Île de la Réunion | ||
Réunion, montagnes de l’océan IndienAu cours de cette année 2015, je n’ai entrepris que de courts voyages d’une semaine. Pour le premier de ces séjours j’ai choisi de randonner dans l’île de la Réunion (mon premier voyage dans les « DOM-TOM »). Avec un programme on ne peut plus classique : les trois cirques, le piton des Neiges puis celui de la Fournaise. Le vol jusqu’à la Réunion est long, 10h. De nuit à l’aller, de jour au retour, ce qui me permettra de reconnaître au survol un tas d’endroits que j’ai pu visiter par le passé : la Crète, le désert égyptien, le Soudan… Arrivé sur place, et nonobstant la végétation tropicale, une étrange sensation de n’avoir pas changé de pays : même langue, mêmes enseignes, même signalisation qu’en métropole au millimètre près. Au détail près que tout y semble mieux entretenu : ici l’argent public coule à flot, pour combien de temps encore ? Constitution du groupe puis départ dans deux camions. Je ne me parlerai pas trop du groupe qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Le guide, Jean-Yves, un Réunionais, était par contre très sympathique et surtout très dévoué, transportant pour nous en randonnée des kilos de nourriture dans un sac que je n’aurais même pas pu soulever (voire également, par moments, le sac d’un participant fatigué) ; ou encore, payant de sa poche les matelas mousse que Terdav n’avait pas voulu fournir. Notre séjour commençait par les montagnes du cirque de Salazie (pour se poursuivre ensuite par ceux de Mafate puis de Cilaos). Le cirque de Salazie est le plus arrosé des trois car recevant directement les précipitations des alizés. Je n’étais pas dans le véhicule du guide, c’est donc le chauffeur du taxi qui nous a prodigué les explications. Sur la toponymie, les localités côtières (Saint-Denis, Saint-André, Sainte-Suzanne) ayant été dénommées par les colons européens, par opposition aux villages des montagnes (Salazie, Cilaos, etc.) venant des « marrons », des esclaves qui s’étaient échappés au XVIIIe siècle et réfugiés dans ces cirques. Premier arrêt à l’entrée du cirque au pied d’une grande cascade, la cascade blanche. Les hautes falaises bordant les cirques s’appellent ici les remparts. Tous les massifs montagneux de la Réunion sont d’origine volcanique (le piton des neiges est un volcan éteint). Nous avons ensuite gagné notre premier gîte situé dans un hameau du cirque de Salazie : Hell-Bourg (dont le nom, précisons-le, n’a rien à voir avec l’enfer). Ce village, aux jolies maisons colorées, a reçu le « label » des plus beaux villages de France (c’est le seul des DOM-TOM). Nous avons parcouru les rues du village en attendant l’arrivée du guide avec l’autre véhicule. Étrange spectacle de ces hommes désœuvrés que l’on croise ça et là. C’est que tous vivent du RSA (successeur du RMI) qui a eu comme effet immédiat la destruction de toute l’économie locale (hors tourisme et emplois publics), en particulier l’artisannat. Les gens ont l’air gênés d’en parler, n’osant évidemment s’en plaindre mais c’est visible qu’ils s’emm… comme des rats morts. Encore un cadeau empoisonné de nos élites bien pensantes ! Une fois le guide arrivé, nous sommes partis un peu à l’écart du village pour un pique-nique dans un lieu malheureusement assez bruyant. (Des habitants du cru avaient allumé leur sono, et leur musique est malheureusement polluée par des influences extérieures (rap, reggae) qui lui ôtent tout cachet). Sans compter que nous avons été quelque peu dérangés par la pluie. Traversée d’une forêt de bambous où Jean-Yves nous a prodigué quelques explications (dont je n’ai pas tout retenu…). Hell-Bourg se trouve en contrebas de la forêt de Bélouve renfermant de nombreuses espèces endémiques. Hell-Bourg était autrefois une station thermale, mais la source a été ensevelie par le (terrible) cyclone de 1948, ruinant l’économie du village. Au cours de notre balade nous avons pu visiter les restes des installations thermales. Ci-dessous, la célèbre maison « Folio » à l’architecture créole (mais nous ne l’avons pas visitée). Enfin, passage dans le cimetière haut en couleurs. Second jour du voyage et premier jour