Voyage en Libye

Libye : découverte du Fezzan

Je rédige ces pages en ce mois de décembre 2007 où la Libye est sous les feux de l’actualité : c’est en ce moment même que le colonel Kadhafi est en visite à Paris. Mon voyage dans la Grande Jamahiriya populaire libyenne arabe et socialiste (الجماهيريةالعربية الليبية الشعبية الإشتراكية العظمى) remonte à février 2002 : six mois à peine après le coup d’Oussama, les déplacements en terre musulmane restaient déconseillés, mais cette fois-ci Kadhafi n’y était pour rien. D’ailleurs l’embargo sur la Libye avait été levé depuis deux ou trois ans, je n’ai donc pas dû aborder le pays par Djerba comme il fallait le faire auparavant. Mais les formalités pour entrer dans le pays (avec la spécialité locale, la traduction du passeport en arabe) restaient quand même assez pesantes. Et l’ambiance en arrivant à Tripoli est assez bizarre : pour commencer toute inscription en caractères latins est bannie du pays, les publicités sont rarissimes, les seules affiches étant des portraits de Kadhafi, généralement pris en contre-plongée dans des mises en scène variées : tantôt en militaire, tantôt en djellabah, etc. À Tripoli si l’on s’avise de sortir de son hôtel pour aller se balader, on est aussitôt pris en charge par un policier en civil qui assure notre « protection » durant toute l’excursion. Et sur les sites touristiques, l’un des seuls souvenirs proposés à la vente aux touristes est… le Petit livre vert de Moammar el Kadhafi en personne. Il est disponible dans toutes les langues : on peut même le lire en suédois si on en a envie ! Bref, de tous mes voyages je n’ai rencontré tel culte de la personnalité qu’à un seul autre endroit : la Syrie d’Haffez-el-Assad (en 1986).

Mais je ne suis pas venu en Libye pour voir Kadhafi… mais pour randonner dans le désert. En l’occurrence dans le massif de l’Acacus, très proche du Tassili n’Ajjer algérien (quoique moins beau à mon avis, maintenant que je connais ce dernier). Le voyage comprenait aussi la visite en 4 × 4 de l’erg d’Ubari et de ses exceptionnels lacs et oasis. Par ailleurs, et dans la mesure où les charter n’atterrissaient alors ni à Sebha, ni à Ghat, le voyage se faisait sur vol régulier via Tripoli. Nous était donc offert en complément la visite de l’un des quatre grands sites antiques de la côte libyenne, en l’occurrence Leptis Magna. Pour ce qui est de la partie trek dans l’Acacus (huit jours de marche seulement), il s’agissait non pas d’une randonnée chamelière mais d’une randonnée avec assistance de véhicules : il n’y a en effet plus aucun chamelier en Libye après que Kadhafi eut sédentariés de force tous les nomades. Néanmoins, et bien que ce ne soit pas très politiquement correct, je trouve un avantage indéniable à ce type de randonnée : la possibilité de camper dans les plus beaux endroits, n’étant pas contraints par la nécessité de trouver des paturages pour les chameaux. Bien souvent dans les autres voyages les emplacements de camp m’ont déçu pour cette raison.

Certaines des photos de ce voyage sont un peu décevantes : j’ai eu en effet de gros problèmes de sable, et ce, dès le troisième jour de marche. J’ai donc dû basculer sur un petit appareil compact (argentique) et sur des jetables, avec une évidente perte de qualité. Certaines photos sont manifestement plus claires au centre que sur les bords, et je ne suis pas suffisamment expert en Photoshop pour corriger cela. Autre problème de ce voyage, la grande difficulté que j’ai eue à situer les emplacements. Je j’avais pas de GPS (le guide non plus), on ne trouve pas de carte de la région qui soit suffisamment documentée, et Google Earth six ans après ne m’était pas non plus d’un très grand secours. Les choses se sont toutefois améliorées dans le courant des années 2010, et j’ai finalement pu (au printemps 2016, soit quatorze ans après ce voyage) restituer le tracé du trek de manière à peu près convenable.

