Tour de la presqu’île de la Hague

Cotentin, tour de la presqu’île de la Hague

Je ne m’étais jusqu’alors jamais rendu dans le Cotentin et je savais depuis quelque temps qu’une randonnée avec le CAF y était envisageable. C’est au printemps 2019 que j’ai pu finalement réaliser ce souhait. La randonnée a duré 5 jours (mercredi plus le week-end de l’Ascension), nous avons fait le tour de la pointe de la Hague du côté occidental de la péninsule. Le temps a été variable, parfois ensoleillé mais finalement acceptable la plupart du temps.

Il faut plus de trois heures pour atteindre Cherbourg en train (et au retour, nous mettrons encore une demi-heure supplémentaire en raison des travaux de prolongement d’EOLE). La voie ferrée traverse Evreux puis Lisieux, le premier arrêt est à Caen (ensuite plusieurs arrêts, dont Bayeux dont on peut apercevoir la cathédrale). Tout une région qu’il me reste à découvrir. Le temps ce jour là, beau à Paris, s’est (comme annoncé) progressivement dégradé au fur et à mesure que nous gagnions la Basse Normandie. Au point que nous devrons endurer une bonne partie de l’après-midi un fort désagréable crachin.

Le groupe s’est constitué à l’arrivée. Notre organisatrice, Isabelle, était déjà sur place (elle avait dû venir en voiture). Afin de nous épargner la traversée de la banlieue de Cherbourg, un taxi avait été affrété pour les premiers kilomètres. Taxi qui ne pouvait pas emmener tout le monde (nous étions dix), et qui a donc dû faire deux voyages. J’ai eu la présence d’esprit de me porter volontaire pour la seconde fournée, ce qui m’a permis, d’une part d’attendre au chaud, et d’autre part de prendre un café à la gare, car ce n’est pas dans le train qu’il avait été possible d’acheter quoi que ce soit.

Nous avons donc démarré de la sortie d’Octeville, très exactement du pont sur la rivière la Divette, avant la Mare Aubert. Quelques centaines de mètres de petite route allaient nous permettre de rejoindre le GRP que nous suivrons ensuite toute la journée, dans l’intérieur des terres. Atteindre la mer constituait en effet le but ultime et la récompense de cette première journée.

Ci-dessus, le lieu de notre premier pique-nique (un champ privé dans le val du ruisseau de Trotte-Bœuf). Nous avons tout de même pu éviter de nous étaler dans les orties. Ci-dessous, un joli petit pont de pierre (le Marvis), avant le village de Virandeville.

C’est après Virandeville que le temps a peu a peu tourné au crachin continu. Les gore-tex et autres surpantalons sont bientôt devenus indispensables. Échaudé (si j’ose dire) par ma récente expérience dans le Jura, je me suis gardé dès lors de ressortir mon GPS, de même que mon appareil photo. Nous n’avons pu faire qu’une seule pause par la suite, dans ce lavoir situé près de Hameau Mahaut.

Bien plus loin, nous avons dû traverser les Pieux qui est un assez gros bourg, au demeurant totalement dépouru de charme. Il y avait notamment une zone commerciale, bien ouverte en ce mercredi ce qui eût pu nous épargner d’emporter trois pique-niques comme nous l’avait enjoint l’organisatrice. Ce n’était pas aux Pieux que nous dormirons (rire !), et nous n’y avons même pas fait halte pour un café. Nous avons directement continué en direction de la côte (Sciotot), la pluie avait peu ou prou cessé, mais le brouillard était tel que nous n’avons presque pas pu voir la mer (alors que nous pouvions déjà depuis un bon quart d’heure entendre le ressac).

À Sciotot nous n’étions pas encore tirés d’affaire, car notre organisatrice avait omis de se faire préciser l’emplacement exact du gîte. Elle a questionné plusieurs paysans qui eux-mêmes n’avaient pas toujours l’air très au courant. Finalement nous avons encore dû continuer sur cinq cents mètres, parallèlement à la côte. Cela étant, nous nous rapprochions également du restaurant, et ces cinq hectomètres sont à retrancher de l’étape du lendemain. Il faut dire que 27 km pour un premier jour c’est à mon avis un peu beaucoup. Ci-dessous, le bien nommé restaurant où nous avons dîné le soir et que j’ai plutôt apprécié. Je n’en dirais pas tant du gîte, conçu pour des colonies de vacances (avec des sanitaires de maternelle), sans charme, sans confort et fournissant un petit déjeuner des plus légers dans une ambiance de cantine scolaire.

