Voyage à Madère | ||
Le grand tour de MadèreMadère était pour moi, très honnêtement, une destination par défaut. Je savais depuis longtemps que je m’y rendrais peut-être un jour, sans éprouver excessivement d’enthousiasme à cette perspective. Parmi mes réticences à l’égard de ce « paradis du randonneur », citons un manque d’exotisme, un climat humide, et l’omniprésence de sentiers escarpés suscitant toujours chez moi une certaine appréhension. Mais en ce printemps 2022, après un hiver passé en reclus pour cause de refus vaccinal, je n’avais guère le choix. Peu de destinations étaient à ce moment ouvertes aux non vaccinés ; et je m’attendais à ce que les brimades repartent de plus belle sitôt terminée la période électorale. (La divine surprise est venue des résultats des législatives qui m’ont, temporairement du moins, donné tort ; temporairement car on parle maintenant de plus en plus d’une prochaine dissolution). Le voyage a débuté le 1er mai 2022 : une semaine à peine pour digérer la reconduction à son poste de l’empaffé de service. J’ai dû faire un test antigénique en pharmacie la veille du départ, et un autre sur place au retour. J’avais à peine terminé mon test que j’ai commencé à me sentir enrhumé : je ne sais s’il y a un rapport de cause à effet. Le rhume à duré trois jours, je l’ai stoïquement supporté tout en randonnant… et en le transmettant à la moitié du groupe. Mais ce n’était pas le Covid, comme l’ont confirmé des auto-tests que certains avaient emporté dans leurs bagages… J’ai gagné Madère par la compagnie portugaise TAP, avec escale à Lisbonne à l’aller et au retour, et avec des horaires nocturnes dignes des pires compagnies charter. Seule consolation, un départ d’Orly et non de Roissy. L’escale à Lisbonne a donné lieu à un intéressant survol de l’estuaire du Tage, avec ces deux grands ouvrages d’art, le pont du 25 avril et le pont Vasco da Gama. J’ai pu me remémorer mon unique voyage au Portugal, avec mes parents il y a trente-cinq ans. Notre groupe s’est constitué pendant l’attente à Lisbonne : nous y avons pris notre petit déjeuner, l’horaire à Orly avait été si matinal que nous n’avions rien pu trouver à y grignoter. Ce sera rebelote au retour. La seconde partie du vol, au-dessus de l’Atlantique, est sans intérêt exception faite de l’arrivée. La piste de Madère est très particulière, construite en balcon et en bord de mer bien qu’étant à 60 m d’altitude. L’endroit est particulièrement exigu, la piste a d’ailleurs longtemps été considérée comme l’une des plus dangereuses du monde. Jusqu’à ce qu’elle soit prolongée, à la fin des années 90, par un viaduc pharaonique construit sur la mer et qui en double presque la longueur (2800 m contre 1600 m). Il reste que l’atterrissage au ras des flots est impressionnant, rappelant un peu l’arrivée à Denpasar à Bali ou à Rio Hacha en Colombie. Notre premier hôtel se trouvait à Santa Cruz, petite station balnéaire située à seulement 5 min de voiture de l’aéroport. L’endroit est comme il se doit rythmé par les rotations aériennes qui commencent dès potron-minet (cinq heures du matin). Voici quelques photos de la place où se trouvait notre hôtel. Notre voyage coïncidait avec la fête des fleurs de Madère, d’où ces décorations un peu spéciales. Il n’était toutefois pas prévu que nous assistions aux animations (nous étions là-bas pour randonner). Nous avons ensuite déjeuné en groupe au restaurant (sans le guide que nous ne devions rencontrer qu’en soirée). Au menu, un grand classique de Madère, le sabre à la banane (c’est un poisson local). Ce n’est pas mauvais, mais certains s’en lasseront par la suite au point de systématiquement demander autre chose. Dans l’après-midi, n’étant guère en forme pour une grande balade, nous avons erré en nous amusant à photographier les avions. Nous avons rencontré notre guide le soir même ; prénommé João Carlos, c’est un guide très expérimenté, ayant grandi sous le régime de Salazar… Il nous annonce le programme du lendemain (une balade sur la presqu’île de São Lourenço située à l’extrême nord-est de l’île) ainsi que la météo : une dégradation est en vue et nous risquons la pluie en fin de journée. Le temps sera en fait mitigé. La péninsule de São Lourenço constitue une particularité dans l’île de Madère : elle est très aride, contrairement au reste de l’île à la végétation luxuriante. La péninsule est parcourue par un sentier bien aménagé dallé sur quasiment toutes sa longueur, avec des marches pour franchir les dénivelés ; revers de la médaille, ce sentier est extrêmement fréquenté (à l’instar de quatre des randonnées que nous effectuerons à Madère, les jours 2, 4, 5 et 10). Pour nous rendre sur place, nous avons utilisé deux taxis empruntant une route express à 4 voies, moderne, toute bâtie sur des viaducs et de longs tunnels (comme en Sicile). Cette voie express effectue environ 1/3 du tour de l’île ; mais des aménagements routiers similaires sont très nombreux dans les autres secteurs de Madère. Ces travaux pharaoniques ont été comme il sied financés par l’entité bruxelloise, mais ils ont le mérite de considérablement faciliter la circulation sur l’île (seul bémol depuis quelques mois, le prix de l’essence qui ne cesse de croître). Depuis la presqu’île, on peut apercevoir plusieurs des îles qui constituent l’archipel de Madère. Outre l’île principale (Madère), ce dernier comprend l’île habitée de Porto Santo située au nord. Cette île, beaucoup plus plate que Madère, est contrairement à cette dernière dotée de plages de sable blanc. À l’est, à quelques kilomètres de la péninsule, se trouvent deux îles de forme étirées, les îles Désertes, aujourd’hui réserves naturelles. Elles servirent de prison sous le régime de Salazar. Enfin au sud, à plusieurs centaines de kilomètres, se trouvent les îles Sauvages (dont la souveraineté est contestée par l’Espagne en raison de la plus grande proximité des Canaries). Toutes ces îles sont d’origine volcanique, résidu d’une activité de point chaud assez ancienne (plusieurs millions d’années). Elle constituent la partie émergée de reliefs émergeant du fond océanique à 4000 mètres de profondeur. L’île de Madère culmine à 1862 m au pico Ruivo, que nous aurons l’occasion de gravir au cours de ce voyage. Par endroits le sentier s’approche des falaises ce qui permet de disposer de vues intéressantes. La vue sur la piste de l’aéroport est aussi un grand classique de la péninsule de São Lourenço (je venais d’acquérir d’un nouveau téléobjectif de 300 mm pour mon appareil réflex, après avoir des années durant différé cet achat). Les piliers de béton qui supportent l’extension de la piste sont particulièrement spectaculaires vus sous cet angle. À mi parcours, le sentier franchit une sorte de crête assez spectaculaire, de trois mètres de large environ, bordée de chaque côté d’une falaise à pic tombant dans la mer. Ensuite, la balade se termine par l’ascension d’un petit sommet de 170 m de haut, le pico do Furado. La montée (en marches d’escalier) est assez raide, mais l’ascension est brève. Ce petit sommet une belle vue sur l’ensemble de la presqu’île, mais également sur les reliefs de Madère ainsi que sur l’aéroport. Ci-dessous, une vue au téléobjectif du rétrécissement que j’ai mentionné plus haut. Le sommet étant un cul-de-sac, nous amorçons le retour avec la descente. On note que le temps avait commencé à se dégager. Il s’agissait malheureusement d’une évolution temporaire. Nous avons pique-niqué en bord de mer, sur une plage de galets située en contrebas de la Casa do Sardinha (lieu de restauration pour les touristes). L’endroit était assez fréquenté car un petit quai y est utilisé comme point de départ pour de courtes balades en mer. Quelques photos du retour, en particulier du resserrement du sentier que j’ai ici photographié plus en détail. Un panoramique pris dans le secteur : Les falaises de nouveau photographiées, au même endroit