Nous avons commencé le séjour par une visite rapide de Tripoli (طرابلس), qui n’était d’ailleurs pas prévue au programme. Terdav nous avait concocté cet extra pour meubler les six ou sept heures séparant l’arrivée du vol international du départ du vol intérieur (pour Sebha). L’autre groupe français de l’avion, qui voyageait avec Atalante, a passé ces heures dans l’aéroport ! Cela étant, je ne suis pas sûr que Terdav ferait toujours ça aujourd’hui. Accompagnés par un guide libyen francophone qui nous a débité la propagande du régime, nous avons commencé par cet arc de triomphe construit par l’empereur Marc-Aurèle, seul vestige romain d’importance que l’on trouve à l’intérieur de l’aglomération de Tripoli.

L’arc de triomphe de Marc-Aurèle à Tripoli, le 10 février 2002

Nous sommes ensuite allés nous balader dans la médina qui se trouve juste à côté. Mais cette visite s’est avérée décevante, le quartier est très délabré et nullement mis en valeur, en dépit de son potentiel touristique. De nombreuses maisons tombent en ruine. La médina renferme un monument, la mosquée Gurgi, assez finement décorée même si elle ne date que de 1833 (je concède que ma photo d’intérieur est complètement ratée).

La mosquée Gurgi de Tripoli, le 10 février 2002

Cette photo a été prise à la sortie de la médina : on remarquera le portrait de Kadhafi sur le mur de gauche. Sur la droite se trouve la citadelle de Tripoli (Assaraya al Hamra) laquelle abrite le musée. Nous n’avons visité ce musée qu’à la fin du séjour, mais il est de ceux qu’on n’oublie pas ! Certes il paraît plutôt conventionnel au premier abord, chaque étage étant consacré à une période de l’histoire du pays : successivement grecque, romaine, islamique, ottomane et coloniale. Mais les derniers étages sont exclusivement consacrés à la période moderne. Et qui dit période moderne dit… Kadhafi ! En clair, ce n’est que propagande à la gloire du régime, l’irrigation du désert, la rivière souterraine, les bombardements américains de Tripoli et Benghazi, et j’en passe. Mais le pompon est atteint au rez-de-chaussée du musée, lequel constitue un condensé de toutes les périodes avec pour chacune d’elles un pièce maîtresse. Et l’on découvre donc, côtoyant quelque chef d’œuvre de l’art antique… la volkswagen vert éclatant avec laquelle notre ami Moammar prit le pouvoir en 1969 !

Sortie de la médina de Tripoli, le 10 février 2002


Nous avons ensuite continué notre balade dans Tripoli par le littoral… littéralement désert (les plages sont absolument ignorées par la population locale — elles servent même souvent de dépotoir — et peu exploitées à des fins touristiques (même si la saison de mon voyage ne s’y prêtait pas franchement). Nous avons continué par le quartier colonial où se trouvent quelques restes de la présence italienne, comme cette ancienne cathédrale Sacré-Cœur-de-Jésus (transformée en mosquée) ainsi que la galerie Al Karama (ex. Galleria De Bono), faisant furieusement penser à la Galleria Vittorio Emanuele de Milan quoiqu’en beaucoup plus petit.

L’ancienne cathédrale Sacré-Cœur-de-Jésus de Tripoli, le 10 février 2002

Après une heure de vol en soirée jusqu’à Sebha (سبها), en plein centre du pays, nous avons trouvé notre guide (Mohamed Abbas), touareg d’origine nigérienne naturalisé libyen. Deux heures de 4 × 4 et de nuit nous attendent : il semble qu’en Libye les routes soient suffisamment bonnes pour circuler de nuit, ce qui est rarement le cas dans ce « genre » de pays. Nous faisons étape dans l’oasis de Germa, faisant partie d’une grande vallée cultivée, la vallée de l’oued Al Hayah, limitée au nord par l’erg d’Ubari et au sud par la hamada de Mourzouk. L’une des grandes fiertés du colonel Kadhafi est d’arriver à cultiver de vastes portions de désert auparavant stériles, parfois en pompant l’eau des nappes phréatiques fossiles.

Nous avons continué le lendemain notre route vers l’est, et rejoint le désert pour de bon après l’oasis d’Ubari. Nous sommes néanmoins toujours sur une très bonne route asphaltée. Cette route contourne le massif de l’Acacus par le nord, avant de redescendre plein sud jusqu’à la ville de Ghat (غات), non loin de la frontière algérienne.

Sur la route entre Ubari et Al Awaynat, le 11 février 2002

La route rejoint ensuite la petite oasis d’Al Awaynat (العوينات), située juste au nord du massif de l’Acacus. Bien que la Libye fût une colonie italienne, Al Awyanat fut un temps administré par les Français sous le nom de Serdeles (qui est en fait le nom tamachek (touareg) de l’endroit).

