Citadelles du vertige en terre cathare | ||
Châteaux cathares (mai 2004)Il s’agit d’un séjour d’une semaine en France que j’ai acheté chez Terdav, et qui s’est déroulé en mai 2004, à cheval sur le week-end de l’ascension. J’habitais à nouveau Paris à ce moment, mais depuis moins d’un an. J’ai rejoint Perpignan par le train de nuit, la plupart des autres membres du groupe étant venus en voiture. Ce voyage était un voyage de randonnée en étoile (retour au gîte chaque soir) avec une forte composante culturelle (visite des fameux châteaux cathares). Je n’ai pas gardé un très bon souvenir de ce séjour. Il y a d’abord la guide, très au fait sur la question cathare sans nul doute mais d’un parti pris idéologique plus que contestable. Et puis, sa manie de traîner son clébard sur chemins de randonnée m’agaçait quelque peu. Par ailleurs dans le groupe se trouvaient des personnes très sympathiques et intéressantes, mais d’autres beaucoup moins. Et au final j’avais hâte que ce voyage se termine. Le voyage se déroulait globalement d’ouest en est, dans le département de l’Aude pour l’essentiel. Idéalement nous aurions dû relier tous les châteaux cathares à pied, mais cela eût nécessité quelques « chaussures » supplémentaires. Donc nous effectuions des trajets en véhicule pour raccourcir, mais en gardant cette philosophie de déplacement global. À l’exception du premier jour, nous avons visité un château chaque jour, soit en début, soit en fin de randonnée. Notre guide (qui n’avait toute de même pas que des défauts) a arrangé les horaires de manière à minimiser l’affluence sur les lieux de visite (nous avons même visité le château de Puylaurens avant son heure d’ouverture). Notre premier gîte se situait à Comus, résolument en montagne, à environ 1000 mètres d’altitude. C’est un charmant village comme on n’en fait plus, non dénaturé par des pavillons modernes à sa périphérie. De là, nous avons fait une petite rando de mise en jambe. Nous avons démarré du col du Boum (on se croirait dans une opérette d’Offenbach…) puis avons relié plusieurs autres cols par les crêtes (col de Lancise 1307 m, puis un autre à 1377 m et un troisième à 1135 m, et enfin le col de la Gargante à 1352 m). Dominant les gorges de la Frau, nous pouvions apercevoir, au loin, la forteresse de Montségur. C’est là que notre guide a commencé à nous parler des Cathares. Mon propos n’est pas ici de retranscrire l’ensemble de ce qu’elle a pu dire : je n’en serais de toutes façon pas capable, n’ayant pas pris de notes. Elles nous a néanmoins résumé les grandes lignes de l’histoire des Cathares, des croisades menées par les rois de France (Philippe Auguste puis Saint Louis) contre les Albigeois, la prise de Montségur en 1244, ainsi que de la religion cathare proprement dite : le manichéisme, les Croyants et les Parfaits, le Consolamentum… Les subtilités spirituelles ne sont toujours pas ma tasse de thé. On peut néanmoins observer des rapprochements (bien sûr fortruits) avec le bouddhisme et l’hindouisme (la réincarnation, le fait que les Parfaits ne mangeaient pas de viande), voire même avec les Égyptiens (l’éclairage des fenêtres du château de Montségur le jour du solstice d’été, faisant penser (en bien moins spectaculaire tout de même) à celui du dieu Amon au fond du temple d’Abou Simbel en Haute-Égypte). Mais ce qui m’a frappé dans ce topo, comme je l’ai précédemment évoqué, c’est le parti pris très «bobo-historiquement correct » qui s’en dégageait : la civilisation supposée des Occitans opposée à la barbarie de la France du nord, le Roi de France présenté comme un envahisseur, les exactions qui n’existent forcément que du côté des Croisés, les Cathares n’étant (bien évidemment) que des victimes pacifiques, religion cathare qui serait un modèle de tolérance, promoteur de surcroît des «valeurs » égalitaires, féministes, écologistes, et j’en passe et des meilleures. Même pour qui n’est pas un spécialiste du catharisme, un tel déballage de poncifs finit par lasser. La balade s’est terminée par une cueillette de morilles (un grand truc des gens du sud-ouest ça), que nous avons ensuite dégustées au dîner. Apparemment nos accompagnateurs devaient s’y connaître, sinon je ne serais pas là pour vous le raconter… Le second jour, nos organisateurs nous ont concocté une balade plus difficile que celle qui était prévue, histoire peut-être de tester notre niveau (le voyage était normalement classé « trois chaussures »). Plutôt que de nous rendre de Comus au château de Montségur en empruntant le fond des gorges de la Frau, nous avons adopté un itinéraire par les crêtes. Cet