qu’à l’aller mais cette fois-ci sous le soleil. La fin de la journée comportait une « exclusivité Allibert ». Au lieu de rejoindre le parking pour terminer la balade, nous avons obliqué pour une vallée assez sauvage jusqu’à retrouver la falaise au nord de la péninsule. En à peine quelques instants, nous nous sommes trouvés totalement seuls. La vue sur la falaise, sur le pico do Furado et sur les îles Désertes : Nous avons ensuite contourné une zone militaire. On pouvait apercevoir au loin la ville de Caniçal, ainsi que, plus près, le complexe touristique privé de Sierra da Piedade. L’accès à ce faux village est totalement réglementé. Au point de vue de Ponta do Rosto nous avons retrouvé la foule des touristes. C’est un lieu en bord de falaise desservi pour une route en cul-de-sac. Une foule compacte de touristes allemands âgés, arrivés en bus panoramiques, s’y pressaient à ce moment. Alors que j’avais par mégarde laissé s’envoler un papier, l’un d’eux s’est précipité pour le rattraper et le jeter dans une poubelle. La suite de la balade longeait la falaise (mais aussi, malheureusement, la route). Mais il y a eu un loup quand l’une des deux participantes québécoises a annoncé avoir oublié son « cellulaire ». Le guide l’a raccompagnée jusqu’au point de vue, que nous avions quitté un quart d’heure plus tôt, où elle a pu retrouver la chose à l’endroit où elle l’avait laissée. Pendant ce temps, nous avons continué, seuls, jusqu’au but convenu, la plage de Prainha, paraît-il la seule plage de sable de toute l’île de Madère. Mais la pluie nous a rapidement forcés à nous couvrir, excluant de facto la possibilité d’un bain. Une fois n’est pas coutume, nous sommes ensuite rentrés à Santa Cruz en empruntant un bus public (lequel ne passait pas par les tunnels, mais par l’ancienne route, visitant au passage toutes les localités de la côte). La journée suivante a connu une météo assez mitigée (et d’ailleurs annoncée). Nous avons démarré la randonnée sous la pluie. La balade démarrait d’un (ancien) tunnel routier reliant Caniçal et Machico (par lequel nous étions passés la veille en bus), et commençait par longer la levada de Caniçal. Les levadas, emblématiques de Madère, sont un vaste réseau de canaux d’irrigation, principalement destinés à amener l’eau depuis le versant nord de l’île (le plus arrosé car recevant directement les alizés) vers le versant sud, plus sec mais aussi plus peuplé. Ces canaux sont le plus souvent construits en (quasi-) courbe de niveau, quelle que soit la nature du relief, passant fréquemment au droit de de falaises très abruptes qui ont été taillées pour l’occasion. La conséquence est que les itinéraires pédestres qui longent ces canaux (systématiquement du côté du ravin naturellement) peuvent devenir particulièrement aériens. Autre particularité des levadas de Madère, l’existence de nombreux tunnels permettant à la levada d’éviter des reliefs trop escarpés, mais parfois aussi de traverser des montagnes de part en part. Il est souvent possible pour les randonneurs d’emprunter ces tunnels (ce que nous ferons à plusieurs reprises au cours du séjour), des traversées dépassant parfois le kilomètre, à condition d’avoir emporté une frontale et de faire attention à sa tête… Par rapport à d’autres, la levada de Caniçal que nous avons parcourue le premier jour était plutôt facile : un relief en pente douce, et pas de tunnel. Ce qui a fourni à notre guide moult occasions pour des arrêts explicatifs, que ce soit sur le fonctionnement de la levada ou sur la botanique (mais de ces derniers je n’ai pas noté grand chose…). Ainsi, les levadas permettent d’irriguer des cultures en terrasses, omniprésentes à Madère. En effet, les paysans ont a tour le rôle l’autorisation d’ouvrir une vanne pour irriguer leur champ avec l’eau du canal. Ces terrasses qui couvrent tout ce qui peut exister dans l’île comme versant cultivable, furent bâties aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles par des esclaves importés d’Afrique (dont il ne reste apparemment plus aucun descendant dans l’île). Malheureusement ces derniers temps, la plupart des insulaires ne souhaitent plus cultiver la terre, préférant (comme tout le monde…) vivre de métiers moins pénibles, de sorte que les terrasses sont progressivement laissées à l’abandon. Celles qui sont encore utilisées (comme dans le secteur que nous traversons aujourd’hui) le sont le plus souvent par des personnes âgées. Après une heure de cette progression horizontale, nous avons attaqué une petite montée de 300 m qui nous a permis de gagner un col (Boca do Risco) dominant la très sauvage côte nord de l’île. A suivi un long sentier en balcon parcourant ce versant abrupt sur environ deux kilomètres, trois cents mètres environ au-dessus du niveau de l’océan. Il s’agissait du premier sentier aérien de ce séjour, même si les passages les plus exposés étaient sécurisés par une barrière filaire. D’après le guide, ce sentier impressionnant a été taillé dans la roche au XIXᵉ siècle. Une vue sur le village de Porto da Cruz vers lequel nous nous dirigeons. Derrière Porto da Cruz se trouve une montagne assez emblématique, le Penha de Águia (ou rocher de l’Aigle, 590 m). Il s’agit d’un dyke volcanique. Son ascension n’était pas au programme de notre voyage. Nous avons fait halte pour le pique-nique dans une zone plus plate, au milieu des vignes (la pluie avait fort opportunément cessé). J’ai découvert que mes lunettes de soleil s’étaient cassées dans mon sac (il faut dire que j’en avais guère eu besoin ce matin là). J’en rachèterai une paire (payée 10 € !) à Santana. L’approche de Porto da Cruz, assez spectaculaire. Le village se trouve au cœur d’une ancienne caldeira, terme volcanologique fréquemment employé sur ce site et qui désigne un relief circulaire résultant de l’effondrement d’une chambre magmatique. Ce que j’ignorais (probablement), c’est que le mot est d’origine portugaise, caldeirão, ce qui signifie « chaudron ». Je n’ai pas photographié la descente, jusqu’à la mer effectuée par des rues en pente au milieu des maisons. J’ai estimé l’inclinaison de l’une de ces rues à 20 %, nous avions peur de glisser, mais j’aurais encore moins aimé être au volant d’un véhicule dans ce passage… A suivi une étonnante (mais brève) portion de sentier côtier. L’ambiance des côtes madéroises fait souvent davantage penser à la Norvège ou à l’Islande qu’aux tropiques… La fin de la journée a été consacrée à la distillerie de Porto da Cruz, l’un des trois sites de production de rhum de l’île. La canne à sucre y arrive par camion des champs alentour, puis y est broyée et distillée. À la visite faisait naturellement suite une séance de dégustation… à laquelle je n’ai pas participé. Il y avait énormément de touristes dans ce lieu. Avec aussi cette petite vidéo prise à l’intérieur de la distillerie. Un trajet en taxi nous a conduits au village de Santana, empruntant au passage un impressionnant tunnel de 3 km. Nous y sommes descendus dans un hôtel 4*, Allibert ne s’est pas fichu de nous pendant ce voyage. Dans le hall, un piano à queue (mais j’ai passé l’âge de l’essayer) ; une vaste salle de restauration, et une salle distincte pour le petit déjeuner ; un bar, une piscine et un sauna (où je n’ai pas mis les pieds) ; à l’extérieur de l’établissement, un dispositif pour nettoyer ses chaussures (indispensable après la balade du lendemain qui s’avérera fort boueuse). Notre chambre se trouvait au sous-sol. Après la douche, je suis allé faire un petit tour dans le village, l’occasion de photographier ces maisons traditionnelles au toit de chaume, emblématiques de Santana. Le temps était toujours très médiocre le lendemain, mais la météo prévoyait une amélioration par la suite. Le guide a donc permuté le programme avec celui du jour suivant, réservant la grande balade des crêtes (du pico Ruivo au pico do Arieiro) pour un temps plus dégagé. Nous