C’est à Serdeles que nous quittons la route pour la piste. Direction Dar Aouïs, un camp aménagé pour les touristes par une agence italienne, avec douche et tous les conforts. Je n’ai pas aimé cet endroit, trop artificiel à mon goût. Beaucoup de touristes passent tout leur séjour ici en faisant des randonnées en étoile, ce ne sera heureusement pas notre cas.

Halte au camp de Dar Aouïs, le 11 février 2002

Le paysage de Dar Aouïs est quand même assez remarquable.

C’est de Dar Aouïs que nous avons démarré nos huit jours de randonnée (avec assistance par véhicule). Le paysage est proche du Tassili algérien, quoique peut-être pas tout à fait aussi grandiose.

Départ de la randonnée depuis Dar Aouïs, le 12 février 2002

Les traces de 4 × 4 gâchent tout de même quelque peu le paysage.

Malheureusement nous ne rencontrerons pratiquement plus ce type de paysage dans la suite du trek. Très vite le sol devient purement rocheux, comme ici au niveau de l’arche de Tisoulten.

Tisoulten, le 12 février 2002

On trouve aussi quelques peintures rupestres, comme celle-ci qui représente (du moins d’après ce que j’ai pu noter car je n’arrive pas à les voir !) des chars garamantiques (devant la peinture, notre guide Abbas).

Voici maintenant une photo du camp suivant (Tehed Tin Gargour) , le premier où nous nous trouvions (enfin !) en pleine nature.

Le camp de Tehed Tin gargour, le 12 février 2002

Nous avons franchi le lendemain matin un petit col, le col Tassak (j’ai finalement réussi, quoique avec peine, à le localiser dans Google Earth).

Halte au col Tassak, le 13 février 2002

J’ai trouvé les deux ou trois jours suivants assez fastidieux. Nous ne progressons plus à l’intérieur du massif de l’Acacus mais en lisière de celui-ci, face à une plaine se prolongeant jusqu’aux dunes de l’erg d’Ouan Kasa (la hamada de Mourzouk est également visible en arrière-plan). Ce passage est plat et monotone. Nous rencontrons quelques villages touareg, auprès desquels nous achetons du fromage mais il n’est pas très bon.

Passage de reg près de l’oued Atakeri, le 14 février 2002

Nous avons tout de même rencontré un secteur plus intéressant au niveau de l’oued Traoualen, avec quelques belles dunes de sable. Le personnage que l’on voit de dos (surnommé le Hadj bien qu’il n’eût semble-t-il pas fait le pèlerinage) était en fait le vrai chef de notre équipe locale, c’était lui qui nous guidait dans le dédale de rochers, mais il ne parlait malheureusement que l’arabe et le tamachek. Il arrivait néanmoins à communiquer par gestes. C’était aussi un farceur, comme justement ici à Traoualen où il s’était amusé à cacher dans sa manche une sorte d’iguane (je me demande bien comment il avait fait pour l’attraper !). Les autres membres de l’équipe manifestaient envers lui un grand respect.

Peu avant le camp de Traoualen, le 14 février 2002

Malheureusement mon appareil photo n’a pas aimé ce sable, et c’est donc à partir de maintenant que la qualité des photos commence à désirer…

Nous avons ensuite commencé à entrer à nouveau (et cette fois-ci, définitivement) au cœur du massif de l’Acacus. Le camp suivant (que nous avons atteint dès le midi) se trouvait dans l’oued Aharmannare.

Marche vers l’intérieur du massif de l’Acacus, le 15 février 2002

La petite excursion que nous avons effectuée l’après-midi nous a vus faire l’ascension d’une dune très raide adossé à des rochers, au-dessus de l’oued Timal Raden. 

Ascension d’une dune adossée à des rochers, au-dessus de l’oued Timal Raden (15 février 2002)

Et là, j’ai eu des problèmes avec mon second appareil ! Une pellicule a pris le jour quand j’ai tenté de la retirer. Il ne me restait plus que le jetable (donc des photos papier), et là on descend encore d’un cran point de vue qualité. Heureusement, le second appareil a fini par redémarrer (un jour plus tard), et il a ensuite terminé le séjour.

