Une semaine en Sardaigne

Sardaigne : Selvaggio Blu et Supramonte

La Sardaigne est une destination que j’ai un peu choisie par hasard, en cette fin d’été 2022. Après un quinze jours passés au mois de mai à Madère, je n‘avais pas souhaité travailler tout l’été et avais opté pour un voyage d’une semaine en fin de saison. J’ai pas mal attendu avant de le programmer, notamment parce que je souhaitais savoir ce qu’il allait advenir, après les élections, des fameuses « mesures sanitaires ». Le désastre que constitue la réélection de Tout-à-l’égo n’a certes pas été évité, mais la surprise est finalement venue des législatives et de la décision des députés fraîchement élus de ne pas reconduire les mesures vexatoires — probablement leur seule œuvre utile de toute la mandature. In fine, j’ai pu réaliser ce voyage sans test PCR, ce qui n’est pas plus mal car — avec un retour un dimanche soir — la réalisation de celui-ci dans les vingt-quatre heures eût constitué une véritable gageure.

C’est un peu par hasard que je me suis finalement retrouvé en Sardaigne. Je souhaitais certes profiter du soleil, et, après avoir bien apprécié deux aux auparavant mon séjour dans les îles Éoliennes, mon idée était de retourner en Italie. J’ai d’abord tenté de partir aux Cinque Terre à la mi-août, mais je m’y suis pris trop tard et mon inscription a été annulée. J’ai finalement opté pour la Sardaigne au début du mois de septembre.

Je ne connaissais pas grand chose de la Sardaigne avant de partir, cette grande île italienne proche de la Corse, mais finalement assez méconnue. Mes parents s’y étaient rendus une fois, en l’an 2000, mais n’en étaient pas rentrés emballés. Le fait est que l’île, sans être totalement dénuée d’intérêt, ne possède ni le patrimoine ni le volcanisme de la Sicile, ni la beauté sauvage des montagnes corses. On n’y trouve pas de sites antiques (en dehors de ceux, assez décevants, émanant de la culture nuragique préhistorique), pas de villages pittoresques, des villes dénuées de charme et, au centre de l’île, des montagnes certes assez sauvages mais bien moins hautes et surtout bien moins déchiquetées qu’en Corse. La Sardaigne est pourtant bel et bien une région touristique ; mais il s’agit de tourisme balnéaire (souvent de luxe), ce qui ne constitue pas mon créneau.

Le voyage a débuté un dimanche après-midi, avec un vol direct depuis Orly 3 en direction d’Olbia, une ville côtière du nord-est de la Sardaigne que j’étais alors incapable de localiser sur une carte, et dont j’ai dû faire l’effort de mémoriser le nom avant d’aller prendre mon avion… Une ville touristiquement des plus décevantes comme je m’en rendrai compte à la fin du voyage. Le vol ayant du retard, j’ai choisi d’acheter le repas à bord ce qui m’a dispensé de chercher un restaurant une fois arrivé. Après l’atterrissage, j’ai dû prendre un taxi pour l’hôtel situé dans le centre (Allibert n’ayant pas organisé le transfert). Il n’y avait que quelques kilomètres, mais le taxi a refusé de me déposer devant l’hôtel, au prétexte que la rue était trop étroite. J’ai dû rechercher son emplacement exact en traînant mon gros sac. Je me suis finalement trouvé seul dans ma chambre, alors que je n’avais pas payé de supplément.

Petit déjeuner copieux à l’hôtel le lendemain matin, j’ai enfin fait connaissance avec mes compagnons de groupe d’abord, dont quelques-un seulement étaient arrivés par le même avion que moi ; puis avec le guide, Paolo, assez âgé (la soixantaine), à l’instar d’ailleurs de tous les guides que j’ai connus depuis la crise Covid. Le voyage a débuté par 2h de route, puisque le circuit démarrait à 150 km au sud d’Olbia, à peu près à « mi-hauteur » sur la côte orientale de l’île. D’abord 100 km de route à quatre voies (avec quelques viaducs et tunnel, mais beaucoup moins spectaculaires qu’en Sicile), puis des routes secondaires. Première halte au col Genna Silana (1017 m) qui constituera le point de départ d’une randonnée ultérieure. C’est un point de rendez-vous pour un grand nombre de motards.