itinéraire en grande partie hors sentier, s’est avéré au final assez long (au point que nous avons dû écourter la balade et rejoindre une route pour effectuer les derniers kilomètres en véhicule). En outre et en ce qui me concerne, je n’ai pas trouvé le paysage si extraordinaire. Autre point de détail, nous avons pour cette journée traversé une réserve de chasse, en principe interdite d’accès (notre guide avait très peur de tomber sur le garde-chasse). Comme on peut le voir, la neige avait sur ces crêtes fondu récemment, ce qui leur donnait encore un aspect terne. Mais marcher sur ces pentes herbues était parfois assez malaisé. Le principal intérêt de cette balade était la vue qu’elle offrait sur le château de Montségur au cours de la redescente (photo). Malheureusement le temps c’est un peu couvert à ce moment là. Il y avait dans ce secteur une grotte (la grotte de la Caunha), paraît-il assez intéressante mais que nous n’avons pas eu le temps de visiter. Le château de Montségur : le symbole du catharisme, pris en 1244 par les Croisés (un autodafé a suivi la prise de la forteresse). Le château est situé en haut d’un python rocheux assez escarpé (il y a 200 m à monter depuis le col pour atteindre la forteresse). Mais paradoxalement, c’est par le côté le plus raide que les assaillants auraient attaqué le fort. On remarquera la billevesée au premier plan (« ici c’est pas la France, Occitanie libre » (sic)). Certains ont fait de Montségur le symbole de toutes sortes de causes plus farfelues les unes que les autres, et notre guide n’était pas loin d’être sur cette longueur d’onde. La seconde des deux photos précédentes a quant à elle été prise par mon père le 7 avril 1983, date de mon premier passage en ces lieux. Notons qu’il n’est dorénavant plus possible de monter sur le rempart de la forteresse, d’où avait été prise la photo. Note guide ayant définitivement conclu que notre niveau était médiocre, elle s’est contentée les jours suivants de randonnées plus faciles et conformes au programme. Ainsi cette balade tout en descente que nous avons effectuée le lendemain. Démarrant en pleine forêt (du refuge du Maquis d’Espezel (pas très loin de Comus), un haut lieu de la Résistance maintenant transformé en musée), on descend la dernière pente des Pyrénées pour arriver quasiment en plaine. Le château de Puivert, l’objet de la visite du jour, est visible au loin sur la seconde photo. De ce château je n’ai scanné aucune photo. Il s’agissait d’un château privé, en cours de restauration par son propriétaire et globalement dans un état assez moyen. Le caractère cathare de ce château médiéval est sans doute assez incertain (c’était par contre un château de troubadours). Le donjon offrait néanmoins une vue intéressante sur les environs, vue qui poussait jusqu’à Montségur. Sur la photo ci-dessus à droite, une vue du village de Puivert, assez pittoresque. Nous avons ce soir là dormi dans la chambre d’hôtes de Prugnanes : j’ai partagé la chambre avec l’un des pires ronfleurs que j’aie jamais croisé de tous mes voyages. Le lendemain, modifiant le programme pour une raison qui m’a échappé (nous avons échangé avec la journée suivante, et en outre effectué la balade en sens inverse de ce qui était prévu), nous avons attaqué la journée par la visite du plus spectaculaire de tous les châteaux cathares, le château de Peyrepertuse. Ce château, initialement construit par les Cathares, puis agrandi par Saint-Louis pour défendre la frontière du royaume qui à l’époque passait là, est situé en haut d’un piton rocheux particulièrement escarpé. En fait ce château est constitué de deux parties distinctes, une enceinte basse et une enceinte haute. Seule la première serait l’œuvre des Cathares, même si j’ai trouvé bizarre qu’on construise un fort en un point dominé par un pic juste à côté (la guide n’a su me fournir d’explication convaincante à cette remarque). Elle fut prise sans combat par le roi de France, tous les châteaux (Aguilar, Quéribus et Peyrepertuse) s’étant rendus après la chute de Montségur. Les deux parties du fort sont reliées entre elles par un escalier (aujourd’hui en mauvais état), l’escalier de Saint Louis. Une assez longue balade a suivi cette visite : l’ascension du Sarraoute (892 m), suivie d’une balade sur la ligne de crête, et enfin une descente jusqu’aux gorges de Galamus, gigantesque entaille dans la montagne. Notons qu’au cours de cette balade nous avons échappé de peu à l’orage. Arrivés dans les gorges, dans un environnement très méditerranéen, nous avons rejoint le spectaculaire (mais malheureusement très