de marche. Le beau temps du petit matin nous a permis d’apercevoir le piton des Neiges, mais il s’est rapidement gâté ensuite (humidité du cirque de Salazie). Nous avons démarré la randonnée des abords du Petit col, ce qui impliquait un assez long trajet préalable en véhicule (dans les premières versions de ce circuit, paraît-il, on démarrait à pied depuis Hell-Bourg ce qui constituait une entrée en matière pour le moins soutenue !). Nous avions des sacs relativement volumineux, ne devant pas retrouver nos bagages avant deux jours. Au passage, arrêt pour photographier la cascade dite du voile de la Mariée. Puis traversée de Grand Ilet, le chef-lieu du cirque de Salazie (avec le seul collège du cirque, certains collégiens viennent à pied et pour la semaine du cirque de Mafate voisin). Quelques photos prises en roulant. Nous voici à pied d’œuvre. Empruntant le GR R1 (les GRs de la réunion, numérotés R1 à R3, sont balisés en blanc et rouge exactement comme en Métropole), nous pénétrons dans le parc de l’île de la Réunion, le plus gros employeur de l’île, en charge notamment de l’entretien des sentiers. Le parc couvre 42 % de la surface de l’île (englobant notamment l’ensemble du cirque de Mafate qui est pourtant habité). Brève traversée de la forêt dite primaire, en principe impénétrable, avec plein d’espèces (végétales) endémiques. Il n’y a pas d’animaux. Les forêts de résineux par contre sont plantées. Une montée (courte mais intense) nous conduit au col de la Fourche, alt. 1946 m. Nous pénétrons maintenant dans le cirque de Mafate, maintenu à l’écart de toute route carrossable par volonté politique et maintenant englobé dans le parc. Il y a quelques villages (dont la Nouvelle où nous passerons) mais les terrains appartiennent à l’État. Les gens vivent sous statut particulier. Bien qu’isolé le cirque de Mafate est très visité… y compris par des gens qui ne marchent pas très bien. Ils se font en effet déposer en véhicule au Petit col d’où l’on monte par la route depuis Salazie. De là, il n’y a qu’à descendre pour arriver à la Nouvelle. Ils y passent la nuit, et repartent le lendemain… en hélicoptère. C’est parfaitement légal. Le système applique à la lettre la réglementation des parcs nationaux français… qui pour limiter le ski hors piste interdit la dépose en hélicoptère. La dépose, mais pas le ramassage ! Ah ces règlements kafkaïens pondus par des technocrates : comme aurait dit ma grand-mère, c’est partout France ! Il y a donc pas mal de marcheurs sur les sentiers que nous arpentons, mais pas seulement des touristes fortunés. On croise aussi de nombreux créoles. Il paraît que c’est assez récent, il y a encore quelques années on ne rencontrait que des blancs sur les sentiers. Passage par le village de la Nouvelle. Le bistrot fait face à l’église, comme partout (enfin, chez nous cela se perd malheureusement). Derrière la Nouvelle se trouve un (paraît-il) fabuleux point de vue sur l’ensemble du cirque de Mafate. Le guide nous y a conduits, mais tout était bouché. Nous avons donc terminé l’étape jusqu’à notre gîte perdu en pleine nature (la maison partiellement en bois est d’une architecture traditionnelle devenue très rare). Nous avons aussi fait un peu de rab avant le dîner, montant jusqu’un lieu nommé la plaine aux Sables (pourquoi ?). La tombe est celle d’une famille qui y périt lors du cyclone de 1948. Il faisait très beau le lendemain matin. Nous avons commencé à remonter le cite de Mafate jusqu’à Marla, d’où nous devions franchir le col de Taïbit (alt. 2081 m) communiquant avec le cirque de Cilaos. Cela représentait 600 m de montée en tout. Le début de l’étape s’est fait à l’ombre. Cette passerelle de type himalayen (franchissant la rivière des Galets) est très récente. En direction de Marla (nombreux agaves en fleurs). Marla est l’« îlet » le plus élevé du cirque de Mafate. On y trouve une boutique, et une école (laquelle ne fonctionnait pas encore au moment de notre passage car nous étions lundi ; l’instituteur arrive à pied le lundi midi et fait classe jusqu’au vendredi midi). Suivait l’ascension du col proprement dite (à ce propos, tous les touristes à l’esprit mal tourné