Causses du Quercy, Cahors | ||
Randonnée dans les causses du QuercyCette randonnée CAF a été effectuée en quatre jours au week-end de Pâques 2017. Particularité : le transport des bagages par un taxi. Notre itinéraire a essentiellement suivi le GR 65 (le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle qui part du Puy-en-Velay). Nous avons démarré de Figeac pour atteindre, quatre jours plus tard, Cahors. Arriver à Figeac en train est très long. Partis de gare d’Austerlitz à 6h41, on met plus de quatre heures pour arriver à Brive-la-Gaillarde (arrêts à Vierzon, Issoudun, Châteauroux et Limoges). Ensuite, un TER tortillard nous conduit en presque deux heures, de Brive à Figeac, avec au passage de nombreux arrêts, donc Rocamadour-Padirac puis Gramat. Figeac est situé dans le département du Lot, région anciennement de Midi-Pyrénées et actuellement d’Occitanie (franchement ce nom aux relents indépendantistes me hérisse au plus au point ; de toutes façons les nouvelles régions du fossoyeur en chef c’est vraiment n’importe quoi). C’est dans ce département que se déroulera l’intégralité de notre randonnée, même si nous ne passerons pas loin de l’Aveyron. Après un rapide café nous démarrons cette première journée sous un ciel bien dégagé. Peu après le départ, le GR dévie par rapport au descriptif du topo-guide : c’est dû à la déviation routière de Figeac, récemment construite. Nous montons sur un plateau (l’une des montées les plus importantes de ce séjour qui n’en comportera guère : 200 m environ). Ensuite il faut longtemps marcher sur de petites routes (guère de sentiers ce premier jour, heureusement cela s’améliorera les jours suivants). Le charmant village de Faycelles (rien à voir avec le fromage blanc) est l’un des plus beaux que nous ayons rencontrés pendant cette randonnée. Les vieilles maisons se mêlaient harmonieusement aux couleurs printanières. Passage dans le centre du village et brève visite de la charmante église (Les panneaux électoraux permettent de dater la randonnée). Ici la tour dite gaillarde : Après Faycelles le sentier parcours un versant de la vallée du Lot aménagé en terrasses, lesquelles étaient cultivées au XIXe siècle, mais qui sont de nos jours abandonnées et colonisées par la nature (mes photos ne rendent guère compte de cet aménagement). Nous continuons sur le plateau, passant à proximité du village de Béduer (ancien lavoir). En rencontre fréquemment à travers la campagne ces anciens abris de bergers, construits entièrement en pierre (voûte conique comprise) et qui ne sont pas sans rappeler les trulli des Pouilles. Beaucoup sont néanmoins en ruine, celui-ci a manifestement été récemment restauré. Nous avons passé notre première nuit dans un gîte situé sur les hauteurs de Gréalou, au bien nommé lui-dit de Bellevue (offrant en effet une belle vue sur le causse, nous sommes à environ 380 m d’altitude et nous ne ferons guère mieux pendant le séjour). J’ai moins aimé le penchant écolo des (jeunes) tenanciers du gîte, avec leurs toilettes sèches et tout le tintouin. Ce sont pourtant apparemment des gens du cru, ils pourraient s’abstenir d’importer ici les lubies des bobos parisiens. Pour la longue étape (plus de 30 km) qui était prévue le lendemain, nous avons eu un temps assez gris, mais fort heureusement pas de pluie. La première photo montre le dolmen de Pech Laglaire (NB : pech signifie colline en occitan), nous avons rencontré plusieurs dolmens de la sorte (bien moins spectaculaires du reste que les dolmens bretons). La seconde photo a été prise pour l’inscription qui n’est pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’œuvre d’un quelconque participant du CAF… Une assez rude descente nous conduit à Cajarc, petite ville bâtie sur les rives du Lot. Cajarc s’enorgueillit d’être liée à trois personnalités contemporaines mais un tantinet antagonistes : le président Georges Pompidou, l’humoriste Coluche et enfin l’écrivain Françoise Sagan (oui, je refuse catégoriquement la féminisation des noms de métiers). Les deux premiers possédaient une résidence à Cajarc tandis que la dernière y était née. Nous avons fait une brève halte dans le bourg, achetant une pâtisserie puis prenant un café en terrasse (bar brasserie le Président en référence bien sûr à Pompidou). Quelques photos prises depuis le pech d’Andressac sur lequel nous sommes montés avant de franchir la rivière. La voie ferrée que nous surplombons est aujourd’hui désaffectée, elle fonctionnait encore à l’époque de Pompidou. De l’autre côté du Lot, c’est le département de l’Aveyon, mais nous n’aurons pas l’heur de nous y rendre. C’est au niveau du hameau de Gaillac (surplombant lui aussi la rivière) que nous avons franchi le Lot. Franchissement sur un pont routier suivi d’un étrange détour du GR de plus d’un kilomètre, paraît-il pour « raison de sécurité ». À côté du pont routier, les restes d’un pont suspendu dont j’ai eu à mon retour la surprise d’apprendre qu’il n’avait été démoli que très récemment (2002). Ce pont datait de 1852. C’est dans le hameau de Gaillac que nous avons pique-niqué, dans un petit parc municipal qui eût aussi pu nous abriter de la pluie. Gaillac était absolument désert, nous n’y avons pas croisé âme qui vive, et les onze panneaux électoraux des élections présidentielles, certes dûment installés, étaient restés vierges de toute affiche. Une assez rude montée a immédiatement suivi le repas, afin d’atteindre le causse du Quercy où nous devions ensuite rester pendant deux jours. On notera encore un assez intéressant lavoir, à proximité du village de Saint-Jean-de-Laur (que nous n’avons pas traversé). Nous avons fait