Traversée du Jura à raquettes | ||
Traversée du Jura à raquettes (réveillon 2010/2011)J’ai effectué cette année là une randonnée à raquettes par l’intermédiaire d’un organisme (j’ai acheté mon voyage chez Pedibus, mais celui-ci était en réalité organisé par une autre agence du réseau Vagabondages, Espace Évasion). La randonnée commençait à Vallorbe, en Suisse. Il y a pour s’y rendre un TGV direct depuis de Paris, mais celui-ci s’est retrouvé bloqué pendant 3 heures en gare de Dole pour remorquer une autre rame qui était en panne (certains de mes compagnons de voyage étaient dans ce train, et eux sont arrivés avec cinq heures de retard !). Mais pour moi ça ne tombait pas trop mal : ayant dû payer mon billet plein tarif (pour seulement quelques kilomètres effectués en Suisse !) je me suis fait intégralement rembourser mon billet par la SNCF… Il faisait très froid quand nous sommes arrivés à Vallorbe : -8°C ! Mais ce temps sibérien n’allait durer qu’une journée. Pas grand monde à la gare de Vallorbe à cette heure là (et il n’y a même plus de douaniers, depuis que la Suisse est dans l’espace Schengen). Le taxi qui devait nous prendre était un peu en retard. On nous à conduit au gîte à l’Abbaye, village situé au bord du lac de Joux (lequel n’était pas gelé malgré le froid). Le repas nous attendait en dépit de l’heure tardive et l’arrivée de notre groupe en ordre dispersé. Nous avons fait connaissance avec le guide le lendemain : Jean-Loup Rayr : ce n’est pas quelqu’un que j’ai beaucoup apprécié. Il s’agissait d’une randonnée itinérante sans portage (un véhicule transportait nos bagages jusqu’au gîte). Les raquettes nous avaient été prêtées, nous les avons chaussées à la sortie du village. Le premier jour nous avons randonné dans le massif du mont Tendre (1680 m), point culminant du Jura suisse, dont nous avons effectué l’ascension l’après-midi. Il faisait assez froid, les sapins étaient recouverts de neige fraîche ce qui était assez joli (il y avait une vingtaine de centimètres de poudreuse). La dernière des photos précédentes a été prise à la Blondine où nous avons fait une pause. On pouvait distinguer au loin les sommets caractéristiques de l’Oberland bernois, l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau. La dernière photo ci-dessus montre l’abri du pré d’Etoy dans lequel nous avons pique-niqué, construit par-dessus les restes d’un bus désaffecté (mais le bus est invisible de l’extérieur !). Il y a bien que les Suisses pour inventer un truc pareil. Le secteur est sillonné par des pistes de ski de fond. Voici ensuite la vue depuis le mont Tendre. On aperçoit au fond le massif du mont Blanc (dont le sommet est dans les nuages), ainsi que le lac Léman qui nous en sépare. Nous avons ensuite passé la nuit dans une auberge située au col de Marchairuz. La descente pour le rejoindre était assez longue : c’était d’ailleurs ce premier jour que nous faisions la plus longue étape ! C’était la dernière nuit que nous passions en Suisse : apparemment dormir en Suisse plombe pas mal le budget… Le lendemain il faisait beaucoup plus doux mais aussi moins beau. Nous avons progressé sous la neige toute la matinée. Nous avons pique-niqué en squattant une pièce d’un chalet que nous avons rencontré sur notre route (Roch Dessus) : il paraît qu’en Suisse cela se fait, en tout cas la porte était ouverte. Les fresques peintes sur un autre chalet sont paraît-il l’œuvre d’un « marginal ». Nous arrivons ensuite à la frontière franco-suisse : on trouve à maints endroits de vieilles bornes frontières en pierre. En fait le tracé de la frontière en cette zone est assez complexe et surtout s’est déplacé maintes fois au fil de l’histoire, au gré de conflits et de traités de paix, en fonction de l’emplacement de routes stratégiques, de fromageries (elles aussi stratégiques ?). Toujours est-il que certaines bornes sont désaffectées et remplacées par d’autres. Sur les bornes on trouve les armoiries des deux pays, datant de l’époque du tracé de la frontière à cet endroit : un coup la fleur de lys (photo de gauche, 1649), un coup l’aigle impérial (photo de droite, 1863), mais ce ne sont que deux exemples. Ensuite on descend (par un versant assez raide) au village de Bois-d’Amont où nous allons passer la nuit. Bois-d’Amont est un village français frontalier : il est construit dans la vallée de l’Orbe dont les premières pentes sont en Suisse. Certains chalets d’alpage appartenant à des familles du village sont d’ailleurs situés en Suisse (et ce depuis le dernier changement de frontière au XIXe siècle : les chalets ne peuvent changer de propriétaire et doivent être entretenus faute de quoi la Suisse les récupérerait). À Bois-d’Amont nous avons visité un intéressant musée de l’épicéa (la Boissellerie) situé dans une ancienne scierie hydraulique (dont les machines sont toujours en état de fonctionnement), au centre du village et au-dessus de l’Orbe. Le bois d’épicéa est toujours utilisé pour l’emballage des fromages. Nous sommes immédiatement repassés en Suisse le lendemain matin, où nous avons d’ailleurs passé toute la journée. C’est dans ce secteur que se trouvent les chalets appartenant toujours à des Français. Le temps s’est bien rétabli après dissipation des brumes matinales, mais il ne faisait pas très froid. Après un passage près d’une doline (les explications « scientifiques » de Jean-Loup étaient quand même un peu fumeuses…) au creux du Croux, nous avons entrepris l’ascension du Noirmont (1568 m) d’où la vue sur les Alpes était cette fois-ci bien dégagée. On aura noté la mer de nuages