en font sonner le « t » final, mais est-ce judicieux ?). La montée est assez raide (et la chaleur intense), chacun va à son rythme. Le rempart est lui-même très escarpé, mais le sentier sait se frayer un passage aux endroits les plus improbables. De fait, ce col est le seul permettant de passer (sans escalade) du cirque de Mafate à celui de Cilaos. Repos bien mérité au col (sur la photo de droite, certains de mes compagnons de voyage). Une fois tout le groupe rassemblé, le guide nous a parlé des Marrons poursuivis par des chasseurs blancs avec prime à la clef. Le manichéisme n’étant pas de mise : les chefs marrons étaient aussi des tyrans vis à vis de leur propre clan. Quelques photos de la descente (là aussi, nous nous sommes rapidement éparpillés, le niveau du groupe étant très hétérogène). À un moment, je ne savais plus s’il y avait des personnes devant moi ni combien (nous ne nous sommes retrouvés qu’au pique-nique). Le temps s’est peu à peu couvert. Cette petite corde aidant à franchir un passage un peu aérien n’était en fait pas indispensable. Une fois la route atteinte, trois possibilités s’offraient à nous :
Il y a eu des volontaires pour les trois options… Personnellement je m’en suis tenu à ce qui était prévu. Mine de rien, ce sentier était assez aérien. La falaise que l’on voit en face est un dyke, c’est aussi un haut lieu d’escalade de la Réunion. Il n’y avait pas de passerelle pour franchir la rivière du Bras Rouge au fond de la vallée (et ce, bien que nous soyons sur un GR). Plutôt que de risquer la chute par un pas d’équilibriste hasardeux (je randonne toujours sans bâtons), j’ai préféré passer dans l’eau, profitant du fait que je transportais des sandales dans mon sac. Et là, surprise : l’eau était loin d’être glaciale ! On remontait ensuite jusqu’à Cilaos par la vallée du bras des Étang, lieu de promenade dominicale (tout de même assez pentue !) pour les habitants du bourg. (Point de mauvais esprit, c’est bien un clocher et non un minaret que l’on voit sur la photo). Terdav nous avait payé ce soir là une nuit dans un hôtel de bonne catégorie, et ce n’était pas de refus ! Quartier libre le lendemain matin. Je me suis un peu baladé dans les rues de Cilaos. C’est peu dépaysant. Même si je ne suis pas amateur, je signalerai sur la dernière photo la publicité pour la célèbre marque de bière de l’île ; le nom officiel de la marque est Bourbon (l’ancien nom de la Réunion), mais tout le monde dit la « Dodo » (l’oiseau que représente son logo). Le Dodo (ou Dronte de l’île Maurice) était une sorte de grosse dinde très comestible et peu farouche qui a été exterminée dès la fin du XVIIe siècle (il n’en existe même pas d’exemplaire naturalisé). (L’église de Cilaos :) La fin de matinée et l’après-midi ont été consacrés à la marche d’approche en vue de l’ascension du piton des Neiges (montée au refuge de la caverne Dufour). Nous avons pris un bus de ville sur quelques kilomètres pour nous rendre au point de départ. Le sentier pour monter au refuge est assez raide (le plus souvent aménagé en marches d’escalier) et aussi populeux. Pour le pique-nique (effectué sur une aire aménagée pas parfaitement propre…) le guide nous a sortie une gâterie d’un genre pour moi totalement inédit en voyage : des pizzas ! (qu’il avait portées lui-même jusqu’à ce point et qu’il a fait réchauffer au feu de bois). La plus grosse partie de la montée restait à faire (nous nous sommes très vite retrouvés dans le brouillard). Voici le franchissement de la crête et l’arrivée au refuge qui se trouve non loin de là de l’autre côté. Le refuge de la caverne Dufour (du nom d’un chasseur de Marrons) est le point de passage quasi-obligé pour l’ascension du piton des Neiges (alt. 2479 m). Cet endroit est donc fort encombré et assez désagréable (style cabane de Tracuit ou refuge des Écrins). On notera tout de même la vue dans le lointain sur le piton de la Fournaise. (Il paraît qu’en période d’éruption la rougeur se voit d’ici la nuit). Je n’ai pour ainsi dire pas dormi à la caverne Dufour. Nous nous sommes levés à 3h45 pour démarrer l’ascension à 4h15, à la frontale. La montée, entièrement sur sentier, n’est