Saint-Malo, côte d’Émeraude

Côte d’Émeraude : de Cancale au cap Fréhel

Cette randonnée CAF de trois jours a été effectuée au cours du week-end de l’Ascension 2017. Nous avons emprunté le sentier côtier (GR 34) entre l’auberge de jeunesse de Cancale et le cap Fréhel. Il a fait beau et chaud au cours du printemps 2017. Ici en Bretagne, le temps était estival les deux premiers jours, mais il s’est ensuite dégradé et est devenu orageux. Nous étions proches de la nouvelle lune et le coefficient de marée était très élevé (jusqu’à 107). Résultat, la possibilité de traverser certaiens baies à marée basse, et a contrario l’inondation à marée haute de certaines portions du sentier côtier.

Partis de Paris en fin d’après-midi (j’avais dû prendre ma demi-journée), nous sommes arrivés vers 20h à l’auberge de jeunesse de Cancale où nous allions passer notre première nuit. Celle-ci est admirablement bien située en bordure de côte (port Pican), mais elle est à l’écart de la ville. Nous avons profité de la soirée (le soleil se couche tard en cette saison, et plus encore en Bretagne qu’à Paris) pour une petite excursion vespérale en direction du bourg du Cancale ; mais nous n’avons pas pu atteindre ce dernier. Notons qu’on pouvait apercevoir dans le lointain, la silhouette du Mont-Saint-Michel. Cette circonstance ne devait pas se renouveler le lendemain matin.

Début de randonnée matinale. Le sac se faisait fichtrement sentir ! Néanmoins, à la longue on s’habitue.

Passage à Port Mer où voguait un vieux gréement.

Nous avons ensuite atteint puis franchi la pointe du Groin, extrémité de la baie du mont Saint-Michel. La vue porte en principe jusqu’à Granville et aux îles anglo-normandes, mais était assez brumeuse ce jour là. L’endroit ne m’a in fine pas subjugué.

On arrive sur une portion de la côte beaucoup plus belle, avec plusieurs grandes plages. On commence par celle du Saussaye, puis celle du Verger.

Sur cette dernière nous sommes passés sur le sable.

Voici maintenant ce qui est peut-être le plus bel endroit de toute cette randonnée : le fort du Gesclin. Cette île accessible à marée basse, fortifiée par Vauban, fut la propriété du chanteur Léo Ferré.

Là aussi, passage sur le sable dont les cavaliers rendaient le lieu encore plus photogénique.

Autre plage un peu plus loin, l’anse de la Touesse.

Nous avons ensuite quitté le GR, notre organisateur ne souhaitant pas contourner la pointe du Meinga. Donc, pour commencer, passage sur route d’assez grande circulation par le hameau de la Marette. Puis, nous arrivons dans une étrange vallée, le havre de Lupin, qu’à cette heure la marée avait complètement découverte. Pique-nique devant ce finalement assez photogénique champ de vase, avant d’en attaquer franco la traversée, non sans nous être préalablement déchaussés.

Comme on dit dans La Chèvre, il n’y a pas de sables mouvants signalés dans cette région.

Nous continuons jusqu’à l’entrée étroite de la baie, à cette heure limite de la plage, où nous prenons le temps d’un réconfortant bain de pieds.

Nous retrouvons la terre ferme au village de Rothéneuf. À cet endroit un artiste local (l’abbé Fouré, 1839-1910) a sculpté des rochers, mais la visite du lieu est payante et nous l’évitons donc soigneusement.

La plage du Val, en direction de la pointe de la Varde :

La pointe de la Varde nous permet pour la première fois, d’apercevoir la cité Corsaire de Saint-Malo (certes lieu de notre arrivée en train la veille au soir, mais nous n’en avions alors rien vu, pas même la mer). On aperçoit également, au loin vers l’ouest, le cap Fréhel… qui sera le terme de notre randonnée, trois jours plus tard.

La basse mer nous permet de marcher sur la grande plage de Saint-Malo. Cela nous évite un fastidieux parcours en zone urbaine.

Arrivée à l’auberge de jeunesse de Saint-Malo qui est un établissement de taille très importante (seul notre lever matinal le lendemain matin nous aura permis d’échapper à la queue dantesque du petit déjeuner). Comme dans toutes les auberges de jeunesse que j’ai fréquentées (c’est-à-dire uniquement dans de semblables circonstances), la clientèle est principalement… du troisième âge. Ce jour là, un étrange rassemblement de vieilles voitures de l’époque de mes parents (voire de mes grands-parents).

Après la douche, retour sur le remblai pour un pot avant le dîner (le soleil tapait encore tellement que nous regrettions d’avoir nettoyé la crême solaire !). Surprise : la plage que nous avions arpentée deux heures auparavant avait maintenant entièrement disparu sous les eaux.