Nous avons rejoint le lendemain une zone de plateaux entaillés par de larges vallées, et dans laquelle nous devions ensuite évoluer pendant plusieurs jours. Voici ici quelques photos (certaines prises au jetable) de l’oued Tiwela Wallène, de l’oued Tamalgat et de l’oued Inalokou.

L’oued Inalokou, le 16 février 2002

C’est au camp de l’oued Inalokou que nous avons goûté pour la première fois à la Tagueïla, ce plat nomade constitué d’une galette de pain cuite à l’étouffée dans le sable et sous les braises. C’est assez bourratif mais ça passe très bien après une journée de marche dans le désert.

Le secteur d’Inalokou contient plusieurs peintures, datant de l’époque où le Sahara était une région tropicale.

Peinture de l’oued Inalokou, le 17 février 2002

Les paysages des plateaux de grès que nous avons ensuite traversés figuraient parmi les plus beaux de ce trek.

Au-dessus de l’oued Tin Tamal Barat, le 17 février 2002

Nous sommes redescendus du plateau par une dune en pente douce, au camp de Tin Lalène (T-in-Lajan).

Arrivée au camp de Tin Lalène, le 17 février 2002

Il y avait aussi quelques peintures rupestres près de ce camp, mais j’ai choisi de ne pas vous les montrer.

Le lendemain, montée à nouveau sur le plateau, grâce à une dune judicieusement placée. 

Montée sur un plateau gréseux près de Tin Lalène, le 18 février 2002

Il y a dans ce secteur plusieurs niveaux de plateaux empilés, c’est assez intéressant.

L’oued Assanadar (ou Senedar), que nous avons rejoint sur l’heure de midi et qui se trouve envahi par les dunes, offre des paysages vraiment remarquables.

Dans l’oued Assanadar, le 18 février 2002

Une pause midi pendant laquelle nos accompagnateurs locaux se sont livrés à cette chasse à la vipère (les traces très caractéristiques du reptile mais pourtant dans ce cas à peine visibles, avaient été repérées sur de petits tas de sable présents à côté des rochers). Mais cette fois ci, à notre grande déception mais heureusement pour la vipère, ils ne l’ont jamais débusquée (nous en trouverons une autre le lendemain).

L’oued Intaharen (ou In Taharine, sur ces trois photos) ainsi que l’oued Tibestiouenne où se trouvait le camp du soir, sont dominés par cette sorte de monument de grès. Certains participants y voyaient une effigie à la gloire de Kadhafi, mais ce genre de plaisanterie laissait de marbre notre accompagnateur libyen…

Formation de grès dominant l’oued Tibestiouenne, le 19 février 2002

Voici deux photos de l’oued Tibestiouenne, prise au petit matin (je me suis toujours demandé s’il y avait un rapport avec le Tibesti, peut-être que ça signifie quelque chose en arabe). Nous entamions notre dernier jour de marche (peut-être aussi le plus beau).

L’oued Tibestiouenne, le 19 février 2002

Avec ces formations de grès j’avais enfin l’impression de retrouver le Sahara grandiose que j’avais découvert une première fois au Tibesti justement (Tchad), sur les contreforts de l’Émi Koussi.

Formations de grès dans l’Acacus, le 19 février 2002

J’ai depuis connu le Tassili n’Ajjer, je ne dirais pas que je suis blasé mais je pense quand même avoir bien fait de ne pas y aller en premier. Même si en réalité je n’avais pas vraiment le choix ! (puisque l’Algérie n’était pas visitable avant 2000).

Nous avons ensuite atteint cette grande dune qui à mon sens a constitué le clou de ce trek. Montant sur cette dernière le long de son arête sableuse, nous avons pu jouir d’un magnifique panorama sur les reliefs de la région. 

Du haut d’une grande dune près de l’oued Techouïnet, le 19 février 2002

Je confesse avoir (à titre tout à fait exceptionnel) quelque peu truqué la première des photos de la série précédente, mais j’ai préféré en effacer une touriste qui jurait quelque peu avec le décor… Petite devinette : sauriez-vous dire à quel endroit sur la photo elle était située 

Panorama depuis le sommet de la grande dune, le 19 février 2002

L’arche de Tin Haliga que nous avons ensuite rencontrée, semble assez célèbre dans l’Acacus (semble-t-il avec l’orthographe Tin Khlega). Évidemment la plupart des touristes la visitent en 4 × 4.

