Cirque de Zinal, Bishorn

Cirque de Zinal, Bishorn

Il s’agit d’un séjour en haute montagne, en Suisse, que j’ai effectué avec l’agence Azimut pendant la semaine de fermeture de mon site de travail. Comme deux ans plus tôt pour le Chamonix-Zermatt, il s’agit d’un voyage de substitution faute d’avoir pu partir dans l’Oberland. Cette fois-ci, donc, je suis parti pour le val d’Anniviers, au-dessus du village Zinal (la dernière station francophone du Valais).

Je me suis rendu à Zinal en transport public (TGV de Paris à Genève, puis train jusqu’à Sierre et enfin car postal jusqu’à Zinal). Les horaires sont extrêmement serrés, quelques minutes de correspondance à chaque fois mais les horaires sont respectés avec une précision d’horlogerie suisse. Sauf bien sûr en ce qui concerne le TGV Paris-Genève, lequel circule dans le Jura sur une voie unique de montagne avec attente obligée aux croisements (qui a eu la géniale idée de le faire passer par là ?). Ça a finalement été, mais ça s’est joué à la minute.

Il faisait très beau en Suisse ce jour là, les gens se baignaient dans le lac Léman ! On descend du train à Sierre et on s’élève au-dessus de la vallée du Rhône par le car postal, une institution en Suisse semble-t-il. La route est par endroits très aérienne, je n’aimerais pas être au volant. On a un aperçu des sommets enneigés de Zinal depuis la route.

J’ai passé ma première nuit à Zinal à l’auberge Alpina, un établissement qui fait dortoir comme dans les refuges. Le rendez-vous avec le guide était le lendemain à 11 h. J’ai donc eu tout le loisir de me balader dans le village, et de prendre des photos des vieux chalets.

Le groupe s’est rapidement constitué : nous étions six en comptant notre guide Jérome Raccurt. Nous avons démarré la randonnée à partir de la sortie de Zinal. Sur la première photo, le chantier de la nouvelle cabane de Tracuit, dont les éléments étaient montés sur site à par un à l’aide de deux hélicoptères (ce qui troublait quelque peu le calme de la vallée…). Les jours de beau temps la cadence était tellement rapide qu’on voyait l’aspect du refuge évoluer à vue d’œil. Malheureusement ce n’est pas nous qui pourrons profiter de ce nouveau refuge.

Après un pique-nique en contrebas du glacier de Zinal, nous avons attaqué la montée… après que notre guide eut planqué sous un rocher la nourriture pour les deux derniers jours (puisque nous repasserons à cet endroit même). Il est heureux qu’il n’y ait pas d’ours dans ces vallées alpines !

Quelques photos prises ensuite au cours de la montée. Notre destination pour ce jour était la cabane du Grand Mountet, qui se trouve sur la rive droite du glacier de Zinal. Le sentier d’accès au refuge a été (très bien) aménagé il y a vingt-cinq ans environ par l’armée suisse, sur un terrain assez escarpé (avec quelques barres rocheuses). Auparavant on montait par l’autre rive pour traverser le glacier plus haut, c’est d’ailleurs l’itinéraire que nous emprunterons au retour mais le recul du glacier a rendu ce passage plus dangereux et plus long (voir sur ce site des photos prises le long de l’ancien itinéraire).

J’ai essayé pendant cette montée de suivre le rythme du guide… et je m’en suis mordu les doigts. C’était un poil trop rapide pour moi et j’ai ensuite eu de la peine à m’acclimater à l’altitude. Je me suis vraiment fait avoir comme un bleu !

Ici les photos de l’arrivée à la cabane, dans un environnement austère. Tous les jours à la même heure on voit passer à proximité immédiate un troupeau de bouquetins qui se laisse aisément photographier : à croire que ce soit fait exprès !

Deuxième jour du séjour : avec au programme, l’ascension du Blanc de Moming (3661 m), un sommet classé PD (peu difficile, s’entend !). Mais quand même la petite arête, ouh ! Cette course s’effectue normalement en traversée avec une montée par une arête rocheuse, suivie d’une traversée par une arête de neige (jusqu’au pied du Zinalrothorn) et pour finir une redescente facile par le glacier. Mais notre guide, dans un but paraît-il pédagogique (la désescalade étant plus formatrice que l’escalade…) a décidé d’effectuer cette course dans l’autre sens.

Nous avons quitté le refuge assez tard de telle sorte qu’il n’a pas été besoin de progresser à la frontale. Nous avons chaussé les crampons après une assez longue marche d’approche sur la crête de la moraine du glacier de Zinal. Au moment om nous avons atteint la crête nous étions à presque 3700 m d’altitude et les effets du manque d’oxygène se sont assez cruellement fait sentir pour moi… On notera le Cervin au milieu sur la seconde photo (c’est la seule fois du séjour où nous l’avons vu).