Col de Genna Silana 1017 m, le 5 septembre 2022Col de Genna Silana 1017 m. Le drapeau sarde dans sa version revendicative, le 5 septembre 2022

La seconde photo ci-dessus (dont j’aurais quand même pu descendre de voiture pour la prendre…) montre en son centre le drapeau sarde, analogue par sa symbolique au drapeau corse. Il représente quatre têtes maures coupées et coiffées d’un foulard, ainsi qu’une croix de Saint-Georges. Il existe une version revendicative du drapeau (qui est d’ailleurs celle visible sur la photo), où les quatre têtes ne sont plus coiffées mais ont les yeux bandés par leur foulard.

Notre hôtel n’était toutefois pas situé en montagne, mais dans la station balnéaire de Santa Maria Navarrese, a proximité de la ville de Tortoli. La station se trouve au nord d’une large baie bordée d’une grande plage de sable, mais sur laquelle nous ne nous rendrons pas. À l’autre extrémité de la baie, il est possible d’apercevoir le port d’Arbatax, point d’arrivée de transbordeurs reliant la péninsule à la Sardaigne. L’hôtel était situé à 300 m de la mer environ (un peu loin pour s’y rendre en maillot de bain). La plage la plus proche, de taille modeste, était constituée de petits graviers.

Santa Maria Navarrese. En haut la croix où nous devons monter, le 5 septembre 2022Santa Maria Navarrese, le 5 septembre 2022

Mais l’heure n’était pas à la baignade. Au programme maintenant, une balade de mise en jambe d’environ deux heures et demie, avec une montée significative (400 m), jusqu’à une croix qui domine Santa Maria. Rien d’insurmontable en soi, mais le détail était que nous démarrions à 11h30, quasiment en pleine chaleur. Par ailleurs, il faisait ce jour-là et les jours suivants une chaleur moite, avec menace d’un orage qui ne viendrait finalement jamais. En outre le ciel, très brumeux, n’était guère optimal pour les photos.

Début de montée au-dessus du village (vue sur Santa Maria), par un itinéraire commun avec la fin de la balade du lendemain.

Santa Maria Navarrese. Vue sur la baie et la lagune de Tortoli, le 5 septembre 2022Santa Maria Navarrese. Montée à la croix sous une chaleur pesante, le 5 septembre 2022

Ensuite, arrivée à la croix en empruntant des sentiers dans le maquis. La croix n’est pas située au sommet de la montagne, mais à un emplacement dominant la ville. Chaque année à Pâques une procession est organisée jusqu’à ce lieu (la tradition perdure malgré la déchristianisation manifeste de l’île).

Santa Maria Navarrese. Montée à la croix sous une chaleur pesante, le 5 septembre 2022Santa Maria Navarrese. Arrivée à la croix, le 5 septembre 2022

La vue (brumeuse) sur la baie de Tortoli et sur le port d’Arbatax.

Santa Maria Navarrese (au loin le port d’Arbatax). Depuis la croix, le 5 septembre 2022Le port d’Arbatax vu depuis la croix, le 5 septembre 2022

La tour que l’on peut deviner sur la côte à la hauteur de Santa Maria est une tour génoise. Il en existe tout le long des côtes de la Sardaigne. Celle-ci est la septième en comptant à partir de Cagliari (la capitale de la Sardaigne).

Nous sommes descendus par un autre sentier, un peu plus raide sans être véritablement difficile. On note que les vaches sont plus astucieuses que les touristes.

Descente de la croix dans un relief de dolines, le 5 septembre 2022Les vaches sont plus astucieuses que nous ! (5 septembre 2022)

Démonstration par notre guide Paolo de la cueillette des figues de Barbarie.

Figuier de Barbarie, le 5 septembre 2022Paolo cueillant une figue de Barbarie, le 5 septembre 2022

Ensuite pique-nique (vers 15h !) sous un olivier millénaire, avant une fin d’après-midi libre (sieste puis baignade). Je ne reverrai pas mes compagnons avant le dîner.

Plage de Santa Maria Navarrese, le 5 septembre 2022

J’ai gardé un bon souvenir des dîners à l’hôtel de Santa Maria (notre meilleure adresse en Sardaigne). Chacun devait choisir, quelques heures avant le dîner, entre deux plats et entre deux desserts. Comme dans les Cyclades et à Madère, l’établissement peinait à trouver du personnel après le Covid et le patron (ainsi que sa famille) devaient mettre la main à la pâte.