pas difficile. Le guide a néanmoins fait un extra aux 3/4 de la montée, pour gagner plus vite la crête afin de profiter de la vue ; mais le manque de luminosité diminuait l’intérêt de cette variante. Nous étions au sommet vers 6 h du matin, aux alentours de l’aube. Temps dégagé, vue sur la mer de tous les côtés, sur les cirques à nos pieds et sur le piton de la Fournaise au sud. Le piton des Neiges, alt. 3070 m, est souvent présenté comme le plus haut sommet de l’océan Indien. Rappelons tout de même que deux volcans que j’ai gravis il y a quelques années, le Rinjani et le Semeru, sont plus élevés et situés en bordure de ce même océan Indien. Ces drapeaux à prière bouddhistes sont quand même incongrus en ce lieu (même si, c’est vrai, il y a quelques bouddhistes à la Réunion). Le guide nous a ensuite emmenés au pied des hideuses antennes de téléphonie mobile édifiées en contrebas du sommet. L’intérêt de l’endroit est de pouvoir admirer (successivement) les cirques de Mafate et de Salazie (seul celui de Cilaos étant visible du sommet principal). Descente par le sentier officiel, chacun à son rythme. Nous étions montés à l’aller par la combe visible sur la seconde photo. Un petit détour par une crête secondaire, suggéré par le guide, permet d’apercevoir le village d’Hell-Bourg. Après une assez longue pause au refuge agrémentée d’un petit déjeuner complet, nous avons repris la marche par le GR R2, pour ce qui devait être la plus longue étape du séjour. Au programme, une descente en pente douce jusqu’à la plaine des Cafres (avec une petite remontée au milieu). On suit tout d’abord une crête (qui offre, par moments, une vue plongeante sur Cilaos). La marche est assez pénible car le sentier est très pierreux (et aussi parfois boueux). Vue en arrière vers le piton des Neiges d’où nous venons. Ce secteur est resté très sauvage (et à l’écart des flux touristiques). C’est le cirque des Marsouins (un ancien cirque comme ceux de Cilaos, Salazie etc. mais ultérieurement comblé par les coulées de lave). Suit une remontée assez raide pour franchir un rempart (il y a même une échelle) ; je n’ai pas pris de photo du lieu, pour une raison sur laquelle je ne m’étendrai pas. Voici l’arrivée à plaine des cafres, dans une région parsemée de petits cônes volcaniques, témoins des rares éruptions de la Fournaise ayant eu lieu hors enclos. Nous avons passé à nuit à Bourg-Murat, à côté du « giscardoscope » réunionnais dont l’architecture m’a beaucoup amusé (mais que nous n’avons pas eu loisir de visiter). Cinquième jour, avec l’excursion au piton de la Fournaise. Et là, nous avons vraiment eu beaucoup de chance. Car les jours qui ont précédé et jusqu’à l’avant-veille de notre visite, l’enclos était interdit en raison d’un risque imminent d’éruption (remontée de magma). L’activité semblant se calmer, l’observatoire volcanologique a rouvert la Fournaise, en restreignant l’accès à quelques sentiers (ce dont notre guide n’aura cure comme nous le verrons). Cela ne devait pas durer longtemps, puisqu’une éruption a finalement eu lieu le 17 mai 2015 (soit dix jours après !). Nous avons gravi le volcan en véhicule (jusqu’à l’enclos). Ce n’était donc pas épuisant… Nous avons fait halte au lieu-dit le Nez-de-Bœuf, qui offre un panorama absolument exceptionnel. D’une part vers le nord et par-dessus la mer de nuages, le massif du piton des Neiges. Et d’autre part, à nos pieds, la très profonde vallée de la rivière des remparts, entaillée dans le massif de la Fournaise. (Nous effectuerons le jour suivant une descente dans une vallée parallèle à celle-ci, celle de la rivière Langevin.) Deuxième arrêt un peu plus loin sur la route, lorsque nous arrivons au-dessus de cette zone entièrement minérale, la plaine des Sables. C’est de cet endroit que nous démarrerons notre randonnée le lendemain matin. Fin de la route au pas de Bellecombe, sur le rebord de l’enclos Fouqué, cette ancienne caldeira à l’intérieur de laquelle se produisent la quasi-totalité des éruptions. Comme je l’ai dit, nous avons eu la chance de pénétrer dans l’enclos car l’accès était barré encore deux jours avant (et, j’imagine, à nouveau quelques jours