avons donc commencé par la levada du Chaudron-Vert (Caldeirão Verde), un très grand classique de Madère, particulièrement fréquenté. Toujours à cause de la météo, notre guide a également inversé le parcours de la balade : au lieu de terminer par une descente de 400 m jusqu’au village d’Ilha, nous avons démarré de ce village pour franchir les 400 m dans le sens de la montée. La raison invoquée est que ladite descente risquait d’être très glissante. La montée (que je n’ai presque pas photographiée) était assez soutenue, effectuée le long une conduite d’eau à ciel ouvert mais abandonnée (et partiellement recouverte de terre). Canalisation abandonnée car remplacée par un tuyau de plastique supportant la haute pression (il suffit de faire le calcul, on arrive très vite à quelques centaines de bars !). Les tuyaux de ce type sont assez chers mais demandent beaucoup moins d’entretien que les conduites à ciel ouvert. La question qui vient naturellement à l’esprit, c’est pourquoi ils n’ont pas également remplacé le système de levadas, dont les plus récentes datent des années 1970. Le sentier que nous avons emprunté, et qui donc longeait l’ancienne conduite, était par endroits encaissé de deux à trois mètres par rapport au sol. Épaisseur qui était celle de la terre, la conduite ayant été construite sur la roche dure. La montée se terminait au niveau de la levada du Chaudron-Vert. La suite de la balade, jusqu’au milieu de l’après-midi, consistait à longer en aller-retour cette levada jusqu’à sa « source » (il ne s’agit pas d’une véritable source, mais c’est ainsi qu’on dénomme l’endroit où un torrent de montagne est détourné pour aller alimenter la levada). Dans ce cas particulier, la source est localisée au cœur d’une spectaculaire cheminée volcanique, le chaudron d’Enfer (Caldeirão do Inferno). Notre parcours de long de la levada a débuté par un tunnel de 300 m de long, pour lequel la frontale était nécessaire. Ces tunnels sont souvent très bas de plafond, obligeant les (relativement) grands comme moi à faire très attention à la tête et d’effectuer plié en deux une bonne portion de la progression. (Le parcours comprenait d’autres tunnels par la suite, mais plus courts). Le tunnel débouche au cœur d’un versant très escarpé (parfois même franchement à pic). Le passage est fort heureusement sécurisé sur presque toute la longueur par un câble métallique. Il faut quand même rester sur ses gardes, d’autant que la progression ne se fait en général pas sur un sentier (comme sur la première photo), mais directement sur le muret de la levada, passablement glissant du fait de l’humidité. Pour corser la chose, les croisements avec d’autres groupes de touristes sont très fréquents, obligeant l’un des deux randonneurs à trouver une précaire position d’évitement, en général en équilibre instable au-dessus du canal. Mettre le pied dans l’eau n’est du reste pas conseillé non plus (même si le courant est assez paisible ; un tel incident s’est d’ailleurs produit une ou deux fois parmi notre groupe au cours du séjour). (Par moments, surprise, on pouvait distinguer quelque grosse truite nageant dans le canal, y compris à contre-courant). Notre guide s’adonnait assez fréquemment à des arrêts botaniques, qu’il m’arrivait de trouver assez malvenus en raison du précipice. L’un des objets de ses explications était l’orchidée (photo ci-dessous). Il nous a aussi parlé des lauriers de Madère qui boisent ces versants. Une brève excursion au-dessus du parcours de la levada nous a permis d’aller voir un premier « chaudron » (ancienne cheminée volcanique), le chaudron Vert. On reprend ensuite la levada pour atteindre le chaudron d’Enfer. Cette deuxième partie est moins escarpée que la première. De nouveau quelques tunnels avant d’arriver, puis un passage au fond des gorges (incluant une traversée de cascade…) Et voici le fameux chaudron. Nous avions prévu d’y pique-niquer, mais la pluie s’est invitée au mauvais moment. Enfilage des vêtements de pluie, puis repas expédié avant de repartir. Le tout pour rien car la pluie s’est presque immédiatement arrêtée, n’ayant réussi à qu’à nous importuner. Ensuite comme prévu, retour sous nos pas jusqu’au premier tunnel. Pour ensuite poursuivre le long de la levada, sur un versant boisé beaucoup plus apaisé. La randonnée se termine à la Casa das Queimadas, sorte de parc paysager en bordure de route où s’achève la levada. On y trouve de très grands arbres, des séquoias semble-t-il. Notre guide nous a laissé 30 minutes pour visiter les lieux, mais (à l’instar de plus de la moitié de groupe) j’ai préféré me reposer sur un banc. Nous avons comme annoncé effectué la grande balade des crêtes le lendemain, bénéficiant de conditions météo exactement conformes à ce qui a été annoncé (j’ai quand même trouvé cela scotchant…). À savoir, un départ dans le brouillard, dont on émergerait avant d’arriver au premier sommet, le reste de la balade s’effectuant sous le soleil. La balade en question est l’une des plus courues mais aussi des plus difficiles de Madère : elle consiste à rallier par les crêtes, deux des plus hauts sommets de l’île, le pico Ruivo (1862 m) et le pico do Arieiro (1818 m). On note que le second est accessible en voiture tandis que le premier ne nécessite que 300 m de montée depuis le parking. La véritable difficulté se trouve de fait entre les deux, une traversée qui parcourt la zone montagneuse la plus accidentée de Madère, une suite de pics volcaniques. Elle est donc aérienne mais très aménagée et sécurisée, toutes les montées et les descentes s’effectuant par des marches d’escalier (également quelques échelles). Il y a aussi quelques tunnels permettant de franchir des pics. Cette voie pédestre (qui a nécessité des travaux colossaux) aurait été aménagée par les militaires dans les années 1930. L’itinéraire de montée passe par un refuge (la casa de Abrigo), situé à une cinquantaine de mètres sous le sommet du pico Ruivo. Nous y avons fait halte pour un café bienvenu, avant d’attaquer la fin de la montée qui s’effectue en aller-retour. Le sommet du pico Ruivo offre un magnifique panorama sur l’ensemble de l’île, mais dont nous n’avons pu bénéficier que partiellement. Nous pouvions apercevoir ce qui serait notre terrain d’évolution à la fin du séjour, à savoir le col du pico Grande et sa descente escarpée jusqu’au village des Nonnes (Curral das Freiras), ainsi appelé parce que les femmes s’y réfugiaient pendant les attaques de pirates — c’est le seul village de l’île qui soit invisible depuis la mer. Ci-dessous le début de la traversée, après être repassés par le refuge. Le terrain me faisait un peu penser aux pentes intermédiaires du Kilimandjaro. Les choses sérieuses ont vraiment commencé après le passage sur le versant sud du pico das Torres. Historiquement le sentier passait au nord, mais un éboulement a condamné cet itinéraire ; la déviation qui a alors été construite comporte quelques échelles (ce qui n’était pas le cas auparavant). En fait leur franchissement n’est pas très difficile, il s’agit davantage d‘escaliers métalliques que d‘échelles. On peut les descendre sans se retourner. Nous avons pique-niqué après les échelles, sur un petit promontoire modérément pentu, au cœur d’un spectaculaire cirque entouré de parois volcaniques tapissées d’orgues basaltiques. La suite de l’itinéraire devient de plus en plus spectaculaire et aérien (sans être pour autant stressant ni risqué, tant le sentier est sécurisé). Le passage commence par trois tunnels qui permettent de passer rapidement de l’autre côté de parois totalement verticales. Tunnels qui sont ici creusés pour le seul besoin des randonneurs, sans qu’il n’y circule une quelconque levada. (Les photos précédentes ont en réalité été prises au téléobjectif depuis le lieu du pique-nique). On attaque maintenant les tunnels : Suit une montée soutenue sur des marches étroites, qui nous fait gagner