La météo prévoyait une amélioration le lendemain. Mais déception au réveil, le temps était tout aussi couvert que la veille. Il ne pleuvait toutefois et heureusement pas. Si le plafond devait peu à peu monter dans la journée, ce n’est pas encore aujourd’hui que nous pourrions voir le soleil.

Ci dessous la plage, telle que nous pouvions (à peine) la deviner au début de la journée.

La journée allait débuter par la traversée du massif de Flamanville, bien connu de tous les apprentis géologues (les élèves de quatrième) puisque c’est l’archétype du pluton granitique.

Les maisons de cette zone sont bien souvent construites en granit ce qui leur donne un certain cachet.

Ne nous leurrons pas, ce n’est pas uniquement à cause de son granite que Flamanville est connue ! La centrale nucléaire, on ne peut pas la manquer et les retards successifs du chantier de l’EPR n’ont pas fini de défrayer la chronique. La centrale est construire sur la côte, mais le sentier l’évite complètement et, le brouillard aidant, nous ne l’avons presque pas aperçue en passant (d’autant qu’en ce jour férié il n’y avait qu’un minimum d’activité sur le site). Je n’ai pas caché au reste du groupe mes liens professionnels avec le « lobby » du nucléaire. Les avis des uns et des autres sur cet industrie étaient du reste partagés, sachant que bien évidemment, tous savaient à quoi s’en tenir en se rendant sur cette côte. L’un des participants m’a toutefois beaucoup amusé qui avait apporté un compteur geiger portatif (appareil qui à mon grand étonnement, mesurait non des béquerels mais des microsievert par heure). En tout cas, il n’a rien mesuré de probant quand nous sommes passés à proximité de la centrale. Par contre, lorsque sur ma suggestion, il a approché son appareil d’un morceau de granit, il a pu détecter un petit fond de radioactivité naturelle.

Ci-dessous le port de Diélette, marquant la fin du massif de Flamanville.

Nous avons ensuite pique-niqué sur la plage à l’abri du vent (avec ensuite une vue partielle de la plage de Clairefontaine, tellement longue qu’une journée entière nous serait nécessaire pour en venir à bout).

Dans la station balnéaire de Clairefontaine (en elle-même sans intérêt), nous avons pu profiter d’une pause café. Il n’y en aurait pas d’autre avant la fin de la randonnée !

Contournant ensuite l’EHPAD et quittant momentanément le GR, nous avons quelque temps arpenté au milieu des dunes de Biville, vaste zone naturelle située derrière la plage. Il y a quelques années encore, les dunes de Biville étaient une zone militaire et servait de terrain d’entraînement.

Ensuite l’église de Biville (en partie du XIIIe siècle). C’est à Biville que nous allions passer la nuit, après une seconde étape sensiblement plus courte que la première. Nous avons logé dans une chambre d’hôtes tenue par une jeune femme de vingt ans (native de l’endroit et fille de paysans) qui gérait la maison toute seule. De tous les gîtes de cette randonnée c’était l’endroit le plus authentique et de ce fait celui que j’ai préféré.

Troisième jour… et toujours pareil question météo ! Fort heureusement, la situation allait enfin évoluer dans le courant de la journée. Nous avons commencé par retourner dans les dunes de Biville (quittant de nouveau le GR), puis sur la plage.

La plage de Vauville que nous avons longée assez longuement.

Nous quittons ensuite la plage, abordant un nouveau massif granitique, celui du cap de la Hague. Le sentier est par endroits attaqué par l’effondrement des falaises (mais rien de vertigineux, contrairement à ce qu’avait pu indiquer l’organisatrice dans son programme !)

