Voyage au Chili et en Bolivie | ||
Chili/Bolivie : sud-Lipez, Atacama (août 2000)Ce voyage, qui est longtemps demeuré le plus lointain que j’aie fait, s’est aussi montré l’un des plus exceptionnels en terme de paysages traversés. Le voyage se déroulait au nord du Chili et au sud-ouest de la Bolivie, dans une région désertique particulièrement isolée (au niveau du tropique du Capricorne). Pour nous y rendre, nous sommes passés par Santiago du Chili (33° de latitude sud), avec escale à Madrid et à Buenos Aires. Soit une quinzaine d’heures de vol. En arrivant nous avons visité Santiago du Chili, une ville moderne sans grand charme mais quand même un peu plus qu’une ville nord-américaine. La première photo montre le palais présidentiel de Santiago. C’est là que le général Pinochet a fait son coup d’état, mais mon propos ici n’est pas de faire de la politique. Cette deuxième photo de Santiago, a été prise depuis la colline de Santa Lucia. Cette petite colline, placée au cœur de la ville, est aménagée en jardin public. Le lendemain, nous avons pris l’avion jusqu’à Calama dans le désert d’Atacama. Calama est une ville minière sans intérêt. Cette première photo a été prise après quelques kilomètres de route dans le désert. Rappelons que le désert d’Atacama est un désert d’altitude (nous sommes à environ 3000 mètres ici), et que c’est aussi l’un des endroits les plus arides du monde. Dans certains lieux, aucune pluie n’a été enregistrée depuis la conquête espagnole ! Le désert est bordé par une suite de volcans placés sur la ligne de rupture tectonique, et avoisinant ou dépassant les 6000 mètres d’altitude. Climat oblige, on peut les apercevoir à plus de 150 km de distance ! Sur la photo, on peut voir le volcan Licancábur (5916 m), dont la silhouette nous accompagnera pendant une bonne partie du voyage et dont nous ferons l’ascension à la fin. Nous avons effectué trois jours de trekking dans une vallée qui se nomme Rio Grande, et qui nous a amenés jusqu’à la banlieue de San Pedro de Atacama. Cette photo montre le « style » du cañon, où affleurent les couches géologiques, en particulier des couches de sel. Un tel relief ne pourrait en aucun cas « tenir » si les précipitations étaient plus abondantes. Il est à noter que Terdav ne communiquait pas sur ses brochures la localisation exacte de ce cañon, pour éviter que des agences concurrentes ne copient ! Dans cette vallée on peut aussi observer des pétroglyphes d’origine indienne, qui il faut bien l’avouer ne valent pas ceux du Sahara ! Le cañon se rétrécit ensuite et il devient nécessaire de marcher dans l’eau. Eau qui, étant donnée l’altitude, est assez froide… Les jours suivants, j’ai attrapé une tendinite qui m’a quelque peu immobilisé ; n’étant néanmoins pas médecin, je ne saurais dire s’il existe un lien de cause à effet. Débouchant du cañon, nous arrivons dans ce superbe paysage de formations salines (très proche à vrai dire de la ville de San Pedro de Atacama). Cette photo a été prise dans la ville de San Pedro de Atacama. On reconnaît, dans l’axe de la rue, notre vieil ami le Licancábur. La ville de San Pedro de Atacama est située au fond d’une cuvette, à 2600 m d’altitude, et entourée de montagnes et de cols ne descendant pas en-dessous de 3000 m. Cette photo montre une vue d’ensemble de cette cuvette, avec en toile de fond le volcan Láscar, près duquel nous ferons une promenade d’acclimatation les jours suivants. Nous nous dirigeons vers la vallée de la Lune, un site ultra-touristique de la région de San Pedro (mais nous sommes allés dans une zone non fréquentée). Il existe une polémique quant à l’origine du nom, puisque certains prétendent que des astronautes venus ici après leur expédition, ont prétendu que le paysage faisait penser à la Lune. Mais il semblerait que la dénomination soit en fait antérieure. Pour accéder à la vallée de la Lune, nous avons emprunté cette arche naturelle qui n’a rien à envier à celle de Demnate. Nous avons aussi fait un peu de spéléo dans une grotte de sel (avec des stalactites), mais ce n’est pas évident d’en faire une photo. Nous avons ensuite parcouru une autre vallée, plus spectaculaire encore que la vallée de la Lune, que notre guide nommait la vallée de Mars mais que les prospectus touristiques baptisaient Valle de la Muerte. La route qui la parcourt, construite par un milliardaire, n’est plus carrossable en raison de l’ensablement. Ce paysage dunaire a lui aussi été pris dans la vallée de « Mars ». Le sable en est toutefois beaucoup plus grossier que celui du Sahara. Comme je l’ai dit plus haut, nous avons fait deux jours d’acclimatation sur les flancs