La balade du lendemain a démarré d’un plateau calcaire à 800 m d’altitude (au-dessus du village du Baunei), pour ensuite gagner la côte en traversant une haute falaise. Dans l’après-midi, nous regagnerons Santa Maria Navarrese par le sentier côtier. L’itinéraire du matin constitue le début du trek mythique de Selvaggio Blu, un parcours très difficile qui se déroule dans cette région sauvage en bord de mer, et qui comporte des descentes en rappel (mais fort heureusement, cette première partie ne comporte pas de difficulté, en dépit du relief très accidenté).

Ci-dessous un cochon sauvage photographié en début de balade :

Cochon sauvage, plateau de Baunei, le 6 septembre 2022

Approche de la grande falaise, avec la mer en contrebas.

Falaises près de Baunei, le 6 septembre 2022Falaises près de Baunei, le 6 septembre 2022

Ci-dessous, un gîte touristique construit sur le site d’une ancienne bergerie en reprenant l’architecture traditionnelle des huttes que construisaient les bergers. Ces huttes étaient fermées par une très lourde porte et agencées de manière à pouvoir surveiller les troupeaux.

Bergerie d’architecture traditionnelle (mais aménagée pour les touristes), le 6 septembre 2022Installation touristique, le 6 septembre 2022

Le guide nous a évoqué la vie des bergers sardes qui a perduré jusqu’il y a quelques dizaines d’années et qui était très difficile. Les bergers se séparaient de leur famille six mois par ans et partaient dans leur maquis. Les troupeaux devaient être perpétuellement surveillés contre les prédateurs, l’aigle notamment, mais aussi contre les vols. Le confort de ces huttes était particulièrement spartiate. Le seul moyen de communication entre le berger et sa famille était l’âne. L’âne était chargé de denrées puis lâché dans la nature et gagnait tout seul sa destination.

Le sentier traverse ensuite l’impressionnante falaise ce qui de loin pourrait susciter quelque appréhension. En fait, le sentier est très bien aménagé, assez large, et donc peu difficile. Ce passage, le seul permettant de relier le plateau karstique à la mer, a été aménagé au début du XXe siècle par les charbonniers qui coupaient les arbres sur le plateau, et puis descendaient le charbon de bois qui étaient embarqué sur des bateaux (lesquels gagnaient la péninsule italienne). Presque toute la forêt primaire de chênes verts qui couvrait la Sardaigne a ainsi disparu (exception faite de quelques zones dans l’ouest qui constituent maintenant des parcs nationaux).

Sentier en direction de Pedra Longa. C’est le départ du mythique « Selvaggio Blu » (6 septembre 2022)Sentier traversant la falaise. C’est le départ du mythique « Selvaggio Blu » (6 septembre 2022)Sentier en direction de Pedra Longa, le 6 septembre 2022

En direction de Pedra Longa, le 6 septembre 2022Sentier traversant la falaise, le 6 septembre 2022

Ayant atteint le pied de la falaise, nous avons ensuite longé la mer jusqu’au site de Pedra Longa (accessible en voiture).

Sentier en direction de Pedra Longa, le 6 septembre 2022Sentier en direction de Pedra Longa. Au fond le port d’Arbatax, le 6 septembre 2022
Sentier côtier, le 6 septembre 2022Sentier côtier, le 6 septembre 2022
Chèvre sur le sentier côtier, le 6 septembre 2022Sentier en direction de Pedra Longa, le 6 septembre 2022

C’est à Pedra Longa qu’était prévu le pique-nique devant nous être apporté par véhicule. Mais ce dernier n’était pas prêt quand nous sommes arrivés. Le guide nous a proposer d’aller nous baigner en attendant, mais le site ne s’y prêtait pas vraiment (absence de plage et présence de gros rochers battus par les vagues ce qui présentait certains risques). Quelques irréductibles du groupe se sont tout de même mis à l’eau.

Ensuite donc, le pique-nique, environnés d’un nuage de guêpes. Quand j’étais plus jeune j’en avais une véritable phobie, fort heureusement cela m’est passé.

Pique-nique à Pedra Longa, le 6 septembre 2022. Les guêpes étaient de la partie !

Nous avons ensuite pris un café car un bistrot existe à cet endroit-là. Pedra Longa est un site réputé d’escalade ce qui nous offrait le spectacle en prime !