Je n’aimerais pas être le propriétaire de cette maison…

Nous nous approchons ensuite de l’usine de retraitement de la Hague. Cette dernière est situé à l’intérieur des terres, mais sa clotûre s’étend à cet endroit jusqu’à la proximité immédiate de la côte (même si, contrairement à Flamanville, il n’a pas été nécessaire de dévier le sentier côtier). Je n’ai pas réussi à savoir si c’est de cette endroit que part le fameux tuyau qui défrayait la chronique il y a quelques années. Par contre (et aux dires de notre organisatrice), le bâtiment que l’on peut apercevoir qui domine la côte et surplombe le sentier est la cantine du site industriel. Les jours de beau temps (ce n’est pas toujours le cas !), la vue qu’il offre sur la mer est paraît-il inoubliable.

Suite de la progression sur ce secteur de côte qui, ceci expliquant sans doute cela, est particulièrement sauvage.

Le temps avait finalement commencé à s’améliorer. Mais revers de la médaille, la fréquentation du sentier s’en est progressivement trouvée décuplée ! Il faut dire que nous nous approchions de l’un des plus beaux endroits de la côte, le nez de Jobourg. Au large, il était possible d’apercevoir la totalité des îles (anglo)-normandes, de la très lointaine Chausez à la proche île d’Aurigny en passant par Jersey et Guernesey.

C’était du parking du nez des Voidries qu’étaient partis la plupart de ces gens. Lorsque nous y avons fait halte, nous nous sommes trouvés au milieu d’une foule à laquelle nous n’étions depuis trois jours plus du tout habitués ! J’aurais bien aimé remplir ma gourde, mais six cents mètres de route étaient au bas mot nécessaires pour atteindre le robinet le plus proche. Le tout sans nul doute pour inciter à consommer au bar-restaurant du sémaphore.

Nous avons ensuite gagné la plage d’Écalgrain pour une nouvelle halte (certains se sont trempés les pieds).

Notre gîte du soir se trouvait à deux kilomètres à l’intérieur des terres, au hameau de la Buhotellerie. Il nous a fallu remonter sur le plateau, on apercevait la mer (presque) de tous les côtés, nous donnant l’impression de nous trouver sur une île.

Le gîte était tenu par un écolo à cheveux long installé là depuis peu, pas le genre de personnage que j’apprécie en général. Les dortoirs de son gîte étaient minuscules (on se serait cru en montagne !) et il n’assurait pas le couvert (ce qui a obligé nos organisateurs à aller faire les courses au supermarché, empruntant le véhicule dudit gérant).

Le lendemain, retour sur la côte en empruntant exactement le même chemin. Histoire de ne pas manquer un centimètre du sentier côtier (de ce qui constitue il est vrai l’un des plus beaux morceaux de la côte).

On s’approche du cap de la Hague (nez Bayard) et de son phare, le seul de la côte. Dans les parages se trouve un petit port, Goury.

Les belles maisons en granit du port de Goury. Le port n’est pas en eau profonde et ce gros bateau (bâtiment de sauvetage en mer) était en train d’être hissé hors de l’eau jusque dans son abri.

La croix du cap de la Hague commémore le naufrage du sous-marin le Vendémiaire qui eut lieu en 1912. À partir de ce point, le paysage change du tout au tout, la côte devenant beaucoup plus plate avec une succession de plages de galets rendant parfois la progression un peu pénible.

De jolies vaches normandes n’attendant que le Parisien pour être photographiées !

Le port Racine est vendu comme le plus petit port de France (lequel n’est pas non plus en eaux profondes). Le nom se réfère à un corsaire au service de l’empereur Napoléon Ier.

La grève de l’anse Saint-Martin, ou le champ de galets le plus pénible de la journée. Nous avons pique niqué au bout de la plage, non loin d’une troupe accompagnée au bas mot d’une dizaine d’énorme clébards (fort heureusement tous attachés, ce qui ne les empêchait pas loin s’en faut d’aboyer à longueur de temps).

Le temps s’est peu peu voilé dans l’après-midi, rendant les photos moins attrayantes. Nous avons aussi accéléré le pas, les organisateurs étant inquiets pour les courses qu’ils devaient à nouveau effectuer le soir. La prequ’ĩle d’Omonville est connue pour abriter parmi les roches les plus anciennes de France (plusieurs milliards d’années) ; mais une participante qui s’intéressait à la question et qui a voulu s’arrêter pour examiner quelques cailloux, s’est fait vertement réprimander par l’organisatrice. De même un peu plus loin au petit port d’Omonville-la-Rogue (port du Hâble) il n’y a pas eu le temps pour une pause dans un café pourtant fort attirant.