du volcan Láscar (avant d’aborder la suite du parcours qui se situe presque exclusivement à plus de 4000 m d’altitude). Ces deux jours, qui n’étaient pas les plus intéressants sur le plan touristique, furent aussi ceux où le temps était le plus médiocre ; car, s’il pleut peu en Atacama, il arrive que le temps se couvre, surtout au niveau de la chaîne des volcans. Le volcan Láscar présente la particularité d’être en activité, chaque éruption se caractérisant par le déversement de coulées pyroclastiques (comme pour le Vésuve ou la montagne Pelée). La dernière éruption datait de 1993, mais quelques signes (notamment l’épaisse fumée au sommet) faisaient craindre la venue prochaine d’une nouvelle éruption. Le poste de police nous a néanmoins autorisés à nous balader sur ses flancs, à condition de ne pas faire le sommet. Nous nous sommes ensuite rendus sur le site des « geysers » d’El Tatio. Je mets le mots entre guillemets parce qu’il ne s’agit pas de vrais geysers comme en Islande, mais de simples colonnes de fumée, qui en outre ne sont bien visibles qu’à l’aube. Le site est situé au nord de San Pedro, à 4300 m d’altitude environ, et à 3 h de route du village. La plupart des touristes viennent en excursion en partant à 2 h du matin, mais avons pu loger dans des baraquements qui avaient été construits là dans le but de faire une usine géothermique. La nuit, la température descend à -15°C (il y a quelques années, un touriste allemand qui avait eu besoin de sortir la nuit est mort de froid après s’être perdu). La photo montre le champ de fumées au lever du soleil. Elle n’est pas très claire, mais restitue bien l’impression mitigée que m’a laissée ce site. Après la visite, nous avons effectué une balade dans la vallée de Caspana. Nous l’avons faite dans le sens de la descente, parce que le voyage que j’avais choisi n’était pas le plus péchu (comme on dit à l’armée). La photo est prise au début de la balade. Parmi la végétation clairsemée on trouve une sorte de plante fossile (verte mais dure comme du bois) qui ne pousse que d’1 cm par an. Aux environs du village, on parcourt un cañon avec des canaux d’irrigation distribuant l’eau selon le même principe que dans les Alpes. Le village de Caspana, situé au bord du cañon, est l’un des rares villages 100 % indiens du Chili. Les murs de certaines de ses maisons font immanquablement penser à des murs incas. Remarquez la petite croix en haut du toit. En direction d’Ollagüe, nous nous sommes arrêtés devant ce petit cône volcanique portant le nom de Poruña. Malgré sa petite taille, son unique éruption a couvert des dizaines de km² de champs de lave. Nous longeons ensuite de magnifiques salars (étendue salée parfois partiellement remplies d’eau) dont les couleurs contrastées sont typiques des hauts plateaux des Andes. Beaucoup de ces salars sont habités par des colonies de flamants roses, et ce en dépit de l’altitude et du froid nocturne. Cette photo montre le salar d’Ascotán. Il est malheureusement impossible de se promener sur ses rives, le terrain étant miné en raison de la proximité de la frontière avec la Bolivie. Nous avons croisé dans la région de nombreux troupeaux de vigognes. Le salar de Carcote est quant à lui traversé par la voie ferrée (mais la route fait le tour). Cette voie ferrée qui vient de Bolivie permet l’exportation de produits boliviens (la Bolivie n’ayant plus d’accès à la mer depuis la guerre du Pacifique au XIXe siècle). Il y a aussi quelques rares trains de voyageurs empruntés uniquement par des Indiens. Il va sans dire que ça va beaucoup plus lentement que la route… Le lendemain, nous avons passé la frontière chilo-bolivienne à Ollagüe. Même si, à ma grande déception, ce n’est pas une frontière où l’on parcourt 200 m à pieds avec ses bagages, il faut quand même changer de véhicules et les deux postes frontières sont distants de plusieurs kilomètres. La petite ville d’Ollagüe, côté chilien, a vraiment des airs de bout du monde. Elle est située au pied du volcan du même nom, aux fumerolles assez actives. Côté bolivien, l’état des pistes est exécrable et l’on avance comme des tortues. Dans un premier temps on ne croise que des militaires, qui s’ennuient tellement qu’ils réclament des journaux chiliens aux touristes de passage. Il paraît aussi qu’ils n’ont pas de bois pour se chauffer et que parfois ils demandent même à manger aux touristes. Le premier village que nous rencontrons, après quelques heures de route, est San Juan, doté d’une église pittoresque : La région vers laquelle nous nous dirigeons est celle du salar d’Uyuni. Ce salar, le plus grand mais aussi le plus beau d’Amérique