Après un dîner dans un restaurant gastronomique, petite balade nocturne jusqu’à la vieille ville… de nature à rajouter des kilomètres à notre randonnée du jour (31 en tout). Coucher de soleil dans la mer, mais pour le rayon vert on repassera.

Le centre de Saint-Malo a été applati pendant la guerre puis reconstruit dans le style originel (seuls les remparts sont à peu près préservés). Il faut garder ceci à l’esprit avant de visiter. Le centre de la ville, avec son animation dévolue au tourisme (la queue pour acheter des glaces à pas d’heure, les bars branchés…) ne m’a que moyennement convaincu. Principal intérêt de la balade, l’église Saint-Vincent qui est une ancienne cathédrale (sous l’Ancien Régime).

De bon matin le lendemain, retour à la vieille ville dont nous allions cette fois-ci parcourir les remparts. La marée était à nouveau très haute (pas étonnant que par tempête la ville subisse quelques dommages). Ces brise-lames « artistiques » en bois exotique ont subjugué mes compagnons de voyage, je les laisse à leur enthousiasme.

Ce jour là avait lieu le marathon du Mont-Saint-Michel, arrivée prévue à Saint-Malo en milieu d’après-midi. Nous n’avons pas été dérangés.

Nous entamons le tour des remparts, face au large (mais les photos des îles, le Fort National, le tombeau de Châteaubriand, le Grand et le Petit Bé, ne rendent guère et sont donc absentes de ce site).

Notre organisateur, peu motivé par le contournement de l’estuaire de la Rance jusqu’à l’usine marémotrice, avait opté pour la traversée de celui-ci en bateau. Le bateau s’appelle ici le « bus de mer » et relie (en dix minutes à peine !) la vieille ville de Saint-Malo avec la station cossue de Dinard. Il a fallu veiller à ne pas se tromper de bateau : un autre qui partait dix minutes plus tôt se rendait en fait dans les îles anglo-normandes.

La vieille ville de Saint-Malo depuis le bateau est très photogénique.

Dinard est une station balnéaire datant du début du XXe siècle, mais dont on ne peut pas dire qu’elle ait un charme fou. La côte est très urbanisée sur plusieurs kilomètres, mais il est possible de longer la mer au pied des habitations, grâce à un « chemin de ronde » c’est-à-dire une promenade aménagée au ras des flots. C’est un peu similaire à ce qui existe depuis une vingtaine d’années à Pornic, sauf que la promenade de Dinard est beaucoup plus longue et aussi, semble-t-il, bien plus ancienne.

Ici une étonnante piscine d’eau de mer. Une semblable existe à Saint-Malo, utilisable uniquement à marée basse, elle était entièrement immergée quand nous sommes passés sur les remparts.

Et maintenant le fameux chemin de ronde, que nous avons attaqué sitôt effectuées les courses pour le pique-nique ; le sol était par endroits humide, les vagues de la haute mer ayant submergé le passage quelques instants auparavant !

Cette ridicule œuvre d’art a paraît-il beaucoup fait jaser quand elle a été installée en 2016, sur un terrain appartenant à l’industriel François Pinault. Il y a visiblement des gens qui ne savent pas quoi faire de leur fric.

La plage de la Fourberie…

… dont l’amer est défiguré par un disgracieux graffitti (rien avoir je pense avec la calamiteuse campagne électorale que nous venons de subir).

Il faisait vraiment chaud pour l’endroit et pour la saison : au point que les rares passages ombragés du sentier donnaient lieu à de petites pauses…

La côte d’Émeraude porte ici très bien son nom.

Arrivée à Saint-Lunaire : après avoir coupé par le sable le petit estuaire qui s’y trouve, nous avons pique-niqué sur le remblai de la grande plage.

Après le déjeuner (au CAF on ne tient que modérément compte de certaines consignes de sécurité…)

Un égrange décor de câbles d’amarre, en direction de la pointe du Décollé.

Pointe que nous avons ensuite gravie, jusqu’à un établissement de restauration où nous avons pris un café.

On longe ensuite la grande plage de Longchamp.

Suivie de la pointe de la Haye (le contournement du golf est interminable). Au loin, le cap Fréhel qui ne se rapproche que lentement.

Entre Saint-Briac et Lancieux, lieux de notre prochaine nuitée, nous avons pu couper une grande partie de la côte par la grève découverte. Des passages tout de même un peu vaseux qui nous ont obligés à nous déchausser.

Ici l’église de Lancieux près de laquelle se trouvait notre hôtel. Le coucher de soleil s’est montré moins pur qu’à Saint-Malo. (Il y avait encore plein de monde sur la plage à dix heures du soir).

(À partir de Lancieux, nous ne sommes plus en Ille-et-Vilaine, mais dans les Côtes-d’Amor, ex du Nord).