La suite de la côte devenait de nouveau accidentée et sauvage. Ce secteur est le lieu d’origine d’un peintre (paraît-il) célèbre, Jean-François Millet (1814-1875), qui y a peint de nombreux paysages au XIXe siècle. En tout cas, ne serait-ce que le nom de ce peintre m’était avant de venir totalement inconnu.

Notre gîte était de nouveau situé à plusieurs kilomètres à l’intérieur des terres. Et une fois de plus, notre organisatrice n’avait pas été fichue de se renseigner sur le lieu exact. Résultat, un fort fastidieux détour jusqu’au bourg de la commune de Gréville-Hague (celle abritant le gîte), suivi d’un quasi-retour à la côte le long d’une route à grande circulation. Le gîte, au hameau des Fèvres, était à moins de trois cents mètres du sentier côtier, et suivre ce dernier jusqu’au bout nous eût sans problème laissé le temps pour une petite pause café au Hâble. Heureusement, j’ai pu prendre quelques jolies photos du village et surtout du hameau des Fèvres.

Un dernier gîte tenu par une paysanne d’âge mûr, plus vaste et plus agréable que le précédent ; mais là aussi, qui n’offrait pas le couvert (et sans aucun restaurant à proximité).

Nous avons le lendemain terminé notre boucle autour de la presqu’île, regagant par la côte la gare de Cherbourg. Pour commencer, nous avons provisoirement retrouvé la portion de côte sauvage qui inspira le peintre Millet, exactement au point où nous l’avions quittée la veille, nous épargnant tout de même un nouveau détour par le bourg. Le temps, qui avait déjà commencé à se couvrir, a malheureusement continué dans cette voie. Le ciel, de voilé dans la matinée, est par la suite devenu carrément orageux. Fort heureusement, les précipitations que nous essuierons resteront limitées à quelques gouttes, du moins jusqu’à l’heure de départ de notre train.

La petite ville de Nacqueville et son très joli cimetière avec un clocher dépourvu d’église (sans doute le reste d’un édifice antérieur).

Pique-nique sur la plage dans l’anse de Querqueville.

Ensuite, très long parcours bétonné (de l’ordre de 5 km) le long de la grande rade de Cherbourg et ses multiples fortifications du XIXe. Cela étant, c’était la première fois que je venais à Cherbourg et je n’étais pas mécontent de découvrir ces fortins que je ne connaissais jusqu’alors que par le truchement d’un plan-relief. Pour rappel, la grande rade de Cherbourg est fermée par une digue non reliée à la côte (la digue du large), fortifiée par trois places fortes (les fort de l’Ouest, Central et de l’Est respectivement). Deux passes situées de part et d’autre de cette digue permettent le passage des navires. Le fort de Querqueville (ci-dessous) marque le début de la rade. Cette zone est toujours militaire (on trouve dans les parages plusieurs écoles militaires, dont l’École des applications militaires de l’énergie atomique (EAMEA)), je ne suis pas sûr d’ailleurs que cette photo était tout à fait autorisée. Je me suis néanmoins abstenu de photographier les installations derrière les grilles, et notamment le parcours du combattant modèle F1 qu’il nous était possible d’apercevoir.

Après la grande rade de Cherbourg, la petite rade, fermée par l’arsenal qu’il nous a fallu contourner (ce qui prend à nouveau pas mal de temps). Pas de photos non plus, à l’exception de ce portail d’entrée historique qui se trouve maintenant entièrement à l’extérieur du site.

Ensuite l’entrée en ville où le GR (sans doute pour compenser la frustration d’avoir dû contourner l’arsenal), ne rate pas un centimètre du port de plaisance ce qui est absolument sans intérêt. Ci-dessous, une statue de Napoléon située non loin du centre.

Nous terminons la randonnée par un petit parcours urbain (pas follement animé Cherbourg un dimanche après-midi !). D’abord, la basilique Sainte-Trinité du XVe siècle (pas de cathédrale, le diocèse est à Coutances). Puis, le théâtre municipal et enfin l’un des rares cafés ouverts où nous avons (tout de même) pu terminer la randonnée par un moment de détente.