touristique) ermitage de Saint-Antoine, qui n’était pas sans me rappeler certains monastères grecs de mon enfance. Comme je l’ai déjà évoqué, nous avons le lendemain visité le château de Puilaurens avant qu’il soit ouvert : nous y avons pénétré en enjambant le portail et nous avons payé à la sortie. On ne doute pas que ce genre d’arrangement peut avoir cours dans certains pays, en France je n’aurais pas cru… Le château de Puilaurens, qui est un château défensif perché sur un rocher, est assez esthétique quoiqu’il ne soit pas le mieux conservé. Ci-dessous, le (pittoresque) village de Puilaurens qui se trouve en contrebas. Nous avons ensuite quitté à pied ce village pour une longue balade forestière, assez soutenue par endroits lorsque nous progressions sur une piste forestière directement face à la pente. Mais je n’ai déjà plus (fin 2009) de souvenir précis de cette balade. Nous avons successivement franchi trois cols, d’abord le col d’Aigues Bonnes juste au-dessus de Puilaurens, puis un col sans nom à 1111 m avant de redescendre jusqu’au col de Tulla (932 m). Après la traversée du hameau des Bordes (en vue du château de Saint-Pierre-de-Fenouillet que nous n’avons pas visité), nous avons longé les gorges de Saint-Jaumes (photo latérale ci-dessus), très touristiques et suraménagées. Nous avons terminé la randonnée (fastidieuse sur la fin) à Caudiès-de-Fenouillèdes. Nous avons ensuite logé (pour les deux dernières nuits) dans un « mobile-home » à Tuchan (depuis quelques années les lois d’urbanisme sont contournées par ces constructions installées à demeure mais dotées de symboliques roues). Nous dînions dans un hôtel qu’il fallait rejoindre obligatoirement en véhicule (d’où l’impossibilité de s’éclipser même lorsque la compagnie du groupe commençait à devenir pesante). Nous avons effectué la balade suivante « à l’envers » par rapport au schéma des jours qui avaient précédé : d’une part nous avons effectué la visite (le château de Quéribus) après la randonnée ; et d’autre part cette dernière n’a presque pas comporté de descente mais uniquement de la montée. Notre guide (au penchant assez tyrannique de surcroît) a pris cette décision en raison de son mal de genoux et sans demander l’avis des participants. Le début de la balade a été assez tranquille : marche (en plaine !) au milieu des coquelicots, et traversée du village de Padern. Village dominé par un château (est-il cathare ?) qui n’est pas celui de Quéribus. La véritable montée a commencé après ce village, alors qu’il était midi et demi passé (mais nous n’avons pu déjeuner qu’après…). Heureusement le sentier n’était pas trop raide. Nous dominions pendant la montée le village de Cucugnan (lequel ne se trouve pas du tout en Provence contrairement à ce que pourrait laisser entendre la nouvelle d’Alphonse Daudet…). Après avoir atteint le col de Garbès à 600 m d’altitude, nous avons terminé par un sentier en terre quasiment horizontal, d’où nous avons bénéficié d’une approche progressive du château de Quéribus. Toutefois la visite de ce dernier ne m’a guère plu : trop de populace, et un donjon outrageusement restauré. Toutefois ce château, perché sur une crête, a beaucoup d’allure depuis la plaine d’où il est bien visible (nous l’avions aperçu le premier jour lors de notre trajet vers Comus). Contrairement aux autres, Quéribus n’a pas de basse-cour intérieure, seulement un donjon remarquable par la salle au pilier qui s’y trouve. Comme à Montségur le château est éclairé de manière particulière le jour du solstice d’été. La dernière journée du séjour était consacrée à un château bien plus méconnu et beaucoup moins touristique : le château d’Aguillar. La balade pour nous y rendre, en aller-retour, n’était pas très soutenue mais (contrairement aux autres jours) nous n’avons pu éviter l’orage. Pour je ne sais quelle obscure raison, notre guide l’a fait débuter par une traversée de torrent à gué (alors qu’il existe un pont un peu plus loin). C’est le genre de distraction auquel on se livre assez souvent en trek à l’étranger mais beaucoup plus rarement en France… Le château d’Aguilar est peu élevé (321 m), peu spectaculaire et moyennement conservé. Personnellement il me fait un peu penser (en beaucoup plus petit) au Crac des chevaliers, mais c’est un rapprochement qui n’engage que moi. C’est le plus oriental des châteaux cathares. Séparé (enfin !) de ce groupe que je ne regretterai pas, je me suis ensuite fait conduire à la gare de Perpignan d’où je suis rentré dans la soirée (via Montpellier, en TER puis en TGV). J’étais finalement le seul à rentrer en train. |