étape au centre du bourg de Limogne-en-Quercy. Tandis que nous dégustions l’excellent confit de canard, nos logeurs ont eu loisir de nous conter les malheurs des éleveurs du coin, récemment obligés d’abattre toutes leurs bêtes pour cause de grippe aviaire, ce qui a eu pour effet de ruiner la plupart des petits producteurs, tandis que les gros s’en sortaient sans problème en délocalisant leur production en Bretagne (les théories du complot bien sûr invérifiables vont bon train dans la région). Autre sujet du moment, certes bien moins dramatique mais préoccupant pour les touristes que nous sommes : la prolifération des punaises de lit dans les gîtes du chemin de Saint-Jacques, et la difficulté à s’en débarrasser une fois qu’on en a ramené chez soi (pour l’instant je croise les doigts…). Un temps toujours aussi gris le jour suivant mais qui s’est quand même éclairci en fin de journée. L’étape du jour, plus courte que la précédente (22 km), a aussi été la plus plate. Le matin, petit tour au marché de Limogne. C’est ici que se tient en saison (pendant l’hiver) l’un des plus fameux marchés aux truffes de la région. Ces champignons, qui croissent sous terre sur des sols calcaires et que l’on détecte à l’aide de chiens, se vendent plusieurs centaines d’euros le kilogramme. Progression sur des sentiers forestiers (notons au passage le dolmen du Joncas) avant de gagner un premier village, Varaire. Nous avons fait halte au café à Varaire. L’établissement faisait prinpalement restaurant et préparait activement le déjeuner pascal, avec au menu (entre autres) de la pintade aux truffes (le tout pour un prix assez modique, quelques dizaines d’euros seulement, les truffes devaient quand même être découpées en fine lamelles). Le restaurant n’était pas complet et certains dans le groupe se seraient volontiers laisser tenter (sans préjuger de la distance qu’il restait à parcourir), mais nous avons finalement préféré, quoiqu’à une courte majorité, continuer pour déguster un peu plus loin notre pique-nique. La sieste qui a suivi a été la seule du séjour. Un autre village a suivi au nom très étonnant : Bach. L’origine de ce nom est semble-t-il sans rapport avec le compositeur de Leipzig, d’ailleurs sa prononciation exacte m’a échappé. Là aussi, halte à la terrasse d’un café dont le restaurant faisait menu gastronomique, mais ce dernier, coté dans les principaux guides touristiques (Michelin, Petit Futé etc.) affichait complet. Fin de journée sous un ciel se dégageant peu à peu. Notre gîte du soir était situé en pleine nature, au lieu-dit de Poudally. Tenu comme le premier par un jeune couple, mais sans le côté écolo, il était aussi beaucoup plus plein que les deux premiers : y logeait en effet tout une équipe de footballeurs adolescents, venus de la banlieue de Toulouse, et qui disputaient des matchs dans la ville voisine de Cahors. Une chose m’a (vraiment) choqué : du fait de la présence parmi eux d’un unique participant mahométan, tous ont été privés du succulent plat de lasagnes au jambon concocté par la cuisinière et condammés à un substitut hallal. Tel n’a heureusement pas été le cas des participants du CAF, mais pour combien de temps encore ? Dernière journée de marche au cours de laquelle nous avons rejoint la ville de Cahors, préfecture du Lot et connue pour son spectaculaire pont fortifié, le pont Valenté (et non pas Valandré comme notre organisateur de trek, sans doute trop habitué aux bivouacs en montagne, s’obstinait à l’appeler jusqu’à ce que je fiche de lui…). J’ai pris peu de photos du parcours avant d’arriver en ville (qui comportait davantage de dénivelé que les jours précédents). Il y a eu sucessivement un lavoir à Outriols, suivi d’un assez longuet franchissement de l’autoroute A20, et enfin plusieurs thalwegs avant d’arriver dans les faubourgs de Cahors. Quelques photos de la spectaculaire et magnifique descente sur la ville, avec sur la gauche le pont Valentré. Cahors, bâtie dans une boucle du Lot qui l’entoure de trois côtés, est à l’instar de Grenoble à l’étroit dans son site (mais ce n’est de toutes façons pas la folle activité économique de la région qui pousserait à son expansion). (La dernière photo montre à nouveau la voie désaffectée de Cajarc). Nous avons franchi le Lot sur le Pont Louis-Philippe remontant vraisemenblablement à cette époque. La petite maison de pierre que l’on aperçoit au centre de la seconde photo est une ancienne barrière d’octroi, aujourd’hui employée par la municipalité à l’accueil des randonneurs du chemin de Saint-Jacques et au visa de leur « crédentiel » (une sorte de livret justificatif délivré par certaines associations de pélerins et qui permet d’attester qu’on a parcouru intégralement le chemin de Saint-Jacques, fût-ce sur des années, afin d’obtenir un certificat à l’arrivée). Direction ensuite le fameux pont Valentré, ouvrage d’art du XIVe s. maintenant classé au patrimoine de l’Unesco. De Cahors nous ne nous sommes pas contentés du pont : nous avons avant l’heure du train eu le temps d’aller voir le centre-ville, et en particulier la très étonnante cathédrale Saint-Étienne dont le dôme n’est pas sans évoquer l’art bizantin. Ce rapprochement n’est peut-être pas du reste totalement fortuit, la cathédrale ayant été bâtie à l’époque des Croisades. Nous avons ensuite fait un petit tour dans le vieux Cahors. La ville ancienne a du charme mais semble particulièrement sinistrée (surtout un lundi de Pâques il est vrai). L’église Saint-Urcisse, fermée pour raison de sécurité, fait peine à voir. Nous avons repris le train vers 17h pour un retour direct sur Paris, où nous sommes arrivés vers 23h20. |