Plateau d’Emparis

Plateau d’Emparis

Ce séjour a été effectué avec le CAF pendant le week-end de la Pentecôte 2014. Pour mémoire, c’était la première fois que je partais avec le CAF deux week-ends consécutifs. Nous avons eu un temps superbe pendant tout le séjour, une chance. Quant aux randonnées (effectuées avec retour au gîte chaque soir), elles sont passées d’assez soutenue pour la première, à très pépère pour la dernière…

Après être débarqués du train de nuit à Briançon, vers 8h30, un taxi nous a emmenés jusqu’aux alentours de la Grave, de l’autre côté du col du Lautaret. Notre gîte était très exactement situé aux Terrasses, un village situé trois cents mètres au-dessus de la Grave et qui doit son nom aux anciennes cultures en terrasses qui y étaient pratiquées (lesquelles sont abandonnées depuis des décennies).

En tout cas la vue depuis le village, qui fait face directement à la Meije et au Râteau, est magnifique. Quel contraste alors que la veille au soir nous étions dans le métro !

Pour la première balade il était prévu de monter au signal de la Grave (2445 m). Mais notre accompagnateur a changé de destination au dernier moment, et nous nous sommes dirigés vers le pic du mas de la Grave. Ce sommet de 3020 m était en réalité une destination beaucoup trop ambitieuse (n’oublions pas que nous avions passé la nuit dans le train et que nous n’avons pas démarré la randonnée avant 11 h). Nous nous arrêterons sur les flancs, à quelques centaines de mètres sous le sommet.

Pour commencer, nous avons gagné le hameau du Chazelet en coupant d’abord les lacets de la route, puis en suivant celle-ci en balcon sur plus d’un kilomètre. Nous devrons d’ailleurs refaire ce trajet le jour suivant.

Après avoir traversé le village, nous avons suivi la vallée située en amont, passant par les trois hameaux respectivement du Rivet du Pied, du Milieu et de la Cime. C’est avant d’atteindre le premier des trois que nous avons été témoin d’un accident assez impressionnant. Sur la rive d’en face se trouve une route en terre au bord de laquelle étaient stationnés plusieurs 4×4. Soudain, l’un de ces véhicules a démarré et a commencé à traverser le pré en pente douce qui se trouvait juste en-dessous. Nous ne nous sommes dans un premier temps pas inquiétés, pensant que son propriétaire voulait juste faire le malin en roulant dans les champs (du reste, cette scène n’était pas sans me rappeler celle de la chasse dans les Monts Célestes). Mais non, la voiture ne s’arrêtait pas, elle continuait en ligne droite en direction du ravin. Prenant progressivement de la vitesse, elle s’est mise à partir droit dans la pente, vers le fond de la gorge que nous ne pouvions apercevoir de l’endroit où nous nous trouvions. Nous avons finalement entendu un « plouf » retentissant. Il y avait plusieurs personnes en face auprès des véhicules garés, et le fait qu’ils ne crient pas et ne se hâtent que lentement vers le lieu de l’impact, nous a conduits à penser qu’il n’y avait en fait personne dans le 4×4 et que celui-ci était stationné lorsque ses freins avaient lâché. Nous avons donc (après quelque hésitation quand même) poursuivi notre randonnée comme si de rien n’était. Nous apercevrons les restes du véhicule le soir en passant près de la gorge, puis le surlendemain à la Grave, emportés par un camion de dépannage.

Continuant dans les alpages verdoyants, nous avons pu apercevoir quelques marmottes. Puis, nous avons dû franchir à gué le torrent de Valfredène. Rien de bien difficile, sauf qu’au retour ledit torrent aura fortement grossi, nous obligeant à ôter nos chaussures et à passer avec de vraies difficultés. Nous étions encore en pleine fonte printanière (il y avait des névés dès 2500 m) et c’étaient quasiment les premières journées chaudes de l’année.

Après le pique-nique à la baraque de la Buffe, nous avons entamé la véritable montée en direction du pic. Passant au milieu d’ardoisières typiques de la Grave, nous avons franchi un faux col, avant de rebrousser chemin à 2650 m environ.

Le retour nous a offert de magnifique vues sur le massif de la Meije, sous une très belle lumière vespérale.

Une surprise moyennement agréable nous attendait au gîte. La quarantaine de pensionnaires en dehors de notre petite délégation du CAF, faisaient tous partie d’un même groupe, des randonneurs méridionaux en moyenne assez âgés et surtout particulièrement bruyants. À table, il n’était pas possible de placer un mot. Pour nous qui après une assez longue balade succédant à une nuit dans le train, commencions sérieusement à sentir la fatigue, ce n’était vraiment pas l’idéal. D’autant que nous aurions le déplaisir de retrouver ces gens là le lendemain sur le sentier, faisant peu ou prou le même tour que nous. Disons-le tout net, la cohabitation ne s’est pas faite sans heurts.