Site d’escalade à Pedra Longa, le 6 septembre 2022Site d’escalade à Pedra Longa, le 6 septembre 2022
Site d’escalade à Pedra Longa, le 6 septembre 2022

L’après-midi nous avons suivi un sentier côtier jusqu’à Santa Maria Navarrese. Un sentier qui n’était pas horizontal mais qui s’élevait épisodiquement au-dessus du niveau de la mer, engendrant un dénivelé positif d’environ 400 m. Il n’y a pas grand monde sur ce sentier (sauf à proximité de la destination finale). Il faisait une nouvelle fois très chaud et très lourd, la météo avait d’ailleurs annoncé un orage, mais ce dernier n’a jamais éclaté.

Sentier côtier en quittant Pedra Longa, le 6 septembre 2022Sentier côtier en quittant Pedra Longa, le 6 septembre 2022

Ensuite, comme la veille, je suis allé me baigner après une petite sieste.

Une balade difficile était prévue le lendemain, avec la visite des gorges de Gorropu. Au programme, un départ du col de Genna Silana à plus de 1000 m, pour débuter par une descente de 700 m jusqu’à l’entrée des gorges. Un dénivelé qu’il faudrait remonter intégralement en fin de journée, afin de regagner le point de départ. C’était là la fiche technique d’Allibert, pourtant la plupart des touristes ne procèdent pas ainsi : c’est en utilisant les 4×4 d’une agence locale qu’ils remontent des gorges. Avantage du programme Allibert (outre la mesure d’économie évidente) : peu de monde dans la remontée, a contrario de la descente initiale. Monter 700 mètres, cela se fait, mais c’est tout de même un peu éprouvant en fin de journée (il vaut mieux, en général, commencer par la montée).

Notons que cette balade a un temps été menacée en raisons des prévisions météo (des orages étaient annoncés). Les gorges sont fermées en cas d’orage, pour raison de sécurité. En fait les orages ne sont jamais venus, le ciel est du reste demeuré beaucoup plus dégagé que la veille, y compris dans l’après-midi. Nous échapperons complètement à l’aggravation orageuse pendant la suite du voyage.

Deux photos peu réussies que j’ai essayé de prendre du véhicule en route vers le col. Le guide nous avait mentionné l’existence de tours nuragiques, éparses dans la montagne, j’ai essayé d’en apercevoir avec plus ou moins de succès. De toutes façons on ne les voit pas sur les photos. Le second cliché a été pris pendant la traversée du village de Baunei (que l’on peut voir de loin sur la première photo).

Le village de Baunei photographié depuis le véhicule, le 7 septembre 2022Traversée du village de Baunei, le 7 septembre 2022

Nous avons laissé nos deux véhicules au col : le chauffeur (qui conduisait le second véhicule) nous a accompagnés en randonnée. Une épreuve dont il sortira épuisé, c’est paraît-il la première fois qu’il randonnait… Je rappelle plusieurs anecdotes de ce type au cours de mes voyages (en Islande, en Arménie…), les chauffeurs — lesquels doivent quand même s’emm… ferme à nous attendre toute la journée — se laissent parfois embobiner par les guides. Mais ils ne se font jamais avoir deux fois.

Deux photos prises du parking au départ de la balade (le col Genna Silana). Une anecdote qui m’a beaucoup amusé : il y avait, alignée sur le parking perpendiculairement aux voitures stationnées, une paire de chaussures de randonnée : manifestement laissée par un randonneur en fin de balade qui l’avait oubliée après s’être changé. La paire était toujours là le soir.

Col de Genna Silana (1017 m). Point de départ de la randonnée vers le cañon de Gorropu, le 7 septembre 2022Début de la randonnée vers le cañon de Gorropu, le 7 septembre 2022

Le sentier était très fréquenté (notamment par des groupes de jeunes). Par endroits, il passe sous quelques chênes verts qui constituent un échantillon de la forêt primaire de Sardaigne. Ces chênes sont vieux de 400 ans environ, ils arrivent donc en fin de vie et leur remplacement pose problème (quelques jeunes chênes ont été plantés protégés par des grilles). Notons qu’il neige en hiver à cet endroit, et le poids de la neige constitue une menace pour la végétation.

Randonnée vers le cañon de Gorropu. Portion de forêt primaire de chênes verts, le 7 septembre 2022Randonnée vers le cañon de Gorropu. Bergerie traditionnelle, le 7 septembre 2022

On trouve aussi sur le bord du sentier (photo ci-dessus) des bergeries sardes traditionnelles.

Le sentier se rapproche aussi à un moment de la falaise, pour descendre en lacets serrés. Au retour, nous ne passerons pas par là, nous remonterons par l’ancien sentier, qui n’est plus balisé et qui est quasi abandonné. Mais il est bien plus ombragé.