le voisinage du pico Arieiro. L’itinéraire se termine par une crête minérale très aérienne, sécurisée par une barrière des deux côtés. Mais j’avais eu un avant-goût de ce passage par les photos que m’avait envoyées Allibert, suite à mes questions concernant les sentiers exposés de Madère. On peut faire un détour par un petit belvédère qui domine en théorie la côte nord de l’île (celle d’où nous venons) ; mais le panorama de ce côté était encore assez bouché. Le pico Arieiro, nonobstant le fait qu’il est accessible par la route, abrite une installation radar sphérique, qui sert je pense à la régulation du trafic aérien de l’aéroport de Madère (peut-être également d’ailleurs celui de Porto Santo). Avec un peu d’imagination, cela me faisait penser à ces vues d’artiste que l’on trouve dans les ouvrages de cosmologie que je consultais avec délice au cours de mon adolescence, censés représenter le paysage de quelque satellite désolé en orbite autour d’une planète géante qui se lève à l’horizon. Je suis arrivé au sommet parmi les premiers. J’ai eu tout loisir de faire joujou avec mon nouveau téléobjectif, retrouvant dans ce paysage accidenté les méandres de l’improbable sentier que nous venions de parcourir (mine de rien, j’étais content de l’avoir fait avant de l’avoir vu). Satisfaits d’être enfin tous arrivés, nous nous sommes octroyé une pause au café installé au sommet. La journée s’est terminée par un long transfert jusqu’à l’hôtel suivant, situé au village de Boaventura, toujours sur la côte nord mais plus à l’ouest. Donc il a tout d’abord fallu d’abord descendre du pic, puis franchir le long tunnel de 3 km déjà emprunté deux jours plus tôt et précédemment mentionné, ainsi qu’encore d’autres tunnels par derrière. Boaventura est un tout petit village, il n’y a pas par exemple de supermarché. Il est très proche de la mer géographiquement, mais tout de même à 300 m d’altitude, séparé des flots par une falaise à pic d’où la vue vaut le détour (je me rendrai sur les lieux le lendemain après la balade). L’hôtel n’était pas un palace comme à Santana, mais une sorte de pension de famille, très agréable (avec un vieux bâtiment où je logeais, un autre plus moderne où se trouvait un sauna que certains ont essayé). Le dîner était excellent mais trop copieux à mon goût avec ses deux entrées (et à l’apéritif pour ceux qui en prenaient, la poncha proposée était particulièrement alcoolisée). Balade plus courte le lendemain mais aussi bien plus sauvage (nous ne croiserons qu’un seul groupe d’autres touristes, des Français bien évidemment, assez âgés en moyenne). Revers de la médaille, cette randonnée était aussi moins sécurisée (et donc pour moi plus stressante) que celle de la veille. L’essentiel de la progression s’est effectuée le long de la levada dos Tornos, longeant les pentes d’une vallée au-dessus de Boaventura. Avant une longue descente pour finalement regagner l’hôtel à pied. Nous avons démarré du village de Lombo do Urzal, situé à quelques kilomètres de route de notre hôtel. Notre guide avait affrété pour nous y rendre un unique taxi qui a donc dû faire deux voyages. Je faisais partie de la première fournée, nous avons attendu au bas du village, c’était au début un peu frisquet car à l’ombre, avant que le soleil n’éclaire rapidement les lieux (on pouvait voir l’ombre régresser à vue d’œil). Nous avons commencé par gagner le niveau de la levada, environ 200 mètres de dénivelé qui ont constitué la principale montée de la journée. Ensuite, nous avons pour commencer obliqué vers la droite pour gagner la « source » de la levada c’est-à-dire le torrent alimentaire, distante d’environ 2 km. Puis, retour sur nos pas, continuant le long de la levada dans l’autre direction, le tout sur une dizaine de kilomètres. Nous quitterons la levada avant qu’elle ne traverse la montagne par un long tunnel. Il y a eu quelques arrêts botaniques que j’ai écoutés de manière distraite. Notre guide nous a parlé de lauriers de Madère et de bois d’acajou. Nous avons déjeuné au milieu du parcours le long de la levada, au fond d’un val dans un endroit d’accès assez malaisé. Des aménagements en béton permettent de collecter l’eau pour remplir davantage la levada. Après l’endroit où nous avons déjeuné, la levada traverse une paroi presque à pic, contournant un impressionnant promontoire rocheux. La canal (et son étroit muret) passe par endroits dans une encoche creusée à même la roche. Je n’en menais pas large. Heureusement, le plus souvent, la végétation masque un peu le vide donnant une (fausse) impression de sécurité. La pente s’adoucissait ensuite et nous avons atteint une maison utilisée par les techniciens de maintenance ; deux d’entre eux étaient justement en train de curer le canal. Le courant emporte en effet une quantité impressionnante de feuilles mortes dont il convient périodiquement de se débarrasser. Un bassin de décantation, situé juste avant le tunnel, stocke les feuilles pour éviter qu’elles n’aillent obstruer celui-ci ; les techniciens s’affairaient à le nettoyer après l’avoir vidangé. Voici l’entrée du long tunnel dans lequel pénètre ensuite la levada, lequel traverse ensuite l’île dans toute sa largeur. Le premier tronçon, d’une longueur de 2 km et qui n’est pas le plus long loin s’en faut, est rectiligne, on peut apercevoir la lumière au bout. Certains touristes le parcourent à pied. Ce tunnel aboutit au fond d’une vallée située au pied du chaudron Vert (balade de l’avant-veille), un endroit par ailleurs totalement inaccessible, et ce avant de repartir pour un trajet souterrain encore plus long. L’intérêt de la traversée du tunnel pose quand même question. Nous avons entamé la descente en direction des villages de Quebrada, puis Faja do Penedo (avec un tronçon de route entre ces deux villages). Des vignes poussent dans le secteur, avec un autre étage de culture en-dessous (des pommes de terre en général). La balade s’est terminée par par un ancien chemin dallé qui longe la route principale. Mais il a fallu remonter sensiblement pour retrouver l’hôtel. Comme il était encore assez tôt, après une petite sieste, je suis sorti faire un tour dans le village de Boaventura, passant au niveau de son église (fermée) située en hauteur (sur l’une des photos, l’un des nombreux aménagements routiers récents de Madère). J’ai ensuite gagné un belvédère dominant la mer, située 200 m en contrebas. Si cette journée avait comporté peu de dénivelé, tel n’a pas été le cas de la suivante où nous avons effectué la plus importante montée du séjour : 800 m au total, dont 650 m d’un coup au démarrage. Après un assez long transfert vers l’ouest (dépassant la ville de São Vincente), nous avons démarré du lieu-dit de Criação de truta situé dans la vallée de Seixal. La montée jusqu’au plateau de Paul da Serra s’est effectuée en sous-bois (laurisilva primaire), sur un sentier aménagé en marches d’escalier, mais pas trop raide in fine. Quelques belvédères aménagés par endroits permettent d’entrevoir le paysage. Nous avons ensuite progressé quelque temps sur le plateau, évitant autant que faire se peut de marcher sur la route. Un incendie a ravagé le secteur il y a quelques années, mais la végétation a maintenant suffisamment repoussé pour rendre les lieux de nouveau attractifs. Nous avons observé en bordure de plateau une installation téléphérique qui permettait aux paysans de descendre les fougères qu’ils coupaient sur les hauteurs (sans doute pour nourrir le bétail, je n’ai pas noté). La pratique et l’installation sont abandonnées depuis quelques années (je n’ai pas pris de photo). J’ai photographié cet étonnant ciel tacheté en jouant avec mon polarisant. Le brouillard est ensuite retombé et c’est sans rien voir que nous avons gagné (moyennant encore une petite montée) le lieu-dit Fanal où allait avoir lieu notre pique-nique. « fanal » est un terme maritime au relents jules-verniens qui signifie