Tentative au mont Thabor

Autour du mont Thabor

Cette randonnée CAF effectuée en septembre 2016 aurait dû nous conduire au sommet du mont Thabor, un sommet de 3178 m situé entre la Vanoise et l’Oisans. Malheureusement, le mauvais temps (fine pluie et neige en altitude le premier jour) nous a contraints à renoncer à cette ascension. C’est d’autant plus dommage qu’il avait fait encore un temps très estival le week-end précédent, et qu’il devait faire également très beau le week-end suivant.

Depuis qu’il n’est (presque) plus possible de se rendre dans les Alpes en train de nuit, ce genre de randonnée sur 2 jours (!) est effectuée avec un départ en TGV, très tôt le matin du samedi. Donc en l’occurrence, le TGV de 6h24 à destination de Milan, via Lyon Part-Dieu et Chambéry. On démarre donc à une heure où les métros commencent tout juste à rouler, il faut donc faire attention de ne pas prendre sa rame trop loin d’un terminus. Pendant le long trajet (presque cinq heures) jusqu’à Modane et effectué sous un temps très maussade, une nouveauté : la police française qui monte à Saint-Jean-de-Maurienne contrôle les papiers de tous les passagers. Schengen, pour l’instant du moins, c’est fini.

Notre groupe s’est constitué à Modane. Nous avons pris un taxi, d’abord pour la station de ski de Valfréjus, puis pour le lieu-dit le Lavoir qui se situe au-dessus (altitude 1905 m) et qui s’atteint par une route non asphaltée. De là nous avons démarré sous la pluie, nous demandant bien comment nous allions pouvoir pique-niquer. C’est finalement un peu plus haut, au hameau de la Losa, que nous avons trouvé une grange en ruines dont le reste de toit était suffisamment large pour nous permettre de nous abriter.

Ensuite c’est sous le crachin que nous sommes montés, chacun regardant à ses pieds. Nous sommes passés par le sentier supérieur, par la Replanette puis le col de la Vallée Étroite. Sachant que des trois sentiers possibles pour le refuge du mont Thabor, tous sont à peu près équivalents. Au fur et à mesure que nous montions, la pluie s’est peu à peu transformée en neige, mais sans véritablement tenir au sol.

Nous étions au refuge vers 14h (alt. 2502 m). Je n’en ai personnellement plus bougé (la moitié de mes compagnons sont ressortis pour une très courte balade au lac voisin et… une bataille de boule de neiges). La neige n’a pas arrêté de tomber pendant l’après-midi atteignant au fil des heures (et pendant la nuit) une épaisseur de dix centimètres environ. Je me suis occupé en lisant des ouvrages illustrés disponibles dans le refuge, notamment un livre consacré aux époux Bernezat et leurs multiples expéditions touristiques dans le Sahara (ce livre parle notamment et avec beaucoup de détails d’Abdallah Atanouf, le très remarquable guide que j’ai connu lors de mon dernier voyage en Algérie en 2010). Tout une époque malheureusement très brusquement révolue suite à la désastreuse et fort inappropriée expédition militaire française sur laquelle je ne reviendrai pas.

Le refuge du Thabor était gardé, mais c’était vraiment la fin de la saison (la toute dernière nuit où les gardiens étaient présents !). Comme il était loin d’être plein, nous avons pu prendre nos aises ce qui n’était pas plus mal.

Voici quelques photos prises le lendemain au réveil. Comme a dit notre accompagnateur c’était « Val d’Isère »…

Bien évidemment, du Thabor plus question (mais nous nous étions faits à cette idée avant même de partir ; j’avais d’ailleurs un temps envisagé de tout annuler et de ne même pas prendre le train, mais au CAF ça ne se fait pas trop). Par contre, nous avons quand même pu comme prévu descendre côté italien par la vallée Étroite (l’autre option abandonnée étant de rentrer vers Modane). Ce dimanche il ne pleuvait ni ne neigeait plus, mais le refuge était plongé dans le brouillard.

Après le col de la Vallée Étroite où nous étions passés la veille, descente progressive dans ladite vallée. La vallée Étroite, pratiquement inhabitée en dehors de deux refuges et de bergeries isolées, fut italienne jusqu’en 1947, ce qui est somme toutes logique puisque placée sur le bassin versant de la plaine du Pô. Elle fut néanmoins concédée à la France à titre de dommage de guerre. Ses rares habitants sont toujours italiens, leurs indicatifs téléphoniques sont italiens, mais leur adresse postale est localisée sur la commune de Névache… On peut gagner (en voiture) la vallée Étroite depuis la France par le col de l’Échelle, mais seulement en été quand ce col est déneigé.

Après une descente assez rapide, nous avons quitté la zone enneigée.

Le temps était couvert, il était parfois possible d’apercevoir des sommets. Notamment celui du mont Thabor (sur la deuxième photo ci-dessous.

Passage aux bergeries des Serres puis aux Granges de la Vallée Étroite où se trouve le refuge des Rois Mages. C’est là que nous aurions dû terminer notre randonnée et prendre le taxi ! Il était à peine l’heure de pique-niquer, ce que nous avons fait en nous abritant tant bien que mal. Puis nous sommes entrés au refuge pour un café italien et une tarte aux myrtilles.

Nous avons donc fait du rab comme il était tôt, en choisissant de descendre à pied sur Bardonecchia (en français Bardonnèche, mais il semble que plus personne ne traduise) plutôt que de prendre le taxi. Avec pour commencer un sentier forestier qui se trouve sur la rive gauche et que nous avons eu un peu de peine à trouver.

Jolie truite (que je n’aurais pas vue tout seul). Mais la pêche est gardée.

Ci-dessous la borne frontière à partir de laquelle nous sommes en Italie. Le sentier nous permet d’éviter la guérite du douanier.

Ensuite la station de Mélezet qui dépend de Bardonnèche.

Et finalement Bardonecchia dont nous avons rapidement arpenté le centre à la recherche d’un café, et il faut dire que ce n’est pas follement animé. Nous avions eu, auparavant, le loisir de passer devant le village olympique, j’avais complètement oublié que c’est ici qu’avaient été organisés les Jeux d’hiver en 2006 (comme quoi la chose ne me préoccupe guère). Village olympique qui, à l’instar de tous les villages olympiques du monde, n’est plus qu’un bâtiment abandonné, préfigurant ce que sera à terme celui de Paris si la folle de l’Hôtel de ville avait le malheur de remporter les Jeux de 2024.

Nous nous sommes séparés sur le quai de la gare car voyageant ensuite dans des wagons séparés. Sur ce quai patrouillaient des policiers… français. S’en est suivi un interminable trajet de 5h30 commençant par un long tunnel. Trajet qui n’a pas été exempt de retard, semble-t-il suite à des exactions de jeunes de la banlieue parisienne (dont je ne connaîtrai jamais les détails) ayant provoqué l’interruption temporaire du trafic sur tout le réseau sud-est.