Descente vers le cañon de Gorropu, le 7 septembre 2022 (groupe de jeunes touristes)Descente vers le cañon de Gorropu, le 7 septembre 2022

Nous sommes ensuite arrivés à l’entrée de la gorge. Le torrent, majoritairement souterrain, sort ici à l’air libre et il y a des gens qui se baignent. Le pique-nique était prévu à cet endroit, mais après la visite. Nous avons déposé nos sacs, puis nous sommes dirigés vers la gorge où nous allions passer 1h30 environ, sans eau. L’entrée de la gorge est payante.

À l’entrée du cañon de Gorropu, le 7 septembre 2022

L’itinéraire à l’intérieur de la gorge est balisé successivement de trois couleurs (vert, jaune et rouge), en fonction de la difficulté croissante de la progression. Mais comme la visite est en aller-retour, chacun est libre de rebrousser chemin quand bon lui semble. J’ai arrêté parmi les premiers, peu après le passage à la couleur jaune (il y avait déjà de gros blocs à franchir, le genre d’acrobaties qui n’est plus trop de mon âge). Le reste du groupe a continué, abordant franchement la zone rouge, au moins pour part d’entre eux.

Vers le cañon de Gorropu, le 7 septembre 2022Cañon de Gorropu. J’ai fait demi-tour à cet endroit, le 7 septembre 2022

La gorge est assez spectaculaire, même si elle souffre de la comparaison avec l’un des cañons de Madagascar que j’ai visité quatre ans auparavant (un voyage que je tarde à rédiger, soit dit en passant, et de fait ces quatre années en paraissent dix). Point commun entre les deux sites, la présence de parois inclinées et donc surplombantes.

Cañon de Gorropu, le 7 septembre 2022

Des surplombs qui donnent des idées à certains, bien évidemment. Les gorges de Gorropu constituent un site d’escalade réputé, et nous pouvions apercevoir, au-dessus de nos têtes, quelques grimpeurs suspendus à leur fil. C’est assez impressionnant mais difficile à photographier.

Cañon de Gorropu. Escalade spectaculaire des parois du cañon, le 7 septembre 2022Cañon de Gorropu. Escalade spectaculaire des parois du cañon, le 7 septembre 2022

Ensuite le pique-nique : salade de pâtes et gâteau sarde. Une source nous a permis de remplir nos gourdes avant la remontée.

Pique-nique près du cañon de Gorropu, le 7 septembre 2022

Ensuite la remontée que nous allons effectuer en 2h15 environ. Il faisait une chaleur moite, assez pénible pour certains. Le sentier était beaucoup plus désert qu’à l’aller, et l’est devenu totalement lorsque lorsque nous avons quitté la piste principale pour l’ancien itinéraire.

Remontée éprouvante du cañon de Gorropu en direction du col de Genna Silana, le 7 septembre 2022

Halte finalement dans un bistrot de la route S125, quelques kilomètres après le col (photo). C’est à cet endroit qu’arrivent les 4×4 utilisés par la plupart des touristes (l’un des membres de notre groupe avait d’ailleurs préféré choisir cette option pour éviter la remontée). Nous avons terminé la journée à la station balnéaire de Cala Golone où nous allions passer deux nuits (la route desservant la station traverse un petit tunnel). L’hôtel était assez proche de la plage, je suis allé me baigner, seul, une demi-heure après l’arrivée. Nous avons ensuite dîné au restaurant attenant à l’hôtel.

Une balade plus facile était prévue le lendemain, à savoir une randonnée sur le sentier côtier du golfe d’Orosei, jusqu’à la plage isolée de Cala Luna, la plus célèbre dudit golfe. Le trajet retour serait effectué en bateau. Nous avons eu encore une chaleur étouffante ce jour là, même si la menace d’orage s’éloignait. Le ciel était encore brumeux, quoique moins que les premiers jours.

Début de randonnée dès 8h30, il faisait déjà chaud. Comme souvent dans les pays balnéaires, c’est l’horaire du petit déjeuner qui nous contraint et nous empêche de démarrer à la fraîche. Nous avons commencé par longer les plages de Cala Golone, mais sans marcher sur le sable.