Troisième jour. Le temps a commencé à se dégrader, bien moins chaud et plus couvert (mais cela allait encore). Par ailleurs, la marée, haute le matin, nous a obligés à contourner intégralement les baies de Lancieux et de l’Arguenon, ce qui nous a pris quasiment toute la journée. Alors que nous aurions pu les couper je pense en moins d’une heure si nous avions attendu la marée basse…

Le coefficient de marée était au plus haut (le maximum du week-end, 107) et la mer inondait complètement le fond des baies, y compris certains prés. Résultat, le sentier côtier s’est à un moment trouvé recouvert, nous obligeant à un assez long détour par l’intérieur, ce qui a suscité la contrariété de notre organisateur.

Ici, la ferme du Breil située au fond de la baie de Lancieux.

Nous progressons ensuite sur une digue pour gagner le village de Saint-Jacut-de-la-Mer.

Traversée du village, halte pour quelques courses (le retard pris le matin nous a obligés à couper une partie de la pointe de Saint-Jacut).

La deuxième baie ensuite, celle de l’Arguenon. La marée commençait à redescendre. De nombreux panneaux sur le rivage mettaient en garde contre les sables mouvants.

(On peut voir ci-dessus sur la seconde photo un pratiquant du paddle, un nouveau sport à la mode qui semblait être le grand truc de notre accompagnateur ; personnellement je ne me sens pas particulièrement motivé…)

À un moment, l’accompagnateur a souhaité descendre sur la grève comme alternance au sentier. Mais nous avons rapidement senti le sol se dérober sous nos pieds : sous la fine couche de plage les sables mouvants n’étaient pas loin ! Nous avons donc fait demi-tour pour pique-niquer sur la plage. Le temps de nos agapes, la mer a eu le temps de se retirer à plusieurs centaines de mètres, changeant le paysage du tout au tout.

Au fond de la baie se trouve un joli fort en ruines, le château du Guildo.

Nous avons pris un café juste après avoir franchi le pont, dans un restaurant donnant sur la rivière l’Arguenon. Ensuite, le sentier côtier reprend, en forêt et avec pas mal de montées et de descentes.

Après la plage dite des Quatre Vaux, nous avons continué la progression sur la grève, passant à proximité des cultures de moule (les bouchots) qui sont la spécialité de Saint-Cast.

Nous avons rejoint la plage de Pen Guen près de Saint-Cast.

Ci-dessous la grande plage de Saint-Cast-le-Guildo (nous avons un peu coupé le GR pour la rejoindre). Notre hôtel était situé en plein centre, dans une rue piétonne (le soir assez bruyante). La demi-pension, de qualité médiocre. En soirée, nous avons fait un aller-retour jusqu’au port en eau profonde (Port-Jacquet), je n’ai pas fait de photos ni de tracé GPS.

Dernier jour : en raison de l’horaire contraint, nous avons coupé la pointe de Saint-Cast, traversant un jardin public puis quelques zones pavillonnaires. La plus grosse partie de la journée a été consacrée au contournement de la baie de la Fresnaye… que là aussi la marée basse six heures plus tard eût permis de traverser à pied sec. En face, distant de 6 km à vol d’oiseau, on peut deviner le fort la Latte près duquel nous passerons en milieu d’après-midi.

Cette étonnante maison en bord de baie s’appelle Roche Noire, elle se trouve à proximité d’une petite ria. Un peu plus loin, le GR s’est à nouveau trouvé inondé par la marée haute ; il a fallu couper, mais cela a in fine raccourci notre itinéraire, coupant la pointe Saint-Efficace par le hameau de Saint-Germain-de-la-Mer.

Le temps n’allait guère à l’amélioration : nous n’avons ce jour là pas échappé à une petite averse, même si c’est resté modéré.

Le fond de baie (la mer inondait là aussi les prés). Près du pont se trouve étonnamment une ancienne gare, la gare de Pléboulle, dont la voie ferrée a disparu depuis longtemps.

La remontée de la baie commence par une fort fastidieuse portion de route, au ras des flots. Puis, le sentier côtier reprend en forêt.

Le magnifique fort la Latte, que j’avais visité dans ma jeunesse. Ici, nous n’avons fait que passer devant.

Une halte café (augmentée d’une crêpe beurre sucre succulente) : au CAF on sait se ménager ce genre de douceur. Même quand, comme ici, cela nécessite un détour un peu conséquent.

Sans compter la pluie qui a quelque peu perturbé ces agappes prises en plein air…

Il restait une heure quinze de marche avant le cap Fréhel, terminus de cette randonnée. Un paysage sauvage et magnifique malgré un temps très variable. Étrangement, il y avait assez peu de monde sur ce sentier par ailleurs suraménagé.

Nous avons attendu quelque temps au cap Fréhel avant l’heure du taxi. Lequel nous a emmenés en gare de Lamballe, d’où le TGV nous a conduits en trois heures environ, à la gare Montparnasse. (Cette portion de la côte bretonne est la plus accessible depuis Paris).