Voyage au Niger

Niger : bordure est de l'Aïr (février 2004)

Ce voyage au Niger est mon quatrième séjour au Sahara. Nous avons effectué une randonnée chamelière de dix jours aux confins de l’Aïr et du Ténéré, là où les dunes rencontrent les formations rocheuses. Elle nous a conduits notamment dans les sites magnifiques que sont la pince de crabe d’Arakao, les montagnes de marbre d’Ilakane ainsi que le massif circulaire de l’adrar Chiriet. Nous étions un groupe de douze personnes, accompagnés par un guide touareg, un cuisinier, quelques chameliers, ainsi qu’une dizaine de chameaux pour porter les bagages.

Arrivés à Agadez par un vol charter avec escale à Ghat (au sud-ouest de la Libye), nous avons commencé le voyage par deux jours de 4 × 4 pendant lesquels nous avons traversé le massif de l’Aïr. Ce massif, en partie volcanique mais aussi parfois granitique, est le plus haut du Niger, culminant à 2000 mètres sur le plateau des Bagzane. Cette première photo a été prise lors d’une halte au cours de la progression, elle donne une idée des paysages que nous avons rencontrés.

Halte lors de la traversée de l’Aïr en voiture, le 16 février 2004

Même s’il existe encore des nomades au Niger, de nombreux Touareg ont été sédentarisés, notamment suite aux sécheresses qui ont sévi dans les années 1980. Certains se sont faits cultivateurs dans les oasis de l’Aïr. Cette photo a été prise dans une plantation, où l’eau est extraite d’un puits à l’aide d’un chameau, selon un dispositif resté traditionnel.

Puisage de l’eau à l’aide d’un chameau, dans l’Aïr le 16 février 2004

La grande guelta de Timia est un point d’eau permanent, alimenté à la saison des pluies par une petite cascade. C’est l’une des seules sources de l’Aïr qui ne s’était pas asséchée lors des grandes sécheresses des décennies passées.

La grande guelta de Timia, le 16 février 2004

Timia est un village important du centre de l’Aïr, au milieu d’une oasis. Ce village, dont la photo montre l’une des minuscules ruelles, m’a étonnamment surpris par sa propreté, à laquelle la plupart des localités africaines que j’avais jusqu’alors visitées ne m’avaient absolument pas habitué (propreté en fait due à la présence d’ONG allemandes).

Une ruelle de Timia, le 16 février 2004

La photo suivante a été prise au petit matin dans l’oasis de Timia.

L’oasis de Timia, le 17 février 2004

Nous en arrivons maintenant à la randonnée proprement dite. La photo suivante a été prise dans l’oued Agamgam, là où ce dernier pénètre dans les dunes du Ténéré. Nous longeons une « montagne de marbre » dont le filon pénètre de plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur du Ténéré, et sur lequel nous reviendrons.

Début de la randonnée dans l’oued Agamgam, le 18 février 2004

Cette petite guelta est située à l’intérieur de l’Aïr, au lieu-dit de Takarit. Nous avons rencontré dans les environs quelques nomades qui y conduisaient leurs troupeaux de chèvres.

Petite guelta dans l’Aïr, le 19 février 2004

Débouchant des montagnes où nous avions passé la journée, nous arrivons brusquement sur les dunes du Ténéré. L’endroit fait vraiment penser à un littoral où la mer se serait figée…

Arrivée sur les dunes du Ténéré, le 19 février 2004

Nous arrivons maintenant au magnifique site de la pince de crabe d’Arakao. C’est une sorte de vaste cirque circulaire, entouré de murailles rocheuses, exception faite d’un petit goulet qui débouche sur le Ténéré et par lequel pénètre un cordon dunaire. À ce propos je n’ai actuellement pas d’explication quant à l’origine géologique de ce site, mais il semble bien que ce n’est pas une origine volcanique. La photo suivante a été prise alors que nous installions le camp dans l’oued Arakao, au fond de la pince et au pied de la grande dune d’Arakao (200 m de haut) dont nous ferons l’ascension le lendemain matin.GE

Installation du camp au pied de la grande dune d’Arakao, le 20 février 2004

L’ascension de la dune n’était pas officiellement au programme du voyage. Nous l’avons entreprise à six personnes, au risque de nous égarer par la suite car nous avions choisi de redescendre par un itinéraire non orthodoxe. Cette photo, restituant les magnifiques couleurs matinales, a été prise lors de la montée.

Lors de la montée à la dune d’Arakao, le 21 février 2004

Et voici une photo prise du sommet, sur laquelle on peut reconnaître, au fond, l’étroit goulet ouvrant la pince sur le Ténéré, et où passe le cordon dunaire sur lequel nous sommes actuellement.

Du sommet de la grande dune d’Arakao, le 21 février 2004

De retour dans le Ténéré après avoir « coupé » l’un des bras de la pince par une petite vallée judicieusement creusée, nous approchons du camp d’Issaouane, l’un des plus beaux de ce trek à mon avis.

Marche en bordure de l’Aïr, le 21 février 2004

L’endroit nous permet d’admirer un magnifique panorama vers l’immensité du Ténéré, et c’est la seule occasion que nous aurons de le faire.

Vue vers l’immensité du Ténéré, près d’Issaouane, le 21 février 2004

Nous voici le lendemain matin, au petit déjeuner, nous apprêtant à quitter le camp d’Issaouane. J’avais dormi personnellement sur la petite dune située à droite, où l’on peut encore apercevoir mes traces. Inutile de préciser que nous dormions à la belle étoile !