Ensuite donc, cette petite arête que j’ai trouvée assez vertigineuse, la plupart du temps en neige mais avec toutefois deux passages de rocher qu’il a fallu franchir crampons aux pieds (ça aussi c’était pédagogique !). Nous avons fait une petite halte pendant qu’une autre cordée (partie elle dans le bon sens !) nous croisait.

Quelques photos prises ensuite du sommet : avec vue sur l’Obergabelhorn et le Cervin (première photo), la dent d’Hérens (seconde photo), la dent Blanche et le Grand Cornier (troisième photo) et enfin l’arête menant au Zinalrothorn (quatrième photo).

Nous avons entamé la descente par une petite arête assez vertigineuse… même si elle n’était pas véritablement difficile. Nous progressions encordés mais, heureusement, nous avions rangé les crampons. J’ai préféré mettre mon appareil dans mon sac et je n’ai donc pris aucune photo de ce passage. Lequel s’est terminé par la désescalade d’une falaise d’une dizaine de mètres (avec des pitons pour nous assurer).

Quelques photos prises dans l’austère paysage morainique au pied de cette montagne, avant de regagner le refuge du Grand Mountet.

Le jour suivant, nous avons toujours eu grand beau temps bien que des nuages d’altitude, passés la veille dans l’après-midi, nous aient quelque peu inquiétés. Nous nous sommes dirigés vers la seconde montagne au programme, le Trifthorn. Mais le guide nous avons prévenus dès l’avant-veille que nous risquions de ne pas atteindre le sommet en raison du manque de neige et de la présence de glace vive.

La marche d'approche pour ce sommet est beaucoup plus courte que pour le Blanc de Moming. On descend assez vite sur le glacier (qui semble avoir récemment libéré de grand champs de rochers rabotés) puis on chausse les crampons après la facile traversée d'un torrent glaciaire.

Après une heure de montée sur le glacier (quelques séracs un peu délicats à franchir), nous voici sur un replat où nous pouvons faire une pause, bien que le lieu soit frisquet et pas encore ensoleillé. Au-dessus de nous, un ressaut du glacier qu’il nous faut en principe franchir. La cordée s’approche et le guide essaie de forcer le passage, mais renonce assez vite.

J’ai pris pas mal de photos pendant le retour au refuge (que nous avons rejoint bien plus tôt que la veille, ce qui est assez compréhensible). Quelques photos de séracs, de pénitents et de lacs glaciaires.

Après le pique-nique (pour lequel je n’a vais pas encore retrouvé l’appétit), nous avons entamé notre descente pour la cabane du Petit Mountet. L’itinéraire pour nous y rendre n’était pas des plus faciles (il y avait une mise en garde placardée dans la salle à manger du refuge (du Grand Mountet), laquelle n’était pas pour me rassurer !). Au programme, une descente assez scabreuse de la moraine rive droite du glacier de Zinal ; suivie d’une traversée en diagonale de ce glacier fortement recouvert de pierres, et enfin une importante remontée de l’autre côté (presque aussi haut que la cabane d’où nous étions partis), afin de contourner des barres rocheuses, l’ancien itinéraire par la moraine étant maintenant condamné (ce qui n’empêche pas au sentier de rester assez aérien).

Nous voici sur le glacier. On notera les balises qui jalonnent l’itinéraire (sur la troisième photo, une bédière et un moulin glaciaire donnant l’occasion à notre guide de faire un peu de pédagogie).

Après la remontée de l’autre côté, nous traversons quelques alpages peuplés de troupeaux de moutons (il paraît que des personnes se seraient cachés là pendant la guerre ; mais au fait ils faisaient quoi les Suisses pendant la guerre ? Je n’ai pas tout compris).

La descente vers la cabane du Petit Mountet est assez abrupte (à l’arrivée je n’ai pas pu m’empêcher de photographier cet écriteau dissuadant les « touristes » d’emprunter le sentier d’où nous venions). C’est la plus basse et la plus confortable des cabanes où nous dormirons au cours de ce séjour (là seule aussi à être équipée de douches). Beaucoup de familles viennent ici pour la journée (j’étais d’ailleurs moi-même venu ici à l’âge de neuf ans), on peut y déguster des tartes au myrtilles et des Rivella. Peu de gens par contre passent la nuit ici, mais, au grand dam de notre guide, nous ne serons pas les seuls.

Le lendemain matin, surprise : le temps s’était brusquement dégradé ! Des nuages étaient montés depuis la vallée, et la pluie allait rapidement se mettre à tomber. En fait nous allons avoir une seule demi-journée de mauvais temps de tout ce séjour, coïncidant de surcroît avec le jour où aucune ascension n’était prévue mais une liaison entre cabanes assortie d’une rude montée. Bref, nous avons eu plutôt de la chance. Cela étant, marcher sous la pluie n’est quand même guère agréable.