la même chose en portugais qu’en français, en l’occurrence une lanterne servant à marquer la position d’un bateau : « le fanal s’alluma soudain, et son vif éclat fit évanouir cette vague lumière ». Cela étant, j’ignore pourquoi ce lieu situé à 1200 m d’altitude a été baptisé ainsi. Fanal est connu pour ses lauriers centenaires, et nous avons pu y déjeuner sous le soleil revenu. Nous n’avons par contre pas pu bénéficier des installations de pique-nique, déjà occupées par une fort bruyante smala qui préparait un barbecue, avec un transistor à fond et un énorme clébard qui courait partout. Nous avons donc fait halte cent mètres plus haut, dans l’herbe, suffisamment loin pour que le chien nous laisse tranquille mais pas assez pour être à l’écart du bruit ni des odeurs. Pendant la sieste (où cours de laquelle le sommeil tenait de la gageure), j’ai pour tuer le temps fait joujou avec mon téléobjectif. L’après-midi nous avons suivi une levada assez ancienne située en contrebas du plateau côté ouest, la levada dos Cedros. Nous l’avons rejointe par un sentier en marches d’escaliers. Les versants parcourus étaient beaucoup moins escarpés que les jours précédents. J’ai quand même trouvé cette progression de 7,2 km un peu monotone. L’itinéraire était également assez boueux (et donc glissant), moins cependant que trois jours plus tôt. Le taxi nous attendait là où la levada rejoint la route, pour nous conduire à Porto Moniz, village balnéaire des environs. Porto Moniz est connu pour ses piscines naturelles formées dans la roche volcanique. Mais je n’ai trouvé la motivation pour m’y baigner (c’eût pourtant été, pour ainsi dire, l’unique occasion de le faire à Madère). Nous sommes descendus à Porto Moniz et pour deux jours, dans un hôtel moderne et un peu froid. L’établissement ne faisant pas restaurant, nous sommes allés dîner dans un restaurant du bourg. Avant le dîner, il y a eu une séance apéro dans un bistrot, très bruyante car un match de foot était en cours. La balade du lendemain était vendue comme du « sentier côtier », mais n’avait pas grand chose à voir avec la Bretagne. Nous avons essentiellement progressé sur des sentiers de montagne très raides (en alternance, descente, montée puis descente). Le départ était fixé au sommet (accessible par la route) du télécabine de Quebrada Nova. Ce télécabine (qui est plus exactement un téléphérique doté de deux petites cabines) permet de desservir le village éponyme situé en bord de mer, au pied d’une falaise vertigineuse. Quebrada Nova est en effet inaccessible par la route, inaccessible par la mer (absence de port), et très difficilement accessible à pied, comme nous allions d’ailleurs nous en rendre compte. Et pour couronner le tout, les téléphones portables n’y passent pas ! C’est certainement là le point le plus dur… Le village est pourtant toujours habité par quelques dizaines de personnes. Mais ce n’est pas en téléphérique que nous allions descendre (puis remonter), mais bien à pied. Le sentier, en lacets, parfois aménagé en marches d’escalier et par endroits sécurisé, même s’il ne descend pas sous le téléphérique, emprunte un versant souvent assez raide. Ce danger apparent n’a pas empêché une participante (Marie-Andrée, une des Québécoises du groupe) de tomber du sentier par inattention en voulant photographier des fleurs. Tabernacle ! Plus de peur que de mal heureusement, elle a été retenue par un tapis de ronces et s’en est sortie avec quelques égratignures. Le sentier se termine par un escalier manifestement ancien, entièrement bâti en pierres de taille, et qui permet de franchir la falaise, d’une quinzaine de mètres à cet endroit mais verticale. On arrive alors sur la grève. Une fois en bas, nous avons effectivement trouvé un petit sentier côtier qui nous a permis d’arriver assez vite au village. Le téléphérique, non encore ouvert ce matin, fonctionnait maintenant et avait déjà déversé un certain nombre de touristes. Nous avons fait le tour du village, passant au milieu des maisons encore habitées, et des cultures de pommes de terre. Le plus intéressant dans cette balade n’est pas en fait le village, mais la vue sur la côte nord-ouest de l’île, particulièrement sauvage et escarpée. Il existe d’ailleurs un sentier qui remonte par ce versant, lequel fort heureusement n’était pas à notre programme… Bien que le village soit complètement isolé du réseau routier, on y trouve une petite route pavée. Il n’y circule aucun véhicule à l’exception d’un service de ramassage des ordures. Les poubelles sont remontées par une installation téléphérique distincte. Ensuite il a fallu remonter : un tiers par le même chemin, puis par un itinéraire alternatif qui s’élève de l’autre côté de la petite vallée. Ce nouveau sentier est beaucoup plus escarpé et aérien que celui emprunté à la descente, il était heureux que le trajet n’ait pas été effectué dans l’autre sens. Chacun est monté à son rythme, je me situais (comme d’habitude) au premier tiers du groupe. Ce versant était autrefois cultivé mais les terrasses sont maintenant abandonnées. Une situation de plus en plus fréquente à Madère. C’est un peu triste quand on pense au travail de titan que leur édification a pu nécessiter par le passé. Une fois en haut de la montée, à environ 400 m d’altitude, nous avons trouvé une route en impasse qui dessert un belvédère. Nous y avons pique-niqué bien que le lieu soit un peu éventé. L’après-midi était beaucoup plus facile (mais aussi un peu fastidieux). Nous avons tout d’abord monté encore une bonne centaine de mètres, par la route. Puis traversé plusieurs villages (Pombais, Salão, Fazenda) avec quelques brefs passages le long d’une levada. La balade s’est terminée par une bonne descente jusqu’à Porto Moniz, en grande partie sur un antique sentier muletier pavé (qui n’est plus guère utilisé que par quelques groupes de touristes). Nous en emprunterons un itinéraire similaire, encore plus impressionnant, le lendemain à Paúl do Mar. La journée suivante a été principalement effectuée le long de la levada Nova, laquelle domine à 650 m d’altitude la côte sud-ouest de Madère ; exception faite de deux excursions sous la levada qui entraîneront des dénivelés relativement importants, tant en montée qu’en descente. Ainsi, nous avons démarré la balade du village de São Laurenco, à 500 m d’altitude donc sous la levada. Nous avons donc commencé par monter 150 m sur de petites marches. Ensuite, progression (un peu monotone) le long de la levada. Les pentes dans ce secteur sont assez douces (ce sera le cas toute la journée, exception faite de la descente finale). Notre guide nous a prodigué quelques explications sur le système de répartition d’eau. J’ai aussi photographié l’un des récents ouvrages d’art sous lequel passe la levada. Quelques champs plus photogéniques. Le second est de la canne à sucre que notre guide nous a fait goûter (bof…) Au village de Raposeira, nous avons quitté la levada en direction belvédère du même nom. 150 m de descente et autant de montée, par un itinéraire différent. Sur la butte qui fait face, on aperçoit le début de la descente abrupte vers le village de Paúl do Mar, que nous emprunterons en fin de journée ; mais il reste avant cela un long chemin à parcourir puisque nous devons remonter à la levada et parcourir encore cette dernière sur plusieurs kilomètres. Le belvédère domine le village de Paúl do Mar (il semble qu’en portugais « paúl » signifie plateau et n’ait aucun rapport avec le prénom). Pendant la remontée après le belvédère : Retour à la levada (toujours assez monotone). Comme il se faisait assez tard, nous avons déjeuné en chemin et non au bout du parcours. Au fond d’une vallée comme trois jours auparavant, mais sur un terrain bien plus doux.
Fin de la levada au village de Prazeres que nous avons ensuite traversé jusqu’à son église.
