Puys et lacs en Auvergne

Puys et lacs en Auvergne

J’ai choisi d’effectuer cette randonnée CAF au cœur des volcans d’Auvergne : il faut dire que j’ai eu l’occasion de visiter de très nombreux volcans à travers le monde (ici, ici, ici ou par exemple), y compris très actifs… mais je ne connaissais pas (ou vraiment très mal !) les volcans français !

Malhreureusement nous n’avons pas eu très beau temps pendant cette randonnée de cinq jours (effectuée pendant le pont du 8 mai et l’Ascension). En outre, l’ascension du puy de Sancy qui était prévue à la fin, à dû être annulée en raison de l’enneigement tardif. (À la place nous avons pu visiter rapidement le centre de Clermont-Ferrand).

Nous avons pris le train aux aurores en gare de Paris-Bercy (apparemment cette annexe de la gare de Lyon semble de plus en plus utilisée). Trois heures de voyage ont été nécessaires pour gagner le gare de Riom, une bourgade situé à une quinzaine de kilomètres au nord de Clermont-Ferrand et au pied de la chaîne des Puys. De là, nous avons pris un taxi jusqu’au col de la Nugère (879 m) d’où partait la randonnée. Le taxi a traversé la ville de Volvic : j’avais précisément dans ma gourde de l’eau de Volvic… amenée depuis Paris !

Au cours de cette fin de matinée, nous avons pu, sous un ciel certes gris mais sans pluie, effectuer l’ascension de deux puys : le puy de Jume (1100 m) puis le puy de la Coquille (1152 m).

Voici maintenant la montée (parfois boueuse) vers le puy des Gouttes où nous nous sommes rendus l’après-midi. Le puy de Dôme est visible mais dans les nuages. Plus près (à droite sur la seconde photo) se trouve le puy de Côme dont nous aurons l’occasion de reparler.

Les bâtiments que l’on peut deviner au centre de la dernière photo sont ceux du « Giscardoscope ».

Il était interdit de descendre du puy des Gouttes par le chemin le plus court, en raison de la fragilité du terrain. Nous avons donc dû faire un détour substanciel, non prévu dans le programme originel. À un moment pendant ce détour, des chiens nous poursuivaient, je n’ai pas trop aimé.

La dernière photo ci-dessus est prise dans le village des Roches, avec des maisons traditionnelles en basalte.

Nous avons ensuite traversé la cheire du puy de Côme. Les cheires dans l’appelation locale sont des coulées de lave, généralement recouvertes de forêts car les blocs de basalte rendent le terrain impropre à la culture. De ce fait, l’emplacement de ces coulées reste très visible dans le paysage. Les coulées de lave du puy de Côme feraient jusqu’à 130 mètres d’épaisseur.

Malgré le boisement et quoiqu’ils soient recouverts de mousses, les blocs de la coulée sont particulièrement bien visibles sur certaines de ces photos.

Nous nous sommes ensuite écartés de la chaîne des Puys pour gagner le village de Mazayes : un détour assez conséquent rendu nécessaire par l’absence, plus près, de gîte qui soit ouvert aux randonneurs (et qui accepte de ne les prendre qu’une seule nuit).

On aura remarqué que le puy de Dôme avait fini par se dégager !

Voici donc Mazayes où nous avons dormi dans la « mairie-gîte » (sans en rencontrer le moidre responsable, pont à rallonges oblige !), puis dîné (et déjeuné) dans un très bon restaurant. Dont le menu, typiquement auvergnat, n’était néanmoins pas très propice à la randonnée.

Le lendemain, nous avons dû revenir sur nos pas pendant plusieurs kilomètres, et traverser à nouveau la cheire du puy de Côme.

Cet arbre qui pousse sur un tuyau est quand même une véritable curiosité ! Même les Américains n’en font pas autant !

Comme initialement prévu par le programme, nous avons ensuite effectué l’ascension du puy de Côme (1252 m). Pourtant (ce que ne savait pas notre organisateur) c’est… interdit ! Paraît-il à cause de la fragilité de la pente, et suite à un arrêté municipal pris en 2002. D’ailleurs, le chemin par lequel il était prévu de passer est complètement barré. Mais il existe un autre chemin, partant du col et par lequel nous aurions dû redescendre. Ce chemin est très large et beaucoup plus facile que l’autre, n’est pas barré et ne semble pas mettre en pếril l’« équilibre écologique ». En tout cas nous sommes montés en aller-retour, et du coup j’ai pu laisser mon sac en bas après l’avoir planqué dans la forêt.

