017Tbilissi (თბილისი), église d’Antchiskhati (ანჩისხატი) du 6e siècle, le 10 août 2017

Nous avons ensuite retrouvé notre véhicule pour un bref trajet jusqu’au sommet de la citadelle. Trajet au cours duquel nous avons brièvement aperçu la place de la Liberté (sur laquelle nous retournerions le lendemain avec une partie du groupe), qui constitue le cœur politique de Tbilissi, avec en son centre une statue de Saint-Georges que j’ai déjà évoquée. Nous sommes également passés aussi sous la villa d’Ivanichvili et avons aperçu le jardin botanique qui aurait également bénéficié de son mécénat.

Nous avons atteint la forteresse alors que le soleil était couché et que certains monuments étaient déjà illuminés. Nous n’avons pas visité la forteresse (Narikala) mais nous sommes contentés de regagner le centre-ville à pied. J’ai photographié cette statue gigantesque appelée Kartlis Deda (ქართლის დედა) et que l’on voit depuis toute la ville (nous avions déjà pu l’apercevoir un peu plus tôt depuis l’église Métékhi). Une fois n’est pas coutume, il ne s’agit pas d’un coup de Saakachvili mais d’une réalisation d’époque soviétique. Le rapprochement avec la « mère Arménie » présentée en début de voyage vient d’ailleurs assez naturellement à l’esprit, surtout qu’il semblerait que la signification du nom soit du même accabit. Kartlis Deda fut en l’occurrence érigée en 1958 à l’occasion du 1500e anniversaire de la ville de Tbilissi.

Tbilissi (თბილისი), à nouveau la « mère Géorgie » (enfin, la statue Kartlis Deda (ქართლის დედა)), le 10 août 2017Tbilissi (თბილისი), depuis l’église de Métékhi de la Vierge. La statue Kartlis Deda (ქართლის დედა), pendant géorgien de la « mère Arménie » d’Erevan (Երևան), le 10 août 2017

Quant à savoir s’il existe une réalisation similaire dans toutes les capitales des ex républiques soviétiques : je n’en sais rien (et je n’ai pas ce genre de souvenir en ce qui concerne Tachkent ou Almaty).

Quelques photos prises pendant la descente, pour lesquelles j’ai bien évidemment regretté l’absence de soleil. On notera devant le marchand de souvenirs le panneau triligue (géorgien russe et anglais) : le fait est qu’en dépit du conflit récent les Russes forment le plus important contingent de touristes à Tbilissi, en tout cas depuis le départ de Saakachvili (ils peuvent d’ailleurs venir en Géorgie sans visa même si la réciproque n’est pas vraie).

Tbilissi (თბილისი), depuis la forteresse Narikala (ნარიყალა). Je voulais revenir le lendemain mais je n’ai pas eu le temps, le 10 août 2017Tbilissi (თბილისი), panneau trilingue près de la forteresse de Narikala (ნარიყალა). Les Russes en Géorgie c’est comme les Allemands chez nous, quand ils y ont goûté ils s’y plaisent..., le 10 août 2017

Tbilissi (თბილისი), depuis la forteresse Narikala (ნარიყალა), le 10 août 2017Tbilissi (თბილისი), vue depuis la forteresse de Narikala (ნარიყალა), le 10 août 2017
Tbilissi (თბილისი), le pont de la Paix (მშვიდობის ხიდი) depuis la forteresse Narikala (ნარიყალა). Ce chef-d’œuvre d’illumination, ce mouvement perpétuel d’un train imaginaire, symbole de l’avancée inexorable de la Géorgie vers un destin radieux… (le 10 août 2017Tbilissi (თბილისი), vue depuis la forteresse de Narikala (ნარიყალა), le 10 août 2017

Nous avons regagné la vieille ville par le quartier des bains turcs. L’occasion pour notre guide de nous raconter que le nom Tbilissi vient de tpili qui en géorgien signifie chaud ; chaleur qui ne fait référence ni au climat, ni à la qualité (supposée ?) de l’accueil de ses habitants, mais bien à la présence de sources sulfurées. La légende raconte que la source fut découverte au 5e siècle lors d’une chasse royale au cours de laquelle un faisan et un faucon qui le poursuivait se noyèrent tous deux dans cette source. Quoi qu’il en soit, des bains turcs sont maintenant aménagés ici et sont utilisés par les Géorgiens toutes confessions confondues (et hop un petit coup de vivre-ensemble !).

La visite s’est achevée dans un café (avec pourboire à la clef pour notre guide d’un soir). Nous avons ensuite regagné l’hôtel pour ne plus en sortir, la majorité d’entre nous ne souhaitant pas ressortir dîner.

Le groupe a quitté Tbilissi en ordre dispersé. Mon compagnon de chambre devait partir à 3h45 du matin, mais nul ne l’avait éveillé ! C’est moi qui, étant éveillé à ce moment, ai dû m’en charger le faisant lever en catastrophe (ce qui a été épique car il y voyait mal). Le lendemain, notre groupe était réduit à quatre et il restait une bonne demi-journée pour une nouvelle balade en ville. Comme souvent en pareil cas, j’avais le choix entre m’y rendre seul pour un maximum de visites, ou bien accompagner les autres au risque de perdre beaucoup de temps dans les boutiques. J’ai choisi la seconde option (comme il s’agissait de trois filles je n’ai pas trop osé faire l’ours), mais je l’ai un peu regretté. Je m’en souviendrai deux ans plus tard à Sofia.