Il y avait là un café où nous avons fait une halte réparatrice. À côté du café se trouvait une ferme touristique avec d’étranges animaux (ce gros oiseau était peut-être un nandou). Nous nous sommes ensuite progressivement dirigés vers la mer et la fameuse descente. Mais l’une des deux Québecoises a encore fait des siennes, obligeant le guide à faire demi-tour (oubli d’un bâton). La vue sur la mer avant le début de la descente. On aperçoit le village de Jardim do Mar où nous dormirons les prochaines nuits (la jetée par contre est celle de Paúl do Mar). Un panneau explicatif à l’attention des touristes nous renseignait sur ce qui nous attendait maintenant : 560 m de descente sur une longueur d’1,8 km, soit une pente moyenne de plus 30 % ! Le tout sur un versant particulièrement raide ; mais la voie est sécurisée sur les passages les plus exposés. Comme la veille à Porto Moniz, le sentier est entièrement pavé, aux marches arrondies. Par temps de pluie cela doit quand même être glissant. Il s’agit là aussi d’un ancien sentier muletier, presque totalement recouvert de végétation car n’étant plus emprunté que par quelques groupes de randonneurs. Après plusieurs lacets le sentier atteint une gorge assez impressionnante. Pour finalement arriver sur le village. Notre groupe s’était fortement dispersé, nous nous sommes d’abord attendus dans un café. Puis certains sont allés se baigner à côté du petit port (je me suis contenté des pieds). Nous avons ensuite gagné Jardim do Mar en taxi (un véhicule et deux voyages) : malgré la proximité des deux villages il semblait impensable de nous y rendre par la grève. La route entre Paúl do Mar et Jardim do Mar est intégralement en tunnel. Jardim do Mar est par ailleurs normalement desservie par une route directe en lacets, mais cette dernière était fermée pour travaux. Nous avons donc dû chacun des deux jours suivants, emprunter de nouveau ce tunnel et repasser par Paúl do Mar ainsi que par la spectaculaire route ER223, pour nous rendre en balade dans la montagne. Une balade assez facile, le lendemain, quoique presque exclusivement effectuée en montée. Une journée également très populeuse, étant la dernière des quatre balades les plus courues de l’île. Il s’agit du site de Rabaçal, comprenant des parcours le long de plusieurs levadas d’un même réseau, séparées par des cascades qu’on a l’occasion d’aller admirer. Le fait toutefois de randonner en montée (contrairement à la majorité des touristes), et aussi qu’Allibert nous ait pour une petite part éloignés de l’itinéraire le plus touristique, nous a offert un calme relatif au début et à la fin de la balade. Nous avons démarré la randonné à 1000 m d’altitude, depuis le versant qui domine la mer, au-dessus de du village de Calheta. En contrebas se trouve une centrale électrique. D’après ce que j’ai pu deviner des explications du guide, assez peu claires sur le sujet (ce n’était pas un scientifique…), l’île dispose d’installations hydroélectriques réversibles permettant d’« emmagasiner » l’énergie produite la nuit par les éoliennes, en pompant l’eau depuis un réservoir bas jusqu’à un autre situé sur le plateau (près duquel nous passerons en fin de balade). C’est ce dispositif que nous pouvions apercevoir ce matin là. Après une brève mise en jambes sur un chemin plat et en balcon, dominant la mer, nous avons brusquement changé de versant par un tunnel rectiligne de 700 m de long (nous ne verrons plus la mer avant la fin de la journée). Ce tunnel, l’un des plus longs que nous ayons été amenés à emprunter, laissait le passage à une levada mais aussi à une conduite forcée ; il n’était heureusement pas trop bas de plafond. (Un Français qui randonnait seul dans les parages nous a emboîté le pas, il n’avait osé s’aventurer seul dans le souterrain). Mes connaissances en matière de religion laissant fortement à désirer, je ne saurais dire si la petite statuette à l’entrée de la galerie est celle de Sainte Barbe. (Chez nous aussi on en place à l’entrée des tunnels du chantier du Grand Paris express, je m’étonne d’ailleurs que les laïcards islamogauchistes qui font chez nous la pluie et le beau temps, ne s’y soient pas encore attaqués). Débouchant dans la vallée de Rabaçal, nous avons immédiatement trouvé l’affluence des touristes, laquelle n’allait que croître dans la suite de la journée. Le premier objectif du jour avait été supprimé du programme Allibert en raison de l’affluence, mais notre guide a préféré le rajouter ; il s’agit des Vingt-Cinq Fontaines, lieu qui désigne en fait une cascade. On l’atteint par une marche en courbe de niveau le long d’une levada, très bien sécurisée, ce qui vaut mieux tellement il est fréquent de devoir croiser d’autres randonneurs. (Encore une photo de petit moineau). Une première montée nous a conduits à un belvédère sur les cascades du site (lieu très populeux). A suivi une seconde montrée avec un passage par une maison forestière, puis nous sommes arrivés à un lac situé au bas d’une double cascade (la cascade do Risco). Les cascades ne débitaient pas beaucoup en réalité, vu que la majorité de l’eau du torrent est déviée vers les installations hydroélectriques. C’est à cet endroit que nous avons pique-niqué, malgré le fait que nous n’y étions pas seuls. Je me suis installé sur une rocher qui faisait comme une petit île dans le lac, j’y étais bien tranquille mais ce n’était pas sans risque pour mes affaires (j’ai heureusement réussi à ne rien laisser tomber à l’eau). Parmi les touristes présents, beaucoup d’Allemands qui se tenaient fort mal. Certains pratiquaient la pêche à la ligne (je doute que ce fût autorisé, sachant que nous étions dans un parc), rejetant ensuite à l’eau leurs prises qui paraissaient dans un sale état. L’écologie chez les Teutons, c’est bon pour imposer à toute l’Europe des poubelles multicolores dans des lieux exigus, mais cela s’arrête là. Il y en avait d’autres qui s’adonnaient à un loisir à la mode, faire voler un drone au-dessus du lac, dérangeant notre (relative) quiétude y compris sur mon îlot. La première fois je me suis demandé ce que c’était, craignant l’approche d’un frelon ce qui m’a amené à me contorsionner sur mon rocher au risque de perdre l’équilibre… Comme l’a justement commenté ensuite d’un de mes compagnons de voyage, il y a des lance-pierres qui se perdent. Une troisième montée effectuée après le pique-nique, nous a permis de terminer l’ascension de la falaise. Nous avons trouvé d’autres levadas sur le plateau que nous avons suivi quelque temps, avant de faire une pause dans le lit du torrent qui alimente les cascades. Le lieu semble s’appeler Dona Beija. La photo des poissons dans l’eau vaut ce qu’elle vaut j’en conviens… Ensuite, notre guide nous a entraînés sur un sentier à peine marqué se frayant un passage dans les « kékés » : c’est le seul sentier de ce type que nous emprunterons de tout le séjour (pourtant l’itinéraire était bien indiqué sur mon GPS, sur la carte Openstreetmap). Heureusement la zone n’était pas vertigineuse. Et puis, du coup, nous nous sommes retrouvés quasiment seuls. Ce sentier nous a permis de gagner une dernière levada, très moderne, et bien alimentée en eau (levada do Alecrim). C’est elle qui détourne l’essentiel de l’eau du torrent vers le réservoir que l’on aperçoit un peu plus loin en contrebas (visible, quoique difficilement, sur le premier des deux clichés ci-dessous), lequel alimente le système de centrales électriques. La randonnée se terminait après une ultime petite montée, sur une route en terre située à 1400 m d’altitude environ, et sur laquelle nous attendaient deux taxis (les autres touristes qui randonnent dans le secteur démarrent de la route principale, un peu en contrebas). Ce lieu situé sur le plateau de Paul da Serra (lequel occupe tout le centre ouest de Madère), n’était distant que de quelques centaines de mètres du départ de la randonnée du lendemain. Pourtant, nous allions maintenant effectuer un long transfert jusqu’à notre