après). Seul l’accès à deux sentiers était permis, mais notre guide a décidé de s’assoir sur cette restriction (et notamment, de gravir le volcan totalement hors sentier, d’accéder au rebord du cratère Dolomieu à un endroit interdit, de s’aventurer sur les lieux de l’éruption de février dernier et enfin de descendre dans le cratère Bory !). Le danger objectif était sans doute minime, mais restait celui de se faire verbaliser. Je n’aurais sans doute pas apprécié de devoir reprendre l’avion trois mois plus tard pour me rendre au tribunal de Saint-Denis. Ce petit cône monogénique s’appelle Formica Leo (c’est du latin !). Il est plus ancien que les coulées de lave qui l’entourent. Assailli quotidiennement par des centaines de touristes (son accès n’étant pas interdit…), il ne tardera pas j’imagine à disparaître complètement sous le fait de cette érosion (Nous contribuerons nous aussi au processus, mais seulement en fin de journée). Randonnée à plat au fond de la caldeira, sur les coulées de laves pahoehoe puis A’a (à chaque fois que je vais sur un volcan j’ai droit au topo). Notons que sur les premières, le sentier n’est pas traçable ; des repères de peinture (en nombre pléthorique du fait du brouillard fréquent) ont donc été apposés . Nous arrivons sur les lieux de l’éruption de 2005 (l’une des plus importantes de ces dernières années). Un personne trouva ici la mort, tombée dans la lave (notre guide était présent et ça aurait pu être lui). Quittant à cet endroit le sentier autorisé, nous avons entrepris l’ascension du volcan hors sentier, le long de coulée de lave récentes. Nous voici sur les bords du cratère Dolomieu, le cratère principal du piton de la Fournaise. Il s’est effondré en 2007 (auparavant les touristes pouvaient y descendre). La zone est quand même très instable, et j’ai été moins téméraire que la plupart de mes compagnons de voyage, qui du coup ont fait des photos plus spectaculaires. Je me suis donc permis d’emprunter deux photos (je pense un tantinet retouchées…) de C. Moissonnier. Nous avons pique-niqué là, en dépit du temps tournant doucement à la pluie. Sur cette photo, l’un des instruments de surveillance volcanologique. Nous voici maintenant sur le lieu précis de l’éruption à ce moment la plus récente (deux mois auparavant, soit février 2015). C’est de cette fissure que sortait le magma. Il y avait encore des fumerolles s’échappant des roches alentour. (Le temps s’était à nouveau éclairci) Il y a non loin de là un ancien tunnel de lave. Jean-Yves nous y a fait descendre, c’était une véritable étuve ! Je ne sais pas si mon appareil photo a beaucoup apprécié. Ensuite, direction le cratère Bory (dont l’accès était également interdit, en théorie). Ce cratère secondaire et peu profond (on y descend facilement) était, à l’origine, totalement isolé du cratère Dolomieu ; dorénavant les deux cratères communiquent. Nous nous sommes approchés du bord, la dalle paraissait rigide mais présentait quand même pas mal de fissures. Certains ont fait une photo allongés à plat ventre. Moi pas, mais j’ai quand même pu admirer la moitié du fond du cratère. (La seconde photo est de Ch. Deilhes) Nous sommes ensuite redescendus du volcan, toujours hors sentier en empruntant de grandes dalles de basalte, jusqu’à rejoindre la chapelle de Rosemont ; un bloc de lave de forme particulière a ainsi été baptisé et tient lieu de but d’excursion (à partir de là, d’ailleurs, nous étions à nouveau sur un sentier autorisé). Personnellement cette « chapelle » ne m’a pas subjugué. Et voici maintenant le fameux Formica Leo. Étant donné l’heure tardive, et compte tenu du fait que le groupe s’était éparpillé (chacun à son rythme), je l’ai eu pour moi tout seul ! Je l’ai parcouru de long et en large, en n’omettant pas de descendre au fond du cratère. (Je sais je suis impardonnable, en plus j’avais lu la page Wikipedia avant mon voyage !). Sortie de l’enclos par l’escalier du pas de Bellecombe (même passage qu’à l’aller). Nous nous étions regroupés avant de repasser la porte de l’enclos. Des fois que la Maréchaussée nous attendît de l’autre côté… Une courte descente nous séparait encore du gîte du volcan