Trek dans le haut Atlas marocain | ||
Grande traversée de l'Atlas (août 1994)Pour mon premier « trek », départ pour le Maroc. Un pays que je connaissais déjà pour y être allé deux fois. Au programme, une marche de dix-neuf jours dans le haut Atlas. Le groupe de cette année-là était un cas particulier : uniquement des hommes. Ça ne m’arrivera qu’une seule fois par la suite. Nous étions également assez peu nombreux (six ou sept, pas plus). Deux personnes m’ont marqué dans ce groupe : un pharmacien au gauchisme post-soixante-huitard caricatural, et un « eurocrate » de nationalité italienne, un homme d’une cinquantaine d’années d’un contact très enrichissant. Le guide pour ce voyage était un Marocain du Haut-Atlas, qui avait été formé comme accompagnateur de moyenne montagne à Briançon. Nous étions également accompagnés par un cuisinier, et quelques muletiers dont les animaux portaient nos bagages. En débarquant de l’avion, à Marrakech (ⵎⵕⵕⴰⴽⵛ مراكش), surprise : je m’attendais aux grosses chaleurs des voyages de mon adolescence. Or il fait à peine vingt-cinq degrés ! Repas dans la ville le soir, place Djemaa-el-Fna (جامع الفناء). Une chose a changé par rapport aux années 80 : les djellabas ont pratiquement disparu, tout le monde est habillé à l’européenne. Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment un progrès. Dès le lendemain nous partons en voiture pour commencer le trek. Direction : Télouèt (ⵜⵍⵡⴰⵜ تيلويت), une casbah sur la ligne de crête, que j’avais visitée en 1987 et qui était bien délabrée. Nous ne la revisitons pas. Certains villages ont d’après le guide subi une influence yéménite, eu égard à la hauteur de ses maisons. Je ne demande qu’à le croire, tout comme lorsqu’il prétend que ces maisons en terre séchée sont vieilles de plusieurs siècles… Cela dit ces villages (ici Anmiter (ⴰⵏⵎⵉⵜⵔ أنميتر) dans la vallée d’Ounila) sont très beaux. Le soir, pour ma première nuit dans la nature, je dors à la belle étoile. Mais c’est frisquet et je ne renouvellerai pas l’expérience au cours de ce voyage. Les nuits suivantes, donc, ce sera en tente biplace (les fameuses tentes violettes de Terdav). Nous longeons un petit lac, le lac de Tamda, avant de rejoindre la ligne de crête. Le dénivelé est assez rude. De là-haut, nous avons malgré la brume une vue sur la région du Dadès débouchant sur l’infini du Sahara. C’est la première et la dernière fois du voyage. Le lendemain, après le passage de deux cols, nous arrivons au village de Megdaz, qui passe pour l’un des plus beaux du Haut-Atlas. Les grandes maisons sont paraît-il des greniers à foin. Après ce village nous arrivons dans la vallée de l’oued Tessaoute, que nous allons remonter jusqu’à sa source. Voici Aït Hamza, un village de l’oued Tessaoute : La vallée de l’oued Tessaout se prolonge ensuite par des gorges étroites et escarpées jusqu’aux sources, situées au pied du M’goun. Le trek prévoyait de remonter ces gorges (un peu de canyoning berbère) et notre guide avait apporté les cordes, baudriers et casques nécessaires. Mais le matin du grand jour, patatras : le temps s’est couvert et notre guide (avec sagesse) n’a pas voulu prendre le risque d’être surpris par un orage au milieu des gorges. Donc, nous avons suivi la route « des mules », par le col Tizi-n-Rouguelt. Malgré notre déception le paysage n’était pas si mal : Voici notre camp, aux sources de la Tessaout, où nous devons passer deux jours. J’ai gardé de ce camp un souvenir particulier : l’impossibilité de s’isoler avant la nuit tombée! Le camp était situé à proximité du « refuge » du M’goun. Je mets des guillemets car il s’agissait en fait d’une bâtisse assez délabrée, en rien comparable au vrai refuge du CAF existant au pied du Toubkal. Mais la deuxième nuit a éclaté un très violent orage et malgré les rigoles que nous avions creusées, nos tentes se sont retrouvées inondées. Nous avons dû déménager en toute hâte dans le refuge où se trouvaient aussi deux autres groupes. La nuit n’a pas été des plus agréables… Donc si nous sommes restés deux nuits ici, c’est qu’entre les deux nous devions faire l’ascension du sommet