Pour commencer, nous sommes partis tard, très tard. Apparemment ce voyage passé à courir après l’horaire avait pesé à certaines (ce que l’on peu comprendre). Nous avons donc commandé un taxi pour 10h15… lequel n’est jamais venu. Le réceptionniste de l’hôtel nous a expliqué que trouver un taxi à cette heure était compliqué, il valait mieux essayer d’en héler un dans la rue. J’ai alors suggéré comme alternative au taxi, de nous rendre au centre en métro. Renseignement pris, ce dernier se trouvait à 10 min à pied de l’hôtel. Ma suggestion a été retenue en dépit de quelques réticences, nous avons emprunté le métro (à l’aller comme au retour) et ne l’avons pas regretté.

Tbilissi (თბილისი), station de métro. Le métro est d’époque soviétique, ses employées aussi ! (11 août 2017)Tbilissi (თბილისი), dernière descente dans le métro, le 11 août 2017

Il s’agit d’un métro de conception soviétique avec des stations profondément enterrées et des escalators interminables, similaires à ceux du métro de Saint-Pétersbourg. Autre point qui n’a manifestement guère changé depuis l’ère soviétique, la présence au bas de ces escaliers roulants d’une petite vieille dans une cahute qui surveille en permanence l’installation, prête à activer l’arrêt d’urgence en cas de pépin. Un autre détail m’a énormément surpris concernant le comportement des voyageurs, à mille lieux de ce que l’on peut observer à Paris. Lorsque nous sommes montés dans la rame, l’affluence n’y était pas excessive, mais les places assises étaient toutes occupées. Pourtant un jeune homme qui était assis, en voyant entrer notre groupe majoritairement constitué de femmes, s’est immédiatement levé, par galanterie, afin de laisser sa place à l’une d’entre elles ! (Il semblerait d’après ce qu’on lit dans les guides touristiques, que la vision de la femme et de la famille reste assez traditionnelle, en Géorgie comme en Arménie, et ce en dépit des efforts de la clique mondialiste pour faire changer les choses).

Nous sommes descendus du métro au début de l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი), artère commerciale qui constitue les « Champs Élysées » de Tbilissi. C’est un choix de mes compagnes, j’aurais préféré continuer une station plus loin (les stations étant assez éloignées) ; j’ai de fait jugé le parcours de cette longue avenue plus que décevant. D’autant qu’une fois au bout, il était trop tard pour effectuer des visites (comme par exemple celle de la cathédrale).

Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი), le 11 août 2017Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი). Ils ont une grande roue comme à Paris, mais au moins elle n’est pas dans la perspective, le 11 août 2017

Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი), le 11 août 2017Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი). Affiche devant l’opéra. J’aurais bien voulu savoir quelle œuvre lyrique ils donnaient, mais je ne lis pas le géorgien, le 11 août 2017Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი), le 11 août 2017

Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი), le 11 août 2017Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი). L’opéra de Tbilissi (თბილისი), le 11 août 2017

Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი). Ancien bâtiment du parlement géorgien. Ce dernier a été déplacé à Koutaïssi, capitale de la région d’Iméréthie. (Oui, la région du milliardaire oligarque Bidzina Ivanichvili (ბიძინა ივანიშვილი), celui qui a rénové la moitié de Tbilissi (თბილისი). Hasard !), le 11 août 2017Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი). Devant l’ancien bâtiment du parlement géorgien , le 11 août 2017

Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი). Bâtiment moderne situé en face du parlement dont on devine le reflet, le 11 août 2017Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი). Bâtiment moderne situé en face du parlement, le 11 août 2017

Parmi les bâtiments photographiés dans la série ci-dessus, en pourra mentionner l’Opéra de Tbilissi, ainsi que l’ancien bâtiment du Parlement (puisque ce dernier a été délocalisé à Koutaïssi, ainsi que je l’ai déjà signalé).

Au bout de l’avenue Roustavéli se trouve la place de la Liberté (თავისუფლების მოედანი, Tavisuplebis moedani) que j’ai déjà évoquée dans ces lignes. Nous avons cette fois-ci pu pleinement admirer la toute récente statue de Saint-Georges, inaugurée en 2006.

Tbilissi (თბილისი), la place de la Liberté et sa statue de Saint-Georges, le 11 août 2017Tbilissi (თბილისი), balade sur l’avenue Roustavéli (რუსთაველის გამზირი). Au bout de l’avenue, la place de la Liberté et sa statue de Saint-Georges patron de la Géorgie. Une autre réalisation de l’ère Saakachvili..., le 11 août 2017

Nous avons ensuite eu du temps pour une dernière petite balade dans les rues de la vieille ville. L’avantage par rapport à la veille au soir était bien évidemment la lumière.

Tbilissi (თბილისი), balcons typiques déjà photographiés la veille au soir, le 11 août 2017Tbilissi (თბილისი), balcons typiques, le 11 août 2017Tbilissi (თბილისი), ancien tramway, le 11 août 2017

Seule visite finalement effectuée au cours de cette matinée : la synagogue de Tbilissi. Je passerai sur ce choix typiquement bobo de préférer cette synagogue (XIXe s.) à la cathédrale orthodoxe du XIIe siècle. Une curiosité, sans plus. La visite était en principe gratuite, mais la personne (je ne sais pas si c’était le rabbin) qui nous a ouvert la porte nous a clairement fait comprendre qu’une gratification était souhaitée. Ce dont mes compagnes se sont (a posteriori) montrées offusquées. Sans doute moins naïf qu’elles, c’est finalement moi qui ai allongé le bakchich, avec un reste de monnaie géorgienne qui sans cela et comme à l’accoutumée aurait fini dans un tiroir à Paris, au profit de facto du Trésor géorgien.

Tbilissi (თბილისი), intérieur de la synagogue, le 11 août 2017Tbilissi (თბილისი), intérieur de la synagogue, le 11 août 2017