Le puy de Côme est un cône volcanique presque parfait. Contrairement à la plupart des volcans de la région, n’est pas un cône monogénique, il a connu deux éruptions successives dont les cratères sont encore visibles. C’était un volcan de type strombolien.

La vue sur le puy de Dôme depuis le puy de Côme est remarquable.

C’est vrai que ce n’est qu’une fois l’ascension effectuée que nous avons véritablement eu confirmation que c’était interdit. D’accord, ce n’est pas une excuse…

Après le puy de Côme… le puy de Dôme. Et là, on s’est retrouvés au milieu de la foule des touristes. Mais bon, cette ascension est quand même incontournable.

CAF oblige, nous sommes bien évidemment montés et redescendus à pied du puy de Dôme. En étant certes loin d’être les seuls sur le seuls sur le sentier. Néanmoins, l’écrasante majorité des visiteurs du puy de Dôme ne monte pas à pied, mais en… train à crémaillère (au nom pompeux de « panoramique des Dômes »). Car la route qui permettait depuis des décennies d’accéder au sommet, a tout récemment été remplacée par ce chemin de fer nouvelle génération. Lequel, depuis moins d’un an qu’il a été mis en service, a sitôt son inauguration fermé pour un mois à la suite d’un éboulement. Puis quelque temps après, a connu un déraillement (donc enquête et nouvelle fermeture). Et pas plus tard que la veille de notre passage, une coupure de courant a bloqué les passagers dans le train pendant une heure ! Bref, encore une réalisation bien bobo-écolo, au coût pharaonique, et au fonctionnement tellement aléatoire qu’il est devenu la risée de toute la région !

Le puy de Dôme (altitude 1465 m, donc beaucoup plus haut que les autres volcans de la chaîne) est un volcan de type péléen, donc potentiellement dangereux. Cela étant, il est endormi depuis 8500 ans et son réveil reste du domaine du fantasme. Outre le pylône de télévision visible de toute la région, on trouve au sommet quelque chose de totalement inattendu : les ruines d’un temple de Mercure. (Et également, un petit musée consacré à la Gaule romaine).

Ca fait quand même bien longtemps qu’on ne dit plus ministère des Beaux-Arts. Pas plus que de la Guerre, de l’Instruction Publique ou des Colonies.

Malgré le temps gris, la vue sur la région depuis le puy de Dôme étant remarquable. Néanmoins, pas question aujourd’hui d’apercevoir le mont Blanc, comme c’est en théorie possible.

Nous sommes redescendus du puy de Dôme par le sentier dit des Muletiers, aménagé en lacets sur le versant le plus raide du volcan. Pour la première fois de ce séjour, nous avions véritablement le sentiment d’être en montagne ! Néanmoins il y avait foule sur ce sentier (y compris des « d’jeuns » des banlieues).

Ce n’est qu’une fois passé le parking du col de Ceyssat, la tranquilité est revenue. La journée était presque finie, il ne nous restait qu’une petite descente en forêt à effectuer avant de rejoindre notre gîte à Laschamps. Gîte que nous avons atteint au moment où commençaient à tomber les premières gouttes de pluie.

Spécial quand même, le gîte de Laschamps. Déjà la marque déposée, Archipel Volcans : on voit où sont (enfin, où étaient…) les volcans, mais l’archipel ? Dans le hall du gîte, des cartes géologiques de la région, des ouvrages de volcanologie, et même des cartes postales de volcan du monde entier (y compris du Vanuatu, là il faut le faire !). Des dortoirs de 8 qui ressemblent presque à des chambres d’hôtel, avec un système plus qu’ingénieux pour gagner les lits du haut en toute sécurité, même après un repas arrosé. (On devrait équiper de la sorte l’accès au refuge du Requin !). Quand au dîner, strictement rien d’auvergnat et à peine assez copieux pour des randonneurs, il commençait par une soupe de melon… servie dans un cratère. Évidemment. Pour la vaisselle quand même ça ne doit pas être très pratique.