Petit déjeuner au camp d’Issaouane, le 22 février 2004

Nous revenons maintenant au magnifique filon de marbre blanc, que nous avons traversé en l’espace d’une matinée. Les pierres sont à mon avis encore plus belles que celles de Paros, certaines d’entre elles ressemblant même d’emblée à des dalles de marbre polies industriellement (c’est sans doute l’action du sable). Mais ce marbre n’est évidemment pas exploité, isolement des lieux oblige. Toutefois, d’après notre guide Issaka, des bijoux étaient taillés ici il y a quelques siècles, et on peut retrouver à terre des fragments de bracelets en marbre. Le filon se prolonge assez loin dans le Ténéré, mais il est très difficile de le visiter entièrement quand on voyage avec des chameaux en raison de l’absence de points d’eau.

Les deux photos suivantes, où la pierre blanche fait magnifiquement contraste avec le sable jaune, ont été prises lors de la traversée de la montagne de marbre.

Lors de la traversée des montagnes de marbre (Ilakane), le 23 février 2004


Lors de la traversée des montagnes de marbre (Ilakane), le 23 février 2004

Autre grand moment de ce trek, la traversée de l’erg d’Izane séparant Ilakane de l’adrar Chiriet. L’absence d’acacias (et donc d’ombre) à l’intérieur nous a poussés à partir tôt pour traverser l’erg d’une seule étape matinale, nous évitant dès lors un éprouvant pique-nique au soleil. Du même coup, nous avons comme à Arakao pu bénéficier des magnifiques couleurs de l’aube (et enfin, dernier avantage et non des moindres, nous avons réussi à « semer » le tapis de mouches que chacun transportait depuis trois jours sur son sac !).

Traversée de l’erg d’Izane, le 24 février 2004

Alors que la photo précédente était dirigée vers le camp d’où nous étions partis (à la gauche du rocher, au second plan sur la gauche), voici maintenant notre encore assez lointain objectif, l’adrar Chiriet. Il s’agit d’un massif presque parfaitement circulaire, une sorte d’île au milieu des sables du Ténéré, détachée du reste de l’Aïr.

Pendant la traversée de l’erg d’Izane (l’adrar Chiriet au fond), le 24 février 2004

On peut également voir sur la photo précédente que l’erg n’est pas uniformément recouvert de dunes, il existe aussi quelques étendues planes. À un endroit, on pouvait également observer quelques dunes d’un blanc immaculé, lesquelles ne proviennent pas semble-t-il des montagnes de marbre mais seraient plutôt la conséquence de dépôts salins.

Dunes blanches dans l’erg d’Izane, le 24 février 2004

Nous avons campé à la lisière de l’adrar Chiriet, en un magnifique lieu où nous courions néanmoins un risque certain : celui d’être écrasés par des 4 × 4 !

Lever de camp aux abords de l’adrar Chiriet, le 25 février 2004

Quelques images contrastées de cet adrar Chiriet dont les pitons rocheux (sont-ils volcaniques ?) rappellent d’un certain côté le Hoggar… Enfin je m’avance peut-être un peu en disant cela car je n’y ai encore jamais mis les pieds !

Entrée dans l’adrar Chiriet, le 25 février 2004

Nous avons effectué une incursion à l’intérieur de ces montagnes, remontant une large vallée puis franchissant un col : à peine 50 mètres de dénivelé, mais hors sentier sur de gros blocs rocheux rendant la progression assez malaisée. Ressortant par une autre vallée assez similaire à la première, je n’ai pu m’empêcher de photographier ce magnifique piton rocheux :

Piton rocheux dans l’adrar Chiriet, le 25 février 2004

Le camp d’Ifiniyane, au nord-ouest de l’adrar Chiriet (lequel est visible en arrière plan), est situé dans un oued parcouru par de petites dunes. Ce jardin saharien plaisait beaucoup à notre guide Issaka, même si je préfère pour ma part les paysages purement minéraux. J’ai là aussi passé la nuit au sommet d’une petite dune.

Acacias dans les dunes à Ifiniyane, le 25 février 2004

Notre trek se terminait à Tezirzek, où nous avons pu observer quelques gravures rupestres, les seules de ce voyage. Pour ma part je ne raffole pas des gravures rupestres, sans doute passionnantes pour les archéologues mais quelque peu répétitives pour le béotien que je suis…

Gravures rupestres à Tezirzek, le 27 février 2004

C’est maintenant le retour en 4 × 4 par Iferouane (un jour et demi de voiture seulement, donc moins qu’à l’aller car nous avons emprunté de bien meilleures pistes, terminant notamment par la route asphaltée qui dessert la mine d’uranium d’Arlit). À Agadez nous avons pu visiter la mosquée dont le minaret en banco et en branches de palmier doum (et qui date tout de même du XVIe siècle) constitue à n’en pas douter l’un des monuments les plus intéressants de l’Afrique subsaharienne.

Le minaret d’Agadez, le 28 février 2004

Et avec toutes mes excuses pour ce pylône si malencontreusement placé… Chose très rare dans le monde musulman, il est possible de monter au minaret, même si l’escalier, extrêmement étroit et surtout bas de plafond, est des plus malaisés. Seules deux personnes peuvent tenir à la fois sur l’étroite plate-forme sommitale. La dernière photo, prise du haut, permet d’admirer l’étendue de la ville d’Agadez.

Du haut du minaret d’Agadez, le 29 février 2004

Je ne saurais affirmer si la courbure de l’horizon est vraiment due à la rotondité de la Terre, mais je puis vous assurer que je n’ai pas utilisé d’objectif spécial pour prendre cette photo !