Le lendemain, grand beau temps. Nous avons donc pris la direction du plateau d’Emparis en commençant par regagner le Chazelet à pied. Alors que nos colocataires, eux équipés de voitures, prenaient sur nous une demi-heure d’avance que nous allions ensuite rattrapper sans trop de peine.

Le plateau d’Emparis est une balade facile et familiale, un grand classique du coin car offrant un panorama magnifique sur le massif de la Meije, dont il n’est séparé que par la vallée très étroite de la Romanche où se trouve la Grave.

Ayant dû modifier notre itinéraire afin de retrouver un peu de calme, nous avons dû renoncer à une partie de ce qui était prévu. Nous avons donc passé pas mal de temps à pique-niquer au bord d’un petit lac temporaire. L’eau était tellement chauffée par le soleil qu’une participante a osé s’y baigner ! Je ne l’aurais pas fait.

Nous sommes passés auprès des deux grands lacs du plateau d’Emparis (le lac Noir et le lac Lérié), où nous avons fait une halte malgré la présence de nombreux randonneurs. Puis, afin d’allonger un peu l’après-midi et d’éviter encore nos gêneurs, nous avons effectué une excursion hors sentier.

Au Chazelet nous étions rudement contents de pouvoir boire à la fontaine !

Retour aux Terrasses. Le troupeau de chèvres gardé par une vieille bergère était très pittoresque, dommage qu’il ne soit pas possible de prendre en photo les odeurs (je ne comprends pas que Google n’ait pas encore essayé ?).

En soirée, nous avons effectué une excursion nocturne et par la route jusqu’au troisième village du secteur, Ventelon.

Le dernier jour du week-end était le seul au cours duquel nous allions devoir porter toutes nos affaires. Mais dans des conditions pas trop dures puisque nous ne ferions ce jour là que de la descente. Conformémement en effet au programme, mais rompant radicalement avec l’éthique du CAF (tout f… le camp !), nous avons en effet emprunté le téléphérique de la Grave pour un peu de tourisme aux confins de la haute montagne.

Quelques photos d’abord de la descente à pied jusqu’à la Grave.

L’église de la Grave est très belle.

Une fois en bas, nous avons découvert qu’il nous fallait attendre 1 h avant la première benne (le téléphérique ouvre d’abord très tôt le matin pour les skieurs, puis ferme et rouvre en fin de matinée pour les touristes). Donc attente au café dans la plus pure tradition du CAF. (Nous avons découvert pendant cette attente que la ville de la Grave organise un festival de musique consacré à… Olivier Messiaen. Vu qu’il faut quand même s’accrocher pour écouter ça, je me demande ce qu’en pensent les paysans du coin !).

Cette halte matinale a été suivie d’une montée peu glorieuse jusqu’à l’altitude de 3200.

Cette matinée s’est achevée par une longue halte contemplative dans la neige (nous n’avons pas poussé le vice jusqu’à aller visiter la grotte de glace), suivie d’un pique-nique.

Notre accompagnateur a hésité sur ce que nous ferions ensuite. Le programme était de reprendre le téléphérique, mais en nous arrêtant à la station intermédiaire d’où nous gagnerions le refuge Chancel. Toutefois, il était évident que le sentier pour y aller n’était pas praticable en raison de l’enneigement tardif. La station intermédiaire se trouvait d’ailleurs elle-même dans les névés. Finalement, nous nous y sommes tout de même arrêtés, mais pour gagner à pied la Grave par l’un des sentiers les plus directs. Ce qui a tout de même nécessité de passer un peu dans la neige.

Quelques photos de la suite de la descente, en sous-bois. On remarquera ce reste de moraine encore parfaitement visible.

Arrivée sur la Grave et ses ardoisières, et clin d’œil au tunnel du Serre du Coin dont le nom m’amusait beaucoup dans mon enfance. (Notons que nous ne l’avons pas franchi au cours de ce séjour, bien que ce soit un passage obligé sur la route du Lautaret).

Il était grand temps que nous arrivions : l’orage menaçait depuis quelques temps déjà et les premières gouttes ont commencé à tomber alors que nous avions tout juste atteint les maisons de la Grave. Ce qui n’empêchait pas à la Meije d’être toujours visible ! Ce n’est que pendant le long trajet en taxi jusqu’à Grenoble (2h) que l’orage s’est véritablement déchaîné.

Notre accompagnateur avait avancé l’heure du taxi et il a bien fait, car il y avait sur la route un gros embouteillage. Et ce, en raison de très gros travaux à la hauteur de Vizille, consécutifs au risque d’écroulement d’un pan entier de montagne. Cette route semble d’ailleurs en travaux à chaque fois que je viens dans le coin, d’une décennie à l’autre. (Il y avait un autre chantier sur la route même si celui-ci n’affectait pas la circulation : le barrage EdF du Chambon, en cours de reconstruction totale et donc le lac de retenue était quasiment vidé).

Finalement, avant de reprendre le TGV pour regagner Paris à une heure avancée, nous avons dîné au « chinois » à côté de la gare, un choix qui n’eût pas été le mien mais j’ai suivi le groupe.