Cartes des voyages

À propos de la carte du trek de Libye

Cartographier le trek que j’ai effectué dans l’Acacus libyen en février 2002 a longtemps constitué pour moi un défi insurmontable. Pour cette randonnée qui avait été effectuée avant l’ère numérique, je ne possédais évidemment pas de tracé GPS, mais même pas le moindre emplacement de camp ou point particulier du trajet (contrairement, par exemple, au trek du Tchad en 1998 ou du Tassili N’Ajjer en 2006 pour lesquels le guide (européen) nous avait communiqué quelques points GPS). Je ne possédais par ailleurs aucune carte de la région, si ce n’est une photo que j’avais pu prendre d’une carte de l’Acacus affichée dans un restaurant de Germa. Mes photos étaient du reste des photos argentiques, donc dépourvues d’une quelconque datation qui s’avère souvent utile pour leur localisation a posteriori.

J’ai construit en 2002 une première carte manuellement à partir de la carte de Germa, que j’ai par la suite publiée sur ce site. Le tracé qui y figure est très approximatif. En effet, si j’avais une bonne idée du point d’arrivée du trek, il n’en était pas de même du point de départ, le fameux camp monté de Dar Aouïs dont je me demandais bien où il pouvait se trouver. J’ai bien essayer de m’aider de Google Earth, mais les vues qui y figuraient n’étaient pas assez précises pour me fournir une quelconque aide.

Ce n’est qu’en 2016 que je me suis réattaqué à ce problème. Il faut dire dorénavant, même les régions les plus reculées du Sahara y sont scannées avec une bonne précision, rendant possible la reconnaissance de paysages pourvu qu’il y ait un peu de relief. Certes l’Acacus n’est pas véritablement une région montagneuse, et il faut prendre avec parcimonie les profils de rochers que nous montre Google Earth. Ils sont souvent de peu de rapport avec la réalité car nombre de détails n’y figurent pas. Par contre, on peut se fier à l’emplacement respectif des dunes et des rochers, la hauteur de ces derniers, et surtout à l’orientation des vallées. Bien évidemment, il faut tenir compte de l’heure approximative des prises de vues et de l’orientation du soleil qui en découle. Par chance, j’avais scanné et correctement étiqueté toutes mes photos dès 2002, ce qui m’a permis de disposer de ces informations sans trop de problèmes. Et ce, bien que les souvenirs inhérents à ce trek s’estompent maintenant (il y a des camps par exemple dont je n’ai plus le moindre souvenir).

Je suis à peu près satisfait du résultat et donc de la cartographie que je vous présente dorénavant sur ce site. J'ai pu localiser la plupart de mes photos à quelques dizaines de mètres près (exception faite de celles prises dans des zones de peu de relief, localisées à quelques centaines de mètres près). Je pense avoir résolu la plupart des grandes énigmes de cette cartographie. Ainsi du point de départ de la randonnée, le camp de Dar Aouïs. Il est à noter que les tentes de ce camp bâti ne sont visibles sur aucune photo de Google Earth. Certes il ne faut pas s'attendre à les trouver sur les prises de vue récentes (il est clair que la guerre civile qui sévit en Libye depuis 2011 a fait disparaître le peu d'infrastructures touristiques existantes) ; mais on ne les trouve pas non plus sur des prises de vues des années 2000 (la plus ancienne datant de 2006). A contrario, on peut trouver des tentes alignées dans Google Earth (toujours sur les vues de 2006), mais beaucoup plus au nord (25°29'13"N 10°39'24"E) GE. Il me paraît très peu probable que le trek ait démarré de là, en raison de l'éloignement de ce point par rapport aux vallées (assez rocailleuses) du massif que nous sommes susceptibles d'avoir parcourues au début. Ma conclusion est que le camp de Dar Aouis a été déplacé peu après mon voyage, et en tout cas avant 2006. De ce fait, je fais démarrer ce trek au point de coordonnées (25°20'47"N  10°33'3"E) GE, sur les vues vierges de toute tente mais dont l'environnement (alignement des rochers) est très similaire aux prises de vues que j'ai pu en prendre.

Autre énigme de ce voyage : la remontée de cañon qui nous a permis de monter sur le premier plateau, entre le camp d'Aharamannare et celui d'Inalokou, le 16 février. D'une part je possédais peu de photos de cette matinée (mon appareil était tombé en panne peu avant, j'avais dû passer au jetable) et d'autre part l'orientation des ombres ne correspondait ni à ce que je croyais être notre cheminement, ni à l'orientation des cañons du secteur. Ce n'est qu'en localisant patiemment les photos les unes après les autres que j'ai pu résoudre cette énigme. J'ai notamment assez pu retrouver l'emplacement de la fameuse dune de Timal Raden, celle que mes compagnons de route avaient très élégamment surnommé la dune des 9 c... Bref, cette dune très en pente, que j'ai prise en photos sous plusieurs angles, présente la caractéristique de dominer une vallée très recourbée, et il n'y en a pas trente-six dans le coin qui aient la bonne orientation GE. De là, j'ai commencé à chercher à localiser les photos de la journée (sachant que nous avions visité Timal Raden en fin d'après-midi au cours d'une excursion effectuée à partir du camp). Et il est alors devenu évident que j'avais commis en 2002 une énorme erreur d'appréciation de l'itinéraire. Le camp d'Aharmannare n'était pas situé dans la vallée que j'avais imaginée, mais dans une autre, une dizaine de kilomètres plus au sud ! Quand au fameux cañon du 16 février, il est probable (contrairement à ce que je croyais mais ma mémoire flanche) que nous ne l'avons atteint que quelques heures après avoir quitté le camp d'Aharmannare (camp que par ailleurs je n'ai pas photographié et donc que je ne sais pas localiser précisément). Et qu'en outre, la photo que je croyais en avoir prise l'a en fait été plus tôt dans la matinée, au cours du franchissement d'un petit col que j'avais mentionné à l'époque dans mes notes. En définitive, je pense que ce cañon est celui-ci : 25° 0'24.68"N 10°37'9.65"E. GE

La fin du trek a été beaucoup plus facile à retrouver. Pour information, l'emplacement de la fameuse « effigie de Kadhafi » est celui-ci : 24°55'13"N 10°33'35"E GE. Maintenant que j'ai mis au point la méthode, je compte l'appliquer pour reconstituer d'autre treks mal cartographiés : le Tchad, la Mauritanie, le Niger, le Hoggar et le Tassili n’Ajjer. C'est-à dire tous mes voyages au Sahara à l'exception du dernier, le seul que j'aie effectué doté de moyens numériques modernes.


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