L’arche de Tin Haliga, le 19 février 2002

Nous avons ensuite déjeuné non loin de là, à l’ombre d’une sorte de caverne au pied d’une falaise. L’endroit était très frais, mais il y avait un hic : des traces fraîches de scorpion. Et les scorpions de cette région appartiennent à la seule espèce au Sahara qui soit mortelle, on succombe au bout de quelques minutes si l’on n’a pas avec soi un sérum, conservé au réfrigérateur bien évidemment. Mais nos accompagnateurs n’avaient pas réussi à dénicher le scorpion à l’origine de ces traces.

À défaut de scorpion, nous devions tout de même tomber sur une vipère quelques minutes plus tard. Nos accompagnateurs l’ont détectée là aussi à sa trace, puis l’ont extirpée avec un bâton du buisson dans lequel elle était réfugiée. Ils l’ont ensuite occise, nous laissant tout de même le temps de prendre la photo. Il s’agissait en fait d’une toute jeune vipère, mais dont la morsure était déjà très dangereuse aux dires de notre guide. En réponse aux bonnes âmes écolos dont j’endends déjà l’indignation, on pourra faire remarquer que les nomades procèdent ainsi depuis la nuit des temps, et l’espèce ne s’est pas éteinte pour autant. Quant à ma photo, elle n’est pas géniale car mon seul appareil rescapé du sable était dépourvu de téléobjectif (j’aurais certes aussi pu m’approcher un peu plus…). Et je n’ai jamais pu déterminer à laquelle des deux espèces (vipère à cornes ou vipère des sables) ce spécimen appartenait.

Vipère du désert débusquée par nos accompagnateurs touaregs, le 19 février 2002

C’est vrai quand même qu’on ne la voit pas beaucoup (regardez bien au centre !).

Voici maintenant deux photos du dernier camp du trek, absolument magnifique, dans l’oued Techouïnet. Cette fin de trek était vraiment digne du Tassili n’Ajjer, même si j’avais par contre trouvé les premiers jours un peu décevants.

Dunes de l’oued Techouïnet près de notre camp, le 19 février 2002

Nous sommes le lendemain matin remontés dans les 4 × 4, après une visite touristique des peintures de Techouïnet, célèbres dans l’Akkakus mais que je n’ai pas trouvées si extraordinaires. L’impression que me laissent de manière générale les peintures rupestres sahariennes, c’est qu’il y a le Tassili n’Ajjer et le reste. Cette journée, assez venteuse, nous a fait passer par le puits d’Aminanar (ou Bir Eminaneia) où se trouvent des reliefs assez intéressants. Je n’ai qu’une vague idée de la localisation de cet endroit. 

Le puits d’Aminanar, le 20 février 2002

Quittant ensuite définitivement le massif de l’Acacus, nous nous sommes enfoncés dans l’erg d’Ouan Kasa pour y passer la nuit au milieu des dunes. Nos chauffeurs se sont fait plaisir à rouler dans le sable ! (il a quand même fallu pousser une fois ou deux). J’ai gardé un très bon souvenir de cette nuit dans l’erg, où j’avais placé mon matelas au sommet d’une dune à bonne distance du feu de camp.

Tombe préislamique dans l’erg d’Ouan Kasa, le 21 février 2002

La photo montre un reste de tombes préislamiques qui se trouve à la sortie de l’erg.

L’erg d’Ubari, au nord de Germa, contient quatre oasis dotées de lacs salés. Ces lacs au milieu des dunes constituent la principale attraction touristique de cette région de Libye. On retrouve semblable phénomène à un autre endroit du Sahara, Ounianga Kébir au Tchad, que j’avais trouvé encore plus spectaculaire et aussi bien plus authentique.

Des quatre lacs de l’erg d’Ubari nous avons commencé par celui de Mandara que nous avons visité au crépuscule. Ce lac n’était pas loin s’en faut le plus beau des quatre, il était presque asséché. Nous étions assaillis par les marchands de souvenirs. Ces derniers, venus du Niger, s’exprimaient d’ailleurs en français.

Le lac de Mandara dans l’erg d’Ubari, le 21 février 2002

Tous ces sites ont été parcourus en 4 × 4 : une traversée d’ailleurs assez acrobatique. Il y a même eu un moment, le lendemain, où le 4 × 4 dans lequel j’avais pris place a failli se coucher sur le côté. Mais il avançait tellement lentement que tout le monde (en dehors du chauffeur) a réussi à en descendre à temps. Il a finalement stoppé en fort mauvaise posture et l’ensemble du groupe et des accompagnateurs a dû se retrousser les manches pour le pousser afin de le remettre d’aplomb.