du Sud (et sans doute aussi du monde), couvre la superficie de deux départements français, à une altitude d’environ 3600 mètres. La plus grande partie de sa surface est d’un blanc immaculé, formant néanmoins des motifs géométriques résultant de l’évaporation de l’eau qui recouvre partiellement le salar à la saison des pluies (l’été austral). Il est à noter que le salar d’Uyuni constitue la plus grande réserve de lithium du monde. On parle de temps en temps de l’exploiter, mais pour l’instant ce n’est pas le cas et la zone peut être entièrement consacrée au tourisme. Rappelons que le lithium servira de « combustible » aux futures centrales thermonucléaires… Le salar d’Uyuni n’est néanmoins pas uniformément plat, il y a quelques rochers qui forment de véritables îles. Ces îles sont recouvertes de cactus candélabres. Ainsi, l’île de Lomo Pescado sur ces deux photos. En toile de fond de la première, on aperçoit le volcan Tunupa (situé en bordure du salar) où nous irons nous promener le lendemain. C’est sur une « plage » de cette île que l’on nous a organisé un barbecue de steak de lama. Le lendemain donc, nous avons fait une promenade sur les flancs du volcan Tunupa. Nous n’avons pas été jusqu’au sommet (5368 m) trop escarpé, mais seulement sur un mamelon à 4500 m. Nous démarrons du village de Jirira, mais les abords du salar ne sont pas très beaux car « pollués » à cet endroit. Le village de Jirira est en train de se vider de ses habitants. Et voici le sommet du volcan tel que l’on pouvait l’apercevoir de notre promontoire : Notre guide nous a raconté avoir assisté à cet endroit à une éclipse totale de soleil. Ça devait être absolument exceptionnel, il paraît que le salar était dans l’ombre alors que les sommets le bordant étaient éclairés. Le lendemain nous sommes repartis en voiture sur le salar et je ne puis résister à l’envie de vous en remontrer une vue (en arrière-plan, le volcan Tunupa) : Nous avons ensuite visité une seconde île sur le salar, plus touristique que la première, l’île d’Inca Huasi. Elle est gardée en permanence. La forêt de cactus candélabres y est aussi plus dense. Voici maintenant un « attrape-touriste » : l’hôtel de sel du salar d’Uyuni. Construit entièrement en briques de sel, avec des chambres mais nulle eau pour se laver. Inutile de dire que la brique de sel ne constitue nullement un matériau de construction traditionnel dans la région. J’ai entendu il y a quelques semaines à la télé que cet hôtel venait de fermer faute de clients. Comme quoi le touriste de base n’est pas toujours aussi c… qu’on voudrait bien le croire ! Si le sel ne sert pas habituellement à faire des briques, on le récolte toutefois pour les animaux. Nous sommes allés voir la zone d’exploitation, où il y a de petits tas blancs comme à Guérande (pas de photo). Et là, surprise : alors que le salar est presque uniformément blanc sur des milliers de km², il contient des couches grisâtres à quelques centimètres de profondeur ! Ceci explique d’ailleurs que les briques de l’hôtel soient grises. Nous quittons maintenant la région du salar pour revenir dans la zone des volcans. Ici, nous retrouvons le volcan Ollagüe, mais sous un autre angle de vue. Quittant la région de ce volcan nous avons traversé par une mauvaise piste des cols à plus de 4000 m d’altitude. Puis nous avons ensuite longé plusieurs lagunes d’altitude peuplées de flamants roses. Je n’ai pas retenu de photo de chacune, mais seulement de deux d’entre elles. La première est la lagune de Cañapa… suivie de la lagune d'Hedionda, sur la photo de laquelle on distingue (en bas à gauche) un envol de flamants roses. Hedionda signifierait « malodorant » en espagnol, à cause des odeurs soufrées que l'on respire dans les environs. Nous traversons ensuite un désert particulièrement inhospitalier à 4700 m d’altitude. Nous avons mangé à l’abri de ces rochers sculptés par le vent (malheureusement nous n’étions pas les seuls touristes). Telle la marmotte du refuge du Pelvoux, une viscache « payée par le syndicat d’initiative » s’approchait pour réclamer son dû. Et maintenant la laguna Colorada, l’une des plus célèbres de Bolivie. Pour ceux qui ne connaissent rien à la langue espagnole (j’en fais partie), je signalerai que « colorada » ne signifie pas « coloré » mais désigne une certaine nuance de rouge (celle de la lagune j’imagine). Quoi qu’il en soit, la couleur est ici due à des algues microscopiques, de la même façon que dans l’un des lacs d’Ounianga Kébir. Les taches blanches sur le bord ne sont pas des glaçons mais des formations de nitrate. La laguna Colorada est peuplée d’un très grand nombre