On notera cette étrange manière (typiquement suisse ?) de sortir d’un pré cloturé, au lieu dit le Pré de la Vache. D’après notre guide l’endroit se nommait à l’origine le Pré de la vache foudroyée, mais a été rebaptisé pour ne pas effrayer les touristes.

Nous nous sommes ensuite abrités dans l’un de ces mini-chalets que l’on trouve dans les alpages suisses, marqués propriété privée à l’entrée mais dont la clef est dissimulée au-dessus de l’encadrement de la porte. Un groupe d’Allemands qui montait en même temps que nous paraissaient quant même un peu interloqués de notre conduite !

Le temps s’est graduellement amélioré à partir de la mi-journée, nous laissant terminer la montée sans pluie puis observer peu à peu le paysage en train de se dégager. Tout en restant suffisamment nuageux pour empêcher la reprise du ballet d’hélicoptères du chantier du nouveau refuge : on a finalement eu de la chance sur tous les tableaux ! Cela étant, la météo n’a dissuadé personne parmi les clients du refuge de monter. Le dortoir était plein comme un œuf, et c’est l’un des refuges les plus désagréables des Alpes. (Notre guide déteste tellement l’endroit qu’il nous avait proposé de faire le Bishorn, non pas le lendemain matin mais immédiatement après l’arrivée au refuge dans l’après-midi, solution qui d’après lui ne présente aucun danger et offre l’avantage d’une ascension sans la foule ; mais la météo encore incertaine lui a fait renoncer à cette idée).

L’après-midi à Tracuit est quand même un peu longue. On ne peut guère faire la sieste (trop de bruit dans le dortoir), la salle à manger n’est guère accueillante car sombre et bondée, et l’extérieur est un peu frisquet à la longue (la cabane est à 3256 m). Ici comme dans les plus grandes usines à alpinistes des Alpes françaises (refuge des Écrins, refuge Albert Ier, …) il y a deux services pour le dîner. Heureusement la coucher du soleil à été magnifique avec des sommets alentours (Bishorn, Weisshorn, Zinalrothorn et Obergabelhorn) qui se dégageaient peu à peu des nuages. Sans oublier le mont Blanc qui est visible à l’horizon depuis le refuge.

Après une nuit assez mauvaise comme prévisible, nous nous sommes levés très tôt pour un départ à la frontale. Notre destination, le Bishorn (4153 m), appelé aussi « 4000 des dames », manière très politiquement incorrecte de dire qu’il s’agit sans doute du sommet de plus de 4000 mètres dont l’accès est le plus facile. C’était en ce qui me concerne la seconde fois que j’entreprenais ce sommet : j’y étais monté une première fois il y a vingt-deux ans, avec mon père et la famille Hupé. Mais ce jour là il n’avait pas fait très beau, nous avions failli renoncer dès le départ (avant de partir finalement au grand jour), et avions atteint le sommet sans presque rien y voir (c’était vraiment un 4000 pour le chiffre). Rien de tel aujourd’hui où nous bénéficierons d’un grand beau temps toute la journée.

Quelques photos prises pendant la montée, un peu longue (800 m) mais dépourvue de la moindre difficulté, que j’avais qualifiée d’« autoroute » en 1990.

Quelques sommets photographiés du sommet du Bishorn ou depuis ses abords immédiats. On reconnaîtra le Mont Rose et le Breithorn (première photo), le mont Blanc (seconde photo), la dent Blanche (troisième photo), le Dom et l’Alphubel (quatrième) et enfin encore la dent Blanche (cinquième photo).

Une photo prise de l’ultime ressaut avant le sommet, le seul passage un peu plus raide. L’autre photo montre l’arête du Weisshorn (voisin du Bishorn). Les ascensionnistes de ce sommet partent eux aussi de Tracuit et démarrent donc par la montée au Bishorn, partant à 1 h du matin après avoir bien entendu réveillé tout le dortoir…

Nous avons fait une petite pause sous le sommet en un endroit un peu à l’abri du vent. On y distingue le second sommet du Bishorn (première photo), et dans le lointain sur la seconde photo, le massif de l’Oberland bernois, dominé par le Finsteraarhorn et avec le glacier d’Aletsch en contrebas.

Quelques photo prises pendant la redescente jusqu’à la cabane de Tracuit (le glacier s’appelle le glacier de Turtmann).

Enfin quelques dernières photos prises pendant la longue redescente de Tracuit à Zinal (en tout 2500 m de dénivelé négatif entre le sommet du Bishorn et Zinal). Il faisait très beau et plutôt chaud pendant cette redescente !

J’ai réussi à persuader le guide de ne pas éterniser les pauses afin d’attraper le car postal de 15h44 (précises, on est en Suisse !), dernier délai pour attraper le train pour Lausanne puis le TGV pour Paris (avec vue sur le mont Blanc en quittant Lausanne). Passer dans une même journée du sommet du Bishorn aux couloirs du métro, c’est donc possible.