du coin, le M’goun (جبال مكون ⵉⵖⵉⵍ ⵎⴳⵯⵏ) (4068 m). J’en étais encore à une époque où je comptais les 4000 dont je faisais l’ascension. Celui là je l’ai donc vraiment fait pour le chiffre, car le paysage n’était pas terrible et en plus le temps était gris. Qui plus est, j’ai mal dosé mon effort sur la crête sommitale et je suis revenu exténué. Voici quand même une photo de ladite crête sommitale : Le jour suivant, il y avait encore une gorge qui a été déprogrammée à cause du mauvais temps. Donc, une étape assez courte et une nuit dans une bergerie pour éviter la pluie. Le hic : des animaux avaient dormi à cette place et nous avons attrapé des puces dont nous avons ensuite mis plusieurs jours à nous débarrasser. Les deux jours suivants, nous avons remonté la célèbre vallée de l’Aït Bou Gmez (ⴰⵢⵜ ⴱⵓⴳⵎⵎⴰⵣ), dont notre guide était originaire. Parmi les plus beaux paysages de ce trek (encore que ma photo ne le rende pas très bien). Les deux collines triangulaires sont surmontées chacune d’un marabout. Voici le village de Tadghouit, dans l’Aït Bou Gmez : Le lendemain, nous sommes sortis de la vallée pour arriver dans une zone de crêtes et de plateaux entaillés par de très profondes gorges. Un vrai labyrinthe ces crêtes, et notre guide a été à deux doigts de se tromper ! Nous arrivons ensuite à notre bivouac situé à l’entrée des gorges de Taghia. Nous aurons heureusement le temps d’arriver et de monter les tentes avant que l’orage n’éclate. Mais l’orage n’apporte-t-il pas un plus à cette photo ? Le lendemain et pour la première fois, nous allons faire les gorges qui sont au programme, celles de Taghia. Pour ces gorges pas d’escalade, pas besoin de cordes, mais tout de même une descente abrupte pour laquelle nous mettons les casques. Après les gorges, une remontée tout aussi abrupte, qui nous amène à un sommet où nous pique-niquons. En face de nous, une falaise où se situe le parcours d’un autre trek de Terdav, la traversée nord-sud. L’itinéraire passe sur une vire à mi-hauteur de la paroi verticale ! Un bon conseil, évitez de vous inscrire pour ce trek ! Les quelques jours suivants sont moins marquants (encore que…). Jusqu’à ce que nous arrivions aux gorges de l’Assif Melloul. Nous remontons intégralement ces gorges ne nécessitant pas d’escalade, mais occupées intégralement par un torrent : Conséquence, il nous faut pratiquer l’art de la traversée et de la retraversée de torrent : L’un des membres du groupe a compté le nombre de traversées lors de cette journée, mais je ne sais plus à quel chiffre il est arrivé. Par chance nous sommes au Maroc et l’eau n’est pas trop froide. La remontée de la vallée dure encore deux jours mais devient moins encaissée. Quelques très beaux villages comme celui d’Oudeddi : Endroit qui nous offre l’occasion d’assister à cette scène de dépiquage, laquelle n’est pas sans me rappeler la Grèce dans mon enfance… Puis la petite ville d’Imilchil (إملشيل ⵉⵎⵉⵍⵛⵉⵍ), que je connais bien puisque j’y étais venu avec mes parents (et le club Med) en 1983 : On ne voit pas sur cette photo l’école qui est le plus laid bâtiment de la ville… Le lac d’Isli, où nous campons, fut selon la légende le théâtre d’un Roméo et Juliette à la sauce marocaine : Quelques jours de marche nous séparent encore de Tounfite, le terme de notre randonnée. Nous sommes maintenant dans les contreforts du Moyen-Atlas. Avec un paysage de cèdres comme dans les environs d’Ifrane : Une dernière gorge, celle de l’Akkha-n-Tadrout (gorge d’Oussaka) : Et pour finir le village tant attendu de Tounfite (تونفيت ⵜⵓⵏⴼⵉⵜ), le terme de notre randonnée. Le retour à Marrakech en minibus s’avère beaucoup plus long que le trajet du départ. Comme quoi nous avons marché mine de rien pendant ces trois semaines. La dernière journée du voyage à Marrakech renoue avec les chaleurs dignes de ce nom. C’est le train-train habituel : visite de la médina, des marchands de souvenirs officiels ou non, place Djemaa el Fna… Et aussi quelques monuments que je n’avais jamais vus avec le club Med, comme la médersa ben Youssef : Comme quoi il peut être utile de revenir quelque part. |