de flamants roses. Néanmoins, ces derniers sont très craintifs et s’envolent au moindre bruit, aussi il est difficile (pour qui n’est pas spécialiste) de les prendre en photo. Voici donc tout ce que j’ai pu faire dans le genre. La laguna Colorada est située à haute altitude dans une région particulièrement isolée, et n’offre que très peu d’infrastructures pour les touristes. En clair, il a fallu loger dans des baraquements conçus initialement pour la prospection géothermique. Il y a très peu de places et c’est un peu la foire d’empoigne entre groupes. La solfatare de Sol de Mañana (le soleil du matin) est constituée de bacs de boue sulfureuse, un peu comme à Pouzzoles… la différence étant l’altitude qui est ici de 4900 m. Ça peut être d’ailleurs assez dangereux de respirer l’H2S dans une atmosphère raréfiée en oxygène. Nous n’avons toutefois pas eu de problèmes car nous avions eu le temps de nous acclimater, étant dans la région depuis une dizaine de jours. La laguna Salada et ses couleurs paradisiaques qui invitent à la baignade… Non ce n’est pas une blague, plusieurs personnes de notre groupe l’ont fait grâce à la source chaude qui jaillit sur sa rive. Il paraît que le plus dur est de rentrer dans l’eau. Je veux bien le croire, mais je n’en vois personnellement pas trop l’intérêt… Et nous nous dirigeons maintenant vers la laguna Verde , la plus belle lagune à mon avis, au bord de laquelle nous retrouvons une vieille connaissance, le volcan Licancábur… Un peu comme la mer Morte, la lagune est divisée en deux morceaux reliés par un petit canal. Une partie de la lagune était gelée, mais il y a aussi du nitrate comme sur la laguna Colorada. Et maintenant que nous avons retrouvé notre cher Licancábur, il ne nous reste plus qu’à monter dessus ! C’est la bavante du voyage, celle qui a progressivement obnubilé tous les esprits (et la plupart des conversations) au fur et à mesure que le voyage avançait ! Un dénivelé de 1400 m en montée, une broutille somme toute, mais avec un départ à 4500 m pour arriver donc à 5916 m. La montée se fait le long de la petite tache blanche que l’on voit sur la photo précédente, sur la pente du volcan vers la gauche, et qui est en fait un névé situé dans un petit creux. Plus exactement, on monte par la crête située juste sur la droite et l’on redescend par le névé. Comme sur la plupart des volcans, la pente s’effrite, la montée est donc particulièrement pénible puisqu’on recule d’un pas quand on avance de deux. Il y a de plus un petit raidillon aux 2/3 de la montée. Cela étant dit, la vue sur la laguna Verde selon un angle qui se transforme progressivement, offre un lot de compensation. Partis à la frontale à 5h30 du matin, nous mettrons environs 4 heures pour monter. De là-haut, nous avons une vue exceptionnelle dans toutes les directions, surtout vers l’est (par où nous sommes montés) d’où nous dominons entièrement la laguna Verde : De l’autre côté du volcan, c’est le Chili. On domine entièrement le désert d’Atacama où se déroulait le début de notre voyage. Il est à noter que la montée par ce versant (au demeurant miné) eût présenté un dénivelé deux fois plus important. Le Licancábur possède un cratère, minuscule par rapport à la taille de la montagne. Le fond est occupé par un petit lac qui est gelé en cette saison (nous sommes en août donc c’est l’hiver austral). Je rappelle que Nicolas Hulot s’est amusé à faire de la plongée dans ce lac (sous la glace s’entend) pour y mettre en évidence la vie aquatique la plus haute du monde. Ce lac est en effet le plan d’eau le plus élevé, les autres volcans de la région (en général un peu plus hauts) étant couverts de neiges éternelles. De l’expédition médiatique nous avons retrouvé un peu de lest de plongée sur le bord du cratère (mais tout de même pas de bouteilles…). Comme quoi les grands écolos feraient bien de commencer par balayer devant leur porte ! Redescendons sur terre, avec le fort de Quitor, un reste d’époque inca situé aux environs de San Pedro de Atacama (nous sommes donc revenus au Chili). Le voyage touche à sa fin. Avant de regagner l’Europe, nous avons visité, à une centaine de kilomètres de Santiago et sur la côte pacifique, la ville de Valparaíso. Premier port d’exportation du Chili, port d’attache du bateau « Esmeralda » (lequel n’était malheureusement pas là à ce moment), cette ville présente un côté un peu typique avec les « ascenseurs », ces funiculaires datant du XIXe siècle. Chaque quartier en avait un autrefois mais bon nombre d’entre eux ont été démolis. Ceux qui restent sont des monuments protégés, comme ici l’ascenseur du quartier Artilleria : |