où nous allions passer la nuit (très bon repas mais dortoir franchement désagréable). La lumière du crépuscule était très belle. La dernière journée du séjour était une grosse étape, avec notamment une descente de deux mille mètres. Nous sommes passés de l’univers minéral de la plaine des Sables à la forêt tropicale de la vallée de Grand Galet. Cet itinéraire est parfois emprunté (mais dans l’autre sens !) par l’épreuve sportive de la Diagonale des Fous. Notons aussi qu’il n’est pas possible d’effectuer cette randonnée par temps de pluie (on emprunte sur plusieurs centaines de mètres le lit d’un torrent normalement à sec). Nous nous sommes levés à 5h30 ce qui nous a permis de partir à l’aube. La lumière était aussi belle que la veille au soir. J’ai fait joujou avec mon appareil. Arrivée sur la plaine des Sables Le terrain était parfois meuble (nous étions provisoirement hors sentier). Cette marche dans le sable volcanique m’a (un peu) rappelé mes regrettées randonnées dans le Sahara (je ne vous referai pas le petit couplet…). Nous voici arrivés à l’extrémité de la plaine des Sables. Sous nos pieds s’étendait l’itinéraire que nous allions maintenant emprunter, la vallée de la rivière Langevin (je ne sais pas d’où vient ce nom, je me demande s’il y a ou non un rapport avec le physicien Paul Langevin). Le village de Grand Galet, visible dans l’ombre sur la deuxième photo, semble par effet d’optique situé sous le niveau de la mer. (Pour le sourire il faudra repasser…) Le début de la descente était un peu scabreux. Ensuite, comme je l’ai dit, on rejoint le lit à sec de la ravine de Grand Sable. On le suit pendant quelque temps, prenant garde à prendre pied sur des dalles pas trop glissantes. (La moindre goutte de pluie rendrait le passage particulièrement périlleux ; mais nous étions chanceux de ce côté là.) On retrouve ensuite un sentier traditionnel. Mais la pente est particulièrement forte. Le sentier décrit des dizaines de petits lacets serrés. On perd cinq cents mètres en l’espace d’une demi-heure, jusqu’à se retrouver en pleine forêt. Petit bain de pieds dans une rivière (en attendant les retardataires pour le pique-nique). Le plus gros est fait, mais tout n’est pas fini. À partir de ce point le sentier est devenu assez fréquenté (randonneurs venus du bas en aller-retour). Cascade de la Fouillée. Une petite pluie s’est mise à tomber, juste pour nous embêter. Fin du sentier et arrivée au village de Grand Galet. Ce village très isolé est accessible par une route tellement raide que peu de véhicules y montent. Notre chauffeur notamment avait refusé de venir ici ce qui nous a obligé à marcher encore quelques kilomètres le long de la route. Grand Galet est en outre menacé par les mouvements du terrain et les autorités aimeraient le faire évacuer. Pour l’instant les villageois résistent. Nous n’avons néanmoins pas trouvé une folle animation en le traversant. Sous le village, nous avons encore été voir deux cascades. D’abord la cascade-résurgence de Grand Galet (très fréquentée, et paraît-il assez célèbre dans l’île). Et puis, la beaucoup plus calme cascade du Trou Noir, accessible en empruntant un tronçon de l’ancienne route, devenu à peine praticable (aux piétons !) tellement il y a été envahi par la végétation tropicale. (Le guide nous avait parlé d’un bain possible à cet endroit, mais finalement nous n’en avions plus le temps.) Le minibus nous attendait au hameau du Grand Défriché, de l’autre côté du pont. Altitude : 300 m (sachant qu’avant la plaine des Sables nous étions passés à un peu plus de 2300 m). Notre hôtel était situé à Saint-Gilles, une station balnéaire de la côte occidentale. Pour la gagner et avant d’atteindre la « 4 voies », il nous a fallu subir des embouteillages dignes de l’Île-de-France. Le chauffeur écoutait radio Free-Dom, la radio des chats écrasés de la Réunion. Nous avons dîné en soirée avec le guide dans un restaurant des bords de mer. J’ai trempé les pieds dans l’eau : mon seul aperçu de la Réunion balnéaire. Pas de risque de cette façon de se faire croquer ! Je ne me suis pas attardé après le dîner, mon avion étant prévu pour le lendemain à l’aube. |