Réalisation des photos en relief

La réalisation des photos en relief demande un savoir faire que je suis très loin de posséder. Le principe est de prendre deux photos de la même scène mais d’un point de vue légèrement décalé. L’idéal pour ce faire est de disposer d’une paire d’appareils photos se déclenchant simultanément (à la milliseconde) mais ce type de dispositif est pratiquement introuvable dans le commerce. Sinon, on peut aussi réaliser la paire avec un seul appareil (en prenant les deux photos successivement), mais il est nécessaire que le sujet n’ai pas changé entre les deux prises de vues. Autrement dit, cela exclut toute scène animée, et limite la photo en relief aux paysages (et encore, à condition que le vent n’ai pas d’effet visible, par exemple sur les nuages ou les branches des arbres).

Il faut également régler soigneusement la distance séparant les deux prises de vues. En théorie il conviendrait de se décaler d’une distance égale à celle séparant les deux yeux. Toutefois si l’on procède ainsi, au n’aura pas de relief perceptible dès que le sujet sera distant de plus de quelques mètres. Les deux photos sont donc généralement prises à une distance plus grande, ce qui revient à augmenter artificiellement l’impression de relief (cela équivaut en quelque sorte à reproduire l’effet d’une maquette d’échelle réduite du sujet photographié). La règle à respecter pour ce faire est que la séparation des prises de vues doit être égale au pour-cent de la distance au sujet. Mais en pratique ces distances sont évaluées à la louche, ce qui conduit à des résultats inégaux (ainsi sur cette photo la séparation est manifestement trop grande).

La conséquence de cette règle est que les photos ne doivent pas comporter de premier plan. Ou alors, si elles en comportent, l’écartement des vues doit être calculé par rapport à ce premier plan et non à ce qui est derrière (ce qui estompera l’effet de relief). Pour mes premières photos dans les monts Fanskye, j’avais visiblement mal tenu compte de cette règle.

Autre règle à respecter, le parallélisme des deux photos : cela concerne à la fois l’orientation de la photo (horizontalité des bords) et la direction dans laquelle on vise. Une erreur de parallélisme est toutefois en partie récupérable selon la manière dont on visualise la photo (à condition d’en rogner la surface utile).

Visualisation des photos

J’ai effectué mes premières photos en relief lors de l’été 2004 en Asie centrale, voyage au cours duquel je prenais uniquement des diapos. L’inconvénient des diapositives est qu’on ne contrôle pas grand chose pendant la prise de vue et qu’il y a beaucoup de ratés, mais son avantage est qu’il est possible de visualiser directement le résultat produit, sans passer par un traitement informatique. Il suffit pour cela de se procurer deux petites visionneuses et d’en placer une devant chaque œil. On conseille pour cet usage les visionneuses de la marque allemande Hama : on les assemble ensuite avec du scotch pour obtenir un stéréoscope, et c’est relativement bon marché. On en vend dans une petite boutique très pittoresque du 14e arrondissement.

Visionneuse pour visualiser une paire de diapositives

L’avantage d’une vision directe par rapport aux anaglyphes par exemple, est l’absence de distorsion des couleurs (et le fait que ça ne demande pas de retraitement). Malheureusement, cette méthode est assez sensible aux défauts de parallélisme entre les deux photos. On peut certes le corriger un peu en déplaçant les visionneuses l’une par rapport à l’autre (et donc en décollant un peu le scotch), mais cela reste malaisé et assez imparfait.

Je suis ensuite passé au traitement informatique, tout d’abord en scannant les diapositives que j’avais prises en Asie centrale. J’ai pu m’aider pour ce traitement du logiciel Stéréo-Chat, un peu artisanal mais qui rend de grands services. Ce logiciel permet de choisir les paires d’images stéréo, de corriger les défauts de parallélisme (par interpolation et troncature des images) et enfin d’engendrer les anaglyphes et autres paires d’images. (NB : j’ai découvert depuis un autre logiciel, également gratuit mais plus évolué, Stereo Photo Maker, mais je n’ai pas encore beaucoup eu l’occasion de l’utiliser). C’est pour faciliter le réglage des images au sein de Stéréo-Chat, que je me suis procuré le Pokescope, cet appareil de visualisation 3D des paires d’images (toutefois il n’était pas absolument indispensable).

Le « Pokescope »

J’avais commandé cet objet par internet pour un coût que j’avais estimé raisonnable, mais les douanes m’ont demandé une somme astronomique à la réception ! (70 € alors que j’avais payé le produit 40 $). J’ai quand même hésité à accepter le colis.

Le pokescope présente tout de même un avantage certain pour la visualisation des images stéréo : il permet de voir les images 3D après correction des erreurs de parallélisme, et ce, sans présenter les inconvénients des anaglyphes. Les anaglyphes consistent à mélanger le vert et le bleu l’image de gauche avec le rouge de l’image de droite. En utilisant des lunettes à verre colorés, on peut ensuite reconstituer l’image en relief. L’inconvénient de cette méthode est que le filtrage n’est pas parfait sur l’œil gauche ce qui apporte des parasites sur l’image stéréo. Son avantage est qu’il existe des lunettes en carton que l’on trouve pour un prix modique (4 € si l’on s’adresse à A. Paillat, encore beaucoup moins — à l’unité — si on accepte d’en acheter cinquante).

Lunettes anaglyphes obtenues via A. Paillat

Puisque la solution informatique s’avère définitivement avantageuse par rapport à la visualisation directe des diapositives, autant s’affranchir de la photo argentique et passer au tout numérique. Je me suis donc acheté un petit appareil numérique que j’ai utilisé à cette fin pendant le voyage dans le Hoggar. C’est aussi avec cet appareil que j’ai effectué les essais parisiens. Les photos sont dans l’ensemble acceptables, même si apparaissent quelques petits problèmes imprévus, comme la différence de couleurs entre les deux photos d’une paire. Cet effet est par exemple visible sur cette photo ou sur celle-ci.

(Texte rédigé en 2005)