En quittant Cala Gonone, le 8 septembre 2022

Ensuite, nous sommes un peu montés pour rejoindre une route goudronnée que nous avons ensuite longée sur quelques kilomètres (la route en impasse qui dessert la plage de Cala Fuili, photos ci-dessous)

Entre Cala Gonone et Cala Fuili, le 8 septembre 2022Plage de Cala Fuili, le 8 septembre 2022
Plage de Cala Fuili, le 8 septembre 2022

Il n’y a pas de parking au bout de la route, aussi les voitures se garent-elles « à l’italienne », sur plusieurs kilomètres. Sauf que quand nous sommes arrivés à l’extrémité, nous avons trouvé plusieurs agents de police en train d’aligner les contraventions…

De là commençait le sentier côtier, lequel était loin d’être plat : 400 mètres en tout de montées (et autant de descentes) jusqu’à Cala Luna. L’itinéraire est moyennement ombragé. Nous sommes passés à proximité d’une grotte marine qui se visite en bateau (Bue Marino), mais cette option n’a pas été évoquée par le guide bien qu’elle fût mentionnée dans le programme. Cette grotte pénètre paraît-il profondément dans les terres.

Je n’ai pas pris de photos de ce sentier avant l’arrivée à Cala Luna :

Plage de Cala Luna, le 8 septembre 2022

Nous sommes vers 11h30 à la plage de Cala Luna. Cette plage qui se trouve à l’embouchure d’une rivière à sec, forme un cordon en barrant totalement le lit (avec une lagune derrière la plage). Notre guide nous a raconté qu’en hiver, la rivière fait disparaître la plage laquelle se reforme au printemps. De cette façon il n’y a pas besoin de la nettoyer.

Plage de Cala Luna, le 8 septembre 2022

Nous avons fait halte sur le côté droit de la plage, dans une zone provisoirement à l’ombre. C’est là que nous nous sommes baignés avant de pique-niquer. Nous avons ensuite été prendre un café (il y a un restaurant à l’intérieur des terres, derrière la lagune). La plage est assez populeuse, bien qu’elle ne soit desservie par aucune route. La quasi-totalité des baigneurs arrivent en bateau.

Cala Luna, le date

Notre bateau de retour était réservé pour 15h30. Le bateau, assez rapide, accostait en échouant la proue sur la plage, mais il était possible d’embarquer sans avoir à se déchausser.

Cala Luna, le 8 septembre 2022Plage de Cala Luna, le 8 septembre 2022
Cala Luna, retour en bateau, le 8 septembre 2022Cala Luna, depuis le bateau, le 8 septembre 2022

De retour à Cala Golone où la soirée était « libre » (comprendre, repas non compris). Mes compagnons ont réservé un restaurant assez luxueux mais qui ne m’a pas subjugué.

Débarquement à Cala Gonone, le 8 septembre 2022

Les balades en bord de mer étaient maintenant terminées, la fin du séjour étant prévue à l’intérieur. Une circonstance regrettable car le temps a changé précisément ce jour là, le mistral s’est mis à souffler ce qui a dégagé le ciel, donnant une bien meilleure lumière pour les photos. En Sardaigne le mistral est le vent dominant.

Le jour suivant était dont prévue la visite des ruines de Tiscali, un site nuragique isolé en pleine nature, au sommet d’une colline sauvage et boisée située au cœur du massif montagneux du Sopramonte, et qui s’atteint uniquement à pied.

Massif du Sopramonte vu depuis le véhicule, le 9 septembre 2022

Nous avons démarré la randonnée en montant du côté droit de la colline. Nous sommes d’abord passés dans une ancienne ferme en cours de restauration, puis dans une zone d’habitations troglodytes.

Ferme en restauration au pied de Tiscali, le 9 septembre 2022Montée vers Tiscali, habitations troglodytes, le 9 septembre 2022

Après une première montée en lacets dans la forêt, halte à une sorte de belvédère. On peut deviner en arrière plan, sur certaines photos, le contrefort de la pointe Corrasi (1463 m), le point culminant du massif du Sopramonte dont nous effectuerons l’ascension le jour suivant.

Montée vers Tiscali, vue sur le Sopramonte, le 9 septembre 2022

Nous avons ensuite traversé une falaise par une sorte de crevasse de calcaire caractéristique (suivie d’une sorte de balcon naturel assez étrange). Pas de difficulté technique, du moins pour l’instant.