qui masque complètement le lac Léman : phénomène météorologique hivernal bien classique ! Ensuite nous sommes descendus vers le hameau de la Cure (en empruntant des pistes de ski fermées mais damées : j’avoue que ça ne m’aurait pas déplu à ce moment d’avoir au pieds des skis plutôt que des raquettes !). À la Cure se trouve une gare (nous prendrons le lendemain le train à cet endroit) puis l’on franchit immédiatement après la frontière. Nous avons finalement gagné le gîte de la Grenotte (près de la station de ski des Rousses) où nous avons passé deux nuits : un endroit tenu par l’un de ces bobos écolo-soixante-huitards que j’exècre. C’était un ami personnel de notre guide ce qui pour moi n’arrangeait rien. Les deux années précédentes le groupe avait passé le réveillon à cet endroit. Ça n’a pas été le cas pour nous, mais je ne l’ai pas regretté ! Donc le lendemain, un peu de RER pour commencer ! En fait il s’agit de l’un de ces multiples trains à crémaillère intermittente qui jalonnent les montagnes helvétiques. La voie en question part de Nyon sur les bords du lac Léman et s’arrête à la Cure à la frontière. Autrefois elle continuait en France vers Bois-d’Amont puis repassait en Suisse au Sentier (où elle existe toujours jusqu’à Vallorbe). Il manque donc maintenant quelques kilomètres à peine, mais en France nous n’avons pas les moyens de l’entretenir. Nous avons donc pris le train jusqu’à la gare suivante, la Givrine, d’où nous avons entamé une randonnée en direction de la Dôle (1677 m), l’un des principaux sommets du Jura. Cette montagne située en Suisse domine entièrement le lac Léman, et sur son sommet sont installées les antennes de contrôle du trafic de l’aéroport de Genève-Cointrin. Mais sur le versant nord se trouvent également les pistes de ski de la station franco-suisse des Rousses : on passe la frontière en pleine descente ! Quant à nous, nous avons effectué l’ascension par le versant sud, plus sauvage, avant de redescendre le long des pistes de ski. Nous avons d’abord progressé en forêt, puis dans les alpages. Il faisait assez chaud et la neige était plutôt collante. Nous avons rencontré un troupeau de chamois peut avant de pique-niquer. On peut les deviner sur mes photos, en dépit de la piètre qualité de l’appareil que j’avais apporté… La montée finale n’est pas très raide, mais il paraît que par grand vent des cordes sont nécessaires ! (c’est arrivé une fois à notre guide paraît-il). En tout cas ce n’était pas nécessaire pour nous. Du sommet, la vue sur les Alpes est remarquable, notamment vers le massif du mont Blanc. La vue s’étend en fait de l’Oisans aux Grisons, sans doute l’un des panoramas sur les Alpes les plus complets qui soient. Le guide était néanmoins assez peu qualifié pour reconnaître les sommets, il n’a pas été par exemple en mesure de me dire si l’on pouvait apercevoir le Cervin. En outre, il avait la faculté de vite s’énerver quand on lui posait une question dont il ne connaissait pas la réponse, ce qui a contribué à me le rendre peu sympathique. Je n’ai guère photographié la descente le long des pistes, assez fastidieuse à la longue. Nous sommes passés dans les bois, hors piste mais il fallait quand même faire attention aux surfeurs qui pouvaient débouler sans crier gare. Une curiosité néanmoins sur ce parcours : le tremplin de ski que l’on peut apercevoir peu avant d’arriver aux Rousses (tremplin des Tuffes). Il est situé en France. L’étape du lendemain, l’avant-dernière, est à mon avis la moins intéressante du séjour. Nous éloignant définitivement de la Suisse, nous avons tout d’abord pris un minibus jusqu’à Lajoux, rompant avec la continuité pédestre que nous avions jusqu’ici respectée (exception faite du train la veille). Nous sommes montés le long d’un tire-fesses à l’arrêt puis redescendus par les bois (pistes de ski de fond). On trouve là des greniers fortifiés, une curiosité locale mais je ne les ai pas photographiés. Ensuite nous sommes descendus par un versant en forêt (et des sentiers souvent désaffectés) en direction de Lélex dans la vallée de la Valserine (département de l’Ain). C’est à Lélex que nous avons passé le réveillon, à l’hôtel : un menu original avec du sanglier et des raviolles d’écrevisses. Par contre la sono j’ai moins apprécié. Je me suis couché avec les boules quiès mais la nuit a été tout de même assez perturbée. Dernière journée de balade : l’ascension du Crêt de la Neige, point culminant (officiel) du Jura (1720 m). Toutefois nous avons un peu triché puisque nous avons emprunté un télécabine, à l’aller comme au retour. Il faut dire que cela aurait été plus difficilement faisable sans cela, Lélex n’étant qu’à 900 m d’altitude. De la gare d’arrivée du télécabine on rejoint la crête en longeant la réserve naturelle du grand tétra (notre guide s’est fait verbaliser une fois parce qu’il avait mordu de quelques mètres à l’intérieur). La vue sur les Alpes est dores et déjà magnifique Ensuite on longe la crête jusqu’au sommet, ce n’est pas raide mais il y a des lapiaz et il faut faire attention. Au retour, nous avons pris un autre itinéraire, par le sommet du Grand Crêt. Après la balade, un bus nous a conduits de Lélex à Bellegarde où nous devions prendre le TGV pour Paris. Depuis mon dernier passage en ces lieux, une nouvelle voie ferrée (la ligne du Haut Bugey) a été rénovée à travers le Jura pour raccourcir un peu le trajet Paris Genève. Les Suisses ont participé de manière importante au financement, mais le gain de temps est tellement minime qu’ils ont le sentiment (justifié) de s’être fait avoir ! |