gîte de Jardim do Mar, transfert que nous effectuerions intégralement en sens inverse le lendemain matin. Commençant à connaître Allibert (et ayant rencontré une situation semblable en Bulgarie), je crois comprendre comment les choses ont dû s’organiser ; à l’origine Allibert devait faire loger les clients dans les parages, dans quelque lieu montagnard fort rustique ; de quoi ces derniers ont regretté la convivialité du gîte de Jardim do Mar et ont protesté sur la fiche de réclamation. On ne s’en plaindra pas, mais c’est quand même une sensation étrange de s’extraire le temps d’une soirée d’une ambiance alpestre pour retourner à la mer. Comme il était encore assez tôt quand nous avons atteint Jardim do Mar, et comme je n’avais guère envie de me baigner (opération que je jugeais à la fois frisquette et périlleuse), je me suis baladé le long du remblai (la promenade est un peu trop bétonnée à mon goût) puis dans le village. On notera (bien qu’elle soit à contrejour) la vue sur Paúl do Mar, exact opposé d’une photo prise la veille. La balade du lendemain était beaucoup plus longue et difficile. A contrario de la précédente, elle se ferait presque exclusivement en descente. Également, une balade beaucoup plus calme du point de vue de l’affluence touristique. Comme annoncé hier, nous sommes tout d’abord retournés en véhicule sur le sommet du plateau de Paul da Serra (j’ai tenté au passage de photographier depuis le véhicule la route ER223, mais je ne suis guère satisfait du résultat). Le fort sauvage plateau de Paul da Serra est le lieu qui avait un temps été envisagé pour y construire l’aéroport, car il s’agit de la seule zone plate de l’île ; cette idée a toutefois été abandonnée en raison des vents fréquents. Vents qui ont été mis à profit pour construire une forêt d’éoliennes, un véritable massacre paysager. Encore qu’à Madère l’éolien ait un sens en raison de la quasi permanence des vents. Ce qui n’est pas le cas chez nous loin s’en faut, où l’intermittence des vents rend insensé le remplacement du nucléaire par des éoliennes (sachant que des centrales à charbon doivent parallèlement être construites afin de démarrer au quart de tour dès que le vent faiblit), entraînant depuis deux décennies un massacre en bonne et due forme de l’intégralité de nos paysages (sans compter le hachage des oiseaux et la pollution lumineuse). Une folie qui n’est pas près de s’arrêter, puisque du fait de la récente crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine, le gouvernement s’apprête à en remettre une couche, d’une ampleur dépassant toutes les précédentes, et sans qu’une opposition complaisante et atone élève la moindre objection. La balade a débuté par la brève ascension du pico Ruivo do Paul (1640 m). Ce sommet qui vu du plateau se présente comme une sorte de monticule, est par contre assez escarpé sur son autre versant. On notera la montée d’une mer de nuages, annonciatrice d’une dégradation météorologique. De fait, nous serons dans le brouillard une partie de l’après-midi (ainsi que le lendemain matin). On aperçoit également (photo de droite) le réservoir d’eau évoqué la veille. Nous sommes ensuite passés au pied des hideuses éoliennes précédemment mentionnées, et que je me suis abstenu de davantage photographier ; également, cette bâtisse autrefois utilisée par les gardes forestiers, sous le régime de Salazar (notre guide nous a raconté des détails mais je les ai oubliés ; il semble que la forêt devait à l’époque abriter des trafics ou activités illégales). L’endroit qui s’appelle Estanquinhos est maintenant à l’abandon. Nous avons ensuite gagné un second pic, le Bica da Cána (1620 m), dont il n’est pas certain qu’il figurât au programme d’Allibert. Ce pic offre une vue sur les sommets parcourus au cours de la première semaine, en particulier le pico Ruivo et le pico do Arieiro. C’est après ce second pic qu’a débuté la longue descente devant nous conduire à Encumeada (env. 850 m d’altitude), où nous allions loger dans un hôtel situé en pleine montagne (parcours qui devait également comprendre deux longs tunnels de la levada del Norte). Le début du sentier de descente était bien aménagé, quoique peu parcouru par les touristes (nous y avons toutefois croisé un autre groupe Allibert, d’un niveau plus difficile, parcourant l’ensemble des crêtes de l’île sans s’offrir au milieu des nuits au bord de la mer…). Nous avons déjeuné juste avant d’entrer dans le brouillard, dans un lieu assez bucolique, Chão das Poças. Cette maison datant du XIXe siècle, très isolée, est toujours la propriété d’une famille de notables, mais est maintenant à l’abandon. La mer de nuages montante ne nous a pas empêchés de prendre le temps d’une petite sieste, d’après mes souvenirs fort réconfortante. Nous avons ensuite poursuivi notre cheminement, d’abord le long d’une levada abandonnée (et souvent bouchée) ; cette levada qui semblait fort ancienne et dont je n’ai pas noté le nom, était souvent construite en pierres de tailles, et son parcours comprenait aussi quelques brefs tunnels. La descente est repartie ensuite de plus belle, en marches d’escalier (rondins de bois), avec un bref passage aérien sur une crête. Un passage dont le brouillard atténuait l’éventuelle sensation de vide. Cette descente nous a conduits en contrebas de la levada del Norte que nous devions ensuite suivre, levada pourtant située sur le même versant et qu’à nul moment nous nous étions rendus compte de l’avoir croisée : l’explication est que la levada passait dans un tunnel sous la crête que nous venions d’emprunter. Donc, une petite remontée s’est avérée nécessaire pour la trouver. La levada del Norte est l’une des plus longues de l’île de Madère. Nous allions la longer sur plusieurs kilomètres, avec au passage deux tunnels, les plus longs (et également les derniers) du séjour, le premier d’environ 1 km et le second de 800 mètres. Le premier de ces deux tunnels notamment était de parcours assez malaisé, avec des courbes aux extrémités (empêchant donc de voir la sortie), et surtout une plate-forme pédestre assez étroite, il fallait prendre garde à la fois à ne pas tomber à l’eau et à ne pas se cogner. Nous n’avons pas véritablement compris d’où sortait cette poule. Une ultime descente de 150 m nous séparait encore de l’hôtel. Notre guide n’a pas emprunté l’itinéraire le plus direct, préférant utiliser une piste carrossable abandonnée, ayant peut-être servi à la construction du dernier tunnel. Nous avons terminé la journée par une portion de route asphaltée (que d’ailleurs nous réemprunterons en sens inverse le lendemain). L’hôtel située en bord de la route en pleine montagne, loin de tout village, est dévolu à l’accueil des randonneurs. L’ambiance n’y est pas des plus agréables, avec ses restaurants fonctionnant en buffet mais ouvrant à heure fixe, occasionnant une fort fastidieuse file d’attente devant ledit buffet, que ce soit au dîner ou au petit déjeuner. La dernière balade du séjour consistait à partir à pied de l’hôtel d’Encumeada, de franchir un col (Boca do Cerro), pour terminer à Curral das Freiras (le village des Nonnes). C’est à la descente de ce col que l’on rencontre les passages que j’ai considérés comme les plus délicats du séjour (une descente raide sur des pierres roulantes sans possibilité de s’accrocher, le tout sur un versant très escarpé avec du vide en-dessous). Cela m’a rappelé une certaine randonnée CAF face au mont Blanc que j’ai effectuée il y a une bonne dizaine d’années maintenant ; fort heureusement, à Madère, personne ne m’a obligé à marcher avec des bâtons. Mais commençons par le commencement. Le temps s’était dégradé la veille, et nous avons démarré la balade dans le brouillard. Toutefois, nous sommes assez vite passé au-dessus des nuages qui ne sont pas montés. Contre toute attente, cette marche a ensuite été effectuée sous le soleil. Après une montée initiale, nous avons