Montée vers Tiscali, passage dans une crevasse caractéristique, le 9 septembre 2022Montée vers Tiscali, le 9 septembre 2022

Ensuite nous arrivons très vite au sommet de la colline, au bord d’une caverne effondrée. Marche sur un sol calcaire extrêmement rugueux, il y a intérêt à avoir de bonnes chaussures ! (c’est surtout un problème pour les guides qui en usent une paire par saison…).

Non loin de Tiscali, le 9 septembre 2022Montée vers Tiscali, pierres calcaires coupantes, le 9 septembre 2022
Non loin de Tiscali, le 9 septembre 2022Non loin de Tiscali, le 9 septembre 2022

J’ai mentionné l’existence d’une caverne effondrée (doline) : c’est dans cette caverne que se trouvent les ruines de Tiscali. L’accès au site est payant, il y a un gardien (et quelques touristes).

Site nuragique de Tiscali, le 9 septembre 2022

On trouve au fond de la caverne quelques traces de huttes nuragiques, lesquelles n’ont été que très sommairement fouillées. Le site a été dégradé par le passage des troupeaux de chèvres (l’endroit n’était pas du tout protégé il y a encore une dizaine d’années). La culture nuragique, dont on sait en fait peu de choses, s’est développée en Sardaigne à l’âge du bronze, vers le XVIIIe siècle av. J.-C. Elle soit son nom aux nuraghes, sortes de tours tronquées émanant de cette culture et qui parsèment l’île (mais nous n’en avons pas vue une seule !)

Site nuragique de Tiscali, le 9 septembre 2022Site nuragique de Tiscali, le 9 septembre 2022

La caverne présente à un endroit une ouverture, une sorte de fenêtre d’une dizaine de mètres de haut, par-dessus laquelle nous étions précédemment passés sans nous en rendre compte ! Cette ouverture permettait aux Nuraghes d’observer la vallée sans être aperçus du bas.

Site nuragique de Tiscali, le 9 septembre 2022

Pour effectuer la descente, notre guide nous annonce que nous prendrons un raccourci qui nous permettra de gagner une demi-heure. Petit détail, cet itinéraire comporte deux passages difficiles. Lequels nécessitent un peu de désescalade (on trouve un câble ainsi qu’une échelle de bois). Ce n’était pas trop vertigineux finalement, en tout cas j’ai connu bien pire dans d’autres voyages (par exemple, pour ne citer que les plus récents, à Madère ou en Bulgarie).

De retour aux véhicules, nous avons pique-niqué sur une aire aménagée dans la forêt (pas de photo).

Orgosolo, le 9 septembre 2022

Après la balade était prévue une autre activité qui constitue d’ailleurs le seul élément non sportif de ce voyage : le bourg d’Orgosolo (ci-dessus) et ses multiples peintures murales (un tantinet) gauchistes.

Peintures murales gauchistes à Orgosolo, le 9 septembre 2022Orgosolo, le 9 septembre 2022

C’est sûr, on aime ou on n’aime pas, et je pense que le lecteur assidu de mon site aura sûrement sa petite idée sur mes opinions. Bon, je n’ai tout de même pas fait l’impasse sur Orgosolo, mais je suis passé assez vite. Ces peintures datent des années 1970 pour les plus anciennes, elles sont apparues pour contester un projet militaire dans la région (il y a une similitude avec le Larzac). Les commentaires sont tous en italien (voire en dialecte sarde), il n’est donc pas toujours possible de deviner à quoi ils font allusion.

Peintures murales gauchistes à Orgosolo, le 9 septembre 2022
Peintures murales à Orgosolo, le 9 septembre 2022Peintures murales gauchistes à Orgosolo, le 9 septembre 2022

Sos dirittos sos populos non si ottene hin sas barbaridades : Vous n’êtes pas un peuple juste si vous êtes confronté à ces barbaries (Google prétend que c’est du latin !). Je ne vais pas commencer à parler du 11 septembre, ce serait un coup à finir dans les bureaux de la police politique…

Nous avons ensuite gagné notre hôtel qui se trouvait en montagne, au-dessus du village d’Oliena, à 700 m d’altitude environ, et à pied d’œuvre pour l’ascension prévue le lendemain. Il y faisait un peu plus frisquet que les autres soirs — pour la première fois j’ai porté des chaussures fermées et enfilé une petite laine. Au menu du dîner, une première également, de la viande de porc et non plus du poisson.