Nous nous sommes le lendemain réveillés sous le ciel bleu. Allait-il se mettre à faire beau ? Malhreureusement non, la durée du petit déjeuner a suffi pour que cela se couvre. Nous avons commencé par traverser le village de Laschamps, dans lequel certains de mes compagnons ont en vain cherché une boulangerie — mais de nos jours il n’y a même plus de boulangeries dans les villages.

Nous avons croisé des chasseurs… malgré la saison printannière ! Cela semble autorisé pour la chasse au gros gibier. En tout cas ils étaient équipés (tenue kaki, fusil à lunette…).

Nous avons ensuite abordé la partie de ces cinq jours de randonnée que j’ai préférée, la seule où nous avons à mon sens véritablement rencontré des paysages volcaniques (c’est-à-dire minéraux…). Il s’agit de l’ascension des puys de Lassolas (1187 m) et de la Vache (1167 m), deux cônes monogéniques égueulés (au même titre que ceux-ci, toutes proportions gardées…). Les bords des cratères sont dépourvus de végétation, et les oxydes de fer donnent à la roche une couleur rouille caractétistique. Ces deux volcans, contemporains et tous deux de type strombolien, sont les plus jeunes de la chaîne des Puys (8600 ans).

La montée au puy de Lassolas, dans la cendre et face à la pente, n’est d’ailleurs pas sans rappeler d’autres ascensions.

Du puy de Lassolas on redescend jusqu’à un petit col pour gagner ensuite le puy de la Vache (beaucoup plus visité que le premier, pour une raison qui m’a échappé). On aura remarqué la bombe volcanique sur le sommet.

Le sentier pour redescendre est très (trop !) aménagé, avec des marches censées retenir l’érosion. Bien sûr chacun est tenu de descendre sur les marches et non pas sûr le côté où la progression est pourtant beaucoup plus aisée… (Heureusement, il n’y a pas de caméra !).

En bas du volcan, on trouve une ancienne carrière de basalte, et aussi quelques panneaux explicatifs devant l’amoncellement de bombes volcaniques.

Nous avons ensuite traversé une forêt (la cheire d’Aydat, l’ancienne coulée des puys de Lassolas et de la Vache, où les blocs de lave ne sont toutefois pas apparents comme au puy de Côme). Nous avons pique-niqué sur les rives du lac de la Cassière, lequel s’est formé suite à l’obstruction de la vallée par la coulée de lave. (Nous ne nous sommes pas attardé car le temps était plutôt frisquet !)

(Un peu d’humour ça détend…)

Il y a un second lac dans le coin, le lac d’Aydat, lui aussi formé par une coulée de lave… mais beaucoup plus touristique que le premier. Nous avons même pu y prendre un café.

La fin de la journée a été un peu longuette. Il a fallu remonter sur le plateau, puis gagner le hameau de Pessade où se trouvait notre gîte. Un gîte qui hébergeait également ce soir là (tout le monde dans la même chambrée) quelques cavalières bordelaises pas gênées pour deux sous…

Nous avons dîné le soir d’une truffade, plat auvergnat traditionnel servi par des authentiques paysans du coin, ma foi fort sympathiques.

Quatrième jour : un temps toujours aussi médiocre. Nous avons pour commencé gagné le lac de Servières. Ce plan d’eau circulaire est un ancien lac de cratère, s’y sont produites des éruptions phréato-magmatiques assez violentes (on appelle cela un maar). Beaucoup de paysans du coin s’y rassemblent pour y pêcher.

Nous sommes ensuite montés en direction du puy de Combe-Perret (1380 m). C’était assez venté, et nous y avons même rencontré nos premiers névés (heureusement il était possible de passer à côté).

De là haut on pouvait apercevoir le lac de Guéry (dont l’origine géologique est plus complexe, en partie volcanique et en partie glaciaire). Nous l’avons ensuite rejoint, puis contourné. Ces champs de jonquilles sont plutôt impressionnants.

Après un pique-nique au bord du lac puis un café, le temps s’est sérieusement dégradé et la pluie a commencé à tomber de manière continue. Nous avons néanmoins poursuivi notre randonnée comme si de rien était : on n’est pas au CAF pour rien ! Nous avons traversé un plateau assez étendu, l’alpage du puy-May (sur la carte cela ressemble un peu à une caldeira, mais c’est une affirmation gratuite). Nous n’avons même pas renoncé à un petit détour jusqu’au puy Gros (1485 m) d’où nous avons aperçu… rien du tout ! En principe, c’est un bélvédère sur la station du Mont Dore, la vallée glaciaire de la Dordogne (et oui !) ainsi que sur le Sancy et le puy de Dôme.