longuement suivi un sentier bien marqué (parfois même dallé), circulant en courbe de niveau entre deux corniches, sur le modèle d’Ordesa. Bien que le versant soit accidenté ce sentier n’était pas vertigineux, d’autant qu’il arrivait que le brouillard masque opportunément les à-pics. Le col est à 1300 m environ, nous avons pique-niqué sur la crête un tout petit peu au-dessus. Nous nous trouvions sur le sentier descendant du Pico do Cerco, un pic dont je me félicitais qu’il ne figurât pas au programme de notre voyage tant il paraissait exposé. Toujours est-il que l’endroit était assez passant. On note, de nouveau, la vue sur le pico Arieiro, maintenant beaucoup plus proche. A suivi la descente scabreuse précédemment évoquée et pour laquelle j’ai maintes fois eu recours à des positions peu élégantes… J’ai probablement attendu de retrouver un secteur plus apaisant pour photographier ces quelques fleurs. Nous avons terminé la randonnée à Fajã Escura, une sorte de faubourg de Curral das Freiras. Face à nous étaient en cours d’importants travaux (j’imagine, routiers), nous pouvions apercevoir des compagnons en train de désescalader un versant à pic. Je n’aurais pas aimé être à leur place. Une fois au village, nous avons attendu un quart d’heure au café l’arrivée de nos taxis qui allaient nous conduire à Funchal, la capitale de l’île. La route que nous avons empruntée a traversé le village de Curral das Freiras, puis, contre toute attente, s’est élevée sur le versant opposé de la vallée avant de s’enfoncer dans un tunnel. De l’autre côté du souterrain, nous étions de nouveau dans le brouillard ! L’entrée dans la ville était assez embouteillée. Notre hôtel était situé en plein centre, à deux pas de la cathédrale. Nous avons ensuite dîné avec João dans un restaurant situé dans une galerie commerciale de la périphérie, avant de lui faire nos adieux. Juste avant que nous nous séparions, le guide m’avait communiqué les modalités de la peu réjouissante formalité qui m’attendait le lendemain matin. J’étais, comme de juste, le seul du groupe dans ce cas, le seul refuzpik, pour reprendre la trouvaille d’un bloc-notes un peu complotiste (mais souvent bien informé), que je consulte régulièrement. La pharmacie dans laquelle je devais me rendre se situait juste à côté de l’hôtel. L’anglais (ou plutôt le globbish) que je baragouine était amplement suffisant pour me faire comprendre de la pharmacienne, pas plus anglophone que moi. Et pour le résultat, nul besoin de QR code et donc de numéro de portable, on n’est pas en macronie : je suis venu le chercher sous forme papier une demi-heure après, avant d’avoir une confirmation par courriel. Toutes ces péripéties m’ont tout de même couté un peu de temps, d’autant que la pharmacie n’ouvrait qu’à 9h. J’avais donc convenu avec le reste du groupe que je ne les accompagnerais pas pour la visite de Funchal, ne les retrouvant qu’à l’heure du dîner. Funchal, cela a été pour moi la surprise du voyage. Je pensais trouver à Madère des montagnes abruptes dans une atmosphère tropicale, ce qui a bien été le cas ; mais je ne pensais pas qu’on y trouvait également une ville d’art avec des édifices datant de la Renaissance. J’ai commencé par la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, qui date du XVe siècle. Assez petite, cette cathédrale est connue pour son plafond d’architecture mauresque. Je n’étais évidemment pas seul pour cette visite et de manière plus générale, pour la visite de Funchal. Deuxième incontournable de Funchal, le marché des Agriculteurs, véritable nid à touristes (et peut-être aussi à Covid, encore que…). Le masque y était toujours obligatoire (même si tout le monde n’en portait pas). J’y ai certainement passé beaucoup moins de temps que mes compagnons de voyage. Je suis ensuite aller explorer la rue Santa Maria, histoire déjà de repérer le restaurant où j’avais rendez-vous pour le dîner, et qui y était situé. De couleur ocre caractéristique, situé en bord de mer, le fort de São Tiago constitue un bijou architectural de Funchal. Je ne me suis pas privé de le photographier, d’autant qu’il était possible de le visiter sans payer. J’ai ensuite longuement erré dans la ville. Je suis passé par la rue du Dr Fernão Ornelas, la grande rue commerçante de Funchal ; j’ai visité quelques parcs, comme le jardin municipal (qui m’a un peu déçu). Et puis, j’ai déjeuné d’un sandwich traditionnel. J’ai ensuite emprunté le télécabine de Funchal qui dessert le quartier élevé de Monte (et dont les cabines survolent les ruelles historiques). Ayant choisi l’heure méridienne pour monter, je n’ai pas trop attendu ; par ailleurs, le temps, couvert le matin, commençait à se dégager à ce moment là. La montée dure une dizaine de minutes, pour atteindre l’altitude de 600 m environ. La vue sur la ville n’est pas inintéressante, même s’il faut photographier à travers la vitre (d’où les dégradés un peu étranges, j’aurais peut-être dû retirer mon filtre polarisant). Ce télécabine tient quand même un peu de l’attrape-touriste, le quartier de Monte étant d’un intérêt secondaire. Beaucoup de gens y montent pour y visiter le jardin tropical, dont l’accès est payant. Mais j’avais fait l’impasse sur ce jardin, de même d’ailleurs que sur le jardin botanique (située sur une autre colline laquelle est reliée à Monte par un second télécabine), jardin botanique dans lequel mes compagnons de voyage ont (semble-t-il) passé la plus grande partie de leur journée. À défaut, et comme des milliers d’autres visiteurs, j’ai gravi les marches conduisant à la petite église (Notre-Dame de Monte) et suis entré à l’intérieur. Peut-être plus intéressant que l’église et en tout cas moins couru, le parc urbain qui jouxte l’église et qui conduit à un petit quartier qui semble un peu ancien, étant en tout cas assez pittoresque. Néanmoins, ce n’est ni pour l’église ni pour le jardin tropical que la plupart des touristes viennent à Monte ; c’est pour le « toboggan » de Funchal, à savoir la descente de ruelles très en pente sur des traîneaux en osier. Chaque traîneau est mis en vitesse par deux carreiros en habit blanc qui montent ensuite à l’arrière. Il paraît qu’à une époque ces traîneaux constituaient un moyen véritablement utilisé par la population pour se déplacer dans Funchal, c’est en tout cas ce qui est vendu aux touristes. J’ai passé l’âge du grand frisson (si tant est que je l’aie jamais eu), mais j’ai tout de même pris quelques photos de la chose. Je crois qu’un ou deux de mes compagnons de groupe (pas davantage) s’y sont adonnés. J’ai donc rapidement repris le télécabine pour le plancher des vaches ; on note qu’entre les passagers qui optent pour le toboggan (et qui doivent terminer la descente en bus), et ce qui vont au jardin botanique (et qui rentrent également en bus), assez peu de monde prend le télécabine dans le sens de la descente ; anticipant mon programme, j’avais pour ma part acheté un billet aller-retour. Il me restait encore pas mal de temps à tuer, que j’ai comblé par un choix qui peut paraître un peu étrange (en tout cas personne dans le groupe ne m’aura imité) : le musée ecclésiastique. Mon critère avait été que la visite de ce musée incluait un passage par les toits, offrant une intéressante vue sur la ville, depuis le quartier de la cathédrale (le musée occupant l’ancien palais épiscopal). Quant au musée proprement dit, je ne savais même pas, en y pénétrant, si j’allais m’attarder sur ses collections. Mais comme je me suis trouvé y être quasiment le seul touriste pour occuper une bonne dizaine de gardiens, j’ai eu pitié d’eux et je n’ai pas osé quitter les lieux trop vite (et puis, c’était cela ou retourner dans ma chambre d’hôtel perdre du temps sur ma tablette). Le musée présente pour l’essentiel des objets du culte (datant du XVIᵉ au XVIIIᵉ), quelques mitres d’évêque, ainsi qu’un grand nombre de tableaux flamands sur des sujets religieux. |