Le mont Corrasi photographié depuis le minibus, le 9 septembre 2022

La dernière journée était donc consacrée à l’ascension de la punta Corrasi (1463 m) : départ à pied de l’hôtel de montagne, un itinéraire en boucle avec 800 m de dénivelé positif, et un retour au point de départ. Démarrage à 8h, sur les chapeaux de roues. Quelques centaines de mètres d’ascension, en partie sur une route en terre, nous conduisent jusqu’à la crête. Les pics acérés de ce massif (que notre sentier contourne habilement) sont parfois surnommés les Dolomites de la Sardaigne.

Ascension du mont Corrasi, le 10 septembre 2022

On pouvait apercevoir en contrebas, côté ouest, les villages d’Oliena et d’Orgosolo, ainsi que la ville de Nuoro, surmontée d’un hideux bâtiment qui est un hôpital. Côté est, on pouvait deviner la mer qui se présentait sous la forme d’un miroir sur lequel se reflétait la lumière du soleil (je n’ai pas photographié).

Il reste encore environ 200 mètres à monter, le sentier gagne ensuite le sommet en suivant en contrebas la crête (du côté est, le moins raide). On pourra noter la présence de nuages, lesquels ont un temps enveloppé le sommet mais se sont dissipés avant que nous atteignions ce dernier.

Ascension du mont Corrasi, le 10 septembre 2022

L’arrivée au sommet et la vue depuis celui-ci (la mer est maintenant bien visible). La petite brise nous a dissuadés de nous y attarder.

Depuis le sommet du mont Corrasi 1463 m, le 10 septembre 2022 (vue sur la mer)

L’itinéraire de descente continue de longer la crête en direction du sud (s’éloignant par endroits de celle-ci pour emprunter des vallons karstiques). Et ce, jusqu’à trouver un passage caractéristique permettant d’éviter la désescalade des barres rocheuses.

Descente du mont Corrasi, le 10 septembre 2022

On termine la boucle en longeant, par le bas, les fameuses « Dolomites ». Quelques risques de chutes de pierres dans ce passage.

Les Dolomites sardes, le 10 septembre 2022. Descente du mont Corrasi

Nous n’avons pique-niqué que de retour à l’hôtel, nous commencions à avoir l’estomac dans les talons ! Ensuite, retour à Olbia dans la foulée où nous avons fait nos adieux au guide.

J’ai passé presque toute la journée suivante à Olbia, mon avion ne décollant qu’à 20h30. Une journée que j’ai trouvée bien longue, tant la ville présente peu d’intérêt touristique. Journée que j’ai passée également en grande partie seul, mes compagnons repartant de façon échelonnée et à la mi-journée pour les derniers.

L’une des seules choses à voir à Olbia est la basilique San Simplicio du XIIe siècle. Je n’ai pas été subjugué.

Basilique San simplicio XIIᵉ s., le 11 septembre 2022Basilique San simplicio XIIᵉ s., le 11 septembre 2022
Basilique San simplicio XIIᵉ s., le 11 septembre 2022

D’autre photos prises au cours de mes pérégrinations dans les rues de la ville :

Jardin public d’Olbia, le 11 septembre 2022Manifestation pittoresque à Olbia, le 11 septembre 2022
Le cours Unberto I à Olbia, le 11 septembre 2022Olbia, le 11 septembre 2022

Une autre église de la ville, San Paolo, plus centrale, et qui extérieurement n’est pas dénuée d’intérêt (je ne pense pas avoir pu y entrer). Je me suis assis pendant assez longtemps sur un banc devant cette église, histoire de tuer le temps.

Olbia, église San Paolo, le 11 septembre 2022Olbia, église San Paolo, le 11 septembre 2022

Le plus rageant, c’est que question lumière (pour les photos), ce jour était le plus beau du voyage ! L’après-midi, j’ai eu l’idée d’aller visiter le musée situé sur le port ; mais ce dernier était fermé pendant l’heure de la sieste. À défaut j’ai pris quelques photos du paysage qui (du moins au téléobjectif) n’était pas inintéressant. L’île visible au loin s’appelle Tavolara, culminant à 565 m d’altitude. C’est en grande partie une zone interdite car occupée par une base de l’OTAN (ils sont vraiment partout ceux-là).

Olbia, vue vers l’île de Tavolara, le 11 septembre 2022

Retour en avion à Orly, l’avion n’était pas plein. Par contre une fois atterri, 45 minutes de queue pour le taxi. C’est semble-t-il le lot quand on arrive tard le soir. Cela m’était déjà arrivé une fois il y a fort longtemps, mais je n’ai pas pu retrouver à l’issue de quel voyage.