Deuxième lac le lendemain, celui d’Um el Ma, tout de même bien plus joli. Je ne saurais dire l’identité du personnage visible sur la photo.

Le lac d’Um el Ma dans l’erg d’Ubari, le 22 février 2002

Mais comme il fallait bien tout de même justifier notre étiquette de voyage d’aventure, nous sommes ensuite descendus des 4 × 4 pour parcourir à pied le cordon dunaire séparant l’oasis d’Um el Ma de la suivante, celle de Mahfu. Une randonnée dans le sable un peu physique, avec des hautes dunes à escalader, un peu dans la même veine que mon voyage en Mauritanie en 2000.

Balade dans l’erg d’Ubari, le 22 février 2002

Voici maintenant le lac et l’oasis de Mahfu, devant lesquels nous n’avons fait que passer. Il paraît qu’il s’agit d’un lac caméléon qui change de couleur selon la saison (que diable les prospectus touristiques ont d’imagination !).

Le lac de Mahfu dans l’erg d’Ubari, le 22 février 2002

Et nous finirons par la plus célèbre et la plus spectaculaires de toutes ces oasis lacustres, celle de Gabaraun (parfois aussi écrit Gabraoun). La particularité de ce lac est la dune de plus de cent mètres qui la borde. Je regrette encore d’avoir eu la flemme d’en faire l’ascension car la vue de là-haut était paraît-il très belle. Plusieurs de mes compagnons de voyage ont eu ce courage (en dépit du vent à décorner les bœufs) et s’en sont félicités. Je devrai pour ma part me contenter de vous présenter des vues au ras des pâquerettes.

Le lac et la grande dune de Gabaraun dans l’erg d’Ubari, le 22 février 2002

Le village qui se trouve au pied de la dune est maintenant abandonné. Kadhafi en a en effet délogé tous les habitants au nom de la modernité pour les reloger dans des HLM dans la vallée de Germa. 

Le lac et l’oasis de Gabaraun (erg d’Ubari), le 22 février 2002

Nous reprenions le soir l’avion de Sebha jusqu’à Tripoli. Nous avons coupé plein est à travers les dunes pour rejoindre directement l’aéroport. Nous sommes passés par le site de Libeher qui correspond paraît-il à un ancien lac asséché. Ce seront là les dernières photos sahariennes de ce voyage.

Le lac asséché de Libeher, le 22 février 2002

Il restait encore une visite au programme : celle du site romain de Leptis Magna, au nord du pays et à une centaine de kilomètres à l’est de Tripoli. Plus rien à voir avec le Sahara ! En fait, j’ai été dans ma jeunesse un habitué des villes romaines puisque mes parents m’en avaient fait visiter dans une dizaine de pays différents, tout autour de la Méditerranée. Mais pas en Libye !

Leptis Magna est une ville située en bord de mer. Elle a pris de l’importance à l’époque de l’empereur Septime Sévère (146-211) qui en était originaire. L’arc de triomphe à l’entrée de la ville fut édifié par cet empereur. Parmi les principales attractions de la ville, on peut citer les thermes d’Hadrien, le nouveau forum, la basilique…

La basilique de Leptis Magna, le 23 février 2002

Situé en bord de mer, le vieux forum est la partie la plus ancienne de la ville.

Le vieux forum de Leptis Magna, le 23 février 2002

Voici maintenant le théâtre, le plus beau monument de la ville incontestablement :

Le théâtre de Leptis Magna, le 23 février 2002

Là aussi je me retiens de gommer un touriste…

Et enfin pour terminer, l’amphithéâtre très bien conservé, qui est situé un peu à l’écart de la ville (il existe également un stade, assez délabré et que je n’ai pas photographié). Mes parents, venus en Libye trois ans plus tôt, avaient été interdits de prendre une photo semblable à celle-ci, en raison d’un terminal méthanier situé à l’arrière-plan (on en devine un peu la jetée sur la droite près de la ligne d’horizon, ainsi que les cheminées sur la seconde photo). Assurément doublevé bouche ne va pas manquer d’utiliser mon site pour planifier un prochain bombardement !

L’amphithéâtre de Leptis Magna, le 23 février 2002