Le Mont Dore justement, notre itinéraire prévoyait ensuite d’y passer, ce qui nécessitait au préalable une descente relativement soutenue.

Malhreureusement, nous avions pris trop de retard pour véritablement pouvoir faire halte en ville. Nous avons juste eu le temps d’acheter une (succulente) pâtisserie. On aura noté que le café s’appelle le Paris et qu’il se trouve… place du Panthéon !

Nous avons ensuite gagné notre gîte, le chalet du CAF qui se trouve un peu en contrebas de la station de ski du Mont Dore. Il fallait quand même monter 200 mètres le long de la route, ce qui n’est pas très agréable… Au fond, on devine le Sancy enneigé. Le Sancy, où nous aurions donc dû monter, est le point culminant du Massif Central (1885 m), c’est un stratovolcan éteint.

Le lendemain, le temps était vraiment catastrophique : il tombait de la neige mouillée et la neige fraîche tenait sur les pentes à peine 200 mètres plus haut que là où nous nous trouvions ! Tout cela un 12 mai ! La gardienne du gîte qui n’avait jamais vu ça si tard en saison prenait des photos !

Nous avons donc renoncé à notre ascension et même au plan B, et nous nous sommes contentés d’une randonnée au rabais en direction de la station de la Bourboule. Une progression en sous-bois que nous avons effectuée presque entièrement sous la pluie. (Nous sommes passés par la gare supérieure du funicilaire de …, lequel ne fonctionnait pas. Il y avait également un accro-branches, lui aussi désert. Enfin plus loin, la roche de Vendeix, ancienne forteresse médiévale : nous n’avons même pas pris le temps d’y monter).

Nous avons abordé la ville de la Bourboule par un jardin public, totalement désert. (Il y avait pourtant un petit train pour les enfants). Pourtant, miracle, nous avons pu y pique-niquer à la faveur d’une demi-heure d’éclaircie et même de soleil. Avant que la pluie ne reprenne.

Nous nous sommes rendus à la car, pour y prendre non pas le train mais le car SNCF (lequel était plein à craquer). Aucun train ne semble circuler sur cette voie, laquelle ne paraît pourtant pas désaffectée (je n’ai pas pu savoir si cet arrêt de la circulation était temporaire ou définitif). Il nous a bien fallu 1h30 pour rejoindre Clermont-Ferrand.

Comme nous avions quitté le Mont-Dore plus tôt que prévu, nous avons eu deux heures pour parcourir Clermont et en visiter la cathédrale. Et là, le temps était revenu au beau ! Quel dommage que nous n’ayons pas eu ce soleil pendant la randonnée.

Même si elle n’est pas très visible, j’ai pris la première photo pour la plaque de rue : avenue de l’Union Soviétique. Sans commentaire.

Nous nous dirigeons vers la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption. Elle est assez sombre car construite en basalte, mais moi je la trouve plutôt belle.

On aura noté la peu catholique inscription révolutionnaire au-dessus du portail (« Le peuple français reconnaît l’être suprême et l’immortalité de l’âme »). La cathédrale a d’ailleurs failli être rasée pendant cette époque troublée. Qu’une telle inscription ait été laissée en place (aux côtés de l’avenue de l’Union Soviétique !), en dit long sur l’orientation politique de la ville.

Quelques photos d’intérieur, le fait d’avoir apporté mon réflex m’a bien aidé pour réaliser des clichés pas trop flous.

L’horloge astronomique présente dans la cathédrale semble moins connue que celle de Strasbourg.

Maintenant, quelques vues d’extérieur (et aussi de la rue Saint-Dominique qui démarre du parvis, offrant sur le puy de Dôme une vue digne des perspectives haussmaniennes).

Après ce quart d’heure culturel, une bien réconfortante pause dans un café de la place de la Victoire.

De retour vers la gare, nous avons fait un détour par l’autre chef-d’œuvre religieux de Clermont-Ferrand, la